Inflation, salaires et répartition dans l industrie française (1969-1976) - article ; n°2 ; vol.33, pg 274-296
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Inflation, salaires et répartition dans l'industrie française (1969-1976) - article ; n°2 ; vol.33, pg 274-296

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Description

Revue économique - Année 1982 - Volume 33 - Numéro 2 - Pages 274-296
A partir des comptes de 2147 entreprises (22 % de la production et des effectifs de l'industrie), on explique comment la répartition de la valeur ajoutée et le partage salaire-profit dépendent à la fois de la conjoncture économique et de la conjoncture socio-politique. Le modèle de croissance du salaire nominal proposé montre que les variations du salaire nominal dépendent de la hausse des prix de détail et de l'environnement socio-politique dans les grandes entreprises, de cette hausse et des gains de productivité du travail dans les petites et moyennes entreprises. De plus, les hausses de salaires dans les grandes entreprises exercent une influence sur celles des autres entreprises l'année suivante. D'autre part, les variations de la part des salaires dans la valeur ajoutée expliquent, avec celles du taux d'intérêt, les fluctuations souvent fortes des frais financiers. Enfin, les effets de l'environnement socio-politique sur la répartition de 1956 à 1980 sont évoqués.
Inflation, wages and income distribution
In manufacturing industry (France, 1969-1976)
Christian Morrisson
From the accounts of 2147 firms (22% of industry production and wage-earners) it is explained how both economic conjoncture and socio-political environment account for added-value distribution and distribution between wages and net profits. The proposed model shows that nominal wages variations depend in big firms on consumer prices growth and socio-political environment whereas in smaller firms it is related to this growth and increase in labor productivity. Moreover, wage increase in bigger firms induces one in smaller firms after an one-year lug. Resides, variations in the share of wages in added-value together with those of interest rate account for the often important variations in interest payments. In the end, effects of socio-political environment on distribution between 1956 and 1980 are underlined.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Christian Morrisson
Inflation, salaires et répartition dans l'industrie française (1969-
1976)
In: Revue économique. Volume 33, n°2, 1982. pp. 274-296.
Résumé
A partir des comptes de 2147 entreprises (22 % de la production et des effectifs de l'industrie), on explique comment la
répartition de la valeur ajoutée et le partage salaire-profit dépendent à la fois de la conjoncture économique et de la conjoncture
socio-politique. Le modèle de croissance du salaire nominal proposé montre que les variations du salaire nominal dépendent de
la hausse des prix de détail et de l'environnement socio-politique dans les grandes entreprises, de cette hausse et des gains de
productivité du travail dans les petites et moyennes entreprises. De plus, les hausses de salaires dans les grandes entreprises
exercent une influence sur celles des autres entreprises l'année suivante. D'autre part, les variations de la part des salaires dans
la valeur ajoutée expliquent, avec celles du taux d'intérêt, les fluctuations souvent fortes des frais financiers. Enfin, les effets de
l'environnement socio-politique sur la répartition de 1956 à 1980 sont évoqués.
Abstract
Inflation, wages and income distribution
In manufacturing industry (France, 1969-1976)
Christian Morrisson
From the accounts of 2147 firms (22% of industry production and wage-earners) it is explained how both economic conjoncture
and socio-political environment account for added-value distribution and distribution between wages and net profits. The
proposed model shows that nominal wages variations depend in big firms on consumer prices growth and socio-political
environment whereas in smaller firms it is related to this growth and increase in labor productivity. Moreover, wage increase in
bigger firms induces one in smaller firms after an one-year lug. Resides, variations in the share of wages in added-value together
with those of interest rate account for the often important variations in interest payments. In the end, effects of socio-political
environment on distribution between 1956 and 1980 are underlined.
Citer ce document / Cite this document :
Morrisson Christian. Inflation, salaires et répartition dans l'industrie française (1969-1976). In: Revue économique. Volume 33,
n°2, 1982. pp. 274-296.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1982_num_33_2_408652SALAIRES ET RÉPARTITION INFLATION,
DANS L'INDUSTRIE FRANÇAISE
(1969-1976)*
On a longtemps pensé que les salaires nominaux augmentaient
moins vite que les prix et que la part des salaires dans la
valeur ajoutée était diminuée, celle des profits augmentée
par l'inflation *. Cependant, depuis les années 1960, cette thèse a été
critiquée à partir d'arguments théoriques et de tests empiriques.
A. Alchian et R. Kessel [1960] ont montré, à partir d'un échantillon de
cinquante-six sociétés américaines, qu'il n'y avait pas eu, en période
d'inflation (1940-1952), de corrélation entre la part initiale des salaires
danfr la valeur ajoutée et les performances observées pendant cette
période. Les résultats optenus par T. Cargill [1969], qui a recouru à
l'analyse spectrale pour étudier quinze séries de prix et de salaires en
Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, conduisent à rejeter l'hypothèse
que l'inflation déprime les salaires réels. G. Bach et J. Stephenson
[1974], à partir des données américaines pour 1950-1971, montrent
que les salaires nominaux n'augmentent pas moins vite que les prix
et que l'inflation concorde avec une évolution de la répartition favo
rable aux salariés. La conclusion de E. Budd et D. Seiders [1971] est
plus nuancée : les tests qu'ils ont effectués au niveau global, ou par
secteur, aux Etats-Unis (1950 à 1965) ne peuvent ni confirmer ni
infirmer l'hypothèse d'un retard des salaires nominaux sur les prix.
Les résultats de cet article confirment ces critiques : de 1973 à
1976, l'accélération de l'inflation en France a concordé dans l'indus
trie avec une évolution de la répartition favorable aux salariés. Pour
comprendre ce phénomène, on a utilisé un modèle de croissance du
salaire nominal à court terme qui repose sur des hypothèses dont
* L'auteur remercie F. Bourguignon pour ses remarques et nombreuses sug
gestions, ainsi que B. Sabatier qui a préparé tous les calculs. L'auteur demeure
seul responsable des erreurs qui peuvent subsister dans le texte.
1. C. Bresciani-Turoni [1937], I. Fischer [1926].
Revue économique — N° 2, mars 1982. Morrisson Christian
Tune est nouvelle. D'habitude, les variations des salaires nominaux
sont expliquées par celles du niveau des prix, de la productivité, des
profits et par le pouvoir des syndicats. Dans ce modèle, les variables
économiques habituelles sont utilisées, mais les facteurs non écono
miques ont été pris en compte d'une manière nouvelle. On a supposé
que les variations des salaires nominaux sont influencées non par lé
taux de syndicalisation, mais par la conjonction d'un taux élevé de
syndicalisation avec un environnement socio-politique favorable. Com
me ce taux ne varie pas beaucoup à court terme (il est beaucoup plus
élevé dans les grandes entreprises que dans les PME), les variations
des salaires nominaux dépendent en partie de cet environnement dans
les grandes entreprises, et seulement dans celles-ci. Une telle démar
ché n'est pas en contradiction avec les modèles connus, mais repré
sente un enrichissement par rapport à ceux-ci, puisqu'on intègre d'une
manière plus satisfaisante les facteurs socio-politiques. Cet enrichiss
ement s'inscrit en parallèle avec les nombreux travaux récents sur les
relations entre secteurs politique et économique au niveau macro-éco
nomique 2.
Les données disponibles présentent un double intérêt. La période
étudiée, 1969-1976, est relativement la plus perturbée dans l'histoire
de l'économie française depuis l'après-guerre : pour la première fois
depuis 1945, la production industrielle a baissé (— 8,9 % en 1975) et
le taux d'inflation en 1974 .(+ 14,5 %) a dépassé tous ceux observés
depuis 1952, alors qu'il est encore modéré en 1969-1970 (5,4 %) 3. Cette
période est donc bien choisie pour mesurer les effets de l'inflation,
et d'une crise, sur l'évolution des salaires. Par ailleurs, les données
sont suffisamment riches et représentatives. Il s'agit des comptes de
2 147 entreprises industrielles 4 qui représentent 22 % de la production
*-2. L'article de W. Pommerehne, F. Schneider et J.-D. Lafay [1981] représente
la meilleure synthèse de ces travaux qui ont été publiés pour la plupart depuis
1977. Ces travaux concernent l'estimation de fonctions de popularité du gouver
nement ou l'estimation de modèles macroéconomiques, tandis que nôtre démarche,
exposée dans plusieurs articles depuis 1976, se situe à un niveau semi-agrégé
pour un échantillon d'entreprises industrielles et aboutit à une relation nouvelle
entre salaires et facteurs socio-politiques.
3. Les taux d'accroissement pour l'indice des prix de détail (calculé de janvier
en t à janvier en t + 1) sont les suivants, de 1969 à 1976 : + 5,6 ; + 5,2 ; + 5,7 ;
+ 6,6 ; + 10,3 ; + 14,5 ; + 9,6 ; +9. Ceux pour l'indice des prix industriels :
+ 12,4 ; + 0,7 ; + 3,5 ; + 14,3 ; + 27 ; + 7,5 ; - 3,2 ; + 12,3.
4. Les comptes (exploitation, pertes et profits, bilan et données complémenta
ires) de cet échantillon constant de 2 147 entreprises ont été mis à notre dispos
ition par la Centrale des Bilans de la Banque de France. Ces comptes présentent
deux avantages sur les données nationales : ils contiennent plus d'information et
il y a moins d'entreprises pour lesquelles ils sont peu fiables. Naturellement, les
règles du secret statistique ont été rigoureusement respectées : aucune entreprise
ne peut être identifiée à partir des informations mises à notre disposition.
275 Revue économique
et des effectifs de l'industrie française. Cet échantillon a l'intérêt de
comprendre plus de 1 500 petites et moyennes entreprises et de repré
senter chaque secteur d'activité d'une manière assez satisfaisante 5.
Ces données permettent de tester deux modèles. Dans le premier,
les variations des salaires nominaux sont expliquées par celles de l'i
ndice des prix, des profits, de l'environnement socio-poli

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