Expériences de suggestion sur des débiles - article ; n°1 ; vol.6, pg 441-484
45 pages
Français

Expériences de suggestion sur des débiles - article ; n°1 ; vol.6, pg 441-484

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
45 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1899 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 441-484
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Dr Simon
Expériences de suggestion sur des débiles
In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 441-484.
Citer ce document / Cite this document :
Simon Dr. Expériences de suggestion sur des débiles. In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 441-484.
doi : 10.3406/psy.1899.3116
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1899_num_6_1_3116VII
EXPÉRIENCES DE SUGGESTION SUR DES DÉBILES1
Certaines de nos idées ont une valeur intrinsèque : ainsi
toutes conceptions logiques; ou sont des vérités d'observation.
D'autres au contraire n'ont qu'une valeur d'emprunt, ou du
moins, quelle que puisse être leur réelle, ce n'est pas à
elle qu'elles doivent leur influence, mais à ce qu'il y a d'exté
rieur qui les soutient; elles n'impliquent pas certitude, mais
conviction; elles apparaissent vraies sans qu'on en puisse just
ifier, indiscutables seulement parce que la libre critique n'a
plus de droits; elles s'imposent, non après un libre examen,
mais d'autorité. Ces caractères sont ceux des idées suggérées.
Car la suggestion n'est pas particulière à l'hypnose, elle n'est
pas non plus seulement l'intimation à l'état de veille, elle est
un processus général du déterminisme de nos états de cons
cience, ou plus exactement de nos réactions, et il n'est peut-
être pas un acte de notre vie où elle n'intervienne pour sa part,
où nous ne subissions du dehors quelque impulsion incons
ciente, mais à laquelle pourtant nous obéissons. C'est l'ap
titude à suivre ainsi docilement, sans contrôle actif de la part
des formes supérieures de notre mentalité, réflexion, raison,
critique, la voie indiquée par les hommes ou par les choses,
qui constitue en propre la suggestibilité de chacun de nous.
M. Binet a imaginé pour l'étudier un certain nombre d'expé
riences. Ce sont celles que j'ai répétées chez les enfants que
j'avais à ma disposition.
(1) Les expériences de M. Simon ont été faites à l'asile de Vaucluso, en
employant les méthodes que j'ai organisées et que j'ai appliquées à l'étude
d'enfants et de jeunes gens normaux ; mes recherches personnelles sont
trop nombreuses et trop longues pour trouver place dans l'Année Psycho
logique; je les publie à part dans un volume sur la Suggestibilité. Je dois
dire que j'ai communiqué à M. Simon seulement la technique des expé
riences et un très court aperçu de mes résultats ; son travail n'a donc pas
pu subir l'influence du mien, et il emprunte sans doute à cette circons
tance un certain intérêt. A. Binet. 442 MEMOIRES ORIGINAUX
Je les ai répétées chez vingt-sept d'entre eux. Je rappelle
que ce sont des enfants anormaux et arriérés, débiles moraux
et intellectuels. L'intérêt que présente l'essai fait sur eux de
ces expériences en est par suite accru.
Voici la liste des sujets enallant des plus jeunes aux plus âgés :
4 janvier 1889. Bl . 8 novembre 1884. Mo.
11 août 1888. Bru 2 Si .
6 juin Res 14 octobre 1884. Le .
Mai Sté. 22 septembre 1884. 29 ]»<■ décembre août 1887. 1887. Bou Me. 9
16 janvier I88o. Gha. 25 juillet 1884. Go .
20 août 1885. Mau Re. 15 juin
25 février 1885. Her. 23 mai 1884. Gou .
14 Ha. 17 avril Le .
24 janvier 1885. Des. 3 février 1884. Fleu
4 De . 23 septembre 1882. Me.
De . 21 novembre 1884. Ar . 24 juin 1882.
21 Dau 7 mars 1881. Fa.
De . ?
Les épreuves auxquelles ils ont été soumis sont les sui
vantes en les désignant par leur substratum matériel :
1° Epreuve des lignes;
2° des poids ;
3° Epreuve du disque;
4° du carton d'objets;
5° Epreuve des mouvements.
