« Dominique » : La fin du romantisme ? (Le récit - le temps - la femme - la notabilité - la politique) par Yves Ansel, Michel Erre, Marie-Anne Barbéris, Gisèle Valency-Slakta, Pierre Barbéris, Elisheva Rosen - article ; n°23 ; vol.9, pg 99-121
24 pages
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« Dominique » : La fin du romantisme ? (Le récit - le temps - la femme - la notabilité - la politique) par Yves Ansel, Michel Erre, Marie-Anne Barbéris, Gisèle Valency-Slakta, Pierre Barbéris, Elisheva Rosen - article ; n°23 ; vol.9, pg 99-121

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Description

Romantisme - Année 1979 - Volume 9 - Numéro 23 - Pages 99-121
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 88
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

E. Fromentin
« Dominique » : La fin du romantisme ? (Le récit - le temps - la
femme - la notabilité - la politique) par Yves Ansel, Michel Erre,
Marie-Anne Barbéris, Gisèle Valency-Slakta, Pierre Barbéris,
Elisheva Rosen
In: Romantisme, 1979, n°23. Aspects d'une modernité. pp. 99-121.
Citer ce document / Cite this document :
Fromentin E. « Dominique » : La fin du romantisme ? (Le récit - le temps - la femme - la notabilité - la politique) par Yves Ansel,
Michel Erre, Marie-Anne Barbéris, Gisèle Valency-Slakta, Pierre Barbéris, Elisheva Rosen. In: Romantisme, 1979, n°23.
Aspects d'une modernité. pp. 99-121.
doi : 10.3406/roman.1979.5254
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1979_num_9_23_5254Dominique : La fin du romantisme ?
complètement pas Fromentin. de Saint-Cloud Ces de encore textes remarquer d'instruments Nous proviennent dépassé, puis avons une à l'Université ou absence considéré adéquats. d'un bien séminaire de d'un taille qu'il Caen D'un problème : sur de s'agissait côté le 1975 rapport Dominique les pour à ragots 1978. là de lequel ou qui Le Dominique « bien biographiques lecteur s'est nous d'un tenu ne à disposions manquera la à problème l'E.N.S. » vie sans de
intérêt, sinon celui d'évacuer, au profit d'un pseudo-ancrage dans l'expérience,
l'histoire, la politique, le réel d'un moment de civilisation. De l'autre, l'immense
question de l'articulation vécu personnel-écriture : comment peut-on connaître (et
écrire) la biographie d'un écrivain? Pour qui refuse les déterminismes illusoires
du genre 1Ъотте-еЦ'<вште, s'impose d'abord la lecture du texte, en relation avec
d'autres textes. Dominique est une somme d'absences et de présences, d'impasses
et d'ouvertures. C'est cela qu'il fallait lire, en faisant une croix pour le moment,
sur cet inconnu : Fromentin auteur de Dominique. Nous nous en sommes tenus
à Dominique, auteur de Fromentin.
Yves ANSEL
Les effacements du récit
La mort du mouvement
Dominique n'est pas le roman de l'existence, mais d'une insistance (répétition
d'une négation : « Certainement je n'ai pas à me plaindre ». « Je n'ai donc pas à
me plaindre »). Il s'agit d'affirmer ce qu'infirme le dénouement : les continuité
et logique d'une vie « faite et bien faite ». Mais la conclusion est un leurre, le
dénouement une amputation textuellement marquée : malgré les recommandations
de George Sand, Fromentin ne put se résoudre à combler la « lacune » morale
et affective ( « il manque quelque chose entre le désespoir et le bonheur retrouvé »).
M1"* de Bray se surimpose à Madeleine ; elle ne la côtoie pas.
Fromentin omet ce que Dominique a retranché. La confession éclaire l'ombre
du tableau familial, mais elle reste pénombre: le chasseur ne se laisse aborder
que le soir et le brouillard ( « brouillard bleu » des Trembles, « brouillard des
vapeurs capiteuses », « brouillards d'octobre » de la naissance) s'attache au pro
priétaire vigneron, à l'amoureux (la lumière directe le blesse) et à l'écrivain (ce
dernier n'écrit que la nuit et reste prisonnier de son ombre). Roman du clair-
obscur, Dominique est une parole brouillée. Aucune indication (spatiale, biogra
phique ou historique) ne vient parasiter l'ouverture rustique. Les « effacements
de la province » régissent une confidence décentrée, désancrée ; une narration
détachée caractérise ce roman de l'attachement. Dominique parle avant d'être
nommé et s'efface derrière une écriture à venir ( « me disait celui dont je rapport
erai les confidences »). L'anonymat revendiqué ( « récit très simple et trop peu
romanesque » d'une personne qui « n'est plus rien »), le legs de la biographie
(récit délégué) achèvent le pseudonyme de l'écrivain et sa fondamentale déposs
ession.
La rupture est une coupure. Les Trembles amortissent et exacerbent les
« quelques lueurs assez vives » de l'existence parisienne. L'on a confié au temps
le soin de trancher ( « Puis j'apercevais Paris, l'avenir, et dans les lointains en
dehors de toute certitude, la main cachée du hasard qui pouvait simplifier de tant
de manières ce terrible tissu de problèmes, et, comme l'épée du Grec, les trancher,
sinon les résoudre »). Le retranchement n'est pas un solution, l'entaille amoindrit : 100 Dossier
de coup et plaisir aux Alors l'enracinement (le il aura devoirs moins pour « Comme parle le cinq grand illusions, une que de bois. ». dans minutes, le scie tilleul pie les port, plus chez La désir ma arbres haut aux quand et mutilation de Chateaubriand j'étais vie, et l'enlisement, héros Vergy perchée), grâce racines l'exaltation de Augustin je exténué, n'en courte et décrit est à et de Hugo connais la l'honneur n'en (dans lui-même Dominique saillie; venue, les de mais condition petits (Lux l'élévation) répandra pas les il je : on n'en associe le s'arrêta. Mémoires, intérêts qui Г émonde du la jeune [ma parut voit m'aient que bonheur l'écriture l'arbre et vie] J'ai François-René de plus rien, sa la l'arbre moins fait ai vie, décapitation accompli et au d'ombre et coupée est du éprouver progrès) je « est loin, coupe insurrection plaisir donnais lié risque de en autour mais de aux la plus : ou tête « Verrières le treuillée sa elle Stendhal Au voyages, : de dernier d'elle. grands contre elle gloire bout n'en vrai a » :
Aucune tension ne vient animer ce paysage fantôme (l'écharpe rouge est
l'écharpe maternelle : les débordements passionnels sont conjurés). Dominique
a « aplani sa vie » ; le « monotone et vaste » horizon abolit les limites géogra
phiques dans une générale indifférence. La mer est la terre et le ciel; elle n'est
plus l'appel extériorisé de l'âme (absence singulière du terme Océan), mais son
exacte correspondance. Le « bon père Jacques » borne une existence campagnarde
vouée au meurtre du désir (M. Dominique abat l'oiseau lié aux Trembles, a
l'enfance et aux errances du cœur : Madeleine part avec les oiseaux et la ville ne
recèle que des « oiseaux privés »). Le romanesque croise le biographique et le
géographique dans une commune platitude ( « grand pays plat », « triste et grave
horizon toujours nu », « double horizon plat de la campagne et des flots » joints
aux « plat résumé » et dénouement d'un récit sans intérêt).
L'HISTOIRE INTÉRIORISÉE
Le dynamisme a déserté ce roman végétal, ce qui situe la véritable coupure
du texte : la temporalité. Que le dénouement et le résumé précèdent le récit
proprement dit n'est pas une simple obéissance aux modèles implicites du
« roman-confession » : il s'agit essentiellement de désamorcer le « code hermé
neutique » en inversant l'orientation romanesque. Résumer une existence ou un
roman, c'est ôter toute incertitude et suspendre l'avenir: la finalité du récit
n'est plus sa fin. Le prologue de Dominique est l'écriture formelle d'une impasse
historique : la certitude mine l'aventure romanesque (l'avenir comme positivitě),
mais le suspense n'est aboli que parce que l'avenir historique est miné, oscillation
véritablement constitutive de cette « confidence ».
Il ne s'agit pas en effet d'une simple confession (récit d'une existence passée) ;
la confession est une anticipation. Dominique présente la « moralité » avant
l'histoire parce que, déjà, il avait échoué auprès de Madeleine pour avoir
anticipé les conséquences d'une parole inavouable avant de revenir aux Trembles
après avoir prévenu — anticipé et forcé — les jugements de la postérité. Domi
nique n'a jamais cessé de se confesser : le résumé précède son existence (chapitre
seize), ce que donne encore à lire son rapport au narrateur. Outre son «peu
de goût pour les histoires qu'on lit », ce propriétaire avoue ne relater son histoire
qu'après un renoncement à l'écriture. Cet écrivain de l'

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