Introduction - article ; n°1 ; vol.18, pg 19-36
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Description

L'Homme - Année 1978 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 19-36
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Gaborieau
Introduction
In: L'Homme, 1978, tome 18 n°1-2. pp. 19-36.
Citer ce document / Cite this document :
Gaborieau Marc. Introduction. In: L'Homme, 1978, tome 18 n°1-2. pp. 19-36.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1978_num_18_1_367830LIGNAGE, TERRITOIRE ET POUVOIR EN ASIE DU SUD CASTE,
INTRODUCTION
par
MARC GABORIEAU
Ce qu'il y a entre la raison comme esprit conscient de soi,
et la raison comme réalité donnée, ce qui sépare la première
de la seconde et V empêche d'y trouver sa satisfaction, c'est
qu'elle est enchaînée à l'abstraction dont elle ne se libère
pas pour atteindre le concept.
Hegel, Principes de la philosophie du droit*.
Voici les premiers résultats1 du travail collectif d'une des équipes du Centre
d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (la 118 du cnrs) qui réunit des ethnologues
ayant choisi d'étudier les relations politico-économiques dans le cadre villageois.
Les articles publiés dans ce numéro ont été élaborés au cours des années univers
itaires 1974-75 et 1975-76. En plus des cinq auteurs, quatre autres chercheurs
ont participé à ces travaux : Henri Stern et Jean-Claude Galey, qui n'ont pas eu
le loisir de rédiger leurs exposés en vue de la publication ; Véronique Bouillier,
qui a collaboré très régulièrement aux travaux de l'équipe ; Jean-Luc Chambard,
que nous tenons à remercier d'avoir généreusement et inlassalablement mis à
notre disposition son expérience et ses connaissances, et que seules d'autres
échéances ont empêché de présenter ici sa propre contribution.
En dépit de larges divergences d'intérêt, les contributeurs avaient en commun
au départ une expérience de terrain dans des régions diverses de l'Asie du Sud : le
royaume himalayen du Népal, placé dans l'orbite culturelle de l'Inde du Nord,
est le mieux représenté avec les trois premiers articles ; mais nous avons aussi, avec
le quatrième article, une vue sur des régions tribales de l'État d'Orissa en Inde
* Trad. André Kaan. Paris, Gallimard, 1940 : 31.
1. Les travaux commencés au cours de l'année universitaire 1976-77, avec la collabo
ration d'Alice Thorner et Eric Meyer, sur les migrations en Asie du Sud feront prochainement
l'objet d'une publication collective.
L'Homme, janv.-juin 1978, XVIII (1-2) , pp. ig-36. 20 MARC GABORIEAU
orientale, tandis que le dernier restitue, dans sa profondeur historique, l'Inde du
Sud (cf. carte).
Il ne s'agit pas seulement d'une diversité de lieux, mais aussi d'une diversité
de contextes. En effet, seuls deux articles présentent des communautés complexes
typiques de l'Asie du Sud, avec un large éventail de castes : ceux de Marc Gaborieau
concernant le Népal central et de Marie-Louise Reiniche présentant un village
tamoul. Le travail de Philippe Sagant est déjà plus particularisé : il est centré
sur une tribu, celle des Limbu ; néanmoins, l'installation d'hindous de hautes
castes sur les terres de ces derniers et la présence de castes d'intouchables servant
les uns et les autres permet de retrouver les éléments principaux des villages sud-
asiatiques. Les deux autres articles traitent de cas beaucoup plus particuliers :
Gérard Toffin nous mène chez les Newar, population tibéto-birmane fortement
marquée par l'Inde et divisée en nombreuses castes ; mais le village qu'il étudie
a cette singularité qu'il n'en contient qu'une, dont les membres ne recourent que
très occasionnellement aux services de quelques autres castes spécialisées des
villages voisins. Enfin, l'article d'Elisabeth Chaussin nous conduit dans un terri
toire tribal où les Saora vivent entre eux, n'ayant que fort peu de contacts
avec des marchands et des castes de services intouchables. Cette diversité, qui
est d'ailleurs loin de présenter tout l'éventail des variations que l'on peut ren
contrer en Asie du Sud, devait nous inciter à nous montrer prudents devant toute
généralisation concernant les « villages » ou les « communautés » de l'Asie du Sud.
Il s'agissait donc de développer un type d'analyse qui respectât la diversité.
Il fallait laisser chacun exposer et analyser ses matériaux, situer sa propre expé
rience et se situer dans le courant des recherches actuelles. Notre souci premier a
donc été de partir non d'une théorie, mais d'une expérience de terrain et des
matériaux et observations, souvent inattendus, qu'elle avait permis de rassembler.
En d'autres termes, il ne s'agissait pas d'expliquer ceux-ci en fonction de concepts
tout faits ou à la mode mais, s'appuyant sur eux et sur les présupposés (plus ou
moins conscients au départ) de chacun de nous, de laisser surgir les concepts qui
puissent en rendre compte et les justifier. Cette exigence posait une condition
nécessaire : puisque, bon gré mal gré, l'observateur est toujours impliqué dans ce
qu'il observe, l'analyse devait en rester à l'échelle de l'observation, limitée à une
localité. Et ce n'est déjà que par extrapolation qu'il connaît un district ou une
région ; la caste, le royaume, la société dans son ensemble sont des abstractions
qui n'ont aucune commune mesure avec son expérience. C'est pourquoi, initi
alement, nous nous sommes appelés « équipe village ».
Une fois choisi ce niveau d'analyse, un objet de recherche devait être dégagé.
L'intitulé « Relations politico-économiques dans le cadre du village » a été, à
dessein, formulé très largement pour permettre à chacun de présenter ses maté
riaux dans sa perspective propre. En fait, la préoccupation essentielle était le
pouvoir et ses conditions d'exercice, sujet riche car jusqu'ici relativement peu 30
20°
10°
500 km
Les chiffres indiquent les lieux d'enquête des différents contributeurs :
i Libang et la vallée de la Mewa Khola (Philippe Sagant) — 2 Sam-
jur (Marc Gaborieau) — 3 Pyangaon (Gérard Tofftn) — 4 Borei (El
izabeth Chaussin) — 5 Mel Ceval (Marie-Louise Reiniche)
N.B. Le village n° 3 est situé dans la vallée de Kathmandou. 22 MARC GABORIEAU
exploré pour lui-même, et s'articulant sur des thèmes comme le territoire, le
lignage et la caste, réputés plus connus, mais qui avaient eux-mêmes besoin d'être
redéfinis.
Les enquêtes de terrain se sont échelonnées de 1964 à 1975. Cependant, nous
avons choisi de traiter des institutions d'une période légèrement antérieure : 1948
pour l'Inde et i960 pour le Népal. Ce choix doit être expliqué : à notre avis,
l'indépendance de l'Inde et l'établissement des panchayat (pancàyat)* élus au
Népal marquent une rupture très nette avec la tradition dans le domaine du
gouvernement local. En effet, nous avons tous été frappés par le décalage qui
existait entre les institutions nouvellement mises en place et les formes tradi
tionnelles d'autorité d'ailleurs longues à mourir. Ce sont ces dernières qui nous
ont intéressés et que nous avons étudiées en les envisageant dans une perspective
nettement historique : nous ne pouvons certes pas remonter à une très haute
antiquité, mais du moins percevons-nous les institutions en place à l'orée du
xvine siècle et, pour l'Inde, les modifications apportées par les Anglais ; pour le
Népal, nous ne pouvons pas remonter au delà de la fin du xvme siècle mais il
est possible de suivre les changements intervenus au cours de la période Rana
(1846-1950).
Les traits frappants de ces formes traditionnelles d'autorité sont d'une part
l'hérédité, d'autre part la hiérarchie existant non seulement entre les castes mais
aussi entre les anciens et les nouveaux occupants. La rupture introduite par les
institutions mises en place au cours des dernières décennies a consisté précisément
dans la négation de ces deux principes : l'élection pour un terme de quelques
années est substituée à l'hérédité ; la fiction de l'égalité à la hiérarchie. On obtient
ainsi ces sortes de municipalités rurales appelées panchayat en Inde et au Népal
( « démocraties de base » au Pakistan). Il y aurait long à dire sur

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