L économie française dans le contexte européen à la fin du XVIIIe siècle - article ; n°6 ; vol.40, pg 939-964
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L'économie française dans le contexte européen à la fin du XVIIIe siècle - article ; n°6 ; vol.40, pg 939-964

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Description

Revue économique - Année 1989 - Volume 40 - Numéro 6 - Pages 939-964
The french economy in the european context at the end of the eighteenth century
France with its 28 millions inhabitants was the most populous country of Europe (without Russia) that had 144 millions. It had an average level of urbanization but with Paris it had the second largest city of Europe (London had only recently surpassed it).
The combination of an average level of technology and good but not too densely populated soil led to a rather productive agriculture. Industry was characterized by a rather high level of technology, and an average level of industrialization with, however, the most important embryo of modem industries of continental Europe. Strategically located with large outlets on the Atlantic and the Mediterranea, France was a major commercial power just behind England.
If one disregards the fact that the years preceding the Revolution were probably, as in the rest of Europe, negative ones, France can be considered as a rich country. One of the three or four of the richest countries of Europe but Europe, as the rest of the world, was then characterized by very limited differences of income level.
L'économie française dans le contexte européen à la fin du XVIIIe siècle
Dans ses frontières de l'époque, la France, avec ses 28 millions d'habitants, était le pays le plus peuplé d'Europe (sans la Russie) qui en comptait 144 millions. Pays moyennement urbanisé, mais qui, avec Paris, disposait de la seconde ville d'Europe (Londres d'ailleurs n'avait dépassé Paris que depuis peu).
Un niveau technologique moyen, allié à de bonnes terres modérément peuplées, conduisit à une agriculture assez productive. En ce qui concerne l'industrie, on notera trois caractéristiques principales : un niveau technique assez avancé ; une importance moyenne ; un embryon d'industries modernes le plus imponant d'Europe continentale. Située stratégiquement, avec de larges façades sur l'Atlantique et la Méditerranée, la France était une grande puissance commerciale juste derrière l'Angleterre.
Si l'on exclut le fait que la Révolution s'est déroulée à une période plutôt défavorable (comme cela était probablement aussi le cas dans le reste de l'Europe continentale), la France était plutôt un pays riche. Un des trois-quatre pays les plus riches d'Europe, mais d'une Europe qui, comme toutes les régions avant les bouleversements de la révolution industrielle, était caractérisée par de faibles inégalités du niveau de vie.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Paul Bairoch
L'économie française dans le contexte européen à la fin du
XVIIIe siècle
In: Revue économique. Volume 40, n°6, 1989. pp. 939-964.
Citer ce document / Cite this document :
Bairoch Paul. L'économie française dans le contexte européen à la fin du XVIIIe siècle. In: Revue économique. Volume 40, n°6,
1989. pp. 939-964.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1989_num_40_6_409179Abstract
The french economy in the european context at the end of the eighteenth century
France with its 28 millions inhabitants was the most populous country of Europe (without Russia) that
had 144 millions. It had an average level of urbanization but with Paris it had the second largest city of
Europe (London had only recently surpassed it).
The combination of an average level of technology and good but not too densely populated soil led to a
rather productive agriculture. Industry was characterized by a rather high level of technology, and an
average level of industrialization with, however, the most important embryo of modem industries of
continental Europe. Strategically located with large outlets on the Atlantic and the Mediterranea, France
was a major commercial power just behind England.
If one disregards the fact that the years preceding the Revolution were probably, as in the rest of
Europe, negative ones, France can be considered as a rich country. One of the three or four of the
richest countries of Europe but Europe, as the rest of the world, was then characterized by very limited
differences of income level.
Résumé
L'économie française dans le contexte européen à la fin du XVIIIe siècle
Dans ses frontières de l'époque, la France, avec ses 28 millions d'habitants, était le pays le plus peuplé
d'Europe (sans la Russie) qui en comptait 144 millions. Pays moyennement urbanisé, mais qui, avec
Paris, disposait de la seconde ville d'Europe (Londres d'ailleurs n'avait dépassé Paris que depuis peu).
Un niveau technologique moyen, allié à de bonnes terres modérément peuplées, conduisit à une
agriculture assez productive. En ce qui concerne l'industrie, on notera trois caractéristiques principales :
un niveau technique assez avancé ; une importance moyenne ; un embryon d'industries modernes le
plus imponant d'Europe continentale. Située stratégiquement, avec de larges façades sur l'Atlantique et
la Méditerranée, la France était une grande puissance commerciale juste derrière l'Angleterre.
Si l'on exclut le fait que la Révolution s'est déroulée à une période plutôt défavorable (comme cela était
probablement aussi le cas dans le reste de l'Europe continentale), la France était plutôt un pays riche.
