L impact de l environnement sur l agression en milieu carcéral - article ; n°4 ; vol.13, pg 355-365
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Description

Déviance et société - Année 1989 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 355-365
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 42
Langue Français

Extrait

Richard Wener
L'impact de l'environnement sur l'agression en milieu carcéral
In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°4. pp. 355-365.
Citer ce document / Cite this document :
Wener Richard. L'impact de l'environnement sur l'agression en milieu carcéral. In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°4. pp.
355-365.
doi : 10.3406/ds.1989.1160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1989_num_13_4_1160Déviance et Société , 1989, Vol. 13, No 4, pp. 355-365
L'IMPACT DE L'ENVIRONNEMENT
SUR L'AGRESSION EN MILIEU CARCÉRAL
R. WENER*
Personne ne doute qu'aux Etats-Unis les prisons puissent être dangereuses
aussi bien pour les gardiens que pour les détenus. Les anecdotes publiées dans
la presse populaire, ainsi que les rapports officiels confirment la réalité de ce
danger. Des agressions, des attaques armées, des viols et même des meurtres ne
cessent de menacer l'intégrité physique voire la vie des détenus et des surveil
lants.
A première vue, la cause de ce danger semble évidente: ces lieux ne sont peu
plés que d'individus agressifs et antisociaux. Comme tous les prévenus n'ont
pas commis de crime violent, les filtres successifs du système de la justice crimi
nelle — caution, jugement, condamnation, libération sur parole — tendent à
écarter de ces institutions les délinquants apparemment moins dangereux. Il
s'ensuit logiquement que le niveau de violence élevé enregistré dans les centres
de détention s'explique par la nature violente des individus qui y séjournent.
Pourtant, certains centres de construction récente qui utilisent un type nou
veau d'aménagement et de gestion, connu sous le nom de «surveillance
directe», et qui hébergent toute une gamme de types différents de détenus,
échappent relativement bien aux violences décrites plus haut, de même qu'au
vandalisme. Nos recherches sur l'aménagement et le fonctionnement de ces
nouveaux centres suggèrent que la personnalité et le passé des détenus ne suffi
sent pas à expliquer l'agressivité des détenus (Wener, Farbstein et Frazier, 1985).
L'environnement institutionnel (physique et social) peut constituer un facteur
important influençant le niveau de la violence. Ainsi, avec une même populat
ion, des transformations dans l'environnement peuvent conduire à une dimi
nution des agressions. Ces recherches donnent un aperçu de la nature des effets
de l'environnement sur la violence et le vandalisme, ainsi que sur les causes de
ces manifestations et la manière d'y remédier en milieu carcéral.
• Polytechnic University, Brooklyn, New York.
Traduction: C. Lommel et C. Chevalier, Université de Lausanne.
355 d'aménagement et de gestion des institutions carcérales: Styles
le développement de la surveillance directe
Traditionnellement, l'architecture et la gestion pénitentiaires tournaient
autour de plusieurs concept-clés liés à la sécurité. Parmi ceux-ci, les plus import
ants concernaient d'une part l'usage de matériaux résistants, la stricte sépara
tion physique du personnel et des détenus afin de préserver les gardiens de toute
attaque, d'autre part la prédominance de surfaces transparentes (barreaux et
vitrages) afin de favoriser la surveillance visuelle des détenus.
Ainsi, autrefois, les institutions classiques étaient construites d'une manière
qui les faisaient ressembler plutôt à des jardins zoologiques1, avec des cellules
en béton et en acier pourvues de barres à travers lesquelles les gardiens pou
vaient jeter un coup d'œil sur l'activité des détenus. On peut pousser cette ana
logie avec le zoo encore plus loin si on sait que ce type de centre de détention
se base sur la supposition implicite que les détenus sont des êtres dangereux, des
créatures quasi animales dont les gardiens ne peuvent être protégés que par une
séparation adéquate. Ceci présuppose de même que la surveillance visuelle du
