L école et la société - article ; n°1 ; vol.17, pg 80-96
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L'école et la société - article ; n°1 ; vol.17, pg 80-96

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Description

L'année psychologique - Année 1910 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 80-96
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 28
Langue Français
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Extrait

P. Lapie
L'école et la société
In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 80-96.
Citer ce document / Cite this document :
Lapie P. L'école et la société. In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 80-96.
doi : 10.3406/psy.1910.7273
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1910_num_17_1_7273IV
L'ÉCOLE ET LA SOCIÉTÉ
En obligeant tous les jeunes Français à recevoir une instruc
tion élémentaire, nos lois de 1882 et de 1886 instituaient une
grande expérience sociologique. On ne peut pas dire qu'elles
introduisaient dans l'évolution sociale un facteur entièrement
nouveau, mais elles accordaient à un facteur jusqu'alors secon
daire une importance si considérable qu'elles risquaient de
modifier profondément la structure de notre société. Aux effets
que la réforme tendait à produire dans la vie intellectuelle,
dans la famille et dans la cité, des effets imprévus ne se sont-
ils pas ajoutés? En changeant les idées, l'école n'a-t-elle pas,
directement ou indirectement, collaboré à tous les changements
sociaux qui se sont accomplis depuis vingt-cinq ans? Ses
adversaires l'en accusent et ses amis l'en félicitent. Mais quel
fut exactement son rôle? Il n'est pas facile de le préciser. Les
statistiques de l'état civil et celles de l'administration militaire
nous renseignent bien sur les progrès de l'instruction en nous
disant dans quelle mesure diminue le nombre des conjoints
qui signent d'une croix ou celui des recrues qui ne savent pas
lire. Mais comment savoir si l'école dégoûte les enfants du
métier de leur père, les éloigne de la terre et les oriente vers
les fonctions publiques? Comment savoir si l'école munit ses
élèves des connaissances et des aptitudes nécessaires à leur
succès dans la vie? Comment savoir si l'école dirige ses meil
leurs produits vers les situations les plus hautes et substitue à
l'aristocratie de l'argent une sorte d'aristocratie intellectuelle?
Comment savoir si l'école est, comme on l'a dit, un instrument
de progrès moral, ou, comme on l'a également soutenu, un
« instrument de corruption1 »? Pour résoudre ces problèmes,
il faut observer et rapprocher des faits que les statisticiens
1. Nous abordons ce dernier problème dans un article de la Revue du
mois (février 1911) : L'école publique et la criminalité juvénile. paul LAPiE. — l'école et la société 81
ignorent ou qu'ils isolent. Il faut ou bien suivre à travers la
société les anciens élèves d'une école ou bien rechercher les
antécédents scolaires d'un groupe déterminé de citoyens.
Quelques études de ce genre ont été faites; nous allons analyser
celles qui sont venues à notre connaissance *.
I
C'est un fait, répète-t-on volontiers, que beaucoup de jeunes
de Français jeunes abandonnent villageois affluent le métier dans de leurs les villes, parents, que que la beaucoup terre est
abandonnée, les fonctions publiques envahies. Et l'on attribue
volontiers ce fait aux ambitions suscitées par l'école dans le
cœur de ses élèves. Est-il donc vrai que l'école soit un facteur
d'instabilité sociale?
Il conviendrait tout d'abord de mesurer cette instabilité.
Essayons de tirer, au moins approximativement, cette mesure
des documents que nous possédons. Soit la liste des anciens
élèves d'une école pendant une période déterminée ; nous cher
cherons s'ils se répartissent de la même manière que leurs
pères entre les différentes corporations; nous chercherons
combien d'entre eux ont purement et simplement repris le
métier paternel, combien l'ont abandonné. Les tableaux que
nous allons placer sous les yeux du lecteur résument les
recherches faites à ce sujet dans trois communes rurales : à
Saint-Domet (Creuse), de 1850 à 1900; à Ay (Marne), de 1872
à 1893; à Samois-sur-Seine, de 1891 à 1904. Les colonnes
verticales indiquent les professions choisies, à leur sortie de
l'école, par les anciens élèves; les colonnes horizontales celles
qu'avaient exercées leurs parents.
Revue Renseignements utiliserons, effets avril comme un seignements l'étude instituteur. 1. demi-siècle Nous 1910 sociaux pédagogique, psychologique préparation nous : Montluçon, en La sur de (1850-1900). servirons outre, cote sur les l'école, à par de anciens les la de une moralité vie, par Thorinaud, anciens M. l'enfant, des L'école statistique par P. élèves Labeyrie, travaux Lapie, A. à élèves de février l'école Binet. 1902. Revue St-Domet suivants l'école publiée inspecteur de primaire, — Bulletin 1909; l'école scientifique, Ce de : en que (Creuse), cf. Une Samois-sur-Seine. d'Ay janvier de primaire par vaut avril-mai école la (Marne). A. 2 Société l'école et par rurale Limosin 1894, 9 delà juillet 1909 F. libre primaire — dans pendant Maumy 2e — et Nous 1904 Ren pour ciLes en la
M. l'école rconscription Terrien, de la instituteur Sauvetat-du-Dropt de Nantes. à Et Caudéran enfin (Lot-et-Garonne). nous (Gironde), profiterons sur d'un les anciens travail inédit élèves de
l'année psychologique, xvh. R MÉMOIRES ORIGINAUX 82
I. — Saint-Domet (Creuse), 1850-1900.
PROCESSION DES ANCIENS ELEVES
PROFESSION
DES PARENTS
Agriculture 409 19
Alimentation 4 1
7 Vêtement
Bâtiment 3
3 Transports
Industries de luxe . .
Fonctions publiques et
professions libérales. 4
Domestiques et ma
nœuvres 7
Totaux. . . 437 17 10 26 10 32 11
II. — Ay (Marne), 1872-1893.
PROFESSION DES ANCIENS ÉLÈVES
ubli- fes- les. on. o <B PROFESSION ultui ntati stiqt Ss œuv ;pro béra p spor tries xe. aux es (D DES PARENTS ns a = O c^- <D w 9 Viti Tra Indu Fonct ques S1ODS m Ali m I! <D
>
Viticulture 2.58 4 2 6 1 2 10 315
4 43 2 3 2 2 1 5 62 Alimentation 3 7 21 3 1 6 2 3 1 47 9 Vêtement .... e> 70 2 2 2 24
9 fi Bâtiment. 10 3 54 1 6 1 79 9 Transports 2 1 1 2 74 2 24
Industries de luxe . . 1 5 6
Fonctions publiques et
professions libérales. 2 1 2 2 3 2 26
Domestiques et
2 10 2 1 nœuvres 2 1 18
32 24 Totaux. . . 279 ni 69 27 12 'à 601 44
Notes : sur le 1er tableau. — A. De la liste d'anciens élèves donnée
dans sa brochure par M. Maumy, nous avons éliminé, pour pouvoir établir
des comparaisons avec les travaux, d'autres observateurs : 1° toutes les
filles, 2° les garçons décédés avant d'avoir choisi leur profession ; 3° ceux
dont la profession n'est pas signalée ; 4° les orphelins dont nous ne pou
vions pas comparer le métier à celui de leurs ascendants.
B. La brochure de M. Maumy n'indique pas la profession des parents. PAUL LAPIE. — L'ÉCOLE ET LA SOCIÉTÉ 83
III. — Samois-sur-Seine (1891-1904).
PROFESSION DES ANCIENS ÉLÈVES
on. CD 6 PROFESSION 35 a a u « 0 ult DES PARENTS .2« $ & S S o s S1! 'S-3 a M.2 H I ■g Dom x> a ma m ai •£ Tra s Alim OU •v a et 3 M
Agriculture 8 2 4 3 4 21
Alimentation A 1 1 2 8
Vêtement 1 3 1 5
Bâtiment 17 2 1 3 26
Transports 1 3 A 1 1 10
Industries de luxe . . 1 1 1 1 4
Fonctions publiques et
professions libérales. 2 1 1 4 1 9
Domestiques et
6 4 5 nœuvres •2 n
Totaux. . . 9 11 1 40 17 8 4 10 100
En comparant les totaux des colonnes horizontales à ceux
des colonnes verticales, on voit quels changements se sont
introduits, d'une génération à une autre , dans l'effectif de
chaque corporation. L'agriculture, l'industrie du vêtement,
les professions serviles perdent une partie de leur personnel ou
ne le conservent intact qu'à grand'peine :
A.Y SAMOIS SAINT-DOMET
e génér. 2« génér. génér. 2« génér. 4" génér. 2« génér. Carrières délaissées.
Agriculture 475 437 315 279 21 9
Industrie du vêtement. 12 10 24 24 5 1
Domestiques, manœuv
17 10 res 14 11 18
L'industrie de l'alimentation, celle des transports, les indus-
Nous devons à son obligeance les renseignements complémentaires qui
nous ont permis de dresser le tableau ci-dessus.
G. Sous la rubrique « Agriculture • figurent, ainsi qu'on l'expliquera
plus loin, des cultivateurs qui sont aussi maçons pendant une grande
partie de leur vie. Mais ils demeurent, en définitive, attach

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