Développement du raisonnement conditionnel et tâche de sélection de Wason - article ; n°1 ; vol.104, pg 51-81
32 pages
Français

Développement du raisonnement conditionnel et tâche de sélection de Wason - article ; n°1 ; vol.104, pg 51-81

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
32 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 2004 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 51-81
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

N. Grosset
P. Barrouillet
R. Misuraca
Développement du raisonnement conditionnel et tâche de
sélection de Wason
In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°1. pp. 51-81.
Citer ce document / Cite this document :
Grosset N., Barrouillet P., Misuraca R. Développement du raisonnement conditionnel et tâche de sélection de Wason. In:
L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°1. pp. 51-81.
doi : 10.3406/psy.2004.3927
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_2004_num_104_1_3927L'Année psychologique, 2004, 104, 51-81
LEAD'
Université de Bourgogne
CNRS UMR 5022
DEVELOPPEMENT DU RAISONNEMENT CONDITIONNEL
ET TÂCHE DE SÉLECTION DE WASON
Nelly GROSSET2, Pierre BARROUILLET et Raffaella MlSURACA
SUMMARY : Development of conditional reasoning and Wason's selection
task
Influent theories on human reasoning have suggested that Wason's
selection task is so difficult because it involves heuristic and implicit processes.
However, recent studies have demonstrated the implication of deductive
activities. Poor performance on this task would thus result from some of its
characteristics that impede the use of deductive processes. In the present
experiment, we hypothesised that a modified abstract selection task that induces
analytic and deductive processes should lead to better performance than the
standard version of the task. Moreover, deductive activities are strongly affected
by development ( Markovits et Barrouillet, 2002). Thus, we predicted a strong
developmental increase of performance in the modified task. These hypotheses
were confirmed by presenting 13-year olds, 15-year olds and adults with either
the standard or a modified selection task in which participants were asked to
identify the permissible cards according to the rule and to predict the possible
hidden sides of the cards before performing the selection.
Key words : conditional reasoning, selection task, cognitive development,
mental models.
Raisonnement conditionnel et développement
Le raisonnement conditionnel permis par les énoncés de
forme « si p alors q » est celui qui a reçu le plus d'attention de la
part des psychologues (Evans, Newstead et Byrne, 1993), et son
1. Pôle AAFE, Esplanade Erasme, BP 26513, 21065 Dijon.
2. E-mail : ngrosset@leadserv.u-bourgogne.fr. 52 Nelly Grosset, Pierre Barrouillet et Raffaella Misuraca
développement a donné lieu, ces dernières années, à un nombre
important de travaux (Barrouillet et Lecas, 1998 ; Byrnes et
O verton, 1986, 1988 ; Marko vits et Barrouillet, 2002 ; Ward et
O 1990). Selon certaines de ces études, et en accord avec
la perspective piagetienne, les jeunes enfants ne manifesteraient
pas de compétences logiques dans le raisonnement conditionnel
(Byrnes et Overton, 1986 ; O'Brien et Overton, 1980, 1982 ;
Ward et 1990). Ainsi, pour Byrnes et Overton (1988),
le processus de raisonnement impliquerait un encodage des pré
misses conduisant à déterminer la règle inférentielle pertinente.
Ces règles spécifiques d'inférences seraient intégrées en un réseau
dont la mise en place ne peut s'effectuer qu'à la fin de
l'adolescence. La maîtrise du raisonnement conditionnel, qui
nécessiterait une pensée de niveau formel, débuterait donc tard
ivement.
Cependant, des capacités à traiter les énoncés conditionnels
ont été observées bien avant l'adolescence, que les énoncés pré
sentent un contenu familier (Markovits et Barrouillet, 2002 ;
Venet et Markovits, 2001) ou artificiel (Barrouillet et Lecas,
1998 ; Barrouillet, Markovits et Quinn, 2001 ; Lecas et Barrouill
et, 1999). Pour des relations arbitraires, il a été démontré,
conformément au cadre général de la théorie des modèles men
taux de Johnson- Laird (Johnson-Laird et Byrne, 1991 ; John
son-Laird, Byrne et Schaeken, 1992), que l'interprétation du
conditionnel évolue avec l'âge en trois étapes. La première
étape, fréquemment observée chez les jeunes enfants de 8-9 ans,
relève d'une interprétation conjonctive des énoncés de forme « si
p alors q ». Cette résulte de la construction d'un
modèle mental unique de forme :
qui représente la cooccurrence des propositions P et Q vérifiées.
L'étape suivante, observée principalement chez les enfants
de 11-12 ans, est de nature biconditionnelle et correspond à la
construction de deux modèles :
P Q
dans lesquels le signe ~> renvoie à la négation. La dernière étape,
habituellement atteinte à la fin de l'adolescence, correspond à conditionnel et tâche de sélection de Wason 53 Raisonnement
une interprétation conditionnelle correcte permise par la cons
truction de trois modèles :
II est cependant à noter que ces trois interprétations coexis
tent à tous les âges. Ainsi, la fréquence des condi
tionnelles correctes croit régulièrement avec l'âge en même temps
que la capacité à construire et maintenir un nombre toujours plus
élevé de modèles (Barrouillet, 1997 ; Barrouillet et Lecas, 1998,
2002 ; Barrouillet, Grosset et Lecas, 2000 ; Lecas et Barrouillet,
1999). Conformément à l'hypothèse que ces modèles mentaux
sont construits et maintenus en mémoire de travail, Barrouillet
et Lecas (1999) ont montré que le niveau d'interprétation atteint
par les enfants et adolescents, et donc le nombre de modèles qu'ils
peuvent produire, est fortement corrélé à leurs capacités en
mémoire de travail. Par ailleurs, les performances en raisonne
ment conditionnel sont modulées par des effets de contenu. Les
interprétations biconditionnelles et conditionnelles sont plus
aisément accessibles lorsque la relation évoquée par l'énoncé
conditionnel est familière au sujet. En pareil cas, la structure
associative des principales alternatives à l'antécédent P suscepti
bles de produire le conséquent Q a un impact important sur les
performances (Barrouillet et al., 2001 ; Markovits et al., 1996 ;
Markovits et al., 1998). A la faveur de l'ensemble de ces résultats
expérimentaux, Markovits et Barrouillet (2002) ont proposé un
modèle intégratif dans lequel le développement du raisonnement
conditionnel correspondrait à l'augmentation du nombre de
modèles explicites que le sujet est capable de construire à partir
de la représentation d'une prémisse de forme « sip, alors q ». Les
auteurs ont suggéré que les principaux facteurs déterminant la
capacité croissante à construire des modèles mentaux et à
les maintenir seraient : (a) les connaissances disponibles en
mémoire à long terme, (b) la capacité à les récupérer ainsi que
(c) la capacité de la mémoire de travail.
Il est à noter que ces résultats ont été obtenus à partir de
divers paradigmes expérimentaux (production et évaluation
d'inférences, construction de cas compatibles et incompatibles
avec les règles conditionnelles), mais que le modèle développe- 54 Nelly Grosset, Pierre Barrouillet et Raffaella Misuraca
mental de Markovits et Barrouillet (2002) n'a jamais été appli
qué à la résolution de la tâche de raisonnement sans conteste la
plus connue et étudiée, à savoir la tâche de sélection de Wason
(1966). Cet article se propose donc de combler cette lacune.
La tâche de sélection de Wason
Comme nous l'avons dit, la tâche de sélection de Wason
(1966) constitue le paradigme expérimental le plus utilisé pour
étudier le raisonnement déductif. Dans sa version originale, on
présente aux sujets un jeu dont les cartes portent une lettre sur
une face et un nombre sur l'autre et une règle conditionnelle de
forme si P alors Q à partir de laquelle les cartes auraient été
construites : « S'il y a une voyelle sur une face d'une carte, alors
il y a un nombre pair sur l'autre face. » On présente ensuite
quatre cartes au sujet, deux pour lesquelles la face « lettre » est
visible (e.g. un A et un B), les deux autres montrant leur face
« nombre » (e.g. un 2 et un 5). La tâche des sujets consiste à
sélectionner toutes et rien que les cartes qui doivent être retour
nées afin de déterminer si la règle est vraie ou fausse. Formelle
ment, la proposition P correspond à « il y a une voyelle » et la
proposition Q à « le nombre est pair ». Les faces A, B, 2 et 5 co
rresp

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents