« L ouvrier d aujourd hui » - article ; n°4 ; vol.2, pg 307-317
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Description

Revue française de sociologie - Année 1961 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 307-317
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Touraine
Benno Sternberg-Sarel
Philippe Ariès
Jean Maîtron
P. Barton
A. Andrieux
J. Lignon
« L'ouvrier d'aujourd'hui »
In: Revue française de sociologie. 1961, 2-4. pp. 307-317.
Citer ce document / Cite this document :
Touraine Alain, Sternberg-Sarel Benno, Ariès Philippe, Maîtron Jean, Barton P., Andrieux A., Lignon J. « L'ouvrier d'aujourd'hui
». In: Revue française de sociologie. 1961, 2-4. pp. 307-317.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1961_num_2_4_5981R. franc. Sociol., 1961, II, 4, 307-317
DÉBATS
« L'ouvrier d'aujourd'hui »
d'aujourd'hui a prétend conscience de dans septembre « groupe été L'ouvrage cette une présentée souvent enquête grande ouvrier i960, ouvrières) d'Andrée (Sur dans n° entreprise dissoute •», est les 3, d'une la d'abord (1), pp. Revue Andrieux changements dans situation 339-341)' est du française d'affirmer le Rhône, les fruit et sociale rapports La dans Jean dont d'une de conclusion la la Lignon, Sociologie ouvrière, la permanence industriels enquête condition marche essentielle L'ouvrier que réalisée {juillet- a et déjà noud'un l'on la
veaux; elle souligne ensuite le désarroi actuel de ce groupe
dans sa tentative de s'évader de sa condition subalterne.
La Revue française de Sociologie a detnandê à différentes
personnes d'exprimer leur opinion, critiques ou approbations,
sur un ouvrage aussi controversé. Nous publions donc dans
ce débat des textes d'Alain Touraine, Benno Sternberg-Sarel,
Philippe Ariès, et Jean Maitron que suivent les réponses de
Paul Barton et des auteurs du livre.
I. — « L 'ouvrier ďaujourďhui »
et la crise de la sociologie ouvrière
Tous ceux qui étudient des sociétés présentes reconnaissent une impor
tance particulière aux témoignages qu'ils peuvent recueillir directement.
L'intérêt des documents livrés par les informateurs est d'autant plus grand
que les valeurs et les normes d'une société sont plus également partagées et
plus explicitement codifiées. Mais il est grand aussi, dans une situation inverse,
lorsque les personnes interrogées représentent le « revers » d'une société. Les
documents écrits nous renseignent davantage sur les dirigeants; les témoi
gnages oraux éclairent la vie et les attitudes d'ouvriers qui ne participent pas
au pouvoir en façonnant les institutions ou qui ne s'expriment que très par
tiellement dans des mouvements sociaux en grande partie déterminés soit
(1) Aux Editions Marcel Rivière. Collection « Recherches de Sociologie du Travail »,
avec une préface de Pierre Naville. Un volume de 214 p.
ЗО7 française de sociologie Revue
par les conditions « politiques » de leur action soit par les idéologies qui
les orientent.
Seule l'enquête directe permet d'atteindre la « base », de savoir « ce
que les gens pensent vraiment ». Mais les limites et les dangers de ce genre
d'enquêtes apparaissent aussitôt, car il est d'autant plus utile d'y recourir
que les personnes interrogées sont plus dépendantes et par conséquent que
leurs attitudes sont plus défensives, affirmant une dépendance plus qu'ana
lysant ses causes. Plus on atteint directement des réponses, moins on est
capable de définir les questions posées par la situation sociale des répondants.
D'où la tentation d'en prendre son parti et d'organiser les résultats selon
une typologie descriptive, fondée sur une psychologie intuitiviste. L'incon
vénient n'est pas grand, semble-t-il, si l'on décide d'étudier les réponses en
elles-mêmes, dans leur forme et non dans leur raison d'être, si l'on passe de
l'étude des situations sociales à celle de la personnalité, de la sociologie à la
psychologie. Mais cette facilité est illusoire, car la réponse individuelle n'est
pas plus pure et plus univoque qu'un mouvement social complexe : elle mêle
les effets de la personnalité individuelle, de la situation dans un système ou
des systèmes de relations sociales, de la situation technique, économique ou
de classe. Les notions auxquelles on aboutit, en se plaçant au niveau à la fois
le plus profond et le plus superficiel, en mêlant à la fois plusieurs cadres
théoriques et la simple description, ne peuvent être que confuses.
Cela ne leur enlève pas toute efficacité, mais cela leur retire presque
toute utilité scientifique. Les conclusions d'Andrieux et Lignon sont, à
mes yeux, tout à fait convaincantes quand elles s'opposent à des images tout
aussi descriptives que les leurs, mais qui se présentent sous les dehors d'une
pseudo-théorie historique : comment ne pas accepter leur critique de l'idée,
si répandue et si peu acceptable, d'un nivellement progressif, d'une déstrat
ification — Entschichtung — pour parler comme H. Schelsky, des sociétés
industrielles ? Allons plus loin : leur méthode doit toujours l'emporter contre
celle des observateurs qui recomposent des orientations et des attitudes à
l'aide de critères objectifs, car on peut montrer l'évolution de la consommat
ion ouvrière sans avoir pour autant le droit de conclure à l'apparition d'une
conscience ouvrière d'appartenance à une société et à une culture de masse.
Dans cette perspective, la méthode employée par Andrieux et Lignon est
remarquable : ils n'utilisent pas seulement des interviews et des conversat
ions libres, ils obtiennent les réactions de certains aux jugements émis par
d'autres, camarades de travail ou auteurs d'écrits. Il ne fait pas de doute
qu'ainsi le mouvement des attitudes est respecté; les auteurs sont plus que
des observateurs participants; ils ont donné aux enquêtes cette double
situation. Il s'agit d'une enquête collective, quasi-spontanée.
Le point extrême qu'atteint cette méthode est l'examen critique par ces
ouvriers de certaines orientations propres au mouvement ouvrier et qui ne
semblent aujourd'hui plus guère rencontrer d'écho : le syndicalisme révolu
tionnaire est mort dans l'esprit de ceux qui pourraient être ses défenseurs.
Il est vrai que nous ne sommes pas aussi certains que les auteurs que cette
utopie puisse caractériser toute une étape de l'histoire ouvrière; mais peu
importe; un vide s'est créé, qui n'a pas été rempli.
Résultat important en théorie : car il me semble fondamental de ne pas
définir des ouvriers — ou d'autres — comme une simple catégorie statis
tique, mais comme un ensemble social concret, défini par une conscience
d'identité, d'opposition et de dépendance, donc par une action possible.
Mais on ne peut aller plus loin en suivant cette voie. Cette action possible
ne peut être définie à partir de la connaissance directe d'attitudes présentes;
308 L'ouvrier d'aujourd'hui » «
elle ne peut l'être qu'à partir d'une analyse de la situation. Le danger est alors
de définir cette situation selon son bon plaisir, c'est-à-dire " le plus probable
ment selon l'action passée, précisément disparue et donc la plus inadéquate
à définir la situation présente.
Tel est le problème au seuil duquel nous conduisent Andrieux et Lignon :
lorsque la classe ouvrière apparaît « représentée » par un mouvement
ouvrier, on peut obtenir de celui-ci des principes d'analyse, ce qui permet
en retour de juger de la représentativité de fait de ce mouvement. Mais
lorsque la pensée ouvrière semble dominée par l'absence de perspectives génér
ales, ne faut-il pas abandonner cette méthode et réfléchir en termes purement
fonctionnalistes, de logique interne d'un système de relations sociales et du
cadre culturel dans lequel il s'inscrit ? Je ne le pense pas et je voudrais que
l'on emploie les observations d'Andrieux et Lignon, comme celles de Mothé,
de Navel, de Guillaume et de quelques autres, pour reformuler la nature de
la situation ouvrière en des termes, qui, cependant, et c'est là une condition
qu'il faut accepter dès le départ, ne peuvent pas être jugés par l'acceptation
ou le refus des personnes interrogées, mais seulement par leur capacité de
rendre compte systématiquement des faits objectivement obse

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