L évolution de l iqtâͨ du IXe au XIIIe siècle : contribution à une histoire comparée des sociétés médiévales - article ; n°1 ; vol.8, pg 25-52
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L'évolution de l'iqtâͨ du IXe au XIIIe siècle : contribution à une histoire comparée des sociétés médiévales - article ; n°1 ; vol.8, pg 25-52

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1953 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 25-52
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claude Cahen
L'évolution de l'iqtâ du IXe au XIIIe siècle : contribution à une
histoire comparée des sociétés médiévales
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 8e année, N. 1, 1953. pp. 25-52.
Citer ce document / Cite this document :
Cahen Claude. L'évolution de l'iqtâ du IXe au XIIIe siècle : contribution à une histoire comparée des sociétés médiévales. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 8e année, N. 1, 1953. pp. 25-52.
doi : 10.3406/ahess.1953.2131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1953_num_8_1_2131DE L1QTAC DU IXe AU ХПГ SIÈCLE L'ÉVOLUTION
Contribution à une histoire comparée
des sociétés médiévales
Dans l'organisation politique et sociale du moyen âge musulman, il est
une institution, Viqtâc, dont on s'est quelquefois occupé, en raison du rap
prochement qu'il paraissait possible d'instituer entre elle et le fief européen,
et, par conséquent, entre la féodalité occidentale et ce qu'on a cru pouvoir
appeler la féodalité musulmane. Naturellement Viqtâc n'est qu'un des él
éments dont l'étude est nécessaire pour une comparaison aussi générale. Mais
même à, son sujet, ce qui a été écrit jusqu'ici reste sommaire et, surtout,
tient insuffisamment compte des différences de temps et de lieu. C'est au
contraire à décrire des évolutions que nous nous sommes ci-dessous attachés.
On a beaucoup discuté de l'origine de Yiqtâc et, plus généralement, de
celle des diverses catégories de terres en pays musulmans1. Discussions
délicates, parce que les textes sur lesquels on est réduit à s'appuyer émanent
de juristes postérieurs qui cherchent à faire entrer dans des schémas précis
des institutions nées dans l'imprécision. Nous les laisserons de côté ici, parce
que, quelle qu'ait été l'origine de Yiqtâc, on peut facilement s'entendre sur ce
qu'il est rapidement devenu. Il suffira donc, au départ de notre étude, de
le résumer brièvement.
***
En gros, au moment de la conquête arabe, il y a deux blocs de terres. Le
premier, constitué par toutes celles qui, auparavant, appartenaient à des
particuliers, évidemment non-musulmans, et qui n'ont pas été abandonnées
par eux. Elles sont, en fait, laissées à, leurs détenteurs, le droit eminent de la
communauté musulmane étant affirmé par un impôt foncier, le kharâj.
1. Cf. en particulier M. Van Berchem, La propriété terrienne et l'impôt foncier sous les pre
miers Califes (1886) ; — С Becker, Die Entstehung von 'ushr und Charagland in Aegypten
(Zeitschrift fut Assyriologie..., 1903), et Steuerpaeht und Lehnwesen, dans Islamstudien, I, 1924 ;
A.-N. Poliak, Classification of Lands in the Islamic Law, dans American Journal of Semitic
Languages, 1940 ; — Fr. Lokegaard, Islamic Taxation in the Classic Period, 1950. 26 ANNALES
Mais les héritiers de ces possesseurs se sont ensuite souvent convertis à
l'Islam. Gomme cela aurait ruiné le Trésor de les dispenser pour autant du
kharâj, on a fini par établir que le statut de la terre ne -changerait pas avec
celui du possesseur, une capitation personnelle, la jizya, s'ajoutant seulement,
ou non, au kharâj selon la confession du contribuable.
Le second groupe de terres est celui que la communauté musulmane a
hérité des anciens domaines des États romano-byzantin et sassanide, ou des
Églises liées à eux, des grands domaines de propriétaires disparus par la
fuite ou la mort sans héritier exploitant, enfin des territoires n'ayant jamais
fait l'objet d'appropriation par des individus ou des collectivités locales
(déserts, etc.). Ces domaines ne présentaient évidemment d'intérêt pour le
conquérant que s'ils étaient mis en valeur. A côté de ceux qui étaient conservés
par l'État et souvent affermés par lui, il était en général plus simple de les
concéder à des particuliers ou à des groupes, de manière à les mettre en
situation de rendre à la communauté les services qu'elle attendait d'eux.
