État et magistrats  - article ; n°1 ; vol.96, pg 39-48
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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1993 - Volume 96 - Numéro 1 - Pages 39-48
Staat und Richter : Ursprünge einer verlängerten Krise Seit der Französischen Revolution und praktisch bis heute stellt sich die Frage nach Statut und Funktion der Richterschaft in kontinuierlichen politischen Krisen. Ungeachtet der jeweiligen Bekenntnisse wurde von keinem Regime die theoretisch proklamierte Unabhängigkeit der Richter respektiert. Zugleich wurde der Richterstand im Innern durch die dem eigenen Ermessen anheimgestellten Rekrutierungs- und Aufstiegsverfahren selbst korrumpiert. Die Republikaner, die doch die Ungerechtigkeiten der Rechtssprechung der Notabeln an der Macht am eigenen Leibe erlebt hatten, haben es nicht besser gemacht. Aufgrund der zahllosen Posten, die durch die Säuberungen der 80er Jahre des 19- Jahrhunderts frei geworden waren, erhielten nun Personen Zugang zu dem damaligen Gipfel der Welt des Rechts, die nicht dem Justizmilieu oder den besseren Kreisen angehörten. Die neue Debatte und die neue Krise am Ende des Jahrhunderts wurden gleichermassen durch diese exzessive Günstlingswirtschaft ausgelöst wie durch Gegenströmungen im Gefolge der Dreyfus-Affäre. Trotz intensiver Debatten gelang es der politischen Macht, mit interessierter Unterstützung der Abgeordneten, innerhalb des Richterstandes die bereits in den anderen Körperschaften eingeführten, auf meritokratischen Elementen basierenden Rekrutierungs-und Aufstiegsverfahren zu begrenzen, mit der Folge der auch noch im 20 Jahrhundert fortbestehenden Schwäche und Verwundbarkeit der justitiellen Macht.
The State and the Judiciary : the Origins of a Long Crisis Since the French Revolution and almost to the present day, the question of the status and function of the judiciary has constantly arisen amid continual political crises. Despite their claims to the contrary, the various regimes have never respected the theoretical independence of the judiciary, while the judiciary itself was corrupted from within by discretionary procedures of recruitment and promotion. The republicans, despite having suffered the abuses of the judiciary of the ruling notables, did no better : the many posts opened up after the purges of the 1880s enabled individuals who did not belong to the judicial world or the upper classes to reach what was then the summit of the legal world. The new debate and the new crisis at the turn of the century arose both from the excesses of this favouritism and the political turbulence stemming from the Dreyfus Affair. Despite an intense clash of ideas, the political authorities managed, with the self-interested help of the deputies to restrict the introduction into the judiciary of the competitive meritocracy that was already established in almost all other branches of the State. The effect of this was to maintain even in the 20th century the weakness and vulnerability of judicial authority.
Etat et magistrats. Les origines d'une crise prolongée Depuis la Révolution et pratiquement jusqu'à nos jours, la question du statut et de la fonction de la magistrature n'a cessé de se poser dans de continuelles crises politiques. Les différents régimes, malgré leurs professions de foi, n'ont jamais respecté l'indépendance théorique de la magistrature, tandis que les procédures discrétionnaires de recrutement et d'avancement corrompaient de l'intérieur les magistats eux-mêmes. Les républicains, qui ont pourtant subi les mauvais procédés de la magistrature des notables au pouvoir, n'ont pas fait mieux, les nombreux postes libérés lors des épurations des années 1880 permettant à des individus n'appartenant pas au milieu judiciaire ou à la bonne bourgeoisie d'accéder à ce qui constitue alors le sommet du monde du droit. Le nouveau débat et la nouvelle crise de la fin du siècle naissent tout à la fois des excès de ce favoritisme et des remous politiques liés à l'affaire Dreyfus. Malgré une intense confrontation d'idées, le pouvoir politique parvient, avec l'appui intéressé des députés, à limiter dans la magistrature l'instauration de la méritocratie des concours déjà établie dans presque tous les autres corps, ce qui a pour effet d'entretenir encore au XXe siècle la faiblesse et la vulnérabiblité du pouvoir judiciaire.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christophe Charle
État et magistrats
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 96-97, mars 1993. pp. 39-48.
Citer ce document / Cite this document :
Charle Christophe. État et magistrats . In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 96-97, mars 1993. pp. 39-48.
doi : 10.3406/arss.1993.3039
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1993_num_96_1_3039Zusammenfassung
Staat und Richter :
Ursprünge einer verlängerten Krise
Seit der Französischen Revolution und praktisch bis heute stellt sich die Frage nach Statut und
Funktion der Richterschaft in kontinuierlichen politischen Krisen. Ungeachtet der jeweiligen
Bekenntnisse wurde von keinem Regime die theoretisch proklamierte Unabhängigkeit der Richter
respektiert. Zugleich wurde der Richterstand im Innern durch die dem eigenen Ermessen
anheimgestellten Rekrutierungs- und Aufstiegsverfahren selbst korrumpiert. Die Republikaner, die doch
die Ungerechtigkeiten der Rechtssprechung der Notabeln an der Macht am eigenen Leibe erlebt hatten,
haben es nicht besser gemacht. Aufgrund der zahllosen Posten, die durch die Säuberungen der 80er
Jahre des 19- Jahrhunderts frei geworden waren, erhielten nun Personen Zugang zu dem damaligen
Gipfel der Welt des Rechts, die nicht dem Justizmilieu oder den besseren Kreisen angehörten. Die neue
Debatte und die neue Krise am Ende des Jahrhunderts wurden gleichermassen durch diese exzessive
Günstlingswirtschaft ausgelöst wie durch Gegenströmungen im Gefolge der Dreyfus-Affäre. Trotz
intensiver Debatten gelang es der politischen Macht, mit interessierter Unterstützung der Abgeordneten,
innerhalb des Richterstandes die bereits in den anderen Körperschaften eingeführten, auf
meritokratischen Elementen basierenden Rekrutierungs-und Aufstiegsverfahren zu begrenzen, mit der
Folge der auch noch im 20 Jahrhundert fortbestehenden Schwäche und Verwundbarkeit der justitiellen
Macht.
Abstract
The State and the Judiciary : the Origins of a Long Crisis
Since the French Revolution and almost to the present day, the question of the status and function of
the judiciary has constantly arisen amid continual political crises. Despite their claims to the contrary,
the various regimes have never respected the theoretical independence of the judiciary, while the
judiciary itself was corrupted from within by discretionary procedures of recruitment and promotion. The
republicans, despite having suffered the abuses of the judiciary of the ruling notables, did no better : the
many posts opened up after the purges of the 1880s enabled individuals who did not belong to the
judicial world or the upper classes to reach what was then the summit of the legal world. The new
debate and the new crisis at the turn of the century arose both from the excesses of this favouritism and
the political turbulence stemming from the Dreyfus Affair. Despite an intense clash of ideas, the political
authorities managed, with the self-interested help of the deputies to restrict the introduction into the
judiciary of the competitive meritocracy that was already established in almost all other branches of the
State. The effect of this was to maintain even in the 20th century the weakness and vulnerability of
judicial authority.
Résumé
Etat et magistrats.
Les origines d'une crise prolongée
Depuis la Révolution et pratiquement jusqu'à nos jours, la question du statut et de la fonction de la
magistrature n'a cessé de se poser dans de continuelles crises politiques. Les différents régimes,
malgré leurs professions de foi, n'ont jamais respecté l'indépendance théorique de la magistrature,
tandis que les procédures discrétionnaires de recrutement et d'avancement corrompaient de l'intérieur
les magistats eux-mêmes. Les républicains, qui ont pourtant subi les mauvais procédés de la
magistrature des notables au pouvoir, n'ont pas fait mieux, les nombreux postes libérés lors des
épurations des années 1880 permettant à des individus n'appartenant pas au milieu judiciaire ou à la
bonne bourgeoisie d'accéder à ce qui constitue alors le sommet du monde du droit. Le nouveau débat
et la nouvelle crise de la fin du siècle naissent tout à la fois des excès de ce favoritisme et des remous
politiques liés à l'affaire Dreyfus. Malgré une intense confrontation d'idées, le pouvoir politique parvient,
avec l'appui intéressé des députés, à limiter dans la magistrature l'instauration de la méritocratie des
concours déjà établie dans presque tous les autres corps, ce qui a pour effet d'entretenir encore au XXe
siècle la faiblesse et la vulnérabiblité du pouvoir judiciaire.:
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CHRISTOPHE CHARLE
Etat et magistrats
Les origines d'une crise prolongée
"Le peuple français a, par atavisme, l'hor constituent l'objet de cette étude. Interviennent dans
reur des gens de loi. L'impopularité de la cette crise trois facteurs que nous analyserons success
magistrature est faite de toutes les rancunes ivement des sociaux à long terme, des traits
du passé. Le magistrat moderne paye pour structurels qui tiennent à la gestion des carrières, et
les fautes qu'il n'a pas commises. Il paye des données à plus court terme résultant de la tension
même pour les vices de la loi." croissante entre le pouvoir politique et le "pouvoir"
M. Peyssonnié judiciaire à la fin du siècle.
Ce constat pessimiste dressé en 1895 par un haut
magistrat clans un discours de rentrée1 résume Du MAGISTRAT NOTABLE
assez bien les termes permanents de la crise AU RÉPUBLICAIN,
LA FIN DE LA NOBLESSE DE ROBE que semble connaître la magistrature en France depuis
la disparition de la noblesse de robe sous les coups de
• De la reproduction à la promotion la réorganisation révolutionnaire. La critique clés juges
est en effet une donnée permanente tout au long du Les données sur le recrutement social des magistrats
XIXe siècle. La nouveauté en revanche est la reprise rassemblées dans le tableau ci-dessous, en dépit de
l'approximation liée à la nécessité d'harmoniser des par les intéressés eux-mêmes de cette critique. A tra
codages émanant d'auteurs différents, mettent au vers elle, ils prennent conscience de la nécessité d'une
moins en évidence une évolution claire le déclin proharmonisation entre les règles de fonctionnement du
gressif de l'hérédité juridique au sein de la magistrature corps de la magistrature et les transformations plus glo
bales de la société sous la République. Les républic dans la dernière partie du XIXe siècle. L'idée, défendue
ains, comme tous les autres gouvernants qui se sont par certaines études antérieures, d'une grande stabilité
sociale de la magistrature, malgré les changements succédé à la tête de l'Etat depuis Napoléon, ont pris
politiques, est nettement démentie, au moins pour la des mesures à court terme d'harmonisation (les
période républicaine2. Cette rupture des chaînes héré- fameuses épurations) mais ont beaucoup moins manif
esté le souci de changer les règles du jeu en fonction
des principes d'une société démocratique. Il y a donc
eu à la fois un profond renouvellement du personnel
et la permanence d'une gestion des nouveaux magist 1 - M. Peyssonnié, avocat général, La magistrature moderne et l'opi
nion, Cour d'appel d'Orléans, audience solennelle du mercredi 16 rats dans la droite ligne de l'arbitraire des régimes pré
octobre 1895, Orléans, G. Morand, 1895. cédents, d'où un double malaise dont témoigne, avec 2 - J.-P. Mounier, Du corps judiciaire à la crise de la magistrature d'autres, le texte cité vis à vis de l'opinion Actes de la recherche en sciences sociales, 64, septembre 1986, p. 22.
peu respectueuse d'une justice bafouée par le pouvoir, Cet article, pour sa rétrospective historique, s'appuie sur des études
anciennes et partielles dont il tire des conclusions à mon sens trop malaise interne du corps judiciaire du fait de son hété générales à partir de cas particuliers pris dans quelques familles, rogénéité croissante. Expliquer et comprendre les toujours les mêmes. Les codages utilisés par les sociologues peuvent
être également trompeurs pour la société du XIXe siècle la notion racines et les enjeux de cette crise quasi permanente
N° Actes de la recherche en sciences sociales, 96-9/, mars 1993, 39-48 :
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40 Christophe Charle
Evolution de l'origine sociale des magistrats anciens avocats, viennent en général de la bourgeoisie
au cours du xixe et au d&

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