La consommation sensible aux variations de revenu, même sur le court terme
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Le schéma keynésien d'une élasticité unitaire de long terme entre consommation et revenu est confirmé par leur progression semblable de 1959 à 1994, d'un taux moyen de 3,6 % l'an. Mais, sur courte période, les évolutions ne sont pas aussi parallèles. Ainsi, de 1982 à 1987, la consommation des ménages dépasse la stricte progression de leur pouvoir d'achat. La situation s'inverse de 1986 à 1993. Le lien entre consommation et revenu demeure d'ailleurs controversé. Sur données individuelles, le modèle de référence met en scène un consommateur en univers intertemporel et marché financier parfait qui ne doit pas réagir aux évolutions de court terme de son revenu. Pourtant, de nombreuses estimations concluent à un rôle non négligeable du revenu courant. En 1994, l'élasticité de la consommation au revenu courant est de 0,6, élasticité obtenue sur coupe instantanée. Un suivi temporel de consommateurs sur quatre enquêtes successives (1979, 1984, 1989, 1994) montre un grand parallélisme entre consommation et revenu, ce qui contredit les prédictions du modèle de cycle de vie. Cependant, ces évolutions pourraient retracer surtout la variation de la taille des ménages avec le vieillissement. La correction de cette variabilité n'empêche pas le maintien d'un parallélisme, bien que moins net, entre consommation et revenu. Diverses variantes économétriques confirment les ordres de grandeur de l'analyse descriptive. L'élasticité de la consommation au revenu paraît encore excessive au vu des modèles qui justifient la volonté des consommateurs de lisser la consommation par rapport aux fluctuations du revenu courant. Ceci renforce la vision d'un consommateur certes prudent, enclin à épargner sur son revenu courant pour faire face aux aléas futurs, mais également impatient.

