L émigration océanienne : une théorie socio-économique - article ; n°2 ; vol.12, pg 213-223
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Espace, populations, sociétés - Année 1994 - Volume 12 - Numéro 2 - Pages 213-223
Emigration in Oceania: Utility Maximization in a Non Occidental Cultural Setting.
In the Oceanian context, just as everywhere, international migrations depend on legal and macroeconomic factors, such as the wage differential between the sending and the receiving country. But there is also a micro-economic aspect: it is necessary to explain why emigrants send home remittances permanently, and why only some members of the family emigrate. A standard micro-economic model fails to explain this, since we are not here considering an «homo economicus occidentalis», but rather the «homo economicus oceanis». This one maximizes a family utility function, not an individual one. Furthermore, the utility function depends not only on material welfare, but also on «socio-cultural» welfare, or the «quality of life», which in turn depends on two variables: the amount of leisure, and the cultural environment (occidental, or Oceanian), where the leisure is spent.
Dans le contexte océanien, les migrations internationales répondent à la fois à une logique macroéconomique (contraintes juridiques, différentiel de salaire entre le pays émetteur et le pays receveur), et à une logique socio-culturelle et microéconomique : le comportement rationnel des familles océaniennes étendues. Celles-ci, telles des compagnies « transnationales », maximisent une fonction d'utilité familiale dont les arguments sont non seulement le bien-être matériel, mais aussi une forme de confort socio-culturel qu'on peut appeler « qualité de la vie », laquelle requiert des loisirs et un environnement socio-culturel océanien traditionnel, ou bien occidental en cas d'émigration. L'article propose un modèle formalisé de ce comportement rationnel, dans un contexte culturel non occidental, celui de l'« homo economicus oceanis », privilégiant les solidarités familiales et les aspects socio-culturels du bien-être.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Poirine
L'émigration océanienne : une théorie socio-économique
In: Espace, populations, sociétés, 1994-2. Les populations du Pacifique - Populations of the Pacific. pp. 213-223.
Abstract
Emigration in Oceania: Utility Maximization in a Non Occidental Cultural Setting.
In the Oceanian context, just as everywhere, international migrations depend on legal and macroeconomic factors, such as the
wage differential between the sending and the receiving country. But there is also a micro-economic aspect: it is necessary to
explain why emigrants send home remittances permanently, and why only some members of the family emigrate. A standard
micro-economic model fails to explain this, since we are not here considering an «homo economicus occidentalis», but rather the
«homo economicus oceanis». This one maximizes a family utility function, not an individual one. Furthermore, the utility function
depends not only on material welfare, but also on «socio-cultural» welfare, or the «quality of life», which in turn depends on two
variables: the amount of leisure, and the cultural environment (occidental, or Oceanian), where the leisure is spent.
Résumé
Dans le contexte océanien, les migrations internationales répondent à la fois à une logique macroéconomique (contraintes
juridiques, différentiel de salaire entre le pays émetteur et le pays receveur), et à une logique socio-culturelle et microéconomique
: le comportement rationnel des familles océaniennes étendues. Celles-ci, telles des compagnies « transnationales », maximisent
une fonction d'utilité familiale dont les arguments sont non seulement le bien-être matériel, mais aussi une forme de confort
socio-culturel qu'on peut appeler « qualité de la vie », laquelle requiert des loisirs et un environnement socio-culturel océanien
traditionnel, ou bien occidental en cas d'émigration. L'article propose un modèle formalisé de ce comportement rationnel, dans un
contexte culturel non occidental, celui de l'« homo economicus oceanis », privilégiant les solidarités familiales et les aspects
socio-culturels du bien-être.
Citer ce document / Cite this document :
Poirine Bernard. L'émigration océanienne : une théorie socio-économique. In: Espace, populations, sociétés, 1994-2. Les
populations du Pacifique - Populations of the Pacific. pp. 213-223.
doi : 10.3406/espos.1994.1641
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1994_num_12_2_1641POIRINE Bernard POIRINE Bernard
Université Française du Pacifique, Centre Universitaire
de Polynésie
B.P. 6570 FAAA
Polynésie Française.
L'
émigration océanienne :
une théorie socio-économique
Polynésie Française et de Wallis et Futuna.
Selon G. Bertram (1986), ces économies in
sulaires du Pacifique anglophone ressemb
lent désormais en quelque sorte à des "ban
lieues dortoirs" de l'économie dominante,
peuplées de retraités et de fonctionnaires. or broad L'émigration dans involving social actively highly these (1991): large "all dependencies the proportion societies or social migration les or independent economic a vicariously". few îles and is innovative est oriented of not economic du mobility, the un simply island states, Pacifique. population phénomène (...) individuals transformation but a self-governing Polynesia Population marginal is an participates Selon integral seeking très social have movement in territories répandu part Hayes which become upward - activity either of in a
En effet, beaucoup d'émigrés reviennent
prendre leur retraite dans leur île natale, et
les relations familiales entre les émigrés et
leur famille restée au pays peuvent subsister
même sur plusieurs générations, entretenues
par de fréquents voyages. Les réseaux de Hayes estime que 185000 Polynésiens an
familles étendues se maintiennent malgré la glophones vivent en Australie, en Nouvelle-
grande dispersion de leurs membres, formant Zélande ou en Australie sur un total de une "entreprise familiale multinationale" 500 000 vivant dans leur île ou dans ces pays
("transnational corporation of kin"): du bassin Pacifique, soit une proportion de "(...) in the south Pacific setting, migration involves 37%, qui pourrait atteindre en réalité 40% not the dismembering of kin groups but their
avec l'émigration illégale. La des internationalization (or transnationalization) (...)
Family or kin units in the small Pacific societies act émigrés va de 22% pour les Tonga à 78%
and calculate on a transnational scale, especially via pour Niue, en passant par 36% aux Samoa
the regional labour market. (...) The great majority of occidentales et aux Samoa américaines, et households are able to judge the relative merits of wage 66% aux îles Cook. Ces statistiques ne con employment (locally and offshore) and household pro
cernent toutefois que les îles polynésiennes ductive activity on the land or sea".'
anglophones, en effet ce mouvement d'émi
gration vers les métropoles n'affecte pas les Seules quelques îles échappent à cette ten
deux îles polynésiennes francophones de dance à l'émigration: Nauru, qui connaît,
1 Bertram G. (1986) «Sustainable Development in
Pacific Micro-Economies», World Development, vol 14,
N° 7, pp. 809-822. 214
grâce au phosphate, une prospérité qui lui doit donc tenir compte de cette conception
plus large de la "satisfaction" attire de nombreux travailleurs étrangers; économique,
Kiribati, qui a connu la même rente sociale et culturelle pour expliquer le com
phosphatière jusqu'en 1979; la Polynésie portement d'émigration de l'homo econo
Française et la Nouvelle Calédonie, l'une micus oceanis.
Cet article propose un tel modèle micro- dotée de la rente «atomique», l'autre de la
rente du Nickel, ces deux îles ayant connu socio-économique du comportement d'émi
pendant longtemps une forte immigration gration des familles insulaires étendues dans
(en provenance de Wallis et Futuna, du Viet les îles du Pacifique où il n'existe pas de
nam, de la Polynésie Française pour la Nouv restrictions légales à l'émigration, et où les
elle Calédonie; de la France métropolitaine salaires des métropoles (ou ex-métropoles)
pour la Polynésie depuis 1962, sont nettement plus élevés que le salaire in
date d'installation du Centre d'Expériment sulaire. Ce modèle exclut donc de son
ation du Pacifique). Les îles mélanésiennes champ d'explication les deux territoires
indépendantes non associées ou incorporées français du Pacifique, où le niveau des sa
ou sous tutelle, telles que Vanuatu, ou laires est similaire (et même très nettement
Papouasie Nouvelle Guinée, connaissent plus élevé dans le secteur public), par rap
port au niveau métropolitain2 , ce qui découbreaucoup moins d'émigration, car leurs c
itoyens ne bénéficient pas des facilités léga rage a priori l'émigration pour raisons pure
les d'émigration vers l'Australie, la Nouv ment économiques, même en présence d'un
elle Zélande et les Etats-Unis. taux de chômage significatif. Autrement dit,
Le comportement décrit ci-dessus répond notre modèle microéconomique ne s'appli
aux critères de rationalité postulés par l'ana que qu'à des îles dotées d'un environnement
lyse microéconomique, mais en même temps macroéconomique susceptible de motiver
cette rationalité s'insère dans un cadre socio l'émigration pour raison économique, et
culturel clairement différent du modèle de sans restriction légale de la part des pays
"l'homo economicus occidentalis", calcula «receveurs», ce qui est le cas de la plupart
teur individualiste de son plaisir personnel. des îles polynésiennes anglophones du Pa
L'utilité, dans le contexte océanien, n'est cifique (Tonga, Samoa occidentales, Samoa
pas affaire individuelle mais familiale ou américaines, Iles Cook, Tuvalu, Niue,
clanique, et elle ne dépend pas uniquement Tokelau), ainsi que des îles micronésiennes
des biens et services marchands obtenus, rattachées aux Etats-Unis selon diverses
mais aussi d'un "bien" public non mar modalités (Palau, Guam, Marshall, Carolin
chand: la qualité de vie communautaire, es...). On commencera par une courte sec
d'un style de vie "océanien" où le confort tion descriptive de la stratégie d'émigration
matériel, certes important, ne constitue d

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