L œuvre d Alfred Binet - article ; n°1 ; vol.18, pg 15-32
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L'œuvre d'Alfred Binet - article ; n°1 ; vol.18, pg 15-32

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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 15-32
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 19
Langue Français
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Extrait

J. Larguier des Bancels
L'œuvre d'Alfred Binet
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 15-32.
Citer ce document / Cite this document :
Larguier des Bancels J. L'œuvre d'Alfred Binet. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 15-32.
doi : 10.3406/psy.1911.3850
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3850II
L'ŒUVRE D'ALFRED BINET
Psychologie normale et psychologie pathologique, psychologie
de l'enfant et psychologie de l'animal, psychologie individuelle
et psychologie générale, esthétique et pédagogie, il n'est guère,
dans les sciences de l'esprit, de domaine où Alfred Binet n'ait
pénétré. Il n'en est point d'où il n'ait rapporté de fécondes
découvertes. Nous voudrions, dans les pages qui suivent, mar
quer les idées directrices qui l'ont guidé dans les démarches
si variées, de son activité et dégager les lignes maîtresses de
l'œuvre puissante que la mort est venue interrompre trop tôt.
Binet a débuté fort jeune. Ses premiers travaux reflètent,
comme il est naturel, les doctrines régnantes à l'époque où, ses
études de droit terminées, il aborda la psychologie. Vers 1880,
l'associationnisme anglais achevait de devenir classique. En
France, la méthode pathologique prenait, avec Charcot, son
plein développement. Binet subit profondément l'influence
de Mill — son seul maître en psychologie. Il fréquenta la Sal-
pêtrière où il poursuivit une foule de recherches sur les sujets
les plus variés. Trois ouvrages, en particulier, La psychologie du
raisonnement, Le magnétisme animal (en collaboration avec
Féré), Les altérations de la personnalité, contiennent le résultat
de ses investigations. Les deux derniers offrent surtout des
observations qui conservent aujourd'hui encore toute leur
valeur. La psychologie du raisonnement présente une théorie de
l'activité mentale. Dans ce livre, le plus ancien qu'il ait écrit,
Binet s'efforce d'établir « que l'élément fondamental de l'esprit
est l'image; que le raisonnement est une organisation d'images,
déterminé par les propriétés des images seules, et qu'enfin
il suffit que les images soient mises en présence pour qu'elles 16 MEMOIRES ORIGINAUX
s'organisent et que le raisonnement s'ensuive avec la fatalité
d'un réflexe ». On reconnaît ici l'une des thèses favorites de
Taine. L'auteur, dans sa conclusion, s'approprie jusqu'aux fo
rmules de son illustre devancier. « L'activité de l'esprit, dit-il,
résulte de l'activité des images comme la vie de la ruche résulte
de la vie des abeilles, ou plutôt la vie d'un organisme
résulte de la vie des cellules. » Binet ne devait pas tarder à
saisir les limites de l'associationnisme. Dans Les altérations de
la personnalité, il reconnaissait déjà que la synthèse mentale
échappe aux prises de l'association. Les lignes que nous venons
de citer n'en méritent pas moins d'être retenues. Elles marquent
le point de départ du psychologue et elles permettront d'appré
cier justement l'originalité singulière des œuvres de sa matur
ité et, notamment, de L'étude expérimentale de l'intelligence.
En 1889, M. Liard, directeur de l'enseignement supérieur,
créait le laboratoire de psychologie physiologique de la Sor
bonne, et en confiait la direction à M. Beaunis. Binet, qui figu
rait depuis 1891 dans le personnel du laboratoire à titre de
directeur adjoint, succéda à M. Beaunis en 1894. Abandonnant
pour un temps la psychologie pathologique, il inaugure alors
toute une série de recherches portant sur les questions les plus
diverses de la psychologie normale, et fonde L'Année psycholo
gique, destinée principalement à recueillir ses travaux et ceux
de ses collaborateurs1. Il entreprit en particulier l'étude de la
