L inégalité des sexes face à l infection par le VIH-sida en Afrique : un cercle vicieux anthropologique, sociologique, épidémiologique et clinique, facteur d entretien de l épidémie (Commentaire) - article ; n°3 ; vol.22, pg 71-85
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L'inégalité des sexes face à l'infection par le VIH-sida en Afrique : un cercle vicieux anthropologique, sociologique, épidémiologique et clinique, facteur d'entretien de l'épidémie (Commentaire) - article ; n°3 ; vol.22, pg 71-85

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Description

Sciences sociales et santé - Année 2004 - Volume 22 - Numéro 3 - Pages 71-85
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Valériane Leroy
L'inégalité des sexes face à l'infection par le VIH-sida en Afrique
: un cercle vicieux anthropologique, sociologique,
épidémiologique et clinique, facteur d'entretien de l'épidémie
(Commentaire)
In: Sciences sociales et santé. Volume 22, n°3, 2004. pp. 71-85.
Citer ce document / Cite this document :
Leroy Valériane. L'inégalité des sexes face à l'infection par le VIH-sida en Afrique : un cercle vicieux anthropologique,
sociologique, épidémiologique et clinique, facteur d'entretien de l'épidémie (Commentaire). In: Sciences sociales et santé.
Volume 22, n°3, 2004. pp. 71-85.
doi : 10.3406/sosan.2004.1627
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_2004_num_22_3_1627Sociales et Santé, Vol. 22, n° 3, septembre 2004 Sciences
L'inégalité des sexes face à V infection
par le VIH-sida en Afrique : un cercle
vicieux anthropologique, sociologique,
épidémiologique et clinique,
facteur d'entretien de V épidémie
Commentaire
Valériane Leroy
Dans son article, M. Egrot analyse les représentations sociales qui
aboutissent à des écarts entre les deux sexes face à la maladie et sa per
ception sociale en pays Mossi au Burkina Faso. Ainsi, V épidémie de l'i
nfection par le virus de V immuno déficience humaine (V1H)I sida en Afrique
illustre parfaitement les inégalités sociales homme-femme qui existent
face à cette maladie et qui rendent les femmes vecteurs de la maladie et
terriblement vulnérables à tous les niveaux : anthropologique , sociolo
gique, épidémiologique, clinique et légal. Ces inégalités homme-femme
contribuent à l'entretien de V épidémie. Pour commenter ce travail, nous
poursuivrons la réflexion de V auteur en étayant son propos d' arguments
épidémiologique s et cliniques en Afrique qui corroborent ses observations
* Valériane Leroy, médecin épidémiologiste, INSERM U 593 (ex-330), Université de
Bordeaux 2, Case 11, 146, rue Léo-Saignat, 33076 Bordeaux Cedex, France ; e-mail :
Valeriane.Leroy@isped.u-bordeaux2.fr VALÉRIANE LEROY 72
anthropologiques : ainsi, des circonstances anthropologiques et sociales
ont fait le lit de l'épidémie de l'infection par le VIH en Afrique. Dans une
deuxième partie, nous discuterons l'impact social de ces inégalités de
santé entre hommes et femmes face au VIH et la réponse possible à ce
phénomène. d' Enfin, pour tenter de sortir de ce cercle vicieux avec un peu
espoir, nous évoquerons le rôle social extraordinairement positif que
les femmes, infectées ou non par le VIH , peuvent potentiellement jouer en
parallèle avec les hommes dans cette lutte contre l'épidémie dans la
société africaine.
D'après les estimations de V Organisation mondiale de la santé
(OMS), 42 millions d'adultes et 1,2 million d'enfants vivaient avec le VIH
à la fin de 2003 à l'échelle mondiale (World Health Organisation, 2003).
L'Afrique sub- saharienne arrive en tête et représente presque 70 % du
total mondial dans une région qui compte à peine 10 % de la population
du globe. Depuis vingt ans, ce continent est la région du monde la plus
touchée par le VIH et le sida. Les taux d'infection y sont les plus élevés
avec une proportion croissante de femmes infectées par le VIH, l'accès
aux soins le plus difficile, et les dispositifs de protection sociale et écono
mique qui pourraient aider les familles à faire face aux effets de V épidé
mie sont sérieusement perturbés, en partie à cause de l'épidémie
elle-même.
M. Egrot rapporte pertinemment que le sida est représenté au
Burkina Faso comme « une maladie de femmes » qui les désigne comme
vecteur de la transmission, à la fois victimes et coupables. Cette repré
sentation, souvent liée à la stigmatisation des prostituées ou d' innocentes