Ces terres, en quelque sorte retranchées du domaine public, étaient appelées
d'un nom qui, étymologiquement, évoquait cette idée : qatfca, auquel, plus
tard, on devait préférer le terme abstrait signifiant retranchement, iqtâc.
Ces terres n'étaient concédées, celles-ci, qu'à des musulmans et comme telles
assimilées, à maints égards, aux propriétés des premiers musulmans d'Arabie ;
il était d'ailleurs arrivé qu'elles eussent été acquises du Trésor par achat.
Elles n'étaient donc pas frappées de l'impôt du kharâj, marque de sujétion,
mais seulement de la dîme, cushr, bien plus faible, à laquelle était tarifée
l'aumône, considérée comme volontaire, du croyant.
Bien qu'une institution de ce genre, dans sa simplicité première, ait pu
à la fois naître des circonstances de la conquête et continuer des usages, tels
que, dans les tribus arabes, celui des terres réservées ou himâ, elle se rencont
rait, en fait, avec une pratique très répandue dans le Bas-Empire romano-
byzantin, et qui a influé ensuite sur son élaboration : celle de la concession
emphytéotique. L'État romano-byzantin, par un contrat dit d'emphytéose,
concédait, en effet, à de très longs termes des terres publiques à des particul
iers, qui jouissaient sur elles, à charge de les mettre en valeur, de droits
de disposition presque totalement libre (y compris l'aliénation), et de réduc
tions fiscales importantes. Dans les régions frontalières, d'autre part, il
distribuait en pleine propriété de petites terres, à charge de service militaire,
à des paysans-soldats, dits à Rome limitanei, à Byzance akritaï. L'orga
nisation des jund arabes au lendemain de la conquête répondit au même
besoin à peu près de la même manière. Simplement, comme tout Arabe
était alors soldat virtuel, et la notion de possession mal dégagée de celle
de propriété, on peut admettre que toute concession foncière correspondait
à une qatica.
En stricte logique, il aurait dû être interdit aux musulmans d'acquérir
la propriété de terres de kharâj. Il y eut, en effet, sous les premiers Califes,
des prescriptions en ce sens1. Mais il s'avéra vite impossible d'empêcher les
1. Ibn Asakir, cité dans A. v. Kremer, Culturgeschichtliche Streifziige auf dem Gebiete des
Islams, p. 60 et suiv. .
DE L'IQTA<> DU IXe AU XIII* SIÈCLE 27 L'ÉVOLUTION
conquérants de se constituer ainsi des domaines plus grands que ce qu'ils
pouvaient acquérir en qatlca. Musulmans, ils considéraient leurs propriétés
ainsi acquises comme ne devant être astreintes au payement que de la dîme.
Dans la période des grandes conquêtes et de l'organisation intérieure encore
primitive, cette conception ne dut pas être combattue. Pratiquement donc,
tout domaine musulman, à l'exception de ceux des indigènes convertis plus
tard, dut être terre de dîme. De fait, on ne voit pas que le fisc, parmi les
diyâ (pluriel de daîca) ou domaines, distingue ceux qui ont été acquis comme
propriété (mulk) ou en qatfca. Ils sont, les uns comme les autres, aliénables,
héréditaires, et frappés de la dîme.
Quel qu'en soit le mode de propriété, toute terre peut être retirée à
son ancien détenteur s'il ne la met pas en valeur. Mais il va de soi que, dans
les premiers temps, avec le manque de traditions agricoles de l'Arabe et sa
constante absence pour la guerre, mise en valeur ne signifie pas, en général,
travail personnel. Les terres étaient louées à des paysans sous des formes
variées, permettant au propriétaire, une fois sa dîme payée, de conserver
un notable bénéfice. Fréquemment, la concession d'une qattca avait été liée
à la structure tribale nomade du peuple conquérant. Plutôt que de subsides
en argent, l'Arabe avait besoin de terres où faire paître ses troupeaux, l'ut
ilisation de la terre étant alors collective. Mais la concession n'en était pas
moins faite dès le début, s

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