La créativité - article ; n°2 ; vol.70, pg 579-625
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Description

L'année psychologique - Année 1970 - Volume 70 - Numéro 2 - Pages 579-625
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 116
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

L. Leboutet
La créativité
In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°2. pp. 579-625.
Citer ce document / Cite this document :
Leboutet L. La créativité. In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°2. pp. 579-625.
doi : 10.3406/psy.1970.27914
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1970_num_70_2_27914LA CRÉATIVITÉ
(1950-1968)
par Lucie Leboutet
Faculté des Lettres et Sciences humaines de Rouen
Le mot de créativité est un néologisme importé de la langue anglaise
courante et qui ne figure pas dans les dictionnaires français usuels.
Comme tout nom transplanté de la langue commune dans le vocabulaire
scientifique, il revêt diverses significations selon les auteurs, les situations
variées dans lesquelles on l'utilise, les théories explicites ou implicites
qui sous-tendent son emploi. Pour les uns, la créativité implique le
processus et le produit, l'originalité, la nouveauté ; pour d'autres, la
créativité est un processus qui résulte d'un travail nouveau, jugé satis
faisant et utile à une certaine époque et par un groupe donné. Le dic
tionnaire Larousse de la psychologie nous apprend que la créativité
est une disposition à créer qui existe à l'état potentiel chez tout individu
et à tout âge... Le registre change avec chacune de ces perspectives,
si bien que la liste des définitions empiriques possibles de la créativité
pourrait être considérablement allongée.
Au substantif de « créativité » correspond le néologisme de « créatif »,
qui ne peut être tenu pour synonyme de « créateur ». En l'absence de
normes linguistiques qui resteraient à établir, nous réserverons le terme
de « créateur » pour qualifier l'individu ayant fourni des preuves de son
pouvoir créateur (en dehors de la réussite aux tests de créativité) et
utiliserons celui de créatif pour tous les autres cas.
La créativité suscite, depuis une vingtaine d'années, un nombre
toujours croissant de travaux orientés dans des directions variées.
Les recherches sont surtout appliquées au domaine des sciences physico
chimiques et à l'industrie. La raison en est aisée à comprendre. Le
développement rapide de la science appelle de nouveaux chercheurs
d'où les moyens mis en œuvre pour identifier, voire prédire la créativité
scientifique et lui offrir les meilleures conditions d'épanouissement.
La progression accélérée des sciences et des techniques, qui entraîne
la nécessité de susciter toujours davantage de nouveaux talents créateurs,
a donc imprimé une subite impulsion à des études psychologiques
interdisciplinaires.
Jusqu'aux alentours de 1950, le domaine de la créativité était abordé
sous les rubriques dispersées de l'imagination, de l'invention, du génie, 580 REVUES CRITIQUES
des enfants doués et surdoués. L'intérêt s'est focalisé depuis lors sur la
créativité, tout au moins aux Etats-Unis. Les études factorielles de
Guilford sur ce thème, entreprises dès 1949, ne sont pas étrangères à
cette orientation.
L'intérêt porté à l'étude de la créativité a gagné quelques pays
européens, la Grande-Bretagne a déjà montré la voie avec des études
factorielles consacrées surtout aux enfants ; l'Allemagne, l'Italie, la
Russie soviétique ont publié quelques travaux. Peu de recherches
françaises sont à signaler dans la littérature.
L'inspiration théorique de ces multiples recherches, souvent dissem
blables et contradictoires, conduit à un foisonnement d'études, d'expé
riences et de résultats à travers lesquels il n'est pas toujours aisé de
s'orienter. Telle est sans doute la destinée des investigations nouvelles
qui n'ont pas encore mis en place le cadre conceptuel dans lequel s'o
rdonneront les recherches futures. Néanmoins, en schématisant quelque
peu, nous pouvons délimiter au départ deux cadres de recherche, impli
cites ou explicites, dans lesquels s'inscrivent la majeure partie des tr
avaux relatifs à la créativité.
Le premier cadre est celui de la théorie des traits et des facteurs
dans laquelle la créativité constitue une dimension psychologique plus
ou moins complexe variable avec les individus. Les recherches qu'im
plique le choix de ce système de référence constituent un large secteur
de la psychologie différentielle ; elles utilisent les méthodes psychomét
riques et les tests de toute nature, font appel à l'analyse factorielle.
Les investigations se sont orientées vers la recherche des liens qui
existent entre la créativité et la plupart des traits et des facteurs connus.
On parvient ainsi à une meilleure connaissance de la structure des traits,
mais les points de vue dynamiques et génétiques sont quelque peu
négligés. Dans l'ensemble, les recherches sont axées sur les capacités
créatrices et les individus créateurs, principalement dans le domaine
scientifique.
Une deuxième voie d'approche s'inspire de la théorie psychanalytique
dont on connaît le matériel. L'étude des aspects génétiques et dynami
ques globaux est favorisée au détriment des moléculaires. Plutôt
que vers les capacités et les individus créateurs, les travaux sont de
préférence tournés vers l'étude des processus et s'appliquent surtout
au domaine esthétique et littéraire.
Nous développerons les points suivants : description des méthodes,
présentation des résultats (corrélations créativité-divers facteurs),
personnalité créative, processus créatif, développement de la créativité.
Nous terminerons par la présentation des théories. Afin de limiter l'ex
posé et lui donner plus d'unité, les travaux antérieurs à 1950 et traitant
des enfants doués, de l'imagination, de l'invention, du génie, ne seront
mentionnés que de manière allusive. Nous résumons donc ici environ
vingt années de travaux sur la créativité. L. LEBOUTET 581
I. — MÉTHODES ET TECHNIQUES
A) Choix des critères de créativité
Quel que soit le domaine exploré, la question des méthodes éveille
celle de la définition des critères par lesquels on reconnaît qu'une
personne ou une œuvre sont créatrices.
La difficulté est aisément levée lorsqu'il s'agit de créateurs éminents
du passé ; leur œuvre témoigne de leur créativité ; le recul du temps
rend le choix des morts illustres à peu près incontestable. Le critère est
la notoriété.
La question est plus délicate lorsqu'il s'agit de contemporains. La
perspective adoptée implique parfois l'introduction de facteurs d'accep
tation sociale par le groupe (Stein, 1953 ; Teicher, 1963). Le produit de
la créativité doit être socialement accepté ; la créativité se présente alors
sous forme d'un volet à trois faces : le créateur, son œuvre, le milieu
qui la reçoit et la juge ; les interactions entre ces trois éléments viennent
compliquer l'analyse.
De nombreux auteurs s'accordent pour juger de la créativité d'un
individu en fonction de ses productions, encore faut-il être en mesure de
distinguer la quantité de la qualité, faire la part des modes et des
engouements.
C'est encore dans le domaine scientifique que l'établissement de
critères rigoureux soulève le moins d'obstacles. On a pu proposer le
recours à des données objectives telles que la quantité de publications,
le nombre de brevets, le nombre de fois où le nom de la personne créa
trice est cité dans des revues pendant une période donnée. Au titre des
critères plus subjectifs, on a utilisé la notoriété (Drevdahl et Gattell,
1958; Roe, Mac Kinnon, 1962), le jugement des pairs, celui des
supérieurs...
La créativité chez les enfants et les adolescents est, en général,
appréciée au moyen de tests.
Donnons quelques exemples d'études systématiques concernant le
choix des critères et leur validation.
A partir de 250 interviews de chercheurs physiciens, Taylor, Smith,
Ghiselin (in S.C., 1963, pp. 53-76) établissent 150 mesures permet

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