Effet de l âge sur le comportement en groupe - article ; n°1 ; vol.59, pg 93-106
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Effet de l'âge sur le comportement en groupe - article ; n°1 ; vol.59, pg 93-106

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Description

L'année psychologique - Année 1959 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 93-106
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. de Montmollin
Effet de l'âge sur le comportement en groupe
In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 93-106.
Citer ce document / Cite this document :
de Montmollin G. Effet de l'âge sur le comportement en groupe. In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 93-106.
doi : 10.3406/psy.1959.6598
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1959_num_59_1_6598Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée
de la Sorbonne
EFFET DE L'AGE
SUR LE COMPORTEMENT EN GROUPE
par Germaine de Montmollin
Dans une série de recherches (1, 2, 3, 4) consacrées aux
effets du travail en groupe sur les structurations perceptives,
nous avions comparé les interprétations que donnent les sujets
à partir de trois planches de taches d'encre1, lorsqu'ils travaillent
isolément et sans communication mutuelle, aux interprétations
qu'ils donnent lorsqu'ils travaillent ensemble, en se communi
quant oralement leurs hypothèses, discutant et cherchant, selon la
consigne, à se mettre unanimement d'accord. Le nombre d'inter
prétations collectives unanimes est 2 à 3 fois supérieur au nombre
d'interprétations que donne chaque sujet au cours du travail
individuel. Il s'agit naturellement de moyennes. Cet effet de
facilitation, propre à la situation sociale, est susceptible de trans
fert : les sujets d'une autre série expérimentale, pour lesquels
la séance collective précède la séance individuelle, donnent, en
séance individuelle, à quelques semaines de là, un nombre
beaucoup plus élevé de réponses que les sujets pour lesquels
le travail individuel, qui sert de comparaison, a précédé le travail
collectif. L'analyse des protocoles individuels après travail col
lectif nous avait permis de supposer qu'il ne s'agissait pas
seulement d'un transfert de contenu, mais surtout d'un transfert
d'attitude : les sujets prennent l'habitude, en groupe, d'explorer
systématiquement les planches-stimuli, attitude qu'ils retrouvent,
en l'accentuant encore (on trouve 24 % d'images « nouvelles »,
non évoquées en groupe), lorsqu'ils sont seuls pour analyser une
seconde fois les planches.
Nous avions formulé l'hypothèse selon laquelle la facilitation
constatée serait due à un processus de « décentration » perceptive,
1. Il s'agit des trois planches du test Z de Zulliger, utilisé non comme test,
mais comme matériel perceptif « ambigu », c'est-à-dire appelant plusieurs
réponses possibles. La tache expérimentale s'apparente à une épreuve de
ligures emboîtées. 94 MÉMOIRES ORIGINAUX
induit par un facteur social : l'évocation de plusieurs inter
prétations à propos des mêmes stimuli.
1 ° Le fait d'entendre l'interprétation que donne un sujet A pour
une partie de la planche où eux-mêmes n'avaient rien vu, amène,
dans la plupart des cas, les sujets B et C à faire effort pour voir
ce que voit l'autre et, ensuite, à généraliser cette découverte, en
cherchant, pour d'autres parties de la planche-stimulus jusqu'ici
inexplorées, s'il n'y aurait pas, là aussi, des interprétations à
donner. La communication interindividuelle entraîne donc un
volume plus grand de réponses, non seulement par addition des
possibilités de chacun, mais aussi par systématisation de l'attitude
exploratrice.
2° Ce qui est vrai de l'exploration en « extension » est encore
valable pour l'exploration en « profondeur ». Le fait d'entendre
l'interprétation que donne un sujet A pour une partie de la planche
où eux-mêmes avaient vu autre chose, entraîne les sujets B et C
(et A par contrecoup) à restructurer différemment les éléments
du stimulus auxquels ils avaient antérieurement donné une autre
forme. Ils sont donc ainsi amenés à concevoir le matériel comme
« ambigu », c'est-à-dire susceptible de multiples réponses possibles,
