Dynamique des formes et interprétation de la nature - article ; n°1 ; vol.11, pg 49-62
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dynamique des formes et interprétation de la nature - article ; n°1 ; vol.11, pg 49-62

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1991 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 49-62
Roselyne Rey : Dynamic forms and the interpretation of nature.
A study of the structure of the Pensées sur l'interprétation de la Nature and its elaboration starting from the central metaphor of the chain, leads to a reevaluation of the Baconian legacy in this work. Diderot's initial agreement with the principles of induction, in particular the importance of median axioms, leads to difficulties when he comes to reflect on the life sciences. Theses difficulties concern first of all the classic question of the legitimacy of abstraction, and secondly the newer and more intractable problem of the determination of the particular, which centres round the definition of the form. What is the form of life? What is a biological individual? These questions lead back to the dynamism of living forms.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Roselyne Rey
Dynamique des formes et interprétation de la nature
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 11, 1991. pp. 49-62.
Abstract
Roselyne Rey : Dynamic forms and the interpretation of nature.
A study of the structure of the Pensées sur l'interprétation de la Nature and its elaboration starting from the central metaphor of
the chain, leads to a reevaluation of the Baconian legacy in this work. Diderot's initial agreement with the principles of induction,
in particular the importance of "median axioms", leads to difficulties when he comes to reflect on the life sciences. Theses
difficulties concern first of all the classic question of the legitimacy of abstraction, and secondly the newer and more intractable
problem of the determination of the particular, which centres round the definition of the "form". What is the "form" of life? What is
a biological individual? These questions lead back to the dynamism of living forms.
Citer ce document / Cite this document :
Rey Roselyne. Dynamique des formes et interprétation de la nature. In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro
11, 1991. pp. 49-62.
doi : 10.3406/rde.1991.1121
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1991_num_11_1_1121Roselyne REY
Dynamique des formes
et interprétation de la nature
A la mémoire de Jacques Chouillet
Les Pensées sur l'Interprétation de la nature publiées en 1753,
recèlent pour le lecteur moderne un pouvoir de fascination que ni la
forme littéraire elle-même, pensées en apparence fragmentées, conjectures
jetées sur le papier, ni les rapprochements possibles avec Y Encyclopédie.
ni le rappel insistant de l'inspiration baconienne, évidente dès le titre,
n'épuisent totalement. Comme l'a bien dit Jean Varloot, aucune des
formules choisies pour définir les Pensées sur V Interprétation de la
nature, «écho des débats actuels», «second Discours Préliminaire»,
« introduction à la méthode expérimentale » ou « traité d'épistémologie »,
ne livrent la pluralité des significations de ce qui est avant tout « une œuvre
personnelle et ambitieuse»1. Si tel est le cas, c'est peut-être que l'unité
secrète du livre, son fil d'Ariane est à chercher non dans un classement
des thèmes et dans l'arrangement d'un plan, dont l'utilité est pourtant
évidente2, mais dans l'orchestration d'une problématique qu'on pourrait
énoncer ainsi : la philosophie naturelle implique un lien intime entre la
méthode à suivre dans la recherche de la vérité, la conception que l'on
se fait de la nature, et l'expression qu'on en donne. En ce sens, le fil
tendu entre le commencement et la fin des Pensées représenterait une
trajectoire orientée, allant de la réflexion sur la nature à l'interrogation
1. Pensées sur l'Interprétation de la nature, texte établi et présenté par J. Varloot.
Commentaires de H. Dieckmann et J. Varloot, 8, DPV, IX. L'introduction souligne bien
la difficulté de cerner le statut du texte : « A vrai dire, il ne s'agit pas d'une première
« introduction à la méthode expérimentale », ni même d'un traité d'épistémologie » (p. 6).
2. J. Varloot, Diderot. Textes choisis, t. 2, Éditions Sociales, coll. Les Classiques du
Peuple, 1953, p. 16-17 '. Voir aussi H. Dieckmann, «The Influence of Francis Bacon on
Diderot's Interprétation de la Nature», Romanic Review, XXXIV, n° 4, 1943, repris dans
Studien zur europàische Aufklàrung, Hrsg, M. Imdahl, W. Iser, H.R. Jauss et al.,
Miinchen, Verlag, 1974, p. 36. ROSELYNE REY 50
sur la matière, et plus précisément sur le problème de son hétérogénéité3.
Suivant cette hypothèse, on pourrait être amené à reposer la question
du baconisme, à partir des conclusions de H. Dieckmann4, non à propos
de domaines déjà bien explorés comme la division des sciences, le
rapport de la science et de la technique ou le rôle du hasard dans les
découvertes scientifiques, mais à propos du statut respectif, chez Bacon
et chez Diderot, du concret, du particulier et de l'individuel et des rapports
qu'ils entretiennent avec les concepts qui leur sont habituellement
opposés. Les remarques faites par H. Dieckmann sur le fait que l'auteur
de l'article baconisme de V Encyclopédie n'est pas Diderot5, sur le fait
que seules les parties du texte consacrées au changement dans les
sciences naturelles et à la méthodologie portent la marque de Bacon
relancent la discussion sur l'héritage baconien chez Diderot qui joua un
grand rôle dans la diffusion du baconisme en France. Même si l'on
prend quelque distance par rapport à l'affirmation de Grimm dans la
Correspondance littéraire, selon laquelle «C'est M. Diderot qui, le
premier, a fait connaître à ses contemporains le mérite de Bacon. Non
seulement il nous a prêché sa philosophie, et nous a familiarisés avec
elle, mais il a fondé sur elle l'immense ouvrage de V Encyclopédie »
(CL., III, 116), on doit tenir compte des propos de Diderot lui-même
dans l'article encyclopédie : « Je crois avoir appris à mes concitoyens à
estimer et à lire le chancelier Bacon : on a plus feuilleté ce profond
auteur depuis cinq ou six ans qu'il ne l'avait jamais été. Nous sommes
cependant encore bien loin de sentir l'importance de ses ouvrages ; [...]
Qui sait si le Novum Organum, les Cogitata et visa, le livre De augmente
scientiarum, ne sont pas trop au-dessus de la portée moyenne de l'esprit
humain, pour devenir dans aucun siècle, une lecture facile et commune ? »
L'étude minutieuse des rapprochements, faite par H. Dieckmann, les
citations latines des Cogitata qui figurent par exemple dans la Suite de
l'Apologie de M. l'abbé de Prades6, les références à Bacon dans l'article
3. «C'est de la nature que je vais écrire» (Pensée I), tandis que l'ensemble des
Questions LVIII porte sur le problème de l'hétérogénéité de la matière et le rapport de
l'élément au Tout, c'est-à-dire sur des questions reprises dans le Rêve, qui sont au cœur de
toute réflexion sur le matérialisme.
4. H. Dieckmann, art. cité n. 2, p. 55-57.
5. L'article baconisme ou philosophie de bacon, est signé «C», c'est-à-dire de
l'abbé Jean Pestre ; les «axiomes» 7 et 9 relèvent justement ce problème du passage des
choses particulières aux principes généraux (Enc, II, 9 a-b). Mais l'ensemble de l'article
est décevant ; le fait que Diderot n'en soit pas Fauteur pourrait indiquer la distance prise
par rapport à l'épistémologie baconienne, jugée désormais insuffisante.
6. Dans la Suite de l'Apologie de l'abbé de Prades, les références à Bacon, glorifié
pour avoir prôné la séparation de la science et de la religion (Lew., II, p. 637), succèdent
immédiatement à une chaleureuse défense des idées de Buffon sur l'abstraction des
vérités mathématiques {Ibid., p. 634-635). DYNAMIQUE DES FORMES ET INTERPRÉTATION DE LA NATURE 51
éclectisme7, dans le Prospectus et ailleurs, ne laissent guère de doute
sur la connaissance précise des œuvres. Aussi pourrait-on esquisser
l'hypothèse que les écarts ou les silences qui se trouvent dans les Pensées
sur l'Interprétation de la Nature sont des indices sérieux d'une discussion
de la philosophie baconienne sur le problème de l'induction, sur la
possibilité de passer du particulier au général ou sur le problème de
l'individualité biologique.
I. — Structure des Pensées : la chaîne et la production du sens
A la lecture des Pensées sur l'Interprétation de la nature, le constat
s'impose d'une pensée en mouvement, dont le cheminement n'exclut ni
les retours en arrière, ni les reprises du même sujet. Si ce phénomène de
récurrence n'intervenait qu'une fois ou deux, on pourrait à la rigueur
invoquer la négligence, voire le désordre ; généralisé au contraire, il
nous oblige à nous interroger sur son sens. En effet, qu'il s'agisse des
moyens de la connaissance (observation, expérience et réflexion) à
propos desquels la Pensée XV, elle-même relayée par la Pensée XVIII
reprend les problèmes ex

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents