Essai de construction d un indice annuel de la production industrielle française au XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.25, pg 56-99
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 56-99
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

François Crouzet
Essai de construction d'un indice annuel de la production
industrielle française au XIXe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 1, 1970. pp. 56-99.
Citer ce document / Cite this document :
Crouzet François. Essai de construction d'un indice annuel de la production industrielle française au XIXe siècle. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 1, 1970. pp. 56-99.
doi : 10.3406/ahess.1970.422200
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_1_422200de construction d'un indice annuel Essai
de la production industrielle française
au XIXe siècle *
i
Deux idées principales ont inspiré la conception de ce travail. La première
était celle d'établir un indice annuel du volume de la production industrielle
française. Il ne s'agissait pas d'entrer en concurrence avec M. T. J. Markovitch,
et je tiens à rendre hommage à l'œuvre énorme de recherche et d'élaboration qu'il
a accomplie, et à souligner que les résultats intéressants et importants auxquels
il est parvenu m'ont été extrêmement utiles \ Mais M. Markovitch note lui-
même que le système de moyennes décennales qu'il a adopté, conformément
au cadre fixé pour l'enquête internationale lancée par Simon Kuznets, a l'inco
nvénient de dissimuler les points tournants, et qu'on peut lui reprocher d'avoir
imposé d'avance le découpage historique qu'il s'agissait justement d'obtenir
comme conclusion 2. Il a semblé que cette grande entreprise pouvait être
complétée, dans une optique plus historique, par un indice annuel qui serait
* Rapport présenté au premier congrès de l'Association française des historiens économ
istes, Paris, 11-12 janvier 1969. L'auteur tient à remercier le C.N.R.S., qui lui a accordé pen
dant deux ans des crédits de vacations, et les membres du groupe d'études qui l'ont assisté
de leurs conseils — J. Bouvier, F. Caron, С Fohlen, M. Gillet, M. Lévy-Leboyer et
A. Thépot. Ce travail n'aurait pas pu être mené à bien sans l'aide et le dévouement de
Mlle O. Rigaud, collaboratrice technique du département d'histoire de Nanterre, et de M. Bongrand, au C.N.R.S. ; qu'elles soient toutes deux si
ncèrement remerciées.
1. T. J. MARKOVITCH, L'Industrie française de 1789 à 1964, Histoire quantitative de
l'économie française. Cahiers de l'I.S.E.A., Série AF, nos 4, 5, 6, 7, Paris (1 965-1 966 ; cité ensuite :
MARKOVITCH, 4...). Voir aussi son article ultérieur : « Les cycles industriels en France (Essai
d'élaboration préalable d'indices annuels de la production industrielle pour le XIXe siècle) »,
Le Mouvement social, n° 63, avril-juin 1968, pp. 11-39; et M. LÉVY-LEBOYER, « La croissance
économique en France au XIXe siècle. Résultats préliminaires », Annales E.S.C., t. XXIII, n° 4,
juillet-août 1968, pp. 788-807.
2. MARKOVITCH, 4, pp. 50-52; 7, pp. 120-121.
56 FRANÇAISE AU XIX* SIÈCLE F. CROUZET L'INDUSTRIE
utilisable pour l'analyse des fluctuations cycliques et des mouvements à moyen
terme, qui permettrait de repérer les points tournants et d'aboutir à une périodi-
sation précise de la croissance. D'autre part, il semblait utile de mettre sur pied
un indice « réaliste », c'est-à-dire incorporant seulement des séries statistiques
« réelles », c'est-à-dire existantes, des séries annuelles longues, homogènes et
relativement sûres des quantités produites ou utilisées, qui évitât le plus possible
les interpolations et surtout les extrapolations. Certes, pour deux industries très
importantes, celles de la laine et des toiles, je n'ai pu éviter de « reconstituer »
des séries par interpolation, mais à ces deux exceptions près, je me suis abstenu
de restituer des chiffres annuels à partir de moyennes ou d'estimations pluri-
annuelles, de reconstruire un secteur « omis » sur la base des chiffres existants
pour un autre secteur de l'industrie ou encore plus de l'agriculture \
Si cette méthode apparaît plus sûre, elle n'en a pas moins des inconvénients.
Il était évident, dès le départ, que, faute de données, on ne pourrait pas couvrir
de nombreux secteurs de l'activité industrielle, en particulier une grande partie
de l'artisanat et toute la production familiale ou domestique. M. Markovitch
a suggéré une très utile distinction entre la « production industrielle », concept
dont l'acception est la plus large, et la « de l'industrie », notion au
sens plus restreint, s'appliquant à ce que l'on appelait au XIXe siècle « la grande
industrie ». C'est ce dernier secteur auquel je me suis principalement intéressé
dans une optique qui n'est pas celle de la comptabilité nationale, comme pour
l'ISEA (ce qui implique une prise globale de toute l'activité industrielle), mais
celle de l'analyse du mouvement d'industrialisation. Cependant, il n'a été possible
de couvrir ce secteur ni complètement ni exclusivement — en ce sens que les
indices s'étendent par la force des choses à une partie du secteur artisanal. Ils
ont donc un caractère à la fois incomplet et hybride, qui prête le flanc à la cr
itique 2.
D'autre part, même au sein des secteurs qui sont couverts, la décision de
n'utiliser que des statistiques existantes obligeait, dans divers cas, à se contenter
de séries « représentatives », c'est-à-dire des séries concernant des produits
dont on peut raisonnablement penser que leurs fluctuations sont les mêmes que
celles d'un certain nombre d'autres qu'ils sont censés représenter; il s'agit, par
exemple, de produits essentiels pour toute une industrie, comme l'acide sulfu-
rique pour l'industrie chimique s. Cette méthode repose souvent sur des postulats
traditionnellement admis, mais non prouvés, et elle a été critiquée de façon per
tinente par M. Markovitch *. Elle semble cependant préférable à la reconstitution
arbitraire de séries globales.
Il est cependant impossible d'exclure toute spéculation d'un travail de ce
genre — l'hypothèse intervenant forcément dans la décision de considérer cer
taines séries comme représentatives, et encore plus dans le jeu des pondérations.
Les indices présentés ici souffrent donc de multiples imperfections. Il s'agit
1. Dans son compte rendu de W. G. HOFFMANN, British Industry 1700-1950 (Oxford,
1955), W. ASHWORTH écrivait : « II n'y a pas de moyen de transformer de mauvaises statis
tiques en bonnes statistiques » (Economica, Nouvelle série, vol. XXIII, n° 90, mai 1956, p. 185).
2. Dès le départ, on a décidé de laisser de côté le bâtiment, activité sui generis, qui n'est pas
vraiment « industrielle ».
3. HOFFMANN, p. 10.
4. Par exemple MARKOVITCH, 4, pp. 6 sqq.
57 LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
d'un simple essai, d'une tentative qui devra être complétée et perfectionnée. Il
est vrai qu'un indice — et surtout un indice de la production industrielle — est
un signe, une construction intellectuelle, une œuvre d'art abstrait, peut-on dire.
Il cherche à exprimer, par une série de nombres caractéristiques uniques, les
niveaux successifs d'un phénomène complexe, difficile à définir, dont les divers
éléments sont présentés dans des termes différents, par un matériel statistique
inégalement adéquat. Finalement, c'est un instrument de recherche, et c'est en
tant que tel qu'il doit être jugé x.
Les séries utilisées pour l'élaboration des indices ont été extraites essen
tiellement de sources imprimées 8. La Statistique générale de la France et les
Annuaires rétrospectifs de l'I.N.S.E.E., en particulier ceux de 1946, 1951, 1966,
ont été très utiles, bien que certaines séries doivent être maniées avec précau
tion 3. La Statistique de l'industrie minérale a été extrêmement précieuse pour
toutes les industries minières et métallurgiques; ses données apparaissent comme
relativement sûres *, mais certaines séries ne sont pas homogènes, et présentent
des discontinuités. Les Tableaux annuels et décennaux du commerce e

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