à accepter plus facilement ce que voient les autres et à chercher
ensuite systématiquement pour chaque endroit de la planche,
non plus une, mais plusieurs réponses.
Le processus essentiel qui, dans notre situation expériment
ale, déterminerait l'augmentation du nombre des réponses
serait la possibilité qu'ont les sujets de ne pas rester fixés à
leur point de vue personnel, de voir aussi ce que voit l'autre
et d'adopter son point de vue comme valable que le leur
propre. C'est en des termes semblables que J. Piaget définit
le passage de 1' « égocentrisme » enfantin au « sociocentrisme ».
Nous pensons qu'il s'agit là d'un processus central dans le déve
loppement intellectuel de l'enfant ; ce processus trouverait en
partie sa genèse dans le contact « cognitif » qu'a l'enfant avec
les autres. C'est également un des aspects essentiels de toute
activité intellectuelle : au contact des idées des autres, l'individu
peut élargir le champ des données d'un problème, apercevoir un
plus grand nombre de solutions possibles, pour aboutir à une
abstraction et une généralisation de plus en plus étendues.
Nous avons ainsi été amenés à étudier l'effet du travail en
groupe sur les structurations perceptives, avec des enfants de
5 ans d'une part, de 11 ans d'autre part, en formulant l'hypothèse
selon laquelle, en raison de ce qu'on sait par ailleurs du déve- DE MONTMOLLIN. — LE COMPORTEMENT EN GROUPE 95 G.
loppement intellectuel des enfants, on peut s'attendre à trouver
un effet de facilitation chez les enfants de 1 1 ans, mais non chez
les enfants de 5 ans.
A) Situations expérimentales
I. — Étude des enfants d'école maternelle
(filles et garçons)1
Nous nous sommes adressés à deux classes d'école maternelle,
classes dans lesquelles on pratique la discussion collective de des
sins et la réalisation collective de certains travaux manuels. Nous
avons étudié 45 enfants d'âge moyen 4 ans 6 mois, qui ont cons
titué ensuite, une quinzaine de jours après, 15 groupes de travail.
Nous avons dû, en raison de l'incompréhension quasi générale
rencontrée chez les enfants de cet âge, modifier très notablement
les consignes que nous avions utilisées avec les sujets adultes (1),
de telle sorte que la comparaison avec les enfants plus âgés et
les adultes s'en trouve certainement affaiblie, les situations
expérimentales n'étant pas rigoureusement comparables.
Séance individuelle. — Chaque enfant est seul avec l'expérimentateur.
Au sujet assis devant l'écran et muni d'une baguette, l'expérimentateur
dit : « Je vais te montrer des images et je voudrais que tu me dises
si ça ressemble à quelque chose que tu connais. » II est rare que l'enfant
parle spontanément : l'E. est obligé constamment d'intervenir par
des questions et des encouragements. L'enfant donne une réponse et
s'arrête : l'E. insiste pour obtenir d'autres réponses. Ainsi le dialogue
qui s'instaure obligatoirement entre l'E. et l'enfant transforme la séance
individuelle où le sujet devrait travailler « isolément » en situation fort
ement socialisée : l'enfant perçoit l'E. comme une maîtresse inconnue
et l'E. exerce une pression sur l'enfant, par sa présence, par sa fonction
et par ses questions ; cette variable n'existe pas pour les enfants de
11 ans et pour les adultes2.
Séance collective. — Les groupes sont mixtes : 2 garçons et une fille,
ou bien 2 filles et 1 garçon (ce qui n'entraîne aucune différence signi
ficative), tous trois de la même classe.
1. Nous sommes reconnaissants à Mesdames les Inspectrices des Écoles
maternelles et primaires du XIIIe arrondissement, à Mesdames les Directrices
de l'École maternelle et de l'École primaire de filles de la rue Küss et à Mes
dames les Institutrices de ces établissements, de l'accueil bienveillant qu'elles
nous ont réservé et de l'aide comprehensive qu'elles n'ont cessé de nous apporter
au cours de cette série d'études.
2. La planche I du Zulliger est massive, elle appelle surtout des interpréta
tions globales, rares chez les enfants de cet âge ; elle est, par ailleurs, assez
effrayante de par sa tonalité et sa composition. Elle

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