L État français à la recherche d une politique culturelle du cinéma : de son invention à sa dissolution gestionnaire - article ; n°1 ; vol.54, pg 95-108
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L'État français à la recherche d'une politique culturelle du cinéma : de son invention à sa dissolution gestionnaire - article ; n°1 ; vol.54, pg 95-108

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Quaderni - Année 2004 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 95-108
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marc Vernier
L'État français à la recherche d'une politique culturelle du
cinéma : de son invention à sa dissolution gestionnaire
In: Quaderni. N. 54, Printemps 2004. pp. 95-108.
Citer ce document / Cite this document :
Vernier Jean-Marc. L'État français à la recherche d'une politique culturelle du cinéma : de son invention à sa dissolution
gestionnaire. In: Quaderni. N. 54, Printemps 2004. pp. 95-108.
doi : 10.3406/quad.2004.1617
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_2004_num_54_1_1617Dossier
L'idée d'une "politique culturelle" du cinéma, au
l'État français sens fort du terme, n'a pas toujours été une
évidence, ni pour l'État, ni pour les acteurs
économiques du secteur. D'ailleurs, à certains à la recherche
moments de son histoire, cette "politique
culturelle" est à proprement parler introuvable,
d'une politique indéfinissable... faute d'enjeux évidents ou
d'absence de volontarisme politique pour la
promouvoir. Dans ces périodes "creuses",
culturelle s'impose alors l'unique nécessité de défendre des
acquis, de bien gérer les mécanismes d'aides, de
peaufiner les rouages du système, mais sans du cinéma :
"véritable perspective culturelle". En fait, la
politique du cinéma est paradoxalement à la fois
de son invention autonome dans ses mécanismes et ses orienta
tions et contre-dépendante des orientations du
ministère de la Culture. Serge Graziani montre bien
à sa dissolution que l'existence même d'un ministère de la Culture
ne suffît pas à faire exister une "politique culturelle
globale" et que, par exemple sous Lang, on assiste gestionnaire
à une dilution de la politique globale du ministère
dans une stratégie communicationnelle et un
éparpillement dans "des" politiques culturelles
sectorielles1. Notre article vise à interroger
l'histoire de la mise en place d'une politique
Jean-Marc culturelle du cinéma au sein du déploiement de
l'intervention de l'État dans le secteur. Bien que le Vernier
cinéma soit une "industrie culturelle" et que la
nécessité d'une intervention permanente de l'État
rédacteur de Quaderni en chef
pour soutenir l'industrie cinématographique ait
fini par être acceptée - et aujourd'hui ardemment CREDAP
soutenue - par les professionnels, la légitimité Université Paris I
d'une prise en compte par l'État du pôle culturel
du cinéma ne va pas de soi.
Aujourd'hui, les grandes caractéristiques de la
"matrice" du modèle français d'intervention de
l'État sont les suivantes :
QUADERNI N*54 PRINTEMPS 2004 QUELLE POLITIQUE CULTURELLE DU CINEMA «95 - un système de soutien à l'industrie en se focalisant sur la place de la culture dans la
cinématographique basé sur un mécanisme politique des pouvoirs publics.
financier autonome de transfert et de
redistribution fédérant les différentes professions À la recherche d'une politique du cinéma :
1895-1939 du cinéma ;
- un instrument d'intervention : le Centre national
D'abord attraction foraine, le cinéma devient de cinématographie (CNC) ;
- une volonté politique d'intervention commune rapidement une véritable activité commerciale.
