Dévaluations et fiscalité (161- 235) - article ; n°1 ; vol.37, pg 273-309
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1978 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 273-309
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Mireille Corbier
Dévaluations et fiscalité (161- 235)
In: Les « dévaluations » à Rome. Epoque républicaine et impériale. Volume 1. Actes du Colloque de Rome (13-15
novembre 1975). Rome : École Française de Rome, 1978. pp. 273-309. (Publications de l'École française de Rome,
37)
Citer ce document / Cite this document :
Corbier Mireille. Dévaluations et fiscalité (161- 235). In: Les « dévaluations » à Rome. Epoque républicaine et impériale. Volume
1. Actes du Colloque de Rome (13-15 novembre 1975). Rome : École Française de Rome, 1978. pp. 273-309. (Publications de
l'École française de Rome, 37)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1978_act_37_1_1113MIREILLE CORBIER
DÉVALUATIONS ET FISCALITÉ
(161-235)
Le choix chronologique - des derniers Antonins aux Sévères - vise à
éviter toute anticipation des analyses en termes de « crise » qui sont proba
blement valables pour la deuxième moitié du IIIe siècle, mais dont l'hist
oriographie semble avoir abusé pour ces décennies.
Mon propos sera sous-tendu en effet par les doutes que m'inspire le
schéma traditionnel selon lequel les manipulations monétaires seraient un
élément d'une «crise financière», elle-même signe d'une «crise économi
que » plus générale, associée éventuellement à une crise politique.
J'étudierai, dans le droit fil du sujet :
Comment l'État romain a-t-il provoqué l'ensemble des modifications de
l'instrument monétaire communément regroupées sous le nom de dévalua
tions?
Comment les. a-t-il supportées? a-t-il adapté son système fiscal pour continuer à faire face
aux tâches qui sont les siennes (défense extérieure; ordre intérieur; munifi
cences et évergétismes divers, pour maintenir, en particulier, les équilibres
sociaux, les habitudes de consommation et de vie collective; et, même, une
certaine forme d'animation de la vie économique) ?
1. LE DOSSIER DE LA DÉVALUATION.
1.1 La tradition historiographique.
Dans son analyse des composantes et des effets de la dévaluation
monétaire, l'historiographie contemporaine reste marquée par la thèse
d'Heichelheim : l'origine de la « crise » serait « l'inflation du denier sous
Commode » qui aurait eu pour cause immédiate un gonflement des besoins
de l'État lié à l'augmentation de la solde1. L'« inflation» se serait traduite
1 F. Heichelheim, Zur Währungskrisis des römischen Imperiums im 3. Jahrhundert η. Chr.,
dans Kîio, 26, 1932-1933, p. 96-1 13. 274 MIREILLE CORBIER
par une hausse brutale des prix (x 2). Les travaux ultérieurs ne récusent pas
fondamentalement cette analyse qu'ils font glisser sous le règne suivant
(l'accroissement de la solde date seulement de Septime-Sévère2 et aussi,
pour tous les auteurs3, la dévaluation véritable du denier). Ceux qui se vou
draient les plus critiques à l'égard d'Heichelheim (Th. Pekâry, M. Mazza) lui
reconnaissent le mérite d'avoir « découvert la crise économique » et demeur
ent dans la mouvance de sa pensée4.
1.2. LES ORIGINES DE LA DÉVALUATION MONÉTAIRE.
A l'origine de la dévaluation monétaire, les auteurs reconnaissent trois
facteurs :
1.2.1. la diminution des stocks de métaux précieux, due à une
balance commerciale déficitaire, qui expliquerait en partie les pertes subies
par les monnaies en titre et en poids (A.H.M. Jones, R. Thomsen5) : ampleur
de cette hémorragie? production des mines? incidence des conquêtes?
1.2.2. l'augmentation des besoins de l'État qui imposerait de nouvell
es frappes avec un stock de métaux précieux constant ou même diminué.
Les numismates (M. Grant, J.-P. Callu6) soulignent la concomitance des
dépréciations monétaires et des guerres;
1.2.3. le besoin monétaire issu de l'urbanisation et de la transformat
ion de l'économie rurale (colonat) au IIe siècle est une cause structurelle
récemment mise en évidence (P. Oliva7).
2 A. Passerini, Gli aumenti del soldo militare da Commodo a Massimino, dans Athenaeum,
XXV, 1946, p. 145-159.
3 A. Passerini, Sulla pretesa rivoluzione dei prezzi durante il regno di Commodo, dans Studi
in onore di Gino Luzzato, Milan, 1949, p. 1-17, en particulier p. 15; St. Bolin, State and Currency
in the Roman Empire to 300 AD., Stockholm, 1958, p. 213; J. Guey, L'aloi du denier romain de
177 à 211 ap. J.-C, dans Revue numismatique, IV, 1962, p. 73-140.
4 Th. Pekâry, Studien zur römischen Währungs-und Finanzgeschichte von 161 bis 235 n.
Chr. dans Historia, VIII, 1959, p. 443-489; M. Mazza, Lotte sociali e restaurazione autoritaria nel
III secolo d.C, Rome, 1973, chap. VI et VII.
5 A.H.M. Jones, Inflation under the Roman Empire, dans The Economic History Review, II,
5, 1952-1953, p. 293-294, repris, avec des compléments, dans The Roman Economy. Studies in
Ancient Economic and Adminhtrative History, Oxford, 1974, p. 187-227; R. Thomsen, IIIe Confé
rence intern, d'hist. économique, Munich, 1965, III, p. 109-110.
6 M. Grant, Roman Imperial Money, Edimbourg, 1954, p. 247-251; J.-P. Callu, La politique
monétaire des empereurs romains de 238 à 311, Paris, 1969, p. 322-323.
7 P. Oliva, Zum Problem der Finanzkrise im 2. und 3. Jahrhundert u. Z. im römischen Reich,
dans Das Altertum, 8, 1962, 1, p. 39-46. DÉVALUATIONS ET FISCALITÉ (161-235) 275
1.3. Le monde romain : limites à son unification économique.
L'unité économique de l'Empire romain a été parfois trop facilement
dérivée de son unité politique. Il convient de souligner ses limites en rappel
ant, trop brièvement ici : l'inégalité de développement des provinces; la
différence d'évolution des prix selon les provinces; les problèmes de
balance des paiements qui se posent non seulement entre l'Empire et le
monde extérieur, mais aussi entre les diverses provinces de l'Empire; le
manque d'unification de la circulation monétaire, bien que celle-ci soit déjà
amorcée, avec les problèmes corollaires de changes verticaux pour le paie
ment de l'impôt; l'inégalité des besoins monétaires selon les catégories
sociales et les secteurs de l'économie. (On serait tenté de penser qu'une
chute de la monnaie devrait affecter surtout le secteur urbain et militaire et
alléger relativement la charge des campagnes.)
1.4. Les composantes de la dévaluation monétaire.
Pour examiner les composantes de la dévaluation monétaire, j'ai centré
l'exposé sur les mésaventures de la pièce d'argent, le denier, qui constitue,
au IIe siècle et au début du IIIe siècle encore, la base du système monétaire
romain.
Pendant la presque totalité de la période, la monnaie romaine - dont le
sesterce est la monnaie de compte - est en fait rattachée à l'argent (1 denier
= 4 sesterces), le bronze représentant une monnaie en grande partie fidu
ciaire. La monnaie d'or entretient par ailleurs avec la monnaie d'argent un
rapport théorique (25 deniers = 1 aureus) qui n'était probablement pas res
pecté dans la pratique; on la laissera volontairement de côté jusqu'aux
signes d'une transformation de son rôle dans la vie économique.
Le denier d'argent est, à cette époque, la monnaie dans laquelle sont
effectués les paiements massifs de l'État (soldes, salaires des fonctionnair
es); l'or sert au contraire aux paiements «gracieux» (une partie des donat
ivo, et des congiaires).
1.4.1. Variation du poids et du titre de la monnaie.
L'étude des variations du poids et du titre du denier d'argent sera cen
trée sur la dévaluation sévérienne et fondée sur les analyses chiffrées de
J. Guey8 (voir tableau I). Celles-ci opposent nettement le «mauvais denier»
8 J. Guey, Revue numismatique, IV, 1962, p. 83, et les corrections apportées dans Revue
numismatique, VII, 1965, p. 113. 276 MIREILLE CORBIER
Annexe I
LA DÉVALUATION DU DENIER SOUS COMMODE ET SEPTIME-SÉVÈRE
Tableau établi à partir de
J. Guey, RN, IV, 1962, p. 83, corrigé à l'aide de
J. Guey, RN, VII, 1965, p. 113.
J'ai choisi pour indice 100, la moyenne corrigée des années 180-183 = 2,22 g.
Années Titres corrigés Poids de fin corrigés Indice
701/725 2,13/2,20 95,9/99,1 180
181 2,12/2,19 95,5/98/6
182 726/750 2,16/2,23 97,3/100,5
776/800 2,33/2,40 104,9/108,

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