L’Économie politique et la justice
145 pages
Français

L’Économie politique et la justice

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
145 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L’Économie politique et la justiceExamen critique et réfutation des doctrines économiques deM. P.-J ProudhonLéon Walras1860Texte entier sur une seule pageIntroduction à l’étude de la question socialeSection I — Rapports de coordination des lois de l’Économie politique avecles principes de JusticeSection II — Catégorie économique : l’ÉchangeSection III — Catégorie morale : la PropriétéSection IV — De la Rente foncièreL’Économie politique et la justice : Texte entierL’Économie politique et la justiceExamen critique et réfutation des doctrines économiques deM. P.-J ProudhonLéon WalrasSection I§ 1.[1]La lecture des économistes, dit M. Proudhon , m’eut bientôt convaincu de deux choses, pour moid’une importance capitale :La première que, dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, une science avait été signalée etfondée en dehors de toute tradition chrétienne et de toute suggestion religieuse, science qui avaitpour objet de déterminer, indépendamment des coutumes établies, des hypothèses légales, despréjugés et routines régissant la matière, les lois naturelles de la production, de la distribution et dela consommation des richesses.J’arrête dès ici M. Proudhon. Sa définition de l’Économie politique semble rédigéesur la table des matières d’un manuel : elle n’a rien de philosophique. Il y a plus :elle est inexacte et dangereuse. Et je tiens d’autant plus à la réfuter, que je puis yfaire voir la source des erreurs que j’entreprends de signaler ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 109
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Extrait

L’Économie politique et la justice
Examen critique et réfutation des doctrines économiques de
M. P.-J Proudhon
Léon Walras
1860
Texte entier sur une seule page
Introduction à l’étude de la question sociale
Section I — Rapports de coordination des lois de l’Économie politique avec
les principes de Justice
Section II — Catégorie économique : l’Échange
Section III — Catégorie morale : la Propriété
Section IV — De la Rente foncière
L’Économie politique et la justice : Texte entier
L’Économie politique et la justice
Examen critique et réfutation des doctrines économiques de
M. P.-J Proudhon
Léon Walras
Section I
§ 1.
[1]La lecture des économistes, dit M. Proudhon , m’eut bientôt convaincu de deux choses, pour moi
d’une importance capitale :
La première que, dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, une science avait été signalée et
fondée en dehors de toute tradition chrétienne et de toute suggestion religieuse, science qui avait
pour objet de déterminer, indépendamment des coutumes établies, des hypothèses légales, des
préjugés et routines régissant la matière, les lois naturelles de la production, de la distribution et de
la consommation des richesses.
J’arrête dès ici M. Proudhon. Sa définition de l’Économie politique semble rédigée
sur la table des matières d’un manuel : elle n’a rien de philosophique. Il y a plus :
elle est inexacte et dangereuse. Et je tiens d’autant plus à la réfuter, que je puis y
faire voir la source des erreurs que j’entreprends de signaler.
L’économie politique est une science. Qu’est-ce qu’une science ?
Il y a dans le monde deux ordres de manifestations réelles de la substance : des
corps et des phénomènes, ou, si l’on veut, des êtres et des faits. On fait la science
non point des corps, mais des phénomènes dont les corps sont le théâtre. Des
faits, des lois, des rapports, voilà l’objet de la science.En présence d’une série de faits individuels qui se ressemblent et qui diffèrent,
l’esprit scientifique élimine toutes les qualités particulières à chacun de ces faits, il
recueille les qualités communes à tous ou à plusieurs, et il en forme une espèce. En
opérant sur un certain nombre d’espèces comme il a déjà opéré sur un certain
nombre d’individus, l’esprit scientifique s’élève au genre. Et ainsi de suite.
Lorsqu’on est arrivé à la notion d’un genre irréductible, on a ce qu’on appelle un fait
général. Les phénomènes ou faits généraux sont les abstractions irréductibles
desquelles les phénomènes ou faits individuels sont des manifestations réelles.
Exemples : la végétation, fait naturel ; la propriété, fait moral ; la civilisation, fait
historique.
Toute science est la théorie d’un fait général. Il y a des sciences naturelles, des
sciences morales, des sciences historiques.
Le fait général est universel et permanent : il peut se manifester individuellement
dans la réalité, dans tous les lieux, en tous temps. Il est un. À tous ces titres, il peut
et doit devenir l’objet d’une science. La science sera faite quand on aura posé, puis
résolu les cinq questions suivantes :
1° Quelle est la nature de ce fait ?
2° D’où vient ce fait ? En d’autres termes : quelle en est la cause ?
3° En combien d’espèces principales se divise-t-il ?
4° Quelles sont les lois suivant lesquelles il s’accomplit, soit dans sa plus haute
généralité, soit dans ses principales espèces ?
5° Quelles sont les conséquences qu’il entraîne ? autrement dit : quels en sont les
effets ?
À chacune de ces cinq questions correspondent des procédés méthodiques qui
conduisent à leurs solutions. Toutes ces questions résolues, la science est faite, on
possède la théorie du fait général, et l’on connaît d’avance tous les êtres de
l’univers, en tant qu’ils participent de ce fait et qu’ils sont le théâtre de ses
manifestations individuelles et réelles. Que l’on fasse la science de tous les faits
généraux, et le monde est connu.
L’observation, l’expérience, l’induction, l’hypothèse…, tels sont les principaux
[2]procédés méthodiques qui conduisent à la solution des questions posées .
Cela dit, cherchons à reconnaître avec précision s’il est un fait général dont la
théorie puisse et doive être l’objet de l’Économie politique ; et quel est ce fait.
Pour peu qu’on se soit pris un jour à réfléchir sur le rôle et l’objet de la science, on
se sera fort aisément aperçu qu’il y a bien des points de vue différents où l’on peut
se mettre, en présence de la réalité, pour l’étudier ; c’est-à-dire, en d’autres termes
plus exacts, que bien des faits généraux se partagent le champ de la réalité pour
s’y manifester individuellement. Sans perdre de temps en efforts d’abstraction et de
généralisation, nous pouvons dire immédiatement qu’un de ces faits généraux est
l’échange. Je m’explique. Envisagée d’un certain point de vue parfaitement
caractérisé, la vie sociale se présente comme une série d’échanges, et le monde
apparaît comme un marché où s’accomplit une succession de ventes et d’achats.
Le fait de l’échange se manifeste en ceci que certaines choses, en très-grand
nombre, ne sont point gratuites, et ne peuvent être obtenues par ceux qui en ont
besoin qu’en retour et moyennant cession d’autres choses.
Cet ensemble d’utilités non gratuites et susceptibles de participer du fait général de
l’échange constitue la richesse sociale. D’une façon générale on pourrait donc
énoncer que l’économie politique est la théorie de la richesse sociale, ou la science
du fait général de l’échange : ce serait la Chrématistique d’Aristote. Toutefois ne
nous pressons point d’être satisfaits : car une analyse judicieuse va nous
convaincre que le fait général de l’échange est complexe, et qu’il implique deux
autres faits généraux plus simples : le fait général de la valeur d’échange, et le fait
général de la propriété.
En effet, 1° si l’on échange deux choses l’une contre l’autre, cela suppose qu’elles
sont équivalentes ou qu’elles ont la même valeur. Ces choses ont donc une valeur
propre, et généralement on reconnaît que certaines choses, en très-grand nombre,
ont en effet une valeur d’échange qui leur est propre.Et 2° pour que deux choses puissent être échangées l’une contre l’autre, il faut bien
que chacune d’elles soit en la possession de quelqu’un. Pour échanger une chose,
tout comme pour en user, il faut l’avoir appréhendée, la détenir à part soi, se l’être
appropriée.
Analysons consciencieusement les deux faits généraux de la valeur d’échange et
de la propriété.
I. Analyse du fait général de la valeur d’échange. — Pour que le fait général de la
valeur d’échange se manifeste dans la réalité des choses ; en termes plus
accessibles, pour que les choses aient une valeur et puissent être échangées, il
faut qu’il se rencontre en elles deux qualités : 1° l’utilité, 2° la rareté. Mais l’utilité et
la rareté sont deux mots qu’il faut prendre ici dans une acception plus large et plus
scientifique que l’acception vulgaire.
Au point de vue de la science économique, une chose est utile dès que l’on peut
s’en servir (uti) pour n’importe quoi, et qu’elle est généralement demandée. Une
chose est rare, dès qu’il n’y en a point dans le monde en quantité indéfinie, et
qu’elle n’est offerte à la demande générale qu’en quantité limitée. Ajoutons encore
qu’il ne s’agit pour nous en ce moment que de la demande et de l’offre absolues et
nullement de la demande et de l’offre effectives. L’offre effective peut être inférieure,
égale ou su

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents