Deux industries limousines ce pointe : l'exploitation des minerais d'uranium et Legrand - article ; n°1 ; vol.126, pg 285-300

R. Lacotte

Description

Norois - Année 1985 - Volume 126 - Numéro 1 - Pages 285-300
L'auteur présente les modifications récentes (depuis 1980) de deux industries limousines de pointe, d'implantation relativement récente :
— celle de l'extraction des minerais d'uranium, qui a fourni en 1983 près de 48 % de la production nationale, et plus de 26 % des besoins français ;
— celle de la fabrication de l'appareillage électrique basse tension : Legrand, firme familiale basée à Limoges, est devenu le premier producteur européen et continue à essaimer dans le monde entier, y compris depuis peu en Grande- Bretagne, en Irlande, au Canada, et aux Etats-Unis.
The article deals with the recent changes that have occurred since 1980 in two leading, rather newly-set up industries in Limousin.
— the mining of uranium-ore that provided about 48 % of the national output in 1983 and met over 26 % of the French needs ;
— the manufacturing of low-voltage electric equipment : Legrand, first a family firm which was started in Limoges, has now become the first European producer and goes on spreading all over the world, even recently to Great Britain, Eire, Canada, and the U.S.A.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1985
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

R. Lacotte
Deux industries limousines ce pointe : l'exploitation des minerais
d'uranium et Legrand
In: Norois. N°126, 1985. pp. 285-300.
Résumé
L'auteur présente les modifications récentes (depuis 1980) de deux industries limousines de pointe, d'implantation relativement
récente :
— celle de l'extraction des minerais d'uranium, qui a fourni en 1983 près de 48 % de la production nationale, et plus de 26 % des
besoins français ;
— celle de la fabrication de l'appareillage électrique basse tension : Legrand, firme familiale basée à Limoges, est devenu le
premier producteur européen et continue à essaimer dans le monde entier, y compris depuis peu en Grande- Bretagne, en
Irlande, au Canada, et aux Etats-Unis.
Abstract
The article deals with the recent changes that have occurred since 1980 in two leading, rather newly-set up industries in
Limousin.
— the mining of uranium-ore that provided about 48 % of the national output in 1983 and met over 26 % of the French needs ;
— the manufacturing of low-voltage electric equipment : Legrand, first a family firm which was started in Limoges, has now
become the first European producer and goes on spreading all over the world, even recently to Great Britain, Eire, Canada, and
the U.S.A.
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Lacotte R. Deux industries limousines ce pointe : l'exploitation des minerais d'uranium et Legrand. In: Norois. N°126, 1985. pp.
285-300.
doi : 10.3406/noroi.1985.4242
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1985_num_126_1_4242Poitiers, 1985, t. 32, n° 126, p. 285-300. Norois,
DEUX INDUSTRIES LIMOUSINES DE POINTE :
L'EXPLOITATION DES MINERAIS D'URANIUM
ET LEGRAND
par R. LACOTTE,
Université de Limoges. Département de Géographie
39, rue Camille Guérin, 87036 Limoges Cedex
RESUME
L'auteur présente les modifications récentes (depuis 1980) de deux industries
limousines de pointe, d'implantation relativement récente :
— celle de l'extraction des minerais d'uranium, qui a fourni en 1983 près de
48 % de la production nationale, et plus de 26 % des besoins français ;
— celle de la fabrication de l'appareillage électrique basse tension : Legrand,
firme familiale basée à Limoges, est devenu le premier producteur européen et
continue à essaimer dans le monde entier, y compris depuis peu en Grande-
Bretagne, en Irlande, au Canada, et aux Etats-Unis.
ABSTRACT
The article deals with the recent changes that have occurred since 1980 in
two leading, rather newly-set up industries in Limousin.
— the mining of uranium-ore that provided about 48 % of the national output
in 1983 and met over 26 % of the French needs ;
— the manufacturing of low-voltage electric equipment : Legrand, first a
family firm which was started in Limoges, has now become the first European
producer and goes on spreading all over the world, even recently to Great Britain,
Eire, Canada, and the U.S.A.
Parmi les industries d'implantation relativement récente en Limousin, les plus
connues et les plus spectaculaires sont vraisemblablement l'extraction des miner
ais d'uranium et la construction d'appareillage électrique basse tension.
Une mise au point sur chacune fut publiée par la revue Norois en 1980, dans
la première Chronique du Limousin ; voir R. Lacotte : L'évolution récente de
l'industrie de l'uranium en Limousin, p. 581 à 600, et, du même auteur : Legrand,