Je prenais chaque enfant isolément et essayais successiv
ement sur lui toute la série. L'ensemble de l'examen durait
environ une heure. Je n'ai cependant pas remarqué de fatigue
particulière de l'attention malgré cette durée relativement lon
gue, sans doute grâce à la diversité des épreuves. Quelquefois
d'ailleurs l'examen d'un enfant a dû aussi être distribué sur
deux séances, les deux premières épreuves par exemple étant
faites un jour et les trois autres le jour suivant. — Tout
fini, je recommandais ensuite à l'enfant de ne parler de rien
à ses camarades, et il m'a semblé au reste que c'était là pour
la plupart d'entre eux une précaution à peu près superflue :
d'une part en effet aucun d'eux n'a jamais su quelle aurait dû
être sa réponse ; mais surtout, ils m'ont paru complètement
incapables de donner, de ce que je leur avais fait faire, une des
cription compréhensible. En outre, les enfants que j'ai exami
nés n'ont jamais su d'avance qu'ils devaient l'être de préfé
rence à d'autres : je les prenais en effet moi-même au moment
où j'avais besoin d'eux, et à peu près au hasard, leur choix — EXPÉRIENCES DE SUGGESTION 443 SIMON.
n'étant déterminé que par le minimum de dérangement
qu'il occasionnait dans les différents services : l'école ou les
champs. Je n'ai jamais remarqué qu'ils aient eu une idée pré
conçue quelconque des épreuves que j'allais essayer avec eux,
ni que leurs réponses fussent l'effet de conversations antérieu
res et non pas seulement leur mode de réaction individuel.
J'étudierai en premier lieu chaque épreuve séparément : je
rappellerai d'abord aussi brièvement que possible en quoi
l'épreuve considérée consiste, puis j'indiquerai les résultats
que j'ai obtenus avec elle. — Je chercherai ensuite s'il y a
quelque relation entre les résultats de ces diverses épreuves
comparées l'une à l'autre. — J'indiquerai enfin si les débiles
que j'ai étudiés se sont comportés autrement que les enfants
examinés par M. Binet ou au contraire de manière analogue.
1° Épreuve des lignes
Manière de procéder à l'expérience. — On prévient le sujet
qu'il s'agit de savoir s'il a, ou non, du coup d'œil, qu'on
désire se renseigner sur la façon dont il apprécie des longueurs
données. Pour s'en rendre compte, on lui montrera une série
de lignes tracées d'avance parallèlement sur une longue bande
de papier; en les découvrant et les recouvrant au fur et à
mesure il est facile de ne les faire apparaître que l'une après
l'autre, de ne lui en faire voir qu'une à la fois, afin d'éviter
qu'une comparaison des lignes entre elles vienne l'aider ;
il regardera donc attentivement la ligne qui lui sera présentée;
chaque ligne d'ailleurs ne lui sera montrée qu'une fois, il ne
doit donc pas se laisser distraire; il indiquera sur une feuille
quadrillée de 4 en 4 millimètres qui lui est donnée, quelle
longueur il attribue à la ligne qu'il vient de voir, et pour cela,
il marquera seulement sur les lignes horizontales du papier
quadrillé qui lui est remis, un point plus ou moins distant de
la marge verticale qu'on y a tracée.
Les 36 lignes qui passent ainsi successivement sous ses
yeux, ne sont pas quelconques, elles ont au contraire des
dimensions bien déterminées :
La lre a 12 millimètres ;
La 2e a 24 —
La 3° a 36 —
La 4e a 48 —
La 5e a 60 — MÉMOIRES ORIGINAUX 444
et toutes les suivantes sont égales à cette dernière. Mais elles
sont disposées de telle sorte que leurs extrémités ne soient pas
à des distances égales des bords du papier qui les porte, précau
tion sans laquelle ceux-ci pourraient servir de repère au sujet.
En somme il y a donc un accroissement continu des 5 premières :
c'est cet accroissement qui implique l'idée suggestive, c'est
sa perception qui doit donner l'impulsion à faire grandissant
es les 31 dernières lignes, comme le sont les 5 premières. La
résistance à la suggestion serait précisément au contraire l'él
ément sur lequel on insiste auprès du sujet : l'appréciation
exacte de la longueur de chaque ligne, la sûreté du jugement
concernant celle-ci, dépendant également de V effort d'attention
qui doit se renouveler chaque fois.
Avant de commencer l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents