Étude des besoins sociaux des gens du voyage, Samuel Thyrion. (Article  paru dans le VST n°107).
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Étude des besoins sociaux des gens du voyage, Samuel Thyrion. (Article paru dans le VST n°107).

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Étude des besoins sociaux des gens du voyage, Samuel Thyrion. (Article paru dans le VST n°107).Extrait du Site officiel des Ceméa - Mouvement national d'éducation nouvellehttp://www.cemea.asso.frÉtude des besoins sociaux desgens du voyage, SamuelThyrion. (Article paru dans leVST n°107).- ACTUALITÉS & EVENEMENTS - Textes et actualités militants - Date de mise en ligne : mardi 7 septembre 2010Site officiel des Ceméa - Mouvement national d'éducation nouvelleCopyright © Site officiel des Ceméa - Mouvement national d'éducation nouvelle Page 1/5Étude des besoins sociaux des gens du voyage, Samuel Thyrion. (Article paru dans le VST n°107).Aide à l'élaboration du projet social Depuis 2002, la communauté urbaine de Lille a pris lacompétence « Gens du voyage » et assure la réalisation des nouveaux terrains d'accueil ainsi que lamise aux normes des anciennes aires. Le Syndicat mixte des gens du voyage (SMGDV) de Lillemétropole a quant à lui pour objet la gestion administrative, technique et financière des airesd'accueil, ainsi que l'animation, l'accompagnement et l'insertion professionnelle au bénéfice desfamilles.Si l'intervention du SMGDV s'est d'abord centrée sur la gestion et l'aménagement des aires d'accueil afin d'offrir desconditions matérielles d'existence plus décentes (construction de nouvelles aires de type « Besson 2 *1 » avecmodules individualisés comportant douche, toilettes, évier, eau et électricité, etc), la question sociale n'a jamais ...

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Étude des besoins sociaux des gens du voyage, Samuel Thyrion. (Article paru dans le VST n°107).
Extrait du Site officiel des Ceméa - Mouvement national d'éducation nouvelle
http://www.cemea.asso.fr
Étude des besoins sociaux des
gens du voyage, Samuel
Thyrion. (Article paru dans le
VST n°107).
- ACTUALITÉS & EVENEMENTS -
Textes et actualités militants -
Date de mise en ligne : mardi 7 septembre 2010
Site officiel des Ceméa - Mouvement national d'éducation nouvelle
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Étude des besoins sociaux des gens du voyage, Samuel Thyrion. (Article paru dans le VST n°107).
Aide à l'élaboration du projet social
Depuis 2002, la communauté urbaine de Lille a pris la
compétence « Gens du voyage » et assure la réalisation des nouveaux terrains d'accueil ainsi que la
mise aux normes des anciennes aires. Le Syndicat mixte des gens du voyage (SMGDV) de Lille
métropole a quant à lui pour objet la gestion administrative, technique et financière des aires
d'accueil, ainsi que l'animation, l'accompagnement et l'insertion professionnelle au bénéfice des
familles.
Si l'intervention du SMGDV s'est d'abord centrée sur la gestion et l'aménagement des aires d'accueil afin d'offrir des
conditions matérielles d'existence plus décentes (construction de nouvelles aires de type « Besson 2
*1
» avec
modules individualisés comportant douche, toilettes, évier, eau et électricité, etc), la question sociale n'a jamais été
éludée. En lien avec ses partenaires, le SMGDV a contribué au développement d'une palette de prestations de
services adaptées mais peu coordonnées entre elles.
Le contexte de la mission
Le SMGDV souhaite aujourd'hui mettre en place une réelle stratégie sociale en faveur des gens du voyage,
s'appuyant à la fois sur ses ressources propres et sur les prestations de droit commun. Pour élaborer cette stratégie,
le SMGDV a confié à Copas la réalisation d'une étude des besoins des habitants des aires aménagées, ce qui
supposait un recueil de leur parole, de leurs aspirations, une connaissance plus précise de leurs difficultés mais
également de leurs ressources. Sur six aires d'accueil, Copas a mené des entretiens avec une cinquantaine de
résidants et rencontré la plupart des partenaires du SMGDV (institutionnels et associatifs) avant de rédiger un
rapport d'étude incluant les orientations du projet social (dont nous reprenons ici les principaux enseignements).