circulation sanguine dans ses rapports avec les phénomènes
psychiques. On se rappelle les espoirs que les psychologues att
achèrent à la solution de ce problème. James et Lange venaient
de renouveler la théorie des émotions. Lehmann esquissait le
tableau des concomitants physiques du sentiment. Un champ
nouveau et qui promettait d'être fécond s'ouvrait aux expér
imentateurs. Binet, à son tour, en tenta l'exploration, mais avec
ce souci constant du contrôle qui, dès l'origine, caractérisa
sa technique. Il s'y arrêta plusieurs années, sans pouvoir
toutefois découvrir les éléments d'une véritable Symptomatol
ogie du sentiment. Les émotions représentent, les unes comme
les autres, des excitations du système nerveux et elles provo
quent toutes, quelle que soit leur qualité, de la vaso-constric-
tion ainsi qu'une accélération du cœur et de la respiration.
« On a quelque peine à se rendre à cette conclusion », disait
1. Le tome I" de L'Année psychologique[(l§M) porte la date de 1895. Les
premiers travaux du laboratoire de la Sorbonne ont été publiés dans un
Bulletin spécial (1892 et 1893). LARGUIER DES BANCELS. — L'ŒUVRE D'ALFRED BINET 17 J.
Binet en 1897. On s'est convaincu depuis que les modifications
d'ordre vasculaire n'ont pas toute l'importance que Lange
leur avait attribuée et la plupart des psychologues contempor
ains accorderont que, pour être modeste, la conclusion était
fondée. A la différence de tant d'autres, elle a l'avantage de
s'appuyer sur des faits.
Au moment où Binet commençait ses recherches de laborat
oire, la psychologie proprement expérimentale n'était guère
cultivée en France. Un petit volume, publié en 1894, et destiné
à faire connaître les méthodes de la science nouvelle, constitue
un guide qui est encore précieux. Il y a plus. L'Introduction
à la psychologie expérimentale manifeste déjà les tendances
originales de l'auteur. En Allemagne, la psychologie des sensa
tions, la psychophysique, la mesure des temps de réaction,
retenaient presque exclusivement l'attention des expérimentat
eurs. L'étude des mouvements, celle des fonctions supérieures
de l'esprit étaient fort négligées. Or il est remarquable que ce
sont justement ces deux ordres de questions qui reçoivent, dans
L'Introduction, les développements les plus étendus. Le cha
pitre sur la mémoire, en particulier, est véritablement neuf, et,
à le rapprocher de ceux qui, dans les traités de l'époque, sont
consacrés au même objet, on reconnaît à quel degré Binet sut,
dans ce domaine, être un initiateur. Un autre trait mérite d'être
noté : le goût de l'observation exacte, complète, prise sur le
vif. Il faut parcourir les mémoires du temps, si secs, si pauvres
de renseignements sur la psychologie des sujets soumis aux
épreuves de laboratoire, pour apercevoir dans tout leur jour
les qualités propres à l'expérimentateur français et lui rendre
pleine justice.
Le premier volume de L'Année psychologique s'ouvre sur deux
articles auxquels il convient de s'arrêter un peu, parce qu'ils
mettent très heureusement en lumière l'application des méthodes
préconisées dans L'Introduction.
Les recherches sur la mémoire des mots et, plus encore, sur
la mémoire des phrases, dues à la collaboration de Binet et de
V. Henri, marquent une date importante dans le développement
de la psychologie contemporaine. Elles ne se distinguent pas
seulement par le but qu'elles visent : avec elles, l'expérimentat
ion pénètre dans les écoles. Sans doute, la mémoire avait été
déjà l'objet de travaux considérables, mais tandis qu'Ebbin-
ghaus, puis Müller et ses élèves, s'étaient principalement
efforcés de saisir la fonction dans son mécanisme élémentaire
l'année psychologique, xviii. 2 18 MÉMOIRES ORIGINAUX
et qu'à cet effet, ils avaient eu recours à des matériaux aussi
simples que possible — les psychologues allemands n'opéraient
guère que sur des syllabes dénuées de signification, — Binet
aborde d'emblée l'étude de ce qu'on peut appeler la mémoire des
idées. Ce qu'il essaie de découvrir, c'est le jeu de la tel
qu'il

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