une expansion remarquable, p. 555 à 570.
Quelques années plus tard, les changements sont suffisants pour nécessiter une
remise à jour de ces articles.
I. — L'EXTRACTION DES MINERAIS D'URANIUM EN LIMOUSIN.
Si le public sait que l'on continue à extraire des minerais d'uranium dans notre
région, il ne connaît guère encore que la CO GEM A et ignore totalement les
bouleversements qui agitent cette industrie, lesquels, reconnaissons-le, passent
souvent inaperçus.
Mots-clés : Industrie. Mines. Uranium. Construction électrique. Limousin. 286 CHRONIQUE DU LIMOUSIN
A) La restructuration financière de cette industrie.
1. Les regroupements de sociétés minières :
— Rappelons qu'il y a une dizaine d'années, il existait une grosse société,
la COGEMA (= Compagnie Générale des Matières Nucléaires), société privée,
mais dont les capitaux proviennent à 100 % du C.E.A. (= Commissariat à
l'Energie Atomique) ; la COGEMA est chargée de pourvoir à l'approvisio
nnement de la France en matières premières nucléaires. Elle dominait un assez
grand nombre de filiales de grands groupes financiers, qui recherchaient des gis
ements, et recevaient quelquefois l'autorisation de les exploiter, mais en vendant
les minerais produits à la COGEMA qui les faisait concentrer dans l'usine
S.I.M.O. de Bessines ; telles étaient :
• la C.F.M.U. (= Compagnie Française des Minerais d'Uranium), du groupe
Imétal (Le Nickel + Penaroya) ;
• la S.M.U.C. (= Société des Mines d'Uranium du Centre), syndicat monté à
parts égales par la COGEMA, la C.F.M.U. et la S.M.A.C. (Bitume et Asphalte) ;
• Dong Trieu, originaire du Tonkin, du groupe Empain-Schneider ;
• la C.I.M. (= Compagnie Industrielle et Minière), filiale de Rhône-Poulenc ;
• la S.C.U.M.R.A. (= Société Centrale de l'Uranium et des Minerais et Métaux
Radioactifs), du groupe Minatome...
— Il y a 4 ans, la COGEMA était toujours le plus gros producteur limousin,
avec une production annuelle de l'ordre de 900 t d'uranium/métal ; il existait
toujours les mêmes petites sociétés, qui fournissaient en gros 50 t d'U/métal par
an chacune ; mais l'une d'elles, Dong Trieu, qui avait enfin reçu l'autorisation
d'exploiter les gisements très riches qu'elle avait découverts dans le Nord de la
Haute-Vienne, et de les concentrer sur place, édifiait une usine capable de four
nir 200 t d'U/métal chaque année.
— Depuis 1983, se poursuit un phénomène de concentration financière sur
deux pôles :
• La COGEMA, qui a produit 960 t d'U/métal en 1983, en totalité en Haute-
Vienne, a repris le contrôle de deux sociétés amies : la Compagnie Française de
Mokta (ex-C.F.M.U.), qui a fourni la même année des minerais creusois conte
nant 45 t d'U/métal, et la S.M.U.C, qui a tiré quelque 50 t d'U/métal du sous-
sol du Sud de la Corrèze : tous ces minerais ont été traités à Bessines, dans
l'usine S.I.M.O., devenue entre temps propriété à 100 % de la COGEMA.
• La Compagnie Minière de Dong-Trieu a été rachetée par Total Compagnie
Minière, du groupe Compagnie Française des Pétroles, qui venait de prendre le
contrôle de l'ensemble Minatome (recherche d'uranium) — S.C.U.M.R.A. (exploi
tation d'uranium), grâce à des capitaux apportés à 50 % par Total, à 50 % par
les anciens actionnaires à parts égales : Péchiney-Ugine-Kulhmann et la C.F.P.
Ainsi est né un autre complexe associant les 50 t d'U/métal de la S.C.U.M.R.A.
aux 452 t produites par Dong-Trieu en 1983, le tout traité dans l'usine de Jouac
agrandie (1), qui fournit donc à peu près le tiers (32 %) des concentrés d'ur
anium limousins.
En dehors de ces deux firmes, Elf-Aquitaine poursuit ses recherches, sans
exploiter encore ; de même que la C.I.M. qui a arrêté ses exploitations et aurait
récemment été rachetée par la COGEMA.
Cette « bipolarisation » de l'industrie de l'uranium en Limousin a rendu beau
coup plus acharnée la lutte pour s'assurer des territoires de recherches.
(1) A l'exception d'une toute petite quantité travaillée à Saint-Pierre du Cantal. CHRONIQUE DU LIMOUSIN 2S7
2. La « guerre » des titres miniers :
La demande d'uranium/métal en France est aujourd'hui freinée : car notre
pays produit un peu trop d'électricité pour couvrir ses besoins (il y a eu en
1983 exportation de 13 TWh, soit d'à peu près 10 % de la production des cen
trales nucléaires françaises). Le ralentissement de la demande en énergie (2) a
entraîné un coup de frein aux constructions de centrales.
Malgré cela, la recherche des minerais d'uranium concerne aujourd'hui
3 204 km2 en Limousin, soit 19 % de la superficie de la Région (10,4 % de celle
du département de la Corrèze ; 20,1 % de la Creuse et 28,5 % en Haute-Vienne).
Mais, sur cette étendue, les deux-tiers seulement ont été autorisés, le reste en étant
encore au stade de l'étude des demandes.
Titres miniers P.E.R. (3) P.E.X. (4) Concessions (5)