à tous les partis politiques qui marie les objectifs Deux grandes entreprises françaises, Pathé et
industriels et les objectifs culturels ; Gaumont, mettent la France au premier rang de
- un combat commun contre les concurrents du l'industrie cinématographique mondiale au début
de ce siècle. Dans les années 1910, le cinéma cinéma français, principalement le cinéma
américain et la télévision. français est le premier du monde en diversité, en
qualité et en quantité. Mais la Première Guerre
mondiale vient casser cette hégémonie au profit Pour autant, l'histoire de la mise en place de ce
du cinéma américain. La mise en place d'une modèle n'est pas un long fleuve tranquille. Tous
ces éléments n'apparaissent pas en même temps, politique cinématographique ne se fait pas sans
ni ne jouent le même rôle selon les périodes aléas3. Elle nécessite en fait un double mouvement
historiques, notamment la légitimité d'une sur fond de difficultés économiques de l'indust
politique culturelle ne va jamais de soi pour les rie : d'une part, la définition par l'État d'un plan
"professionnels" du cinéma. Joëlle Farchy décrit d'intervention et la prise de décisions pour
les trois grands objectifs d'une politique culturelle l'appliquer et, d'autre part, la structuration de la
moderne des ministres de la Ve République2 : profession.
l'indépendance et le prestige de la culture
Les premières interventions de l'État nationale par rapport à l'étranger (enjeu
identitaire), la diversité de la création (sans
soumission aux impératifs du marché et de la L'État n'intervient que modestement au cours des
premières années : par exemple, pour définir le rentabilisation à court terme) et l'élargissement
de l'accès à la culture (enjeu de la démocratisation). statut de la projection cinématographique,
On peut ajouter deux autres grands objectifs dans délimiter le droit d'auteur ou établir des règles de
le domaine du cinéma qui ont pris de plus en plus sécurité. Les pouvoirs publics agissent aussi dans
d'importance ces vingt dernières années : d'une le domaine de la fiscalité. Différentes taxes
part, la conservation et la diffusion du patrimoine s'appliquent à la projection cinématographique :
un "droit des pauvres" (vieil impôt sur les cinématographique et, d'autre part, les questions
de transmission et d'éducation de l'approche spectacles qui remonterait à l'année 1407), une
artistique du cinéma. Notre article vise à retracer taxe d'État de 5% sur les spectacles, créée en
les moments saillants de l'histoire de la relation octobre 1 9 1 4, et en 1 920, une taxe municipale qui
de l'État à l'industrie cinématographique française oblige à conserver les tickets de contrôle. L'État
96* QUELLE POLITIQUE CULTURELLE DU CINEMA QUADERNI N°54 - PRINTEMPS 2004 i
;
L'État à la recherche d'une structure spécifique fixe également les modalités de la censure. Au
début, ces "spectacles de curiosité" n'étaient pour le cinéma
soumis qu'à des autorisations municipales, mais
Différents ministères interviennent dans le secteur bientôt le ministère de l'Intérieur est amené à
intervenir. La réglementation se stabilise avec le cinématographique, notamment pour des
décret du 1 8 février 1928 fondant les deux grands questions pédagogiques. Ainsi, dès 1912, le
ministère de l' Agriculture utilise le cinéma à des principes d'intervention : une commission de
contrôle paritaire (représentants de la profession fins de formation professionnelle. En 1921, le
et fonctionnaires) et un avis de celle-ci permettant ministère de l'Instruction publique crée la
la délivrance du visa d'exploitation qui vaut Cinémathèque scolaire au Musée pédagogique.
autorisation de représentation sur tout le territoire Bientôt une coordination interministérielle
français. s'impose face à l'action dispersée et inefficace des
ministères.
L'organisation de la profession
L'apparition du parlant, en 1929, qui intervient en
Parallèlement aux premières interventions de l'État, pleine crise économique mondiale, perturbe
la profession se dote d'une organisation sigmficativement l'économie du cinéma. Pour
remédier à cette situation, est créé en 1931 le structurée. Dès 1908, le Congrès international de
Paris rassemble les producteurs qui se mettent Conseil supérieur du cinématographe, organe
notamment d'accord sur les conditions de vente de liaison et de coordination entre l'industrie et
et de location des films. En 1912, est créée la l'État, et entre les administrations elles-mêmes.
Chambre syndicale française de la Mais, victime de sa lourdeur et tiraillé entre ses
cinematographic dont le but est de représenter diverses composan

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