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Langue Français

Extrait

CONSOMMATION
La consommation sensible
aux variations de revenu,
même sur le court terme
Stéfan Le schéma keynésien d’une élasticité unitaire de long terme entre consommation
Lollivier* et revenu est confirmé par leur progression semblable de 1959 à 1994, d’un taux
moyen de 3,6 % l’an. Mais, sur courte période, les évolutions ne sont pas aussi
parallèles. Ainsi, de 1982 à 1987, la consommation des ménages dépasse la stricte
progression de leur pouvoir d’achat. La situation s’inverse de 1986 à 1993.
Le lien entre consommation et revenu demeure d’ailleurs controversé. Sur
données individuelles, le modèle de référence met en scène un consommateur
en univers intertemporel et marché financier parfait qui ne doit pas réagir
aux évolutions de court terme de son revenu. Pourtant, de nombreuses estimations
concluent à un rôle non négligeable du revenu courant.
En 1994, l’élasticité de la consommation au revenu courant est de 0,6,
élasticité obtenue sur coupe instantanée. Un suivi temporel de consommateurs
sur quatre enquêtes successives (1979, 1984, 1989, 1994) montre un grand
parallélisme entre consommation et revenu, ce qui contredit les prédictions
du modèle de cycle de vie. Cependant, ces évolutions pourraient retracer
surtout la variation de la taille des ménages avec le vieillissement.
La correction de cette variabilité n’empêche pas le maintien d’un parallélisme,
bien que moins net, entre consommation et revenu.
Diverses variantes économétriques confirment les ordres de grandeur de l’analyse
*Stéfan Lollivier est chef descriptive. L’élasticité de la au revenu paraît encore excessive
du département des Prix au vu des modèles qui justifient la volonté des consommateurs de lisser
à la consommation, res-
sources et conditions la consommation par rapport aux fluctuations du revenu courant. Ceci renforce la
de vie des ménages de
vision d’un consommateur certes prudent, enclin à épargner sur son revenul’Insee.
L’auteur remercie F. Gar- courant pour faire face aux aléas futurs, mais également impatient.
des, N. Herpin, J.-M.
Robin et D. Verger ainsi
que deux rapporteurs a consommation des ménages représente sur la consommation ont donc largement ali-
anonymes pour leurs re- L la majeure partie de la demande adressée à menté la littérature économique.
marques.
l’économie et contribue souvent fortement à sa
croissance (cf. tableau 1). La façon dont elle Historiquement, deux types d’approches se
Les noms et dates entre réagit aux variations du pouvoir d’achat consti- sont opposés. La première se réfère au modèle
parenthèses renvoient à
tue une information précieuse pour comprendre keynésien traditionnel, selon lequel croissancela bibliographie en fin
d’article. et mieux appréhender son évolution. Les études de la consommation et du revenu courant sont
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325-325, 1999 - 4/5 181Tableau 1
Évolution de la consommation et du PIB (aux prix de 1980)
En % annuels
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Produit intérieur brut 2,5 0,8 1,2 - 1,3 2,8 2,1 1,6 2,3
Consommation finale des ménages 2,7 1,4 1,4 0,2 1,4 1,7 2,0 0,9
Source : Comptes de la Nation, Insee, 1997.
étroitement liées. Ces travaux, généralement tôt keynésien, soit conformément au modèle de
conduits sur séries temporelles, utilisent des cycle de vie (Carroll, 1992).
variantes du modèle keynésien, quitte à lisser le
revenu sur une période pluriannuelle (Fried- Les travaux récents visent précisément à mettre
mann, 1957). La seconde approche renvoie au en évidence de tels comportements. Cependant,
modèle de cycle de vie dans lequel les dépenses très peu d’études portent sur les données fran-
de consommation résultent d’un arbitrage in- çaises. Celles-ci sont particulièrement pauvres
tertemporel intégrant les évolutions du revenu par rapport à celles des pays anglo-saxons. En
sur le cycle de vie et sont peu sujettes aux varia- effet, les États-Unis disposent de panels longs
tions du revenu courant (Brumberg et Modi- de consommateurs, qui se prêtent bien à l’esti-
gliani, 1954). Ces derniers modèles sont mation de comportements individuels. Pour sa
généralement estimés sur données individuel- part, le Royaume-Uni dispose d’une enquête
les. Les débats anciens ont été ravivés depuis annuelle sur les consommations des ménages,
une dizaine d’années par la mise au point de qui fournit des données depuis les années 70
nouveaux modèles qui décrivent les comporte- (Blundell, Browning et Meghir, 1994). En
ments dynamiques dérivés des préférences au France, la seule source sur la consommation
moyen d’équations d’Euler (voir la présenta- dans son ensemble est constituée par une en-
tion de D. Echevin sur les nouvelles approches quête quinquennale sur les budgets auprès d’un
des comportements d’épargne et de consomma- échantillon limité (10 000 à 15 000 ménages).
tion, dans ce numéro). La résolution de ces der- Il n’est donc pas possible de se livrer à des in-
nières par des méthodes de simulation vestigations équivalentes à celles des pays an-
numérique est rendue possible avec la crois- glo-saxons, et notamment de préciser
sance des puissances de calcul. L’apport de ces l’influence des taux d’intérêt. Le présent travail
modèles est de fournir une sorte de synthèse en- se propose d’éclairer le débat dans le cas fran-
tre les deux approches antérieures, puisque se- çais en fournissant des évaluations inédites,
lon les circonstances, les consommateurs mais avec des ambitions beaucoup plus modes-
peuvent se comporter soit selon un schéma plu- tes que celles des auteurs anglo-saxons, compte
tenu des données disponibles.
Tableau 2 Un comportement keynésien
Significativité des variables explicatives de surlelongterme
la consommation totale
Sur longue période, les données de Comptabili-
Variable Type II SS Fischer
té nationale confirment que consommation et
revenu des ménages présentent des évolutionsType de ménage 122 85
analogues. Selon celles-ci, la consommation enHabiter l’Île-de-France 17 84
volume, comme le pouvoir d’achat du revenu
Profession 14 16
disponible brut, ont augmenté à un taux moyen
Diplôme 45 36
de 3,6 % l’an de 1959 à 1994 (Abramovici,
Âge 51 10
1996). En d’autres termes, les données compta-
Revenu 284 154
bles s’accordent avec le schéma keynésien tra-
ditionnel d’une élasticité unitaire de long terme
Lecture : la statistique « Type II SS » indique la réduction de la
entre consommation et revenu en valeurs réel-somme des carrés des résidus lorsque la variable (sous la forme
d’un ensemble de variables muettes) est introduite en dernier dans les. Un tel parallélisme se retrouve d’ailleurs
le modèle. La dernière colonne fournit la statistique de Fischer asso- dans la plupart des pays de l’OCDE. Il n’est pas
ciée, utilisée pour juger de la significativité de la variable.
le fait du hasard et correspond à une conditionSource : enquêtes Budget de Famille, 1979, 1984, 1989 et
1994, Insee. d’équilibre à long terme de la croissance qui
182 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325-325, 1999 - 4/5fait intervenir le stock de capital et le jeu des men d’une telle enquête en coupe permet de se
taux d’intérêt (Carroll, 1992). En effet, si la convaincre de la prééminence du revenu dans les
consommation croissait durablement plus vite choix de consommation (Bayet et al., 1991). Ain-
que le revenu, ceci se traduirait par une diminu- si, dans l’enquête de 1994, la consommation est
tion du stock de capital et par un accroissement multipliée par un facteur de plus de quatre entre le
des taux d’intérêt. Ce dernier entraînerait un ra- premier et le dernier décile de revenu (cf. gra-
lentissement de la consommation, donc une ac- phique I). Des outils plus sophistiqués confir-
célération de l’épargne contribuant à ment cette prééminence. Parmi les cinq critères
reconstituer le stock de capital. De ce fait, sur le essentiels que sont l’âge, le diplôme, le type de
long terme, consommation et revenu ne peu- métier de la personne de référence, le type de
vent que croître à un rythme équivalent. ménage et le revenu du ménage, ce dernier ap-
paraît de loin comme le plus discriminant.
Ceci n’interdit pas des divergences dans le L’utilisation d’un modèle d’analyse de va-
rythme de croissance sur des intervalles de riance, qui vise cette fois à mesurer

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