L économie du développement, le temps et l histoire - article ; n°2 ; vol.42, pg 339-366
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Description

Revue économique - Année 1991 - Volume 42 - Numéro 2 - Pages 339-366
L'économie du développement, le temps et l'histoire
Le refoulement de l'histoire est l'ambition des économistes voulant fonder leur discipline sur le modèle des sciences dures. L'économie du développement étudie les processus de transformation de longue durée du Tiers Monde, et aborde ainsi le problème méthodologique de l'hétérogénéité du temps social. Soit la modélisation du développement traite de manière homogène le temps logique, abstraction faite des changements structurels. Soit le développement est assimilé à un temps historique hétérogène. L'histoire est alors perçue comme se répétant (sous développement retard), comme s'imposant (sous développement produit du développement) ou comme se comparant (sous développement écart). Une démarche intégrante du temps logique et du temps historique, s'inspirant de la théorie des systèmes, vise à lier la pluralité des temporalités et des espaces.
Time, history and economic development
The holding back of history is the ambition of the economists, who want to set up their discipline on the pattern of the physics. Development economies, studies the processes of long term transformation of the Third-World and therefore faces the methodological problem dealing with the social which is by essence heterogenous. Either the modelling of development deals with the logical time in an homogenous way, leaving aside the structural charges ; or the development is as an historical process based on an heterogenous time. Therefore, History is looked as a repetition (under-development as a delate), as a violently imposed model (under-development product of development) or as a series of comparable stories (under-development is a combination of differences). Another approach is propos ed in this article. It tries to combine the logical and the historical time, in a way inspired by the theory of Systems.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Hugon
L'économie du développement, le temps et l'histoire
In: Revue économique. Volume 42, n°2, 1991. pp. 339-366.
Résumé
Le refoulement de l'histoire est l'ambition des économistes voulant fonder leur discipline sur le modèle des sciences dures.
L'économie du développement étudie les processus de transformation de longue durée du Tiers Monde, et aborde ainsi le
problème méthodologique de l'hétérogénéité du temps social. Soit la modélisation du développement traite de manière
homogène le temps logique, abstraction faite des changements structurels. Soit le est assimilé à un temps
historique hétérogène. L'histoire est alors perçue comme se répétant (sous développement retard), comme s'imposant (sous
développement produit du développement) ou comme se comparant (sous développement écart). Une démarche intégrante du
temps logique et du temps historique, s'inspirant de la théorie des systèmes, vise à lier la pluralité des temporalités et des
espaces.
Abstract
Time, history and economic development
The holding back of history is the ambition of the economists, who want to set up their discipline on the pattern of the physics.
Development economies, studies the processes of long term transformation of the Third-World and therefore faces the
methodological problem dealing with the social which is by essence heterogenous. Either the modelling of development deals
with the logical time in an homogenous way, leaving aside the structural charges ; or the development is as an historical process
based on an heterogenous time. Therefore, History is looked as a repetition (under-development as a delate), as a violently
imposed model (under-development product of development) or as a series of comparable stories (under-development is a
combination of differences). Another approach is propos ed in this article. It tries to combine the logical and the historical time, in
a way inspired by the theory of Systems.
Citer ce document / Cite this document :
Hugon Philippe. L'économie du développement, le temps et l'histoire. In: Revue économique. Volume 42, n°2, 1991. pp. 339-
366.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1991_num_42_2_409282.
L'économie du développement,
le temps et l'histoire
Philippe Hugon
« II n'y a rien de nouveau sous le soleil »
L'Ecclésiaste
« On ne se baigne jamais deux fois dans
le même fleuve »
Heraclite
Le refoulement de l'histoire est l'ambition des économistes voulant fonder leur
discipline sur le modèle des sciences dures. L'économie du développement étudie
les processus de transformation de longue durée du Tiers Monde, et aborde ainsi le
problème méthodologique de l'hétérogénéité du temps social. Soit la modélisation
du développement traite de manière homogène le temps logique, abstraction
faite des changements structurels. Soit le développement est assimilé à un temps
historique hétérogène. L'histoire est alors perçue comme se répétant (sous retard), comme s'imposant (sous développement produit du
développement) ou comme se comparant écart). Une
démarche intégrante du temps logique et du temps historique, s'inspirant de la
théorie des systèmes, vise à lier la pluralité des temporalités et des espaces.