victimes d'histoires sentimentales diffusée par les médias, révèle la vul
nérabilité sociale de la femme. Cette méconnaissance a plusieurs effets
pervers qui sont, outre la marginalisation des femmes, l'entretien de V épi
démie de V infection par le VIH.
Les modes de déclinaison de la maladie explorés par M. Egrot en
terme de représentation sociale sont multiples : les femmes sont tour à
tour responsables de F impuissance des hommes, de perturbations de leur
cycle menstruel, de l'infertilité de troubles obstétricaux (fausses-couches,
mort-nés, prématurité) et d'une mortalité périnatale, néonatale et infant
ile induisant une perturbation importante des fonctions sociales de pro
création. Cette asymétrie sexuelle, observée sur le plan socioculturel par
M. Egrot a un impact épidêmiologique et clinique important révélé ou
amplifié par l'épidémie de V infection par le VIH en Afrique.
Compte tenu du mode de transmission hétérosexuel prédominant et
de l'inégalité du risque de sexuel entre l'homme et la femme
(avec un risque supérieur dans le sens homme-femme pour un seul rap
port sexuel), la femme africaine est la cible tristement privilégiée de V in- INÉGALITÉ DES SEXES ET VIH EN AFRIQUE 73
fection par le VIH (Cameron et al., 7989 ; Caraël et al., 1988). Au début
de l'épidémie, l'infection par le VIH et le sida semblait concerner plus
particulièrement les hommes. Au fur et à mesure, le rapport homme-
d' études montrent que, maintenant, femme a fini par s'inverser. Beaucoup
la proportion des femmes infectées est supérieure à celle des hommes,
notamment dans les tranches d'âge entre 25 et 44 ans (Bucyendore et al.,
1993 ; Kengeya-Kayondo et al, 7999 ; Mulder et al., 1994 ; Nunn et al.,
1994 ; Serwadda et al., 1995). Selon l'OMS, cette tendance se confirme
chez les femmes nouvellement infectées, avec une proportion inquiétante
de femmes âgées de moins de 20 ans (World Health Organisation, 2003).
Ainsi, sur les 3,2 millions de nouveaux cas d'infection par le VIH surve
nus chez l'adulte en Afrique en 2003 (12 000 cas par jour), 50 % étaient
des femmes dont 50 % sont survenus chez des jeunes femmes entre 15 et
24 ans (World Health Organisation, 2003). Il en découle une prévalence
de l'infection par le VIH extrêmement élevée chez les femmes en âge de
procréer, dépassant fréquemment les 30 %.
Les conséquences sanitaires de cette épidémie chez les femmes sont
dramatiques avec une mortalité attribuable à V infection par le VIH pour
plus de 50 % des cas et des taux variant de 5 % à 11 % par an. Cette mort
alité élevée est souvent due à des maladies intercurrentes comme la
tuberculose, première cause de mortalité. Les femmes meurent plus jeunes
que les hommes avec la majorité des décès féminins observée dans la
tranche d'âge de 20 à 44 ans (lies Boerma et al., 1998). Le rôle pronost
ique du sexe dans la progression de l'infection par le VIH demeure
encore L' controversé. infection par le VIH englobe également des manifestations cl
iniques spécifiques à la femme telles que les dysplasies du col, les infec
tions génitales plus souvent asymptomatiques chez la femme que chez
l'homme et les inflammations pelviennes. Ainsi, les maladies sexuellement
transmissibles (MST) et le VIH ont en commun leur mode de transmission
(Laga et al., 1991). Les MST décrites comme causes communes d'infé
condité sont aussi un marqueur des comportements à risque de transmis
sion et jouent de ce fait un rôle confondant dans l'analyse de V interaction
MST-VIH. (Grosskurth et al., 1995a, 1995b). Les MST, en particulier
ulcératives, favorisent la transmission du VIH (Fleming et Wasserheit,
1999 ; Laga et al., 1994). Inversement, l'infection par le VIH a un rôle
péjoratif sur l'incidence et l'histoire naturelle des MST (Laga et al.,
1994 ; Leroy et al., 1995). On peut d'ores et déjà affirmer que cette inter
action entre MST et VIH est telle que les implications de santé publique
sont importantes et que la prévention de V infection par le VIH doit inclure
le contrôle des MST chez la femme en Afrique (Fleming et Wasserheit,
1999 ; Laga et al., 1994). VALERIANE LEROY 74
Des études épidémiologiques ont estimé que l'infection par le VIH,
chez la femme, entraînait une réduction relative de la fécondité , due à une
moindre fécondabilité et à une au

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