La confusion mentale chronique - article ; n°1 ; vol.13, pg 275-291
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 275-291
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

E. Régis
G. Laurès
La confusion mentale chronique
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 275-291.
Citer ce document / Cite this document :
Régis E., Laurès G. La confusion mentale chronique. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 275-291.
doi : 10.3406/psy.1906.1301
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1301T^ZJ^T^
XVII
LA CONFUSION MENTALE CHRONIQUE.
ÉTUDE CLINIQUE ET PSYCHOLOGIQUE.
La Confusion mentale, qui est la psychose caractéristique
des états d'intoxication de l'organisme, se présente habituell
ement sous la forme aiguë. Cette confusion mentale aiguë about
it très souvent à la guérison et, dans certains cas rares,
comme le délire aigu méningitique, à la mort. Elle peut aussi
évidemment se terminer, comme toute maladie aiguë, par
l'état chronique et l'incurabilité.
Le passage possible de la confusion mental e à la chronicité
n'a pu échapper aux observateurs et il a été notamment ment
ionné en termes plus ou moins exprès par Chaslin, Séglas,
Gombault, Toulouse et Damaye, Régis, J. S. Bolton, etc. Mais
si la confusion mentale chronique est implicitement admise,
elle n'a jamais, que nous sachions, été décrite, malgré son im
portance nosologique.
Cela tient à ce que, d'une façon générale, les formes chro
niques des psychoses ont toujours moins attiré l'attention que
les formes aiguës et ont été même à tort confondues avec les
démences, et à ce que la Confusion mentale, en ce qui la con
cerne personnellement, a été beaucoup plus envisagée jusqu'ici
dans ses manifestations, ses causes et ses variétés symptoma-
tiques que dans son évolution.
Nous nous proposons de résumer brièvement ici les princi
paux caractères psychologiques et cliniques de la Confusion
mentale chronique.
Il serait très important de savoir à quels signes on peut
reconnaître qu'une Confusion mentale aiguë est destinée à
guérir ou à ne pas guérir et, dans ce dernier cas, de pouvoir
fixer à quel moment s'opère la transformation de l'état aigu en MÉMOIRES ORIGINAUX 276
état chronique. Malheureusement ces précisions ne cadrent
guère avec la contingence et la relativité des faits morbides et
rien ne marque de façon certaine les temps successifs des
phases des psychoses, la durée moins que tout le reste, car ces
affections peuvent être devenues chroniques au bout de quel
ques mois comme ne pas l'être encore au bout de plusieurs
années.
Dans la Confusion mentale surtout, l'état aigu est relié à
l'état chronique par une transition faite de nuances et d'oscil
lations insensibles qui tiennent en suspens le pronostic du
clinicien le plus expérimenté comme l'avenir du sujet lui-
même.
A notre sens, les caractères distinctifs de cette période de
transition ou préchronique ne sauraient être utilement recher
chés dans la sphère psychique, qui n'offre rien de particulier
si ce n'est, semble-t-il, une atténuation trompeuse des symp
tômes et des lueurs passagères dans l'obscurité, l'hébétude et
la torpeur de l'esprit. C'est, par un apparent paradoxe, l'état
du corps qui peut le mieux nous renseigner sur l'état de l'i
ntelligence à ce moment. Dans les psychoses, dites pour ce
motif généralisées, toutes les fonctions somatiques se troublent
quand la fonction cérébrale se trouble et elles se rétablissent celle-ci se rétablit. Mais si la psychose tourne à la chro
nicité, on voit se produire une sorte de dissociation entre toutes
ces activités solidaires et le corps tend à reprendre son fonctio
nnement normal pendant que l'intelligence reste, elle, profon
dément altérée. Il en est ainsi dans la Manie et dans la Mélanc
olie; il n'en va pas autrement dans la Confusion mentale. Le
meilleur signe du passage de cette affection à l'état chronique
c'est, par suite, le rétablissement de la santé corporelle, de
l'aspect du visage, de l'embonpoint, du sommeil, de l'appétit,
des sécrétions et excrétions, en particulier de l'excrétion uri-
naire, alors que persistent les symptômes psychiques fonda
mentaux : la torpeur, l'hébétude, la désorientation, l'amnésie.
Nous venons de voir que la transition entre la Confusion
mentale aiguë et la Confusion mentale chronique était mar
quée, au milieu d'une certaine amélioration de l'état général,
par la persistance, à un degré plus ou moins atténué, des
symptômes essentiels de la maladie. La persistance de ces est donc la caractéristique clinique de la confu
sion mentale chronique. Nous devons en conséquence les y
retrouver. ET LAURÈS. — LA CONFUSION MENTALE CHRONIQUE 277 RÉGIS
Appliquant à cette étude la méthode et le plan si fructueuse
ment suivis par Masselon dans sa remarquable « Psychologie des
déments précoces » nous avons successivement examiné chez
un certain nombre de malades : 1° les troubles de l'intelligence;
2° les troubles de l'émotivité et de l'affectivité; 3° les troubles
de la volonté et de l'activité motrice, en nous servant le plus
souvent, comme lui, des expériences et de tests de Binet.
Nous nous bornerons, dans ces quelques pages, à résumer
brièvement le résultat de nos recherches.
I. Troubles de l'intelligence. — Nous comprenons, sous cette
rubrique, les troubles de l'attention, les temps de réaction, les
troubles du souvenir avec ceux du langage et de la parole, les de coordination des idées, enfin ceux de l'assimilation,
de la perception, de la compréhension.
a. Trouble de V attention. — Les troubles de l'attention ou, plus
exactement, les troubles de la faculté d'application de l'esprit
sont ici de première importance, ainsi que le montrent les
expériences suivantes.
1Te épreuve : Montrer quelques objets au malade et lui en
demander le nom.
Les confus mentaux chroniques répondent assez bien en
général quand on peut capter leur attention. Il faut en effet
remarquer que beaucoup sont distraits, ne regardent ce qu'on
leur montre qu'en étant secoués et ramenés à la question plu
sieurs fois. D'autres restent impassibles, ne répondent rien ; le
plus grand nombre donne des réponses justes.
Exemple : D. Qu'est-ce que c'est? (nous montrons une
montre).
R. Un chronomètre.
D. Qu'est-ce que c'est? (nous montrons un porte-plume).
R. Un porte-plume.
D. Donnez-moi le nom de cet objet (nous montrons une bott
ine).
R. Une pantoufle, un soulier, une pantoufle.
2' épreuve : Correction d'épreuve.
Voici la phrase employée, c'est celle dont M. Dumas s'est
servi dans son travail sur la tristesse et la joie :
« C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins
d'Amilcar. Les soldats qu'il avait commandés en Sicile y don
naient un grand festin pour célébrer l'anniversaire de la
bataille d'Eryx, et, comme le maître était absent, et qu'ils se
trouvaient nombreux, ils mangeaient et ils buvaient en liberté. MÉMOIRES ORIGINAUX 278
Les capitaines, portant des cothurnes de bronze, s'étaient
placés dans le chemin du milieu, sous un voile de pourpre à
franges d'or qui s'étendait depuis le mur des écuries jusqu'à la
première terrasse du palais. »
On demande aux malades de barrer tous les a de cette phrase ;
on note la durée de l'épreuve et la façon dont ils se comportent
pendant ce temps.
Un premier malade n'est pas surpris par cette épreuve, et il
l'accomplit avec docilité; bien qu'au cours de son travail, il
lève la tête très souvent et dise que c'est très difficile, il arrive
au bout, mais avec quelle lenteur I C'est ainsi qu'il met
23 minutes pour l'épreuve totale. Trois faits sont à remar
quer :
1° II barre les deux premiers a puis se met à lire les phrases.
On a beau attirer son attention sur la première ligne, il con
tinue sa lecture.
2° II lit très vite tous les mots ne comprenant pas d'à, et dès
qu'il en a barré un, il passe très rapidement au suivant; mais
là il s'arrête, la pointe du porte-plume tournée vers l'a et il
contemple le mot sur le

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