Du Congo au Tchad. Observations et documents recueillis par M. Clerc en 1910. Extraits - article ; n°1 ; vol.2, pg 297-325
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Du Congo au Tchad. Observations et documents recueillis par M. Clerc en 1910. Extraits - article ; n°1 ; vol.2, pg 297-325

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1911 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 297-325
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S. Zaborowski
Du Congo au Tchad. Observations et documents recueillis par
M. Clerc en 1910. Extraits
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 297-325.
Citer ce document / Cite this document :
Zaborowski S. Du Congo au Tchad. Observations et documents recueillis par M. Clerc en 1910. Extraits. In: Bulletins et
Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 297-325.
doi : 10.3406/bmsap.1911.8355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1911_num_2_1_8355ZABOROWSKI. — DU CONGO AU TCHAD 297
DU CONGO AU TCHAD.
Observations et documents recueillis par IHa CLERC en 1910.
Extraits par M. Zaborowski.
J'ai eu en mains, il y a quelque temps, un assez volumineux manusc
rit envoyé en avril 1910, par M. Clerc, de Fort-Lamy, en plein cœur de
l'Afrique, où il était en expédition. Il m'a semblé qu'il y avait à y pren
dre bien des renseignements dignes d'être publiés. Son auteur, prévenu,
s'est empressé de le mettre à ma disposition. Il a fallu un certain délai
pour échanger une correspondance avec Fort-Lamy. Ses observations
n'en sont pas moins encore toutes fraîches. Car les choses ne changent"
pas si vite que de fugitives apparences et les impatiences des coloniaux
pourraient le faire croire.
Je noterai d'abord quelques impressions au cours du voyage en mer.
Dakar, construite sans goût, est une ville généralement sale. Son aspect
est même répugnant. Gris et agitation nègres. Les noirs pullulent et les
négrillons poursuivent les passants en tendant la main. C'est le grand
village soudanais (?) dont nous avons vu plus d'une fois à Paris des
modèles réduits.
Des blancs se plaisent au contact de ces existences un peu bestiales-
Mais elles ont sur eux une répercussion plutôt fâcheuse. Les Européens
de Dakar prennent des habitudes d'arrogance et de brutalité dans cette
tourbe esclave. Et cette absence de délicatesse s'accuse aussi jusque dans
les relations qu'ils ont entre eux. Je sais par ailleurs que cette ville s'est
très vite et beaucoup développée. Elle est déjà un centre d'affaires des
plus importants.
Ce qu'on sait de la côte qu'on longe d'assez près vers le sud, n'est pas
engageant. Rien ne s'y égaie, dit notre auteur, rien ne paraît y vivre.
C'est un ruban de sable jaune que garnissent des cocotiers et des lianes.
La nature est brûlante. C'est terrifiant. Konakry apparaît comme un .
véritable paradis. De fondation récente, ses boulevards, de 40 mètres de
large, sont magnifiques. Ses constructions sont assez élégantes au milieu
de bouquets d'arbres. On fait à proximité, des plantations de caféiers et
de cacaoyers.
L'entrée dans le fleuve du Congo est assez émouvante. On descend de
bateau à Matadi pour prendre le chemin de fer belge. Les maisons de
cette petite ville construite sur la pente d'un coteau, sont éparses. Les rues
sont des chemins rocailleux sans alignement. Il y a là un administrateur
français chargé du transit des voyageurs qui s'en vont par le chemin de.
fer belge à Brazzaville. Dans les auberges on paye 15 fr. par jour pour,
manger des conserves et coucher sur des grabats. Et il n'y a pas de place
pour tout le monde. Les provisions qu'on y peut faire, exclusivement de
conserves, se paient très cher. 298 19 octobre 1911
Pour aller à Brazzaville le voyage en chemin de fer dure deux jours.
11 y a deux classes : l'une pour les blancs, wagons fermés incomplète
ment avec deux rangées de fauteuils montés sur pivot mobile, entre le
squels sont fixées aux parois, des tables-planchettes qu'on peut abaissera
volonté. La seconde, pour les noirs, se compose de wagons découverts
comme certains de nos wagons de marchandises.
Le point terminus de la première étape est Tisville. Les voyageurs
doivent y passer la nuit. Le dîner très simple, le coucher sur une pail
lasse dans un hangar et le casse-croûte du lendemain matin, s'y paient
13 fr. par personne.
