Fouilles d Alise - article ; n°4 ; vol.68, pg 235-245
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1924 - Volume 68 - Numéro 4 - Pages 235-245
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Émile Espérandieu
Fouilles d'Alise
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 68e année, N. 4, 1924. pp. 235-
245.
Citer ce document / Cite this document :
Espérandieu Émile. Fouilles d'Alise. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 68e
année, N. 4, 1924. pp. 235-245.
doi : 10.3406/crai.1924.74979
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1924_num_68_4_74979235
COMMUNICATION
FOUILLES D'ALISE PAR M. ESPKRAND1EU, MEMBRE DE I>' ACADÉMIE.
Vous savez, Messieurs, que, depuis 1909, nous faisons
des fouilles, M. le docteur Eperv et moi, sur l'emplacement
d'Alesia. Interrompues en 1914 par la guerre, ces fouilles
ont été reprises en 1919 et j'ai eu l'honneur, l'an dernier,
de \^ous présenter un beau groupe de pierre, figurant un
dieu et une déesse assis, découvert dans un de mes champs 1 .
En cette même année, deux propriétaires d'Alise-Sainte-
Reine, Mme Jean-Baptiste Lapipe et M. Ferdinand Plaige,
nous avaient aimablement offert, pour y pratiquer des
recherches, deux terrains qu'ils possèdent au lieu-dit
En Belles Oreilles et qui constituent les parcelles nos 428 et
429 de la section Β du plan cadastral de la commune. Nous
eûmes ainsi la possibilité de mettre au jour quelques-uns
des restes d'une luxueuse habitation d'où l'on retira des
objets de toute sorte, et notamment des tuiles et des briques
de plusieurs modèles, des enduits peints de diverses cou
leurs, des aiguilles et des épingles d'os, de bronze et même
de fer, des tessons de vases ornés provenant des fabriques
de Lezoux, une statuette de cheval de terre blanche de
l'Allier, une fort belle fibule de bronze, des ferrures de portes,
six monnaies romaines de Domitien à Gordien III, etc.
Nous avions projeté de continuer ces recherches, lorsqu'on
avril dernier, l'Académie de Dijon, comme suite à de récents
travaux effectués par ses soins au lieu-dit la Croix-
Saint-Charles, nous demanda, par l'intermédiaire de son
vice-président, M. le général Duplessis, de les poursuivre
à notre place, et nous fûmes heureux de lui en donner
l'autorisation et de faciliter sa tâche en lui prêtant nos
ou\rriers.
1. Ce groupe est au musée de Saint-Germain. 236 fouilles d'alise
Mon compte rendu n'est donc pas celui de nos fouilles.
Mais il est fait en plein accord avec l'Académie de Dijon,
qui fut, au début du siècle dernier, la première exploratrice
du mont Auxois dont elle ne s'est jamais désintéressée.
Commencées le 26 mai, les recherches faites par ce corps
savant, sous la surveillance immédiate d'un de ses membres,
M. le docteur Epery, ont pris fin le 28 juin. Une équipe de
quatre hommes s'y est employée, mais par intermittence,
et n'a fourni, en tout le mois, qu'une quarantaine de journées
de travail. On n'a pu déblayer qu'une seule pièce dans le
champ Plaige. Elle est de forme à peu près rectangulaire
et mesure 4m 21 et 4m 29 de long sur 2 m 20 et 2 '» 30 de
large.
Le vidage de cette pièce, poussé jusqu'au roc, à la pro
fondeur de 3 m. 70, n'a pas fait découvrir de marches d'es
calier. Il paraît s'agir d'un dépotoir utilisé pendant long
temps. Sa maçonnerie, partout grossière, accuse trois
époques. Au bas, l'assemblage des matériaux est relativ
ement bon ; il est, au milieu, plus négligé et tout à fait
sommaire à la partie supérieure. Les objets trouvés sont
surtout des poteries, de dates nécessairement différentes,
mais aussi de provenances variables.
A la première époque se rapportent des vases brisés, les
uns de terre grise fort mince, à couverte noire lustrée, de
fabrication italique, les autres de terre rouge, des officines
auvergnates. On s'accorde à dater les premiers du temps
d'Auguste et de Tibère ; pour les seconds on ne peut pas
préciser, mais deux fragments de soupières fournissent les
marques des potiers Cocceianus et Maccarrus, dont les noms
celtiques paraissent indiquer le premier siècle 1.
1 . Ces estampilles se présentent sous les formes cocceiam m et maccahhim,
celle-ci en caractères rétrogrades. L'une et l'autre sont très rares (cf.
Corpus inscript, latin., XIII, 10010-596 et 1199). Sur le fond d'un fragment
d'assiette est la marque marché f beaucoup plus commune (Ihid., 10010-
1264 à 1266;. fouilles d'alise 237
Les monnaies recueillies dans les décombres qui corre
spondent à cette époque sont au nombre.de huit et aux eff
igies d'Hadrien, d'Antonin, de Faustine mère et de Marc-
Aurèle. Il semblerait qu'une reconstruction ait eu lieu dans
le courant de la seconde moitié du second siècle, c'est-à-
dire, ainsi que je l'ai constaté de façon plus nette en d'autres
endroits du mont Auxois, après l'année 165, qui pourrait
être celle des désastres que sig-nale, en Franche-Comté, la
Vita Marci {.
Un plancher, à 1 m 36 du sol primitif, formait proba
blement, à la seconde époque, par-dessus les décombres
égalisés de la première, le pavement de la pièce rebâtie. Une
rainure de 0'" 08 de haut sur 0"' 10 de profondeur, qui
sépare les matériaux des deux époques, en marquerait
encore l'emplacement sur trois des murs. A l'est, le pave
ment a dû porter sur le roc, plus élevé en ce point que par
tout ailleurs, et précisément au niveau de la rainure.
Mais on ne peut attribuer, à cette seconde époque, que
les murs. Il est probable que le dépotoir, si la destination
que je propose est bien celle qui convient, fut rétabli jus
qu'à l'ancien pavement, à la troisième époque et, par la
suite, vidé périodiquement des détritus de toute sorte dont
ou le remplissait. Ainsi, les objets trouvés n'appartiendraient
pas à la seconde époque. Il faudrait les rapporter à la tro
isième et aux dernières années de l'existence delà demeure,
qui semble avoir péri par le feu.
Quelques poteries rencontrées dans les fouilles sont de
Lezoux ; la masse, fort considérable des autres, n'est faite
que de vases, brisés ou non, d'origine imprécise ou rhé
nane. Parmi ces vases, on remarque des bouteilles à
une ou à deux anses et des assiettes et des plats de terre
rouge grossière comme on en rencontre en Gaule en tous
1. Cf. Camille Jullian, Revue des élud. anc, 1911, p. 95; Espérandieu,
Bull, archéol., 1912, p. 35. 38 FOUILLES D'ALISE
lieux l. Un luminaire, particulier à la région éduenne,
constitué par une sorte de soucoupe d'où émerge un petit
cylindre qui contenait la mèche, paraît bien d'une officine
proche du mont Auxois. Mais il se peut aussi que la plupart
de ces vases aient été importés de Rheinzabern, où l'on en
fabriquait en abondance après la destruction des ateliers de
Lezoux, et c'est en tout cas, de cette localité que proviennent
sûrement d'autres pièces, décorées à la barbotine, dont une
au moins est la plus curieuse, sinon la plus belle, de toutes
celles de même style, qui existent (fig·. 4).
Cette pièce, reconstituée par les ateliers du musée de
Saint-Germain, est un pot sans anses, à pied étroit, de terre
rouge à couverte noire. Sa décoration représente une scène
de chasse, avec appelant, composée de deux chasseurs et de
deux cerfs. L'un des hommes, vêtu d'une tunique et d'un
mantelet, probablement de laine grossière dont le capuchon
relevé lui couvre la tête (birrus), est précédé de l'un des
cerfs, qu'il conduit en laisse comme sur un bas-relief du
musée du Puy 2 et sur la mosaïque de Lillebonne 3. L'autre
homme n'a pas de mantelet ; son capuchon fait corps avec
la tunique. Tous deux portent un pantalon d'étoffe plus fine
et sont chaussés. Des deux chasseurs, le premier seul est
armé. Il décoche une flèche sur le second cerf qui est attiré
par l'appelant et lui fait face ; mais par une singulière inad
vertance du décorateur — pourtant très habile dans son art,
ainsi qu'en témoigne l'ensemble de l'œuvre — l'arc que tient
ce personnage est représenté à l'envers, c'est-à-dire la corde
en avant. Sur le sol est un carquois.

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