Etude de Cas
45 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
45 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

« ETUDE DE CAS » L’IMAGE DE ZIVKOV DANS LEDISCOURS ACADEMIQUE HISTORIQUEDE 1944 A 2004INTRODUCTIONL’étude de cas a pour fonction de démontrer que la méthode et les sources choisiespeuvent donner un résultat par rapport à la problématique générale. Pour ce « galop d’essai »,l’analyse portera sur un profil bien particulier de Živkov : son image au sein du discourshistorique bulgare de 1944 à 2004. Il existe peu d’informations sous cet angle sur Živkov etl’année de maîtrise consacrée aux manuels d’Histoire bulgares n’a livré, en ce qui concerneŽivkov, qu’une vision incomplète du problème.Le corpus de sources est délimité par le caractère « académique » du discours. Dans cecorpus se retrouvent les manuels d’Histoire, la revue Istoriceski Pregled, divers ouvrages etrevues de l’Institut d’Histoire du Parti communiste bulgare et quelques encyclopédies. Ils’agit d’ouvrages qui en leur temps ont fait « autorité », qui ont fourni les cadres mentaux dela population bulgare. L’unité organique entre ces sources permet de suivre à travers le tempsde l’image qu’elles ont générée et qu’elles génèrent sur Živkov et en même temps decomprendre les grandes phases et ruptures de l’« image académique » de Živkov.I. LA SOUMISSION DE L’HISTOIRE AUCULTE DE LA PERSONALITE (1944-1953)Les enjeux du contrôle biographique dans le milieu communiste sont déjà connus des1historiens . Il s’agit pour le Parti de contrôler l’identité de classe et de parti de ses membres ;pour ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

« ETUDE DE CAS » L’IMAGE DE ZIVKOV DANS LE   DISCOURS ACADEMIQUE HISTORIQUE DE 1944 A 2004
INTRODUCTION L’étude de cas a pour fonction de démontrer que la méthode et les sources choisies peuvent donner un résultat par rapport à la problématique générale. Pour ce « galop d’essai », l’analyse portera sur un profil bien particulier de Živkov:son image au sein du discours historique bulgare de 1944 à 2004d’informations sous cet angle sur Živkov et. Il existe peu l’année de maîtrise consacrée aux manuels d’Histoire bulgares n’a livré, en ce qui concerne Živkov, quune vision incomplète du problème. Le corpus de sources est délimité par le caractère « académique » du discours. Dans ce corpus se retrouvent les manuels d’Histoire, la revueIstoriceski Pregled, divers ouvrages et revues de l’Institut d’Histoire du Parti communiste bulgare et quelques encyclopédies. Il s’agit d’ouvrages qui en leur temps ont fait «autorité », qui ont fourni les cadres mentaux de la population bulgare. L’unité organique entre ces sources permet de suivre à travers le temps de l’image qu’elles ont générée et qu’elles génèrent sur Živkov et en même temps de comprendre les grandes phases et ruptures de l’« image académique » de Živkov.
I. LA SOUMISSION DE L’HISTOIRE AU CULTE DE LA PERSONALITE (1944-1953) Les enjeux du contrôle biographique dans le milieu communiste sont déjà connus des historiens1.Il s’agit pour le Parti de contrôler l’identité de classe et de parti de ses membres ; pour le militant – de montrer ses origines, ses qualités et ses atouts, preuves ou témoignages à l’appui. Certains, pour falsifier leurs « palmarès » sont prêts à verser de grosses sommes d’argent et à soudoyer les responsables pour obtenir des témoignages de complaisance ou des certificats vantant des actions imaginaires2.
                                                1PENNETIER C. , PUDAL B. ,Autobiographie, autocritique, aveux dans le monde communiste, Belin, 2002, 365p. 2STANTCHEV Mikhail,Sous le joug du libérateur, Moudon, Ed. du Bourg, 1975. 214 p. Cf. notamment page 187 : « les anciens chefs de la police achètent des certificats d’aide à la résistance contre beaucoup d’argent ».
Lorsque l’organisation communiste bulgare prend le pouvoir en Bulgarie, la biographie de militant est officialisée par l’Etat. D’une pratique militante, la biographie devient une pratique d’Etat entraînant la reconnaissance par le discours historique de la biographie du militant. Quand les dirigeants du parti deviennent dirigeants d’Etat, les biographies élogieuses vantant leur mérites (biographies écrites de leurs propres mains) sont désormais obligatoires dans les leçons d’histoire. Un leader communiste au pouvoir porté par son prestige biographique, mais aussi par l’autorité politique qu’il détient,refaitainsil’histoireson compte. S’il est de plus reconnuà grand théoricien par son parti, il a alors toute possibilité d’intervenir à sa guise dans le discours historique. C’est un des traits frappants du « culte de la personnalité ». C’est succinctement ce qui s’est passé avec l’affirmation de Valko Cervenkov à la tête de la Bulgarie en 1950.
Faire l’histoire en RP de Bulgarie, un privilège de l’Etat Lorsque Cervenkov arrive au pouvoir, le Parti a déjà un monopole absolu dans la politique et l’idéologie. L’histoire connaît déjà une « orientation politique » : elle est tournée dans le sens de la «doctrine communiste »3de lutte des classes et de stades, les principes historiques s’imposent lentement. C’est le résultat délibéré d’une volonté politique due au cabinet ministériel de Dimitrov qui arrive au pouvoir à la fin de l’année 1946. Sous sa direction, la culture et l’éducation sont regroupées dans une structure de type soviétique, à savoir leK.N.I.K. (Comité des Sciences, de l’Art et de la Culture). En 1948, la Loi sur l’éducation planifie le contenu et le sens des enseignements. LeM.V.R. dirigé par Jugov (le Ministère des Affaires intérieures auquel est rattachée la milice) fait en même temps régner la terreur au sein du monde universitaire, scolaire et culturel : ceux qui ne se plient pas aux réformes sont considérés comme fascistes…et persécutés La revue d’HistoireIstoriceski Pregled,fondée en 1944, garde les traces de cette évolution. En 1945, année de la victoire, les articles portent des noms évocateurs : « Lénine et la science historique », « Les Slaves contre les envahisseurs allemands », … Quelques citations de Marx, Engels, Lénine, Staline argumentent le discours. Lors de l’année suivante, les notes de Lénine et Staline sont plus rares, il s’agit d’un marxisme simple sans excès. Les changements politiques se ressentent pour la troisième année de sa parution : les « stades historiques » ainsi que des articles de Dimitrov et des articles sur Blagoev font brusquement                                                 3KOSSEV Konstantin, « Totalitarijat režim …», dans :Istoriceski Pregled, 3/ 4, 1998. Cf. p. 187.
leur apparition. En 1949, le fascicule n°3-4 présentetexto les rapports de Dimitrov et de Cervenkov au Vème congrès du P.C.B. Sur 221 pages d’articles de ce fascicule consacré à l’Histoire, 119 sont accaparées par le politique et 102 seulement sont laissés aux historiens. A la mort de Georgi Dimitrov (1949), la tendance qu’il a contribué à lancer se poursuit par les soins de Cervenkov. Homme de culture, ancien directeur de l’école « Lénine » à Moscou, il prend les affaires culturelles directement en mains. Le document n° 1733 du Fonds 1 B, opis 6 montre d’ailleurs une décision surprenante duPolitburo. Il s’agit de l’arrêté n 10 ° du 16 janvier 1953 « pour l’édition d’un manuel pour l’histoire du P.C.B. » où il est décidé que Valko Cervenkov a personnellement la charge de rédiger le manuel. Pour ce faire, il est libéré de toute autre obligation pendant trois mois ! La périodisation en 15 chapitres de l’histoire du P.C.B., telle qu’elle est formulée dans l’arrêté de 1953, estgrosso modoal périodisation des « Histoires » du Parti jusqu’en 1989. La revueIstoriceski Pregled dans cette ambiance ses publications. En 1950, poursuit la photo du guide et l’article « Le camarade Cervenkov et notre science historique » célèbrent les 50 ans de la naissance de Valko Cervenkov. Dans les années qui suivent, la revue publie ses articles de manière régulière, comme « La première marche » (1951/ 1952, fasc.6). Cervenkov