Sortir de situations administratives et juridiques kafkaïennes
« On est toujours des sous-Français »
Rappelons que les conditions de circulation des gens du voyage sont toujours régies par la loi de 1969 qui leur
impose d'être munis d'un carnet de circulation constituant la pièce d'identité des tziganes. Délivré par la préfecture, il
doit être visé régulièrement (tous les trois mois, tous les ans ou tous les cinq ans selon les cas) sous peine de
sanctions pénales ou d'amendes. Ces familles étant de nationalité française, la plupart d'entre elles ne voyageant
plus ou très peu, cette pièce d'identité spécifique et contraignante est avant tout vécue comme une « preuve » d'un
régime particulier, d'une stigmatisation, d'une discrimination légale.
« Faudrait enlever les roues de la caravane pour avoir l'APL »
Rappelons aussi que la caravane n'est pas juridiquement reconnue comme un loge-ment, même quand elle ne
circule pas. Conséquence, les gens du voyage sont réputés « sans domicile fixe » (ce qui empêche légalement
l'accès à certains types de prestations sociales ou aides : APL, accès aux prêts immobiliers, aux assurances
habitation, etc), ce qui est vécu comme une injustice pour des familles qui ont choisi de se fixer durablement sur la
commune de leur terrain.
« Ici on a tous la même adresse »
Les aires d'accueil étant considérées comme provisoires (accueil de nomades), elles ne permettent pas à ceux qui y
résident pourtant depuis leur création de disposer d'une adresse nominative, autrement dit d'être officiellement
domiciliés.
« Le carnet nomade, ça nous empêche tout alors qu'on ne bouge plus. On a des cartes d'identité, mais sans
adresse, ça ne vaut rien. Ça nous bloque tout. Tout ce qu'on a, c'est la facture pour la dalle et dessus il est écrit"
gens du voyage", tu trouves ça normal ? On n'a pas de vraie adresse alors on n'a pas le droit de s'inscrire à l'ANPE,
on n'a pas le droit à l'APL, on ne peut pas avoir accès à Internet, on n'a pas de carte d'électeur. On est devenus
sédentaires à cause de l'école, on a tout fait pour s'intégrer, j'ai tout perdu de ma langue même si entre nous on
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continue de parler gitan... mais on est toujours des "sous-Français". Par exemple, ma fille voulait partir en Angleterre
avec l'école, mais nos gosses ne peuvent pas partir sans carte d'identité. On ne part plus mais on ne peut pas
s'intégrer, le carnet forain et 1a carte d'identité, ça bloque tout. »
Si les résidants des aires d'accueil sont parfaitement conscients que le SMGDV n'a pas les compétences pour
répondre à ces revendications et mettre fin à ce traitement dérogatoire, ces dernières constituent néanmoins la toile
de fond des besoins de ces résidants en attente de considération sociale.
Quand la précarité se conjugue avec sédentarité et perte d'identité
Parmi les besoins repérés et les attentes clairement exprimées par les résidants des aires, on retrouve ceux liés à
leur faible niveau de ressource et au « surcoût » que représente la vie sur les aires d'accueil. Si les personnes
rencontrées ont pu confirmer l'amélioration des conditions de vie sur les terrains (quand elles vivent sur les terrains
de dernière génération : les terrains gérés par le SMGDV à l'heure actuelle ne sont en effet pas tous aux normes
Besson
*2
), elles évoquent à l'unanimité une situation économique qui se dégrade. « On n'a droit à rien et on paye
tout cash » Les ressources des familles étant presque systématiquement composées des prestations sociales qui
évoluent peu, l'équilibre ressources/dépenses est difficilement tenable quand on observe une stagnation des aides
perçues, un non-accès aux aides alternatives ou ponctuelles, l'affaiblissement des revenus complémentaires
résultant des activités traditionnelles et un haut niveau de charges lié au mode de vie et type d'habitat (prix de
location de l'emplacement - la « dalle » ; crédit, entretien et assurance des caravanes, surcoût des dépenses
énergétiques, etc). Conséquences : une baisse sensible du reste à vivre qui affecte la capacité des familles à
financer des dépenses exceptionnelles (permis de conduire, frais d'hospitalisation, etc), une plus grande fragilité face
aux aléas (hiver rigoureux, accident, prise en charge exceptionnelle, etc). Cette vulnérabilité objective génère sur les
terrains une réelle inquiétude pour l'avenir, notamment pour les personnes âgées (quelle fin de vie leur garantir ?) et
les jeunes (quelles perspectives d'avenir leur proposer ?). Les marges de manoeuvre sont d'ailleurs peu
nombreuses, à l'exception du recours au crédit, à l'endettement et/ou à la « débrouille ».
« Comme on n'a pas de compteur EDF, on peut pas avoir d'autres aides, on a le RMI, les allocations et pour le reste
on se débrouille. C'est la solidarité de la famille, on va au Mont-de-Piété, dès qu'on fait un peu de black on met de
côté... Mais l'hiver c'est très dur, les factures, c'est souvent 250 ou 300 Euros. On sent vraiment la crise. La ferraille
maintenant, c'est 30 Euros la tonne, alors on traficote un peu, on remplit les cumulus de terre... »
« On bouge plus, on reste ici »
C'est également la capacité à voyager qui est impactée (voyager suppose d'avoir son permis de conduire, d'assurer
son véhicule et sa caravane, d'être en capacité de supporter le coût du carburant, des péages, etc). De fait, ce sont
les familles les moins précarisées qui disposent encore des moyens de voyager et ce sont les plus pauvres qui
restent sur les terrains. Autrement dit, et même si l'opposition binaire entre sédentaires et nomades n'a plus de sens
au regard des situations, la distinction entre ceux qui sont en « capacité de voyager » et ceux qui ne le sont plus est
ici déterminante. Cependant, cette paupérisation n'est pas uniforme et nécessiterait une étude plus approfondie (en
effet, selon qu'un terrain est situé sur une commune ou sur une autre, l'accès aux services sociaux est plus ou moins
facilité ; certaines familles disposent de revenus d'activités plus importants de par leurs compétences - métiers du
bâtiment en particulier, etc). Parmi les solutions concrètes identifiées, on notera le développement de moyens de
réduction des charges énergétiques, notamment : réduire les postes de consommation d'énergie via des solutions
alternatives (récupérateurs d'eau de pluie, panneaux solaires...) ; implanter des compteurs eau et électricité
individualisés pour une meilleure gestion de sa consommation et l'accès aux échelonnements ou à la mensualisation
; mettre en place des ateliers d'aide à la gestion/maîtrise des dépenses d'énergie ; intervention sensibilisation sur la
gestion de la consommation, etc.
« Quand on regarde tout ça, on se dit qu'on n'a pas gagné au change »
Il est également important de prendre acte que sur les différents terrains que nous avons visités, les familles qui
attendaient de la sédentarisation l'espoir d'une vie meilleure n'en sont que plus déçues. A cela s'ajoutent, dans un
contexte de précarité, un délitement de la vie collective et communautaire, et un repli sur la cellule familiale, voire
des tensions entre certaines familles qui vivent depuis toujours sur le même terrain. Quand le voyage devient
épisodique et que la vie collective se distend, c'est
in fine
le coeur de la culture tzigane qui est touché, obligeant la
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majorité des familles « issues du voyage » à (re)bricoler leur identité (mythe du voyage, de l'avant, etc.). Il faut de
plus évoquer les perspectives particulièrement sombres que ces familles dressent pour demain. Transformer les
aires d'accueil temporaire en lieux de vie En considérant le logement comme un des maillons essentiels à toute
insertion sociale, il ressort de l'étude des besoins une double attente : améliorer l'existant et ne pas considérer les
aires d'accueil comme l'ultime étape du parcours résidentiel. Si les conditions de logement se sont globalement
améliorées sur les terrains de deuxième génération (confort, moindre concentration, etc.), sortant les résidants des
aires de conditions de vie très difficiles, voire indignes, il n'en reste pas moins que les perspectives d'amélioration
sont encore nombreuses.
«
C'est pas normal, on paie quand même un loyer...
»
En pointant les défaillances de gestion (tonte des abords, entretien, nettoyage assuré par un prestataire pour le
compte du SMGDV ; manque de transparence dans la perception des loyers, etc.) et l'insuffisance des
aménagements (jeux d'enfants ; local multifonctionnel pour se rassembler, prier, organiser les temps forts ; éclairage
; sécurisation des terrains ; terrains non reliés au réseau téléphonique, etc.), les personnes rencontrées ont
également manifesté leur besoin d'être considérées comme des locataires ordinaires. La comparaison avec le
logement social a souvent été utilisée par les interviewés, nous renvoyant au constat d'un traitement différencié.
« On a pas le droit de rien décider »
Autre attente explicite : l'assouplissement du règlement qui fixe l'usage du terrain et de l'emplacement individuel en
particulier (la « dalle »). Ainsi, toutes les familles rencontrées ont demandé à ce qu'elles puissent poser sur la dalle
qu'elles louent une troisième caravane eVou un mobile home (le règlement limitant le nombre de caravanes à deux
et interdisant l'implan¬tation de chalets ou de mobile homes qui, par définition, ne sont pas « nomades »). Si cette
contrainte est vécue comme une entrave à la liberté individuelle, elle est aussi incomprise à divers titres. Alors que
les familles s'agrandissent et que les emplacements vacants sont peu nom¬breux sur les terrains, la troisième
caravane est souvent perçue comme la solution la plus évidente pour ne pas dis¬perser le groupe familial. C'est
également la possibilité d'accueillir la famille de passage qui est de fait remise en cause. C'est tout autant le respect
de l'intimité familiale qui est en question (les filles et les garçons dormant dans la même caravane par exemple).
Pour ces familles, cette solution aurait également comme intérêt de reconnaître qu'elles sont sédentaires et
responsables. « Ce qu'on propose nous, c'est de pouvoir mettre un chalet, c'est pas cher, c'est solide, ça nous plaît,
ça permet d'avoir des droits et de mieux vivre, pour eux [SMGDV], ça évite de faire de nouveaux terrains, de mettre
des portes blindées qui coûtent 1 500 Euros alors que le chalet c'est nous qu'on le paye.
« Ce qu'on voudrait, c'est
rester ici, sur le terrain, en caravane... chez nous. » En matière de logement et d'habitat, tous ces besoins et
exemples cités recouvrent une double attente : une reconnaissance du terrain non plus comme une aire d'accueil
temporaire, mais comme un habitat à part entière et un moyen de faire vivre (perdurer ?) la culture des gens du
voyage (qu'ils soient Roms ou Manouches). En abordant avec les personnes rencontrées leurs choix résidentiels
(passés et à venir), il en ressort globalement quatre constantes : - la possibilité de vivre leur culture, et surtout de
prolonger un mode de vie organisé autour du groupe familial ;
un attachement au territoire, notamment à la commune et à l'école. La plupart ont exprimé un droit au maintien
dans la commune, facteur de stabilisation sociale ;
le souhait d'accéder à plus de confort et de liberté d'usage (entrée, sortie, accueil de la famille élargie, etc.) ;
l'illusion de l'accession à la propriété (achat d'un terrain familial par exemple), les familles étant parfaitement
conscientes des multiples contraintes : difficulté d'accéder au crédit, faible offre foncière ; préjugés à l'encontre
des gens du voyage qui pourraient influencer un vendeur éventuel, etc.
ln fine
, c'est donc le terrain d'accueil sur
lequel ces familles vivent actuellement qui représente pour elles la seule marge de manoeuvre pour que leur
parcours résidentiel reste ascendant. L'enjeu pour elles consiste à faire évoluer le terrain pour qu'il ne soit plus
défini comme une aire d'accueil temporaire ou de passage, mais reconnu comme un lieu à « habiter »*2, un vrai
« chez-soi » qui atténuerait le sentiment d'être encore « traités comme des SDF ». Pour y parvenir, il faut
transformer le statut de ces aires, investir dans les aménagements, l'amélioration du confort, et aborder
concrètement la question du peuplement.
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Prendre acte des limites des politiques ordinaires
«
Ceux qui nous comprennent et ceux qui n'en ont rien à foutre
» En questionnant les personnes rencontrées sur les services qu'elles utilisent, sur les personnes à qui elles font
appel, etc., il apparaît très nettement qu'un clivage existe entre l'intérieur et l'extérieur du terrain. Il serait faux de
penser que la nette préférence pour une aide in situ s'explique pour des raisons de confort ou de facilité, ou serait
liée à une tendance au repli sur soi. A l'analyse, il semble que deux facteurs jouent ici un rôle déterminant : la
confiance et le manque de connaissance (qui peut aller de pair avec la force des préjugés). Ainsi, les interlocuteurs
privilégiés des familles sont d'abord et avant tout les intervenants qui se déplacent sur le terrain.
Accompagner vers. . .
De fait, et comme l'ont confirmé la plupart des intervenants associatifs ou institutionnels, il
serait illusoire de demander à ce que ces familles sollicitent directement les services de droit commun, se rendent
aux permanences ou chez un médecin généraliste, etc., sans qu'un lien préalable soit établi, sans qu'une relation de
confiance se soit enclenchée ou si la situation à régler n'a pas un caractère d'extrême urgence. Ce qui revient au
constat que le droit commun ne se décrète pas pour ces populations et demande des démarches d'information, de
mise en confiance et d'accompagnement transitoire qui peuvent demander du temps. Cet accompagnement est
d'autant plus essentiel que certaines problématiques' sociales et sanitaires sont particulièrement
préoccupantes,quelques unes étant directement liées aux terrains.
Pour un projet (de développement) social
Au vu des besoins exprimés et de l'aggravation de la situation des gens
du voyage résidant sur les aires d'accueil, un double écueil est à éviter : le premier serait de considérer que l'accès
au droit commun se décrète en refusant temporairement de recourir à une politique spécifique ; le second serait de
penser qu'une multiplicité d'actions, aussi pertinentes soient¬elles, suffit à transformer durablement la situation.. .
L'enjeu pour le SMGDV et ses partenaires consiste aujourd'hui à élaborer et à s'en-gager collectivement autour d'un
projet de développement social. Outre les orientations thématiques du projet et un ensemble d'actions concrètes à
engager, Copas a proposé que le SMGDV soit le chef d'orchestre de cette démarche globale d'intervention qui
repose sur la définition d'une ambition partagée, un mode de gouvernance régi par la coopération, une observation
permanente et partagée des usages, des modes de vie et des besoins de la population des terrains, l'inscription
temporaire des terrains dans la géographie prioritaire de la politique de la ville, etc. Certains diront que la distinction
entre projet social et projet de développement social n'est que coquetterie sémantique. Dans l'esprit et dans les faits,
les approches sont pourtant sensiblement différentes, la première visant à créer les conditions d'un mieux-vivre,
l'autre ayant l'ambition de redonner du pouvoir aux principaux intéressés. A ce titre, la transformation des aires
d'accueil provisoire en véritables lieux de vie durables et reconnus comme tels constituerait le premier acte d'un
changement d'approche, et résonnerait pour les résidants de ces aires comme le signal d'une reconnaissance de
leur mode de vie mêlant culture nomade et sédentarité
Voir le sommaire du VST n° 107
Post-scriptum :Notes
1. Loi du 5 juillet 2000 relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage qui renforce les obligations des communes, notamment à travers
l'élaboration d'un schéma départemental qui fixe des objectifs quantitatifs et détermine les lieux sur lesquels les aires permanentes d'accueil
doivent être implantées et les types de terrains (séjours longs, grands passages) respectant des normes techniques définies par décret.
2. Habiter ne signifie pas uniquement « occuper une demeure ", mais plus largement être actif et constituer son habitation à son image, pour la
modeler, définir l'intérieur (intimité) et l'extérieur (hospitalité), etc.
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