Un des trois-quatre pays les plus riches d'Europe, mais d'une Europe qui, comme toutes les régions
avant les bouleversements de la révolution industrielle, était caractérisée par de faibles inégalités du
niveau de vie.L'économie française
dans le contexte européen
à la fin du XVIIIe siècle
Paul Bairoch*
Dans ses frontières de l'époque, la France, avec ses 28 millions d'habitants,
était le pays le plus peuplé d'Europe (sans la Russie) qui en comptait 144 millions.
Pays moyennement urbanisé, mais qui, avec Paris, disposait de la seconde ville
d'Europe (Londres d'ailleurs n'avait dépassé Paris que depuis peu).
Un niveau technologique moyen, allié à de bonnes terres modérément
peuplées, conduisit à une agriculture assez productive. En ce qui concerne
l'industrie, on notera trois caractéristiques principales : un niveau technique assez
avancé ; une importance moyenne ; un embryon d'industries modernes le plus
important d'Europe continentale. Située stratégiquement, avec de larges façades
sur l'Atlantique et la Méditerranée, la France était une grande puissance
commerciale juste derrière l'Angleterre.
Si l'on exclut le fait que la Révolution s'est déroulée à une période plutôt
défavorable (comme cela était probablement aussi le cas dans le reste de l'Europe
continentale), la France était plutôt un pays riche. Un des trois-quatre pays les plus
riches d'Europe, mais d'une Europe qui, comme toutes les régions avant les
bouleversements de la révolution industrielle, était caractérisée par de faibles
inégalités du niveau de vie.
INTRODUCTION GENERALE.
QUELLE FRANCE ? QUELLE EUROPE ? COMPARER QUOI ?
Les années qui entourent 1789, et en général la fin du xviip siècle, sont une
mauvaise période sur le plan des statistiques comparatives internationales. En
effet, rares sont les séries statistiques importantes et les reconstitutions des
grands agrégats économiques qui remontent à cette période. Par exemple, si l'on
prend l'état actuel des calculs rétrospectifs de comptabilité nationale, pour les
dix-sept pays européens pour lesquels on dispose de tels calculs, quatorze
s'arrêtent vers 1860, trois remontent jusque vers 1830 et seulement deux vont
jusque vers 1790. Heureusement, ces deux séries concernent la France et
l'Angleterre. La situation est encore plus négative pour les calculs rétrospectifs
* Je tiens à remercier ma collègue et amie, le professeur Anne-Marie Piuz, ainsi que le
professeur Jean-Charles Asselain de l'Université de Bordeaux I, pour leurs remarques perti
nentes émises sur une version préliminaire de ce texte. Je remercie également Jean Batou pour
m'avoir signalé quelques références concernant les premières phases de l'industrialisation.
939
Revue économique — N° 6, novembre 1989, p. 939-964. Revue économique
de la production industrielle ; en revanche, elle est meilleure pour la popul
ation.
Toutefois, ce qui atténue un peu ces carences ce sont les tentatives d'él
aboration d'ordres de grandeur comparatifs basés sur des séries plus « fragiles ».
Personnellement, je suis bien placé pour souligner la fragilité de ces tentatives
puisque je suis l'auteur de certaines d'entre elles, ce qui me vaut probablement
l'honneur de participer à ce numéro spécial de la Revue. Mais, même dans ces
cas, quelques séries principales s'arrêtent à 1830 et la plupart des autres à 1800,
ce qui implique déjà beaucoup moins de risques de distorsion.
Quelle France ? Quelle Europe ? Pour la France, en règle générale (et les
exceptions seront signalées), nous traiterons de la France dans ses limites de
1789, soit un territoire qui n'est pas très différent de celui de la France
contemporaine ; en tout cas moins différent que celui de la France des années
1871-19141.
Quelle Europe ? Cette question peut recevoir plusieurs réponses, toutes
justifiées, sauf celle qui ne retiendrait par exemple que les limites de la CEE
actuelle ou celle que l'on attribue à Metternich — lequel, du haut des remparts
de Vienne, aurait déclaré, portant ses regards vers l'Est : « Ici finit l'Europe. »
Pour des raisons de nature surtout statistique, nous avons décidé d'axer principa
lement nos comparaisons sur l'Europe sans la Russie (la Russie dans sa défini
tion du XXXe siècle). Les données sur l'économie (et la population) de la Russie
vers 1789 sont très aléatoires (et le demeurent jusqu'à la fin du xixe siècle,
puisque le premier recensement date de 1897). Par ailleurs, même si cette
raison primordiale était écartée et bien que la Russie fasse partie intégrante de
l'Europe géographique, la faiblesse des relations économiques et commerciales
de ce pays avec le reste de l'Europe — et notamment avec la France2 — serait
un alibi supplémentaire justifiant ce choix. Ce qui ne nous empêchera pas
cependant de fournir souvent des données pour ce pays.
Comparer quoi ? Nous nous tiendrons à l'essentiel en englobant dans la
sphère « économique » la population ; d'ailleurs, nous commencerons par cet
aspect important pour passer ensuite à l'agriculture, à l'industrie manufactur
ière, au commerce extérieur, et terminer avec ce qui est un peu la mesure
ultime de l'économiste : le revenu ou produit national par habitant. Mesure qui,
bien sûr, pose beaucoup de problèmes. Sur le plan conjoncturel, il faudrait
rappeler que 1789 se trouve plutôt dans le creux d'une phase d'économie
traditionnelle.
1. La France de 1789 couvrait une superficie de 534 000 km2 et incluait déjà l'Alsace-
Lorr

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