Identité fonctionnelle, identité communautaire, identité ethnique : les composantes hybrides de la revendication du « peuple »cosaque - article ; n°4 ; vol.34, pg 77-95
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2003 - Volume 34 - Numéro 4 - Pages 77-95
The Cossacks demanded that the 2002 census recognize them as an ethnic group. Their mobilization is described as well as the various facets of the debate about this claim to an identity, which has revived an ambiguity from the past. The Cossacks have been defined either on the basis of their status and function (soslovie) or on the grounds of their history as a group shaped by a culture and way of life distinct from Russians'. The spokesmen defending the idea of a Cossack identity have adopted this second definition; but it does not do away with ambiguities. Do the Cossacks form an ethnic group, a cultural community or an ethno-cultural community (the official phrase recognizing their existence)? Beyond theoretical debates, Cossack leaders have emphasized the advantages to be gleaned from recognition as an ethnic group: compensation as a formerly oppressed people, the restoration of historical privileges, etc. Despite its obvious place in Cossack claims, this provocative tapping of a sense of identity as a resource has not received as much support as expected.
Cet article rend compte de la mobilisation des Cosaques pour se faire reconnaître comme groupe ethnique dans le recensement de 2002. Il analyse les différentes facettes du débat ouvert par cette revendication en soulignant d'abord la résurgence d'une ambiguïté ancienne sur l'identité cosaque, définie soit par le statut et la fonction (soslovie), soit comme groupe spécifique, historiquement façonné par une culture et un mode de vie distincts de ceux des Russes. Cette deuxième assertion, défendue par les porte-paroles de la cosaquerie, ne lève cependant pas les ambiguïtés de la définition : groupe ethnique, communauté culturelle ou « communauté ethno-culturelle » selon la désignation par laquelle l'État russe a reconnu leur existence ? Au-delà de ces controverses théoriques, les leaders cosaques ont surtout mis l'accent sur les profits à tirer de leur reconnaissance comme groupe ethnique (obtention de compensations à titre d'ancien peuple réprimé, restauration de privilèges historiques, etc.). Cette identité « ressource » mise en exergue dans Vagit-prop cosaque n'a pas pour autant rencontré l'adhésion escomptée.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Gousseff
Identité fonctionnelle, identité communautaire, identité ethnique :
les composantes hybrides de la revendication du « peuple
»cosaque
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 34, 2003, N°4. Dossier : Recenser la Russie en 2002. pp. 77-
95.
Citer ce document / Cite this document :
Gousseff Catherine. Identité fonctionnelle, identité communautaire, identité ethnique : les composantes hybrides de la
revendication du « peuple »cosaque. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 34, 2003, N°4. Dossier : Recenser la
Russie en 2002. pp. 77-95.
doi : 10.3406/receo.2003.1629
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2003_num_34_4_1629Abstract
The Cossacks demanded that the 2002 census recognize them as an ethnic group. Their mobilization is
described as well as the various facets of the debate about this claim to an identity, which has revived
an ambiguity from the past. The Cossacks have been defined either on the basis of their status and
function (soslovie) or on the grounds of their history as a group shaped by a culture and way of life
distinct from Russians'. The spokesmen defending the idea of a Cossack identity have adopted this
second definition; but it does not do away with ambiguities. Do the Cossacks form an ethnic group, a
cultural community or an "ethno-cultural community" (the official phrase recognizing their existence)?
Beyond theoretical debates, Cossack leaders have emphasized the advantages to be gleaned from
recognition as an ethnic group: compensation as a formerly oppressed people, the restoration of
historical privileges, etc. Despite its obvious place in Cossack claims, this provocative tapping of a
sense of identity as a resource has not received as much support as expected.
Résumé
Cet article rend compte de la mobilisation des Cosaques pour se faire reconnaître comme groupe
ethnique dans le recensement de 2002. Il analyse les différentes facettes du débat ouvert par cette
revendication en soulignant d'abord la résurgence d'une ambiguïté ancienne sur l'identité cosaque,
définie soit par le statut et la fonction (soslovie), soit comme groupe spécifique, historiquement façonné
par une culture et un mode de vie distincts de ceux des Russes. Cette deuxième assertion, défendue
par les porte-paroles de la cosaquerie, ne lève cependant pas les ambiguïtés de la définition : groupe
ethnique, communauté culturelle ou « communauté ethno-culturelle » selon la désignation par laquelle
l'État russe a reconnu leur existence ? Au-delà de ces controverses théoriques, les leaders cosaques
ont surtout mis l'accent sur les profits à tirer de leur reconnaissance comme groupe ethnique (obtention
de compensations à titre d'ancien peuple réprimé, restauration de privilèges historiques, etc.). Cette
identité « ressource » mise en exergue dans Vagit-prop cosaque n'a pas pour autant rencontré
l'adhésion escomptée.Revue d'études comparatives Est-Oiiest, 2003, vol. 34, n° 4, pp. 77-95
Identité fonctionnelle,
identité communautaire, identité ethnique :
les composantes hybrides
de la revendication du « peuple » cosaque
Catherine Gousseff *
Résumé : Cet article rend compte de la mobilisation des Cosaques pour se
faire reconnaître comme groupe ethnique dans le recensement de 2002. Il analyse
les différentes facettes du débat ouvert par cette revendication en soulignant
d'abord la résurgence d'une ambiguïté ancienne sur l'identité cosaque, définie soit
par le statut et la fonction (soslovie), soit comme groupe spécifique, historique
ment façonné par une culture et un mode de vie distincts de ceux des Russes.
Cette deuxième assertion, défendue par les porte-paroles de la cosaquerie, ne lève
cependant pas les ambiguïtés de la définition : groupe ethnique, communauté
culturelle ou « communauté ethno-culturelle » selon la désignation par laquelle
l'État russe a reconnu leur existence ? Au-delà de ces controverses théoriques, les
leaders cosaques ont surtout mis l'accent sur les profits à tirer de leur reconnais
sance comme groupe ethnique (obtention de compensations à titre d'ancien
peuple réprimé, restauration de privilèges historiques, etc.). Cette identité
« ressource » mise en exergue dans Vagit-prop cosaque n'a pas pour autant
rencontré l'adhésion escomptée.
Abstract: The Cossacks demanded that the 2002 census recognize them as an
ethnic group. Their mobilization is described as well as the various facets of the
debate about this claim to an identity, which has revived an ambiguity from the
past. The Cossacks have been defined either on the basis of their status and func
tion (soslovie) or on the grounds of their history as a group shaped by a culture
and way of life distinct from Russians'. The spokesmen defending the idea of a
Cossack identity have adopted this second definition; but it does not do away with
ambiguities. Do the Cossacks form an ethnic group, a cultural community or an
"ethno-cultural community" (the official phrase recognizing their existence)?
Beyond theoretical debates, Cossack leaders have emphasized the advantages to
be gleaned from recognition as an ethnic group: compensation as a formerly
oppressed people, the restoration of historical privileges, etc. Despite its obvious
place in Cossack claims, this provocative tapping of a sense of identity as a
resource has not received as much support as expected.
Le premier recensement post-soviétique de la Fédération de Russie
d'octobre 2002 a été conçu comme une opération ambitieuse se donnant
pour but de renouer avec la grande tradition ethnographico-nationale qui
* Chargée de recherche (CNRS), Centre d'Études du Monde russe, soviétique et post
soviétique, EHESS-CNRS (gousseff@ehess.fr). Catherine Gousseff 78
avait caractérisé, jusqu'au début des années 1930, les enregistrements
effectués dans l'Empire russe et en URSS. L'objectif de réaliser une
photographie détaillée des identités collectives de la Fédération a conduit
à une polarisation sur l'ethnicité qui a émergé des nombreux débats et des
contreverses houleuses que cette démarche a provoqués. La réactualisa
tion de certaines nationalités ou groupes ethniques délaissés depuis
longtemps dans les statistiques soviétiques a provoqué de fortes opposi
tions : celle suscitée, au Tatarstan, par la reconnaissance du groupe des
Krjasen peut être considérée comme emblématique. Mais la non-recon
naissance d'autres groupes revendiquant leur existence a également été
l'objet de vives réactions et d'importantes mobilisations dans quelques
régions. Le groupe des Cosaques entre dans ce dernier scénario. L'acuité
prise par leur combat pour se faire reconnaître comme peuple à part
entière et distinct des Russes a tout particulièrement retenu l'attention.
L'analyse du développement du mouvement cosaque au cours de la
première décennie post-soviétique, des discours de légitimation qu'il a
produits dans le cadre du recensement à partir, notamment, d'une enquête
menée la région des Cosaques du Don, permet de saisir les
différentes articulations de cette revendication. Elle rend compte tout à la
fois des intérêts particularistes défendus par ce groupe, de la place prise
par l'ethnicité dans la conception des rapports entre le centre politique et
les régions, de l'héritage de stigmatisations identitaires longtemps tues et,
en définitive, d'ambiguités récurrentes sur les composantes de l'ethnicité
en Russie.
1. La réapparition des Cosaques dans la Russie post-soviétique
et ses implications
Dès la fin des années 1980, à la faveur de la perestroïka et du mouve
ment de redécouverte d'un passé jugé jusqu'alors tabou, les Cosaques ont
fait leur réapparition sous la forme de sociétés, unions, cercles locaux en
divers lieux de Russie, mais plus particulièrement dans le sud du pays
(régions de Volgograd, de Rostov et du Nord-Caucase), soit dans les
régions de leur implantation historique. Au cours des premiers mois de
leur existence, ces associations ont surtout développé des activités à carac
tère folkloriste et culturel, popularisant par ce biais certaines expressions
des anciennes communautés cosaques. D'unions, sociétés, cercles assez
informels, les groupements cosaques ont très rapidement repris les dési
gnations militaires de l

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