Etude des conduites temporelles. I. L attente - article ; n°1 ; vol.55, pg 27-39
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Etude des conduites temporelles. I. L'attente - article ; n°1 ; vol.55, pg 27-39

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Description

L'année psychologique - Année 1955 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 27-39
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

P Fraisse
F. Orsini
Etude des conduites temporelles. I. L'attente
In: L'année psychologique. 1955 vol. 55, n°1. pp. 27-39.
Citer ce document / Cite this document :
Fraisse P, Orsini F. Etude des conduites temporelles. I. L'attente. In: L'année psychologique. 1955 vol. 55, n°1. pp. 27-39.
doi : 10.3406/psy.1955.8761
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1955_num_55_1_8761Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne
(École Pratique des Hautes Études)
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DES CONDUITES TEMPORELLES
I. — L'ATTENTE
par Paul Fraisse et Franchie Orsini
1° Les conduites temporelles
Le temps, comme l'espace, est une dimension fondamentale
de toutes nos actions. Il y intervient sous les formes les plus
diverses que l'on peut cependant ramener à deux. La première
tient au fait que toutes nos actions se déroulent dans le temps
qui leur impose une succession irréversible. Cette détermination
joue non seulement dans chacune de nos actions mais pour la
succession même des étapes de notre vie, de la naissance à la
mort. Nous y sommes agis par le temps. Le temps se manifeste
sous sa seconde forme dans tous les cas où dans l'action nous
tenons compte explicitement de la durée et du temps surtout
socialisé. Nous proposons d'appeler ces actions des conduites
temporelles.
Les conduites temporelles peuvent être divisées en plusieurs
groupes :
1° Les conduites où nous avons à percevoir ou à estimer la
durée en référence avec les étalons de temps que nous proposent
notre expérience et la société ;
2° Les conduites par lesquelles nous nous situons dans le
temps et qui correspondent, d'une part, à l'orientation tempor
elle et d'autre part, aux perspectives temporelles que nous avons
par rapport au passé et à l'avenir. L'horizon temporel qui se
développe avec l'âge en relation avec notre possibilité de repré
sentation du temps permet d'y situer nos actions et engendre
des attitudes différentes selon les individus et les cultures ;
3° Les conduites qui sont des réactions à la durée de nos
actes. Certaines de ces réactions se manifestent simplement 28 MÉMOIRES ORIGINAUX
sous forme de la naissance de sentiments (« Comme le temps m'a
paru court... ou long »). D'autres sont plus complexes et donnent
naissance à de véritables conduites. Ce sont les cas où nous avons
à vaincre la résistance que le temps oppose à la réalisation de nos
projets ou si l'on préfère les conduites dans lesquelles le temps
devient, au cours de nos actions ordinaires un obstacle, et en
quelque sorte le point principal d'application de nos efforts.
Ces dernières conduites qui seront particulièrement l'objet
de cette série d'études peuvent à leur tour être ramenées à trois
types :
a) L'attente. — Les circonstances imposent un délai dans
la réalisation d'un acte voulu ou accepté ;
b) La précipitation. — La durée impartie pour la réalisation
d'un acte est plus courte que celle qui serait normalement
utile ;
c) La persévération dans le temps. — Le temps pendant lequel
doit se prolonger une action est trop long par rapport au temps
pendant lequel nous nous intéressons à l'action elle-même. Cette
conduite s'apparente à l'attente, mais elle en est la forme inverse.
Au lieu d'être l'attente d'un commencement de l'action, elle est
l'attente de la fin de l'action présente.
Nous nous proposons d'étudier successivement ces différents
types de conduite pour en dégager les aspects principaux par la
mise au point de procédés qui en permettent l'étude expéri
mentale.
Ce premier mémoire est consacré à quelques aspects de l'a
ttente qui intégrera certaines perspectives de l'ancien travail de
Mlle Morand (1).
2° L'attente
L'attente est une conduite qui se présente chaque fois que
les circonstances imposent un délai entre le moment où nous
voudrions accomplir une action et le moment de sa réalisation.
L'attente est une situation très générale qui ne donne nais
sance à une conduite temporelle que lorsque nous avons une
conduite d'attente proprement dite. Il faut distinguer en effet,
le fait « d'attendre », par exemple les vacances pour se reposer ou
d'avoir l'âge de se présenter à un concours, et l'attente dans une
antichambre ou dans une gare. Dans le premier cas, l'attente
correspond à une anticipation qui n'a pas de répercussion directe
sur mon activité présente ; dans le second cas, l'attente est une
conduite spécifique liée au fait qu'il y a une suspension de l'action. FRAISSE ET F. ORSINI. ÉTUDE DES CONDUITES TEMPORELLES 29 P.
Elle consiste à attendre d'agir. La nature même de l'attente
dépend de son rapport avec l'acte qu'elle précède.
Elle peut être l'orientation vers une action qui comporte un
délai d'attente et elle est dans ce cas intégrée en quelque sorte
à l'action. Ainsi en est-il de l'attente du pêcheur ou du chasseur
à l'affût.
Elle peut être aussi attente pure, obstacle soit à la réali
sation de l'acte désiré (l'attente de l'amant), soit à la souffrance
inévitable (l'attente chez le dentiste). Dans ces deux derniers
cas, le fait capital est que nous n'avons pratiquement qu'à réaliser
une adaptation au délai qui nous est imposé.
Ces distinctions faites à partir des conduites concrètes
doivent cependant être reprises d'un point de vue plus psychol
ogique.
Comme le dit très bien Janet (2) : « L'attente est une régu
lation active de l'action qui sépare les deux stimulations, l'une
préparante et l'autre déchaînante, et qui maintient l'action entre
les deux, à la phase de préparation ou à la phase d'érection.
C'est ce travail qui constitue l'attente : préparation, conserva
tion et déchaînement de l'action. »
Le fait que la stimulation déchaînante soit précédée d'une
stimulation préparante favorise évidemment la réalisation de
l'acte. Elle crée une attention à l'acte et plus généralement une
attitude qui est une véritable préparation à l'action. Elle diminue
le temps de la réaction motrice, de la perception, elle facilite
l'apprentissage et l'efficience en général.
Mais si le délai qui s'écoule entre les deux stimulations est
plus long que ne l'exige la préparation même de l'action, inter
vient alors l'effort nécessaire pour conserver cette attitude
préparatoire. A ce moment commence véritablement la conduite
temporelle : l'activité n'est plus dirigée vers l'acte à accomplir
mais vers l'adaptation au délai.
Cette conduite comme l'a analysé Janet est très difficile.
Elle nécessite de rester prêt à l'acte, sans passer à l'acte, et
sans s'en laisser détourner. La difficulté est manifestée par les
troubles qu'apporte l'attente dans le comportement. L'attente
peut nous détourner de l'acte que nous devions accomplir.
L'enfant comme l'animal « oublie » ce qu'il a à faire si le délai
entre la stimulation initiale et la stimulation de l'accompliss
ement est trop long comme l'ont montré les nombreuses études
sur la réaction différée. L'attente peut aussi entraîner une réali
sation prématurée de l'acte et en général des manifestations 30 MÉMOIRES ORIGINAUX
d'impatience. On ouvre la fenêtre pour voir si celui que l'on
attend arrive ; on cherche à aller au-devant de l'acte. Enfin nous
pouvons nous irriter contre l'attente elle-même ou contre les
boucs émissaires que nous imaginons en être responsables.
Ces différentes formes de réactions à l'attente ne sont autres
que celles qui ont été analysées comme les réactions à la frus
tration. Le délai que nous impose l'attente nous frustre de la
consommation d'un acte pour lequel nous sommes prêts. Et la
résistance à la frustration exige un haut niveau d'adaptation au
réel (Janet), une soumission de la recherche de la satisfaction au
principe de réalité (Freu

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