se permet même de donner le« la » à la communauté historique à travers des « Réponse à… » (1951/ 1952, fasc. 2). Les historiens eux-mêmes sont contraints d’écrire sous la rubrique « Contre les falsifications et les perversions bourgeoises » où Lénine et Staline sont abondamment cités (par exemple, 1951/ 1952, fasc. 1 et 3). On retrouve ce climat dans toutes les revues de l’époque. Le bulletinIzvestija na Instituta za balgarska Istorija(fasc.1/ 2 de l’année 1951) est couvert de citations de Blagoev, Staline, Dimitrov et Cervenkov. Dans un petit ouvrageMateriali po istorija na Balgarskata komunisticeska partija/ Documents sur l’histoire du Parti communiste bulgare, paru en 1952 sous la tutelle de la section Agitation et Propagande du C.C. du P.C.B., les citations de Staline, Dimitrov et Cervenkov ont une large place. L’année 1953, paroxysme du stalinisme en Bulgarie, le premier fascicule de la revue s’ouvre sur un discours de Staline. Troisième fascicule : c’est un article commun, signé par Staline, Kirkov et Jdanov, qui donne le ton. Mais, c’est surtout le fasc. 2 de l’année 1953 qui est intéressant : sur les 43 pages sur 100 qu’il réserve aux politiciens, outre deux discours de Cervenkov (l’un sur Staline, l’autre sur Levski), on trouve un article de Enco Staikov du C.C., mais surtoutun discours de Todor Živkovintitulé « 80 ans de la pendaison du grand révolutionaire démocrate bulgare Vassil Levski », lu le 19 février 1953 au théâtre populaire Krastiu-Sarafov.
Živkov serait-il un historien spécialiste du Héros national Vassil Levski ? Non. Au contraire, c’est son ascension politique qui se révèle cette année là, la veille de son élection au poste de 1ersecrétaire du Parti communiste bulgare. Cependant, Živkov n’aura pas l’occasion de publier d’autres articles dans cette revue, l’heure est passée à la déstalinisation et au reniement du culte de la personnalité. La mort de Staline en 1953 ouvre une période ambiguë jusqu’en 1958, voire 1962. C’est une période peu connue de l’histoire politique bulgare où l’on ne sait pas qui détient véritablement le pouvoir. Il semble que pendant cette période le pouvoir se soit exercé de manière collective dans les hautes sphères du Parti et de l’Etat. Le discours historique suit la nouvelle tendance, celle de la «dépersonnalisation ». En ce qui concerne l’image de Živkov, on pourra appeler cette période, « la période du secrétaire-fantôme ».
La période du secrétaire-fantôme L’historiographie bulgare considère que la période de la « déstalinisation » (1953-1956) a ouvert une « nouvelle étape », une « ère de libéralisation » par rapport à ce qui a été baptisé « l’époque du culte ». Mais rien de tel ne se passe. Au contraire, « les clichés dogmatiques que l’on montrait du doigt tout comme les éléments récursifs de l’idéologie doctrinale communiste continuaient à se maintenir en place du temps du gouvernement de Todor Živkov même s’ils commençaient visiblement et graduellement à devenir plus souples »4. Les historiens et les structures historiques continuent de servir l’idéologie du régime, mais un changement profond est nettement observable (par exemple, les citations de Staline et Cervenkov subsistent, mais sont circonscrites à des sujets précis, comme la Deuxième guerre mondiale pour Staline). On assiste à une dépersonnalisation de l’histoire, à un retrait significatif des hommes politiques de la scène historique. Mais, la tendance est excessive. De 1954 à 1958, alors que Živkov est Premier secrétaire du Parti communiste bulgare, son nom n’apparaît pas une seule fois ! Plus étonnant encore : Živkov n’est pas cité dans le livreDocuments sur l’histoire du P.C.B.initier des étudiants de l’Ecole politique, paru en 1955 pour 5. L’idéologie du texte est ce que l’on pourrait appeler «un stalinisme adouci » : pas de grands éloges, peu de citations de Dimitrov, quant à Cervenkov et Staline ils n’apparaissent guère qu’à travers les usines qui
                                                4 dans : …»,KOSSEV Konstantin, « Totalitarijat režimIstoriceski Pregled, 3/ 4, 1998. Cf. p. 187. 5Dans :V pomošt na slušatelite v Politškolite. Materiali po Istorija na B.K.,PS.ofia, 1955. Cf. p. 305.
portent leur nom. Par contre, les slogans continuent à clamer « Sous le drapeau de Marx-Engels-Lénine-Staline »…
II. ZIVKOV, LE LIBERAL OU « LA LUTTE CONTRE LE CULTE », 1958-1980
Une décennie après le 9 septembre, le pouvoir des communistes en Bulgarie s’est stabilisé. Les historiens désormais totalement « normalisés » doivent remplir leur lourd devoir d’écrire les premières années de la jeune République populaire de Bulgarie. L’essor de l’histoire immédiate va permettre l’apparition dans l’histoire de Todor Živkov qui depuis son élection en 1954 au poste de Premier secrétaire,a le droit d’apparaître comme un personnage historique.
L’entrée de Todor Živkov dans l’histoire Dans le deuxième tome de l’Histoire de la Bulgarie 1955, page 870, à la leçon sur de le 9 septembre, Živkov (qui était absent de cette leçon dans les versions antérieures) apparaît à la tête d’« un noyau dur de partisans ». Plus loin, à la page 980, lors du VIème congrès en 1954, Živkov apparaît en tant que rapporteur du «projet de réforme du Parti », élaboré par le Comité central. Deux brèves apparitions timides pour le 1ersecrétaire qui n’apparaîtra dans les articles de la revueIstoriceski Pregledqu’en 1958 lorsqu’un historien citera le rapport de Živkov sur son projet «de Grand bond économique »6. Si Živkov est de retour dansIstoriceski Pregledà partir de 1958, il ne se permettra pas d’y apparaître en tant qu’auteur. Živkov ne sort pas de son rôle, il présente des rapports au nom du Parti et les historiens citent les rapports de Živkov. Contrairement à sa fille Ljudmila Živkova (qui, en tant que diplômée d’histoire et spécialiste de l’art, écrit dans la revue en 1969, 1970, 1971, 1978, 1981, …), Živkov, lui ne se permet pas d’écrire sur l’histoire, il est dansl’histoire.
                                                6Cf. dans :Istoriceski Pregled, 6de 1958 l’article « Petiletkata v sakrateni srokove ».
Les thèmes Les apparitions de Živkov dans les articles et textes historiques ne suscitent pas non plus les dérives élogieuses bien connues du culte. Il n’apparaît pas comme un «théoricien ». Au contraire, après avoir été un secrétaire-fantôme, il n’est presque qu’un simple rapporteur. Dans l’Histoire du P.C.B. Manuel d’éducation populairede 19677, Živkov n’apparaît qu’exclusivement en tant que rapporteur ou bien pour signaler qu’il est «élu » à tel ou tel poste. Pas de jugements de valeur, pas de qualificatifs ni d’adjectifs entourant sa personne. Les congrès se suivent et Živkov ne fait que rapporter ou lire les documents du Comité central. Lorsqu’on étudie les thèmes associés ࠎivkov dans les articles d’Istoriceski Pregled, on s’aperçoit d’une chose intéressante :
Sujets des articles d’Istoriceski Pregled Nombrede 1958 à 1989 où Živkov apparaît d’articles* Le développement de 32 La République populaire de Bulgarie Dont révolution culturelle et sociale 5 Dont économie populaire et industrie 8 Dont agriculture 10 Le Parti Communiste Bulgare, 32 Actualité et histoire Dont Dimitrov 8 Dont Blagoev 2 Dont le plénum d’Avril 7 La science historique 25 Les relations internationales 21 Dont relations avec URSS 12 Le 9 septembre et ses suites 14 Sur les autres partis 13 Sur les questions idéologiques 9 Sur  7Živkov et sa vie Sur des points divers 6 Dont questions ethniques 2 Dont les révolutionnaires du XIX siècle 3 * Hors compte-rendu de lecture, bibliographies, lettres et annonces. Un même article peut se trouver dans plusieurs catégories.
Les thèmes où est cité Živkov (développement économique, Parti, relations étrangères, etc.…) reflètent la politique et les recommandations du Parti. Živkov est devenu la «voix du
Parti ». Mais, Živkov est-il simplement dans le discours historique un rapporteur ordinaire ? Non, des thèmes lui sont particulièrement associés. Par exemple, sa biographie apparaît dans les publications historiques. Relativement courte, on la trouve selon les éditions soit avec la leçon sur le 9 septembre 1944, soit avec celle « du plénum d’Avril » , elle tient en un paragraphe : « Né le 7 septembre 1911 dans le village de Pravetz, dans la région de Sofia, Todor Živkov encore jeune prit une participation active aux luttes des travailleurs sofiotes. Il rentra dans les rangs du Parti communiste en 1932. Peu après il fut promu au travail organisationnel du Parti et collabora activement à l’accroissement organisationnel et politique de l’organisation partisane de la capitale. Comme secrétaire de Comité régional de la capitale et comme membre du district de la région de Sofia, il réussit de riches essais révolutionnaires. T. Živkov devint aux commandes du Parti en 1943 un des organisateurs du mouvement des partisans dans la Première zone de soulèvement opérationnelle de Sofia. » Les articles ou leçons d’Histoire sur le 9 septembre sont l’occasion de citer les exploits du 1erdes opérations dans la capitale » etsecrétaire du Parti alors « président du Bureau  « chargé de la direction militaire et politique des manifestations et de leur sécurité »8. Enfin, il est nécessaire de parler du thème du plénum d’Avril et la lutte contre le culte de la personnalité. Pour certains historiens de l’époque, le plénum d’Avril (1956) ouvre une « nouvelle ère » de l’histoire du Parti, permet aussi le « développement de la science historique [bulgare] »9. La lutte contre le culte de la personnalité passe par la lutte contre Cervenkov, associée aussi à Živkov: « les forces vivent cherchaient à surmonter les défauts, causés par le culte de la personnalité de V.Cervenkov et par conséquent, par des méthodes de direction incorrectes. A la tête de ces forces se tenait le camarade T. Živkov. »10 De manière téléologique les auteurs font remonter à l’année 1954 l’engagement de Živkov contre Cervenkov11à qui le Parti, charitable, aurait donné une chance de continuer à jouer un rôle politique à la tête de l’Etat. Mais, « les méthodes non-léninistes de direction, liées au culte de la personnalité, continuèrent malgré cela à régner et à imposer son influence négative »12.Cervenkov «ne s’était pas fait une autocritique sincère », « il feignait l’application conséquente de la ligne d’avril ». C’est ainsi qu’est expliquée l’arrivée à la tête
                                                                                                                                                        87  »Istorija na BKP « naucno-populjaren ucebnik1967 Dans :Histoire du P.C.B., 1984 (4èmeédition). Pp.436–444. 9NATAN Jacques, « Le Parti Communiste Bulgare et la science historique », , dans :Istoriceski pregled, 27/ 5, 11–21 11097H1is.,t opipr.e du P.C.B., 1984 (4èmeédition). P. 514. 111 Histoire du P.C.B., 1984 (4èmeédition). P. 511. 2. Cf.Institut d’histoire du P.C.B.,Biograficen Ocerk, 1981
duPolitburo de Todor Živkov. Cervenkov n’ayant pas été assez franc dans son autocritique, le Parti décide de l’exclure et de le remplacer par Živkov, restaurateur «des principes marxiste-léninistes ». Le culte de la période Živkovienne s’est construit sur le plénum d’Avril. L’invention de la période terrible du culte de la personnalité a permis d’instaurer une vision idéalisée du « Présent Živkovien». En ce qui concerne l’histoire, « on donna un élan quant au développement de la science historique en Bulgarie ». « La liquidation de l’influence nocive du culte de la personnalité de Staline donna le feu vert au développement de la pensée intellectuelle dans le domaine des sciences de l’histoire. »13 Le plénum [d’avril] donna « un coup de pouce au développement des sciences sociales chez nous […]. L’accès libre à la documentation du Parti, les libres discussions enrichissantes, les recherches scientifiques ont aidé énormément les auteurs lors de l’écriture de cet ouvrage. Cela a permis de dépasser les éléments de subjectivisme, de schématisme et d’empirisme »14. En ce qui concerne la politique, on procéda à une « lutte constante contre le culte de la personnalité et ses méthodes de travail » et en même temps à la valorisation duPolitburo comme organe collectif dont personne ne peut se dire supérieure. On s’attacha à « déployer la démocratie dans toutes les cellules de la vie socio-économique ». On introduisit et respecta « la légalité socialiste »15. « Les conditions créées