Le débat entre la théorie économique et l'histoire est aussi vieux que la
science économique. Il renvoie aux conflits méthodologiques entre l'économie
pure et l'économie appliquée, entre la théorie statique de l'équilibre et la théorie
dynamique du déséquilibre, entre l'universalisme et le particularisme des
catégories économiques, ou entre le temps à brève durée de la conjoncture et
celui de la longue durée des structures.
Certains courants hétérodoxes historisent et relativisent les catégories
économiques. Pour la plupart des économistes orthodoxes, il y a au contraire
indifférence à (ou refus de) l'Histoire. Trois principales raisons peuvent être
données, de méthode, d'objet et de projet de la science économique :
— à la suite des travaux méthodologiques, tels ceux de K. Popper [1966] et
sa théorie de la réfutabilité, de nombreux économistes font leur la critique de
Valéry selon laquelle « l'Histoire justifie ce qu'elle veut, elle n'enseigne
rigoureusement rien car elle contient tout et donne des exemples de tout.
L'Historien fait avec le passé ce que la cartomancienne fait avec l'avenir, mais
elle s'affronte, elle, au jugement de l'avenir »*. Au mieux, ils reconnaissent
1. Paul Valéry, « Regards sur le monde actuel », De l'Histoire, p. 935.
339
Revue économique — N° 2, mars 1991, p. 339-364. Revue économique
avec Solow que l'Histoire économique a pour fonction utile d'élargir la gamme
des exemplarités et des observations disponibles aux théoriciens, ou inver
sement avec Hicks [1973] qu'il faut appliquer à l'histoire des idées générales
tirées de la théorie.
-Le refoulement de l'histoire est l'ambition des économistes, définissant
l'économie comme la science du marché et de la rationalité, voulant fonder leur
discipline sur le modèle des sciences dures, (et) ou assimilant l'économie à une normative1- Dès lors que le marché est autorégulateur, que l'ordre
spontané l'emporte sur l'ordre décrété et que la rationalité substantielle fonde des
comportements universels, l'économique s'autonomise et peut faire abstraction
de l'hétérogénéité du temps et de l'espace. Robinson « homo œconomicus et
occidentalus », échappant aux déterminants socio-historiques, archétype de la
rationalité substantielle, peut fonder un modèle universel en termes d'équilibre
synchronique ou de cinématique et de décisionnel.
— Une troisième raison peut être avancée. Aujourd'hui, les politiques
d'ajustement, de stabilisation et les équilibrages financiers tendent à se subs
tituer dans le Tiers Monde au processus d'accumulation et de développement.
De nombreux économistes réduisent 1'« économie du développement » à des
« lois » définies en coupes instantanées, et à l'application des modèles
standards, statiques ou de statique comparative, aux économies dites en déve
loppement : les modèles monétaristes, les modèles post-keynésiens en termes
d'absorption ou les d'équilibre général calculable deviennent les « prêts
à penser et à gérer » des économies du Tiers Monde.
L'économie du développement est une discipline fondée sur un objet, les
processus de transformations de longue durée, et sur un champ, le Tiers Monde
ou les pays en développement. Elle a montré, depuis longtemps, les limites de
cette épure a-historique et des modèles standards.
D'un côté, la rencontre de Robinson et de Vendredi relativise l'universalité
du marché et des bases anthropologiques qui fondent la rationalité de Yhomo
œconomicus. Vendredi sera ainsi implicitement traité chez les économistes
comme un barbare qu'il faut civiliser, un bon sauvage à préserver, un pauvre
que l'on doit assister, un enfant qu'il faut éduquer, un esclave qui doit être
libéré, ou un frère avec lequel on peut coopérer. Au-delà de ces images,
l'hétérogénéité de l'espace pose la question de l'universalisme des catégories
économiques et donc de l'autonomie du champ de l'économie face à la diversité
des sociétés humaines.
De l'autre, la prise en compte des processus de transformation dans la
longue durée, ou la longue période marshalienne, oblige à intégrer le temps
1. L'exclusion de l'histoire se retrouve également dans d'autres disciplines. Cf. L'anthro
pologie structurale de Claude Lévi-Strauss. La distinction entre la synchronie (éléatisme) et la
diachronie (hérélatisme) est aussi ancienne que l'histoire des sciences humaines. Cf. Lefevre,
« Lévi-Strauss et le nouvel éléatisme », L'homme et la société, 1-2.
340 Philippe Hugon
historique et hétérogène des sciences sociales. Celui-ci n'est pas réductible au
tem

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