En Nivernais au XIXe siècle : pour une histoire monétaire régionale - article ; n°3 ; vol.18, pg 437-458
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1963 - Volume 18 - Numéro 3 - Pages 437-458
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Guy Thuillier
En Nivernais au XIXe siècle : pour une histoire monétaire
régionale
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 3, 1963. pp. 437-458.
Citer ce document / Cite this document :
Thuillier Guy. En Nivernais au XIXe siècle : pour une histoire monétaire régionale. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 18e année, N. 3, 1963. pp. 437-458.
doi : 10.3406/ahess.1963.421004
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1963_num_18_3_421004NIVERNAIS AU XIXe s. EN
Pour une histoire monétaire
régionale
L'histoire monétaire des provinces au xixe siècle n'a jamais été
entreprise. Or la géographie monétaire, la géographie du crédit mettent
précisément en lumière l'évolution même des mécanismes de la vie
économique. Certes les phénomènes monétaires sont difficiles à saisir,
les témoignages sont rares, les spéculations sur les espèces ne laissent
guère de traces et nous possédons fort peu d'archives sur ce point 1.
Mais « à la fois baromètres de mouvements profonds et causes de non
moins formidables rendements de la masse sociale, les phénomènes
monétaires se rangent parmi les plus dignes d'attention, les plus révé
lateurs, les plus chargés de vie sur lesquels l'historien puisse se pencher.
Leur obscurité même, ... à quoi tient-elle sinon à leurs multiples liens
avec tous les ressorts les plus intimes de l'activité humaine ? » 2. La
monnaie — « réalité sociale » suivant l'expression célèbre de F. Simiand —
est liée à la vie la plus quotidienne, la plus banale et, par là-même, la
plus contraignante : on la subit le plus souvent passivement et il est très
délicat de saisir son mécanisme psychologique et ses racines coutumières,
de discerner les contraintes collectives qu'elle incarne, de juger aujour-
1. Les archives de la Monnaie de Paris et celles du Ministère des Finances ont
été presqu'entièrement détruites. Les archives départementales contiennent bien
peu de renseignements sur un tel sujet. Quant à la succursale de la Banque de France
à Nevers, ses archives ne remontent plus au delà de 1900.
2. Marc Bloch, « Mutations monétaires dans l'ancienne France », Annales, 1953,
p. 45. Il n'existe aucune histoire valable de la monnaie au xixe siècle, tenant compte
des réalités économiques. Les pratiques monétaires du xvme demeurent très mal
connues. Cf. R. Dufraisse, « Problèmes en Alsace au xvine siècle », in
Revue ď Alsace, t. 962, 1956, p. 195-220, et L. Dkemigny, « Circuits de l'argent et milieux
d'affaires au xviii9 siècle », Вегте historique, 1954. — Aucune étude sur les problèmes
de la monnaie dans une province au xixe siècle n'a été, à notre connaissance, réalisée
jusqu'à présent. Certes, le Nivernais, éloigné des grands courants commerciaux et des
hôtels monétaires, ne peut offrir que des enseignements limités : mais, précisément,
il importe de retracer l'évolution monétaire de régions dont le développement a tou
jours été marginal.
437 ANNALES
d'hui de son poids réel sur la vie sociale et économique. Peut-on, pour
une province donnée, esquisser à grands traits l'évolution des problèmes
monétaires au début du xixe ? Peut-on, en dépit des lacunes et incerti
tudes de la documentation, se fier à cette approche de la vie écono
mique ? г
Le Nivernais dépendait de la juridiction de la cour des Monnaies de
Bourges 2. L'hôtel des monnaies de Bourges ayant été supprimé en
février 1772, le négoce devait s'adresser à la monnaie d'Orléans. La
cour de Bourges avait autorité sur les changeurs 3 et les orfèvres de la
province *. A Nevers, la communauté des orfèvres comprenait trois
maîtres 5 ; à La Charité trois également, « non compris trois orfèvres non
résidans, savoir deux à Corbigny et un à Sancerre qui sont soumis à sa
jurande ». Les orfèvres amassaient souvent des fortunes importantes e :
un Pérony achète pour 12 675 1, en 1762 7 la manufacture de faïences
du Bout du Monde à Nevers. Leurs fonctions leur donnaient l'occasion de
devenir changeurs et prêteurs 8 et ils sont souvent fermiers du droit de
1. Nous avons abordé le problème de la banque et du crédit en Nivernais, dans les
Annales : « Pour une histoire bancaire régionale : en Nivernais de 1800 à 1850 », 1955,
p. 494-502. Notre propos n'est ici que de réunir quelques notes sur le problème monét
aire et d'esquisser quelques orientations de recherches dans ce domaine si complexe.
2. Nous possédons peu de renseignements sur la Cour des Monnaies de Bourges.
Cf. Archives départementales du Cher, В 2447 et suiv. ; H. Boyer, « La monnaie
de Bourges », Mémoires de la Société historique du Cher, 1868, p. 83-128. Sur l'ancienne
Monnaie de Nevers, on se reportera à G. de Soultrait, Essai sur la numismatique
nivernaise (1854) et H. Sarriau, Nouvelles recherches sur la numismatique nivernaise,
1894 (extrait du Bulletin de la Société nivernaise).
3. D'après V Almanach des monnaies, Année 1784, par M. des Rotours (à Paris,
chez Méquignon), on trouvait un changeur à la Charité (Charlemagne), Donzy (Thier-
riat), Clamecy (Marmotan), Nevers (poste vacant à cette date ; Moreau de Montalin
et Gourjon, notaires sont changeurs en 1785). L'office de changeur était une fonction
importante. Antoine Faure, licencié en droit, était changeur jusqu'à 1775, sa veuve
vend l'office 100 livres à J. B. Gauthier d'Aubeterre avocat au Parlement (acte cité
par L. Gueneau L'organisation du travail à Nevers aux XVIIe et XVIIIe siècles,
1919 p. 96, n. 3).
4. Le juge provincial résidait même à la veille de la Révolution à la Charité.
5. Le nombre des orfèvres fut limité à 4 en 1757, par déclaration du Roi. La com
munauté des orfèvres était fortement endettée (de 950 1) en 1753 (cf. L. Gueneau
ouvrage cité, p. 125). Aucune étude n'a été publiée sur les orfèvres à Nevers et à La Char
ité en dehors de L. Roubet, Les anciens orfèvres de Nevers, extr. Bulletin de la Société
nivernaise (1872), qui concerne surtout le xvie siècle.
6. En 1789 deux orfèvres payent de 25 à 50 1 d'imposition, 2 de 11 à 25, un seul
moins de 10 1 (L. Gueneau, ouvrage cité, p. 595). Les fortunes des Pérony, Sionnest,
Guillerault (de la Charité) étaient particulièrement solides.
7. Cf. L. Gueneau, ouvrage cité, p. 303. Brevet d'apprentissage de Jacques Pérony
chez Pierre-Louis Pérony, orfèvre à Nevers : Archives départementales du Cher,
В 2451. C'est ce Jacques Pérony qui obtiendra de remplacer Pierre-Louis devenu
fayencier.
8. Quelquefois ils sont accusés de fraude, de « billonnage » (cf. procédure contre
Claude Testelet, orfèvre à La Charité, 1725. Archives du Cher,
В 2447).
438 HISTOIRE MONÉTAIRE
marque et du contrôle des métaux précieux, assez importants à Nevers
à cette date 4
Nous connaissons mal l'état de la circulation monétaire à Nevers au
xvine siècle : il n'y avait qu'un banquier à Nevers *, mais bien des négo
ciants s'occupaient d'escompte et de change. Grâce aux exportations de
fers, de vins, de bois et de faïence, le commerce disposait d'un papier
abondant sur Paris, Nantes et Lyon 3 et, bien qu'éloigné des hôtels des
monnaies, avait toujours le moyen de se procurer des espèces *. Mais
tous les produits de l'agriculture se payaient au comptant et en numér
aire. Les arrivages de marchandises par la Loire « ayant lieu tous à la
fois dans les moments de crue des eaux », il faut solder à l'instant de
l'arrivée « non seulement les frais de voiture, droits de navigation,
décharge, etc., mais encore rembourser en numéraire toutes les dépenses,
les droits et les frais » occasionnés par ces marchandises : le numéraire
en circulation se resserre, les négociations deviennent plus chères 5. De
même, lors des achats de bœufs maigres aux foires de printemps par les
emboucheurs, de février à mai, l'argent devient rare, l'équilibre se réta
blit seulement quand, en juillet, les pr

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