personnel est suffisante pour maintenir la sécurité des détenus.
Dans ces institutions, les gardiens ont généralement la responsabilité de plu
sieurs secteurs et doivent contrôler chaque unité lors de rondes répétées. Cette
inspection intermittente laisse les détenus sans surveillance pendant des pério
des de temps régulières. Ce n'est donc point surprenant que les actes de violence
se produisent plus fréquemment pendant ces périodes d'absence des gardiens
(Nelson, 1988).
La plupart des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire ont reconnu
que ce type d'installation n'est pas approprié même aux normes de sécurité les
plus élémentaires. Les détenus vivent dans l'angoisse et le danger; ils sont régu
lièrement attaqués tout comme les gardiens. Des programmes basés sur l'éduca
tion ou le changement de comportement s'avèrent difficilement réalisables.
En investissant des billions de dollars dans la construction de nouveaux cen
tres pour résoudre le problème chronique du surpeuplement des établissements
anciens (dû à des conditions sociales, aux effets du baby-boom de l'après-guerre
et à d'autres facteurs encore), autorités et architectes ont essayé de trouver des
modèles alternatifs d'aménagement et de gestion carcérale.
Beaucoup de nouvelles installations ont abandonné l'ancien style linéaire
qui favorisait une surveillance intermittente, au profit d'agencements promouv
ant une surveillance dite «à distance» et qui fournissent une grande ouverture
et visibilité (cf. figure 1). Les surveillants se trouvent alors dans des salles de
contrôle généralement localisées stratégiquement entre deux unités ou plus,
d'où ils observent les comportements et contrôlent l'ouverture électronique des
portes. Ils utilisent souvent des interphones pour communiquer avec les déte-
1 Voir à ce propos le récent numéro de Environment and Behavior (automne 1988) consacré à
l'aménagement des zoos et aux comportements qui s'y déroulent.
356 A. Fréquence des Visibilité Moyens Rapport Type Contacts
d'organisation Staff/detenus observations de sécurité Staff/detenus
Séparés par Surveillance 1:100 Linéaire/ Intermittante Pauvre, sauf près
intermittant barreaux des cellules visuelle (rondes)
ou vitrages
Figure 1: Différents modèles d'établissement pénitentiaire Ut oo
Visibilité Moyens Rapport B. Type Contacts Fréquence des
de sécurité Staff/detenus d'organisation Staff/detenus observations
Continue Elevée Surveillance 1: 12 à 1:48 Indirect/ Cabines clôturées
éloignée séparées par des visuelle
fenêtres et des bar
reaux
Figure 2. C Type Contacts Fréquence des Visibilité Moyens Rapport
observations de sécurité Staff/detenus d'organisation Staff/detenus
Elevée Contact staff/pen- 1 : 36 à 1 : 65 Supervision Pas de séparation, Continue
directe contact direct sionnaire, Présence
du staff
Figure 3. nus. Ainsi, les surveillants sont toujours visibles, mais séparés physiquement
des quartiers de détention par des barreaux et des vitres blindées.
Bien que ces installations présentent une amélioration par rapport aux
anciennes prisons, elles restent encore basées sur le même principe que les systè
mes précédents : les surveillants croient qu'ils ont besoin de se protéger des déte
nus et qu'une surveillance visuelle suffit pour assurer la sécurité. Les agressions
de la part des détenus (tel le vandalisme) restent un problème dans ces installa
tions.
Le développement d'une conception architecturale et de gestion appelée
«surveillance directe» constitua un changement radical par rapport à cette poli
tique. Soutenue dans les années 1960 par le U.S. Bureau of Prisons, cette philo
sophie recommandait de placer les gardiens directement à l'intérieur des quart
iers de vie. La sécurité devait découler de la présence du gardien et de sa cons
cience des problèmes des détenus.
Bien que cette philosophie soit quelque peu naïve dans sa façon de percevoir
les détenus, elle a au moins le mérite de s'éloigner du modèle traitant les détenus
comme des bêtes féroces, pour se rapprocher d'un point de vue où les
sont considérés comme des personnes méritant

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