Le train s'arrête à Kinshassa d'où les bagages doivent être transportés
à un kilomètre de distance, au port de Léopoldville, pour la traversée
du fleuve. Toute marchandise arrivant par cette voie, à Brazzaville, paie
un droit de douane s'élevant à 10 0/0 du prix de facture.
Brazzaville n'est encore qu'un vaste poste. Les habitants, en dehors
des fonctionnaires et des soldats, y sont rares: Elle se compose d'un
camp de tirailleurs sénégalais, des bâtiments de l'administration, de la
poste, du trésor, de la douane, du palais du gouverneur, de quelques
factoreries, d'un cercle pour les officiers et les fonctionnaires et de deux
débits de boisson, en outre d'une école et d'ateliers d'apprentissage de
missionnaires. La vie y est très chère. On y mange presque pas de viande
fraîche. Et en somme la nourriture habituelle y est faite de produits im
portés d'Europe, ce qui semble toujours vraiment extraordinaire à ceux
qui pensent que dans ces vastes pays dont plusieurs d'une fertilité iné
puisable, on aurait dès l'abord trouvé une surabondance d'aliments telle
que leur conquête devait donner lieu à un trafic, non d'importation,
mais d'exportation.
On consomme toujours surtout des conserves qui atteignent des prix
exorbitants, grâce en partie au tarif du chemin de fer belge (jusqu'à 1 fr.
le kilog.)par où elles passent. M. Clerc a relevé quelques-uns de ces prix :
pour les boîtes ordinaires de légumes, petits pois, fiageollets, épinards,
il est de 1 fr. 50. C'est une majoration d'un tiers. Un pot de confiture
coûte 2 francs ; une boîte de saucisses 2 francs ; de lapin 2 fr. 50. Le
kilog. de sucre coûte 6 francs. Tout est à l'avenant. Une cuvette en fer
émaillé, objet d'un si bon marché ici, se vend là-bas 7 fr. 50, etc. Il est
indispensable d'apporter de France batterie de cuisine et mobilier. Car.il
est une foule d'objets usuels qu'on n'y trouve à aucun prix. Ces détails
commerciaux ne sont pas négligeables, même en dehors du point de vue
pratique. Car ils sont un élément capital de l'ethnographie des lieux.
Pendant la navigation sur le fleuve la nourriture est plus abondante
et plus agréable, plus facile. Car les indigènes des villages riverains
viennent offrir de leurs produits et des provisions, en particulier des
poulets.
Sur l'Oubangui, dont l'ampleur à l'embouchure égale presque celle du
Congo, nous avons des postes échelonnés qui se composent chacun de
quelques tirailleurs sénégalais commandés par un sergent français ou par — DU CONGO AU TCHAD - 299 ZABOROWSKI.
un capitaine lorsqu'il s'agit d'un centre ou d'un point de ralliement pour
plusieurs postes : leur sécurité est assez grande. Quoique les mœurs des
indigènes ont moins changé qu'on voudrait le croire, comme je le remar
quai à l'occasion d'une communication récente. Je passe sur les impress
ions de M. Clerc qui n'avait jamais vu les petites cases de 1 m. 50 de
haut où nichent par exemple les anthropophages de Ibenga. On n'a pas
idée, dit-il, de terriers, de chenils pareils où on ne s'introduit que par
un petit trou. Les hommes sont toujours à peu près nus. Les femmes ont
comme pagne une ceinture de brins de ficelle pendant comme ceux qui
servent de chasse-mouches sur le mufle de nos bœufs. Mais ce pagne
n'est souvent qu'une petite ceinture de la largeur de la main.
Les hommes fument, dans un morceau de bambou, une corne de buffle
ou une patte de chèvre ou d'antilope évidée. Les femmes. fument aussi
mais dans des pipes en fer blanc à long tuyau. Pourquoi cette différence
dans la façon de fumer ? Est-elle constante ? J'en doute.
Les indigènes viennent soumettre les différends importants qui s'élèvent
entre leurs villages, à nos chefs militaires chargés de l'inspection des
postes.
M. Clerc décrit les chefs de village qui se sont présentés devant le tr
ibunal militaire présidé par son lieutenant-colonel à Baniembès, comme
grands, biens musclés, généralement imberbes (les poils de barbe quand
il y en a sur les joues sont rares), l'air dur, de mine altière, une lance à
la main. L'un de ces chefs, âgé, portait une tunique écarlale à gros bou
tons jaunes ornés de la devise : « Et par ici et par là. » I

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