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Publié par | POPULATION0 |
Publié le | 01 janvier 1998 |
Nombre de lectures | 16 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Kuakuvi Gbényon
Effets des erreurs d'âge sur l'application de la méthode de Brass
à l'estimation de la fécondité en Afrique
In: Population, 53e année, n°5, 1998 pp. 979-994.
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Gbényon Kuakuvi. Effets des erreurs d'âge sur l'application de la méthode de Brass à l'estimation de la fécondité en Afrique. In:
Population, 53e année, n°5, 1998 pp. 979-994.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1998_num_53_5_6904Résumé
Gbényon (Kuakuvi). - Effets des erreurs d'âge sur l'application de la méthode de Brass à l'estimation de
la fécondité en Afrique Face aux imperfections des données de fécondité collectées en Afrique, William
Brass, dans le souci d'aider à une meilleure connaissance des niveaux de fécondité, a développé dans
les années soixante-dix une méthode d'estimation de la fécondité qui porte son nom. Dans les années
qui suivirent la publication de ces travaux, une très large application en a été faite, tant dans son
enseignement que dans sa pratique. Cependant, avec la persistance des erreurs de tous genres, en
particulier celles portant sur les âges des individus, même dans les données récentes, il importe de
s'interroger sur la pertinence de la méthode en présence d'erreurs sur les âges. En effet, nos
simulations montrent que les résultats de cette méthode sont biaises par les erreurs d'âge. Plus
précisément, la méthode du rapport P/F de Brass entraîne, dans presque tous les cas, une
surestimation de l'indice synthétique de fécondité.
Abstract
Gbényon (Kuakuvi). - Effects of age reporting errors on application of the Brass method for estimating
fertility in Africa With the aim of improving our knowledge of fertility levels, William Brass in the 1970s
sought to overcome the defects of African fertility data by developing the method of fertility estimation
which is named after him. Following the publication of his method, it became widely used both in
teaching and in the field. However, the persistence of many kinds of errors, particularly those
concerning the ages of individuals, even in recent data, raises questions about the value of the method
when dealing with errors on age reporting. The simulations we have performed suggest that such errors
introduce bias into the results obtained with the method. More specifically, the Brass P/F ratio method is
found to result almost always in an overestimation of the total fertility rate.
Resumen
almost always an overestimation of rate. Gbényon (Kuakuvi). - Efectos de errores en la edad declarada
en la aplicación del método de Brass para la estimation de la fecundidad en Africa Frente a las
imperfecciones de los datos de fecundidad existentes en Africa, William Brass creó, durante los aňos
setenta, el método de estimación de la fecundidad que lleva su nombre. El método se enseňó y aplicó
extensamente durante los aňos posteriores a su apari- ción. No obstante, la persistencia hasta el
présente de errores de varios tipos, incluyendo los relativos a las edades de los individuos, pone en
cuestión la pertinencia de este método. Nues- tras simulaciones muestran que los resultados de su
aplicación conllevan sesgos causados por errores en la declaración de la edad. En concreto, el método
del cociente P/F de Brass conlleva, en la mayoria de casos, una sobreestimación del indice sintético de
fecundidad.EFFETS DES ERREURS D'AGE SUR
L'APPLICATION DE LA MÉTHODE
DE BRASS À L'ESTIMATION DE
LA FÉCONDITÉ EN AFRIQUE
Kuakuvi GBÉNYON*
Depuis les années cinquante, le caractère très lacunaire et
imprécis des données démographiques disponibles pour l'Afrique
a conduit au développement de techniques capables de traiter ces
«données imparfaites ». L'une des méthodes les plus employées,
pour estimer le niveau de la fécondité à partir de données d'en
quêtes, a été proposée par William Brass : elle repose sur la
comparaison entre les parités déclarées par les femmes de chaque
âge (nombre total d'enfants nés vivants) et les taux de fécondité
par âge calculés à partir des naissances déclarées pour les douze
derniers mois, chacune de ces mesures pouvant être affectée de
biais spécifiques. Encore faut-il que l'âge des femmes soit à peu
près bien connu : Kuakuvi Gbenyon met en cause ici cette hy
pothèse, propose une méthode de redressement de la structure
par âge et estime l'importance des biais pouvant entacher la tech
nique de Brass.
Les rapports nationaux et les études comparatives des Enquêtes mond
iales de fécondité (EMF), tout comme les rapports préliminaires des En
quêtes démographiques et de santé (EDS) couvrant la période 1978-1989,
soulignent l'insuffisance des données collectées en Afrique sur les âges(l).
Les erreurs les plus communes dans ces données portent sur de mauv
aises déclarations d'âge et de datation des événements. Par exemple, des
tests de cohérence interne et externe, portant sur l'âge des femmes, ont
montré que les cas les plus remarquables de surreprésentation des femmes
concernaient les 20-24 ans et les 25-29 ans, notamment au Bénin, en Côte
* Faculté des sciences économiques et sciences de gestion, Université du Bénin, Lomé, Togo.
(" Rapports des EMF : Kenya (1980), Tunisie (1982), Cameroun, Egypte, Ghana
(1983), Côte d'Ivoire et Maroc (1984). des EDS: Nigeria (1987), Ghana, Liberia, Sénégal et Tunisie (1988),
Botswana, Mali, Maroc et Togo (1989). Voir aussi Chidambaran V.C. et al. (1980), Ofosu
(1989).
Population, 5, 1998, 979-994 К. GBÉNYON 980
d'Ivoire et au Kenya (Nations unies, 1987, p. 38). Toutefois, des présompt
ions de transfert de femmes vers les âges jeunes, qui devraient introduire
des irrégularités importantes à 15-19 ans n'ont pas été confirmées. Dans
la mesure où la méthode du rapport P/F de Brass (1975) pour l'estimation
de la fécondité utilise ces effectifs de femmes à 20-24 ans et 25-29 ans,
on peut se demander si les résultats auxquels elle conduit sont fiables.
Cette question n'a pas été vraiment traitée jusqu'ici.
En Afrique, les premières techniques indirectes développées par
Brass, Coale-Trussell (1974), et d'autres ont été intensément utilisées durant
la période 1975-1980, c'est-à-dire juste après leur découverte et avant les
grandes séries d'enquêtes EMF et EDS. Elles ont été aussitôt enseignées
dans certaines écoles, alors même que des enseignants s'interrogeaient sur
leur réelle utilité (Courbage, 1978). C'est dans un tel contexte que le présent
article pose la question de la «robustesse» de la méthode de Brass face
aux erreurs d'âge encore courantes en Afrique{2).
I. - Persistance de la méconnaissance des âges
Malgré la multiplication des enquêtes de type EMF et EDS, celles-ci
comportent encore les erreurs relevées traditionnellement sur l'âge et sur
l'historique des naissances.
Pour l'âge, l'exemple de la pyramide des âges du Mali en 1987 montre
clairement ces distorsions (Gendreau, 1993, p. 172), tout comme les pro
portions élevées de femmes qui ne peuvent pas déclarer leur date exacte
de naissance (en mois et année) lors de ces enquêtes.
En effet, les proportions de femmes ne connaissant pas leur date de
naissance exacte étaient les suivantes dans les diverses Enquêtes démogra
phiques et de santé et dans l'Enquête nationale de fécondité du Rwanda
(ENF) (Gbényon, 1990, p. 128) :
— 27,8% au Lesotho en 1977;
— 47,9% au Ghana en 1979;
— 61,9% au Sénégal en 1978;
— 66,2% au Kenya en 1977;
— 70,4% au Cameroun en 1978;
— 73,1% au Togo en 1988;
— 74,2% au Rwanda en 1983;
— 77,8% au Maroc en 1980.
(2' Une méthode, au sens statistique du terme, est robuste si les estimations auxquelles
elle conduit sont sans biais, même dans le cas où les hypothèses de base de la technique ne
sont pas entièrement vérifiées. ESTIMATION DE LA FÉCONDITÉ EN AFRIQUE 981
Cette imprécision touche aussi l'historique des naissances comme le
montre le tableau 1, dans lequel la qualité des données sur les naissances
est appréciée à partir de trois indicateurs (Nations unies, 1987) :
— le premier concerne la précision de la déclar