après le plénum d’Avril du C.C. du P.C.B., ont influencé positivement le développement intégral du parti et du pays. »16 Mais, en réalité le pouvoir plus que jamais s’est concentré dans les mains uniques de Živkov, les principes d’écriture de l’histoire n’ont pas changé d’un iota et le mythe de l’accès libre aux archives est démenti par l’enquête : il existait déjà à l’époque Cervenkovienne17. La Petite encyclopédie bulgare, 196418 sur 27% de l’article «Živkov » sur le s’étale thème du plénum d’avril et des réussites en résultant, le même thème dans l’ Encyclopédie bulgare,de 197919 Živkov», s’octroie 20% de l’article «                                                 13 Id em 14AVRAMOV Rumen (dir.),Istorijata na balgarskata komunisticeska partija,isd. na B.K.P. 1969. Sofia, dans : 1«5 iAd.095 .tnp-avs ».ropo emP 16 idem,« -17 DimitarKOSSEV ( id.r,)pntva A».s poroIstorija na Balgarija v 2 toma,Tom 2, Nauka i Izkustvo, 1955, Sofia., dans : « Avant propos ». 1189 ljoadipealkasB rsarglaageo lakkikcincen BaktarK,ptoedmijeaK. (E.B., pp.360-361,)t mo eII ,9146I,Ip 6.919740  
Le plénum d’Avril et les notions de démocratie et de justice qui lui sont juxtaposées deviennent ainsi la représentation principale associée ࠎivkov dans le discours historique. Pourtant, l’interprétation du plénum est exagérée même s’il y eut des avancées surtout dans le domaine idéologique (comme le fait que la culture occidentale ne soit plus considérée comme décadente20) la plus grande partie du système socialiste reste inchangée. De plus, attribuer « l’éclairci d’Avril » à seul Živkov est une erreur puisque à l’époque la direction était encore collective et en ce qui concerne le ministère de l’éducation et de la culture, c’est Cervenkov qui en est le chef jusqu’en juin 1958 ! Le vrai pouvoir de Živkov commence en 1962.
Une présence timide qui cache un culte bien particulier Non seulement il n’écrit pas d’articles dansIstoriceski Pregled, mais en plus lorsque Živkov est cité cela est toujours de manière superficielle, c’est-à-dire qu’il apparaît dans la plupart des cas une fois dans l’article, au début ou à la fin. Par exemple, dans l’article de Jacques Natan « Le Parti communiste bulgare et la science historique », paru dans le fascicule 5 d’Istoriceski pregleden 1971, Živkov apparaît la dernière page à propos des progrès que à le plénum d’Avril avait apporté à la science bulgare. De même, dans le fascicule n°2-3 d’Istoriceski pregled de 1969, l’article de Khristo Khristov « La révolution socialiste du 9 septembre et la science historique », Živkov n’apparaît que cinq fois. La présentation de l’« histoire immédiate » dans les ouvrages et les articles d’histoire, comme dit plus haut, a tendance à dépersonnaliser l’histoire. Comme le montre le graphique ci-dessous qui analyse le nombre d’occurrences par personnalité historique et par chapitre dans l’Histoire du P.C.B. Manuel d’éducation populairede 1967.
                                                20Sled vtorata sv. Voijna do kraja na 60-te godini.» inE. Kalinova « kulturni vrazki meždu balg. I fran. Istoriceski Pregled1999 (3-4), p.113
Analyse des occurences de personnalités dans l'histoire du P.C.B., manuel d'enseignement populaire de 1967 , (Jivkov en sombre, total des autres personnalités en clair)
70 60 50 40 30 20 10 0
L’histoire du Parti après 1944 se vide d’êtres humains, Cervenkov pour la période ne représente que 3 occurrences et Jugov – 1. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette « timidité » ne fait pas preuve que le culte a disparu, elle est au contraire le signe que la façon de faire la propagande du leader a changé. Le successeur de Cervenkov essaye, lui aussi, d’établir son culte, mais initiateur de la lutte contre le culte de la personnalité, il est contraint d’inventer de nouvelles méthodes de mise en valeur. Tournant le dos à l’imposition quantitative au sein des manuels, il privilégie le qualitatif. Dans les manuels, les occurrences du personnage augmentent avec son arrivée au pouvoir, de 2 (Histoire de la Bulgarie, 1955) passent à 25 (Histoire de la Bulgarie, 1964). Dans les manuels des petites classes, il est parmi les personnalités dont le nom est cité (mais cette remarque n’est pas valable pour les classes supérieures)21. Une représentation ponctuelle qui recherche le meilleur rendement symbolique, voilà ce que recherche le culte de Živkov. Ainsi, il est rare de trouver un portrait de Živkov en dehors des leçons sur l’Etat socialiste qu’il gouverne, mis à part la première page du manuel de 1èreclasse : le portrait de Živkov accueille les enfants pour leur première année d’école22. Toute la page lui est consacrée : souriant, détendu, entouré d’enfants, on dirait que c’est lui qui a écrit le manuel et qui raconte l’histoire.
                                                21NENOV, JAKOV, GAVRAILOV,Roden Kraj za 2.Kl.,Narodna Prosveta, 1982.: 6èmeposition 2B2,CIVELIZADIaNr,ijHRUŠ BAKav ,iLjl avInaecI storija za 6.Kl.,N.P., 1989: 7èmeposition puis s’efface..  ana Vladova,Roden Kraij za parvi klasse, Narodna Prosveta 1981
De plus, même s’il ne renonce pas aux citations (ainsi le prouve cet exemple : « comme le dit le camarade Živkov: … »23, celles-ci sont beaucoup plus rares qu’à l’époque précédente. Tandis que Staline et Cervenkov étaient présents une à deux fois par page, Živkov n’est présent qu’une à deux fois par manuel. Ses citations sont l’incarnation de la voix de l’Etat qui remercie à travers le temps tel ou tel héros. Ce n’est pas du tout l’image du théoricien qui explique les évènements historiques. Il n’y a pas non plus de leçons qui lui soit entièrement consacrées comme pour Dimitrov. A vrai dire, Živkov est étrangement discret. Même dansHistoire du P.C.B.(1969), il faut attendre la page 486 lors du récit du 9 septembre 1944 pour voir sa première apparition. On pourrait croire que l’histoire s’est ainsi dégagée de l’emprise du dirigeant, mais c’est justement l’illusion que Živkov cherche à donner. Le culte de Živkov est en fait le culte de la période Živkovienne ouverte par le plénum d’Avril : « période radieuse au sein même de la déjà très belle période du socialisme ». Par reflet, il s’agit de vanter le bon gouvernement et donc, le bon dirigeant. C’est le mythe « de la bonne époque du bon Roi »… Une autre manière, plus maligne encore que les précédentes, a été développée pour asseoir le culte de Živkov dans les mentalités. Il s’agit de réduire de manière ingénieuse le nombre d’occurrences de Živkov tout en s’assurant que celles-ci restent dominantes dans le discours. Analysons par exempleHistoire du P.C.B. DansHistoire du P.C.B.(1969), sur 700 pages Živkov ne totalise que 25 occurrences. Ce qui est faible. Mais, si on examine de plus près les périodes concernant le stade socialiste et si on regarde les occurrences de tous les noms de personnes citées, à l’exception des noms de personnes donnés aux édifices ou des noms adjectivés (ex. : hitlérien) et à l’exception de deux listes des membres duPolitburo, on obtient un résultat très intéressant : 1944-1948 : 32 noms, dont G. Dimitrov -7, Kolarov - 4, Petkov - 4, T. Kostov - 3 ; 1948-1956 : 29 noms, dont G. Dimitrov -15, Cervenkov - 5, Kolarov - 3, Živkov - 2 ; 1956-1958 : 9 noms, dont Živkov - 3; 1958-1962 : 7 noms, dont Živkov - 2, Cervenkov - 2, A. Jugov - 2;  1962-1966 : 5 noms, dont Živkov - 5; 1966- Fin : 6 noms, dont Živkov - 4. Au fur et à mesure que l’histoire du P.C.B.(1969) avance, le nombre de personnalités « historiques » diminue alors que Živkov, tout en restant discret, devient le seul personnage historique de la période socialiste en Bulgarie. Živkov fait donc habilement le vide autour de                                                 23KARACOROVA-BARAMOVA, GAVRAILOV, STEFANOV CONCEV,Rodinoznanie za 4.Kl.,N.P. 1984.. P. 46.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents