La crise d une société : seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent Ans - article ; n°3 ; vol.2, pg 336-348
14 pages
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1947 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 336-348
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Boutruche
La crise d'une société : seigneurs et paysans du Bordelais
pendant la guerre de Cent Ans
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 2e année, N. 3, 1947. pp. 336-348.
Citer ce document / Cite this document :
Boutruche Robert. La crise d'une société : seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent Ans. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 2e année, N. 3, 1947. pp. 336-348.
doi : 10.3406/ahess.1947.3310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1947_num_2_3_3310!
ESSAIS ET MISES AU POINT
La crise ďune société :
SEIGNEURS ET PAYSANS DU BORDELAIS
PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS1
Entre les dernières années du xnr3 siècle et le milieu du xv®, le Eor-
délais représente un enjeu de marque dans l'interminable conflit qui
oppose les Plantagenets puis les Lancastres aux Valois. Secteur vital de
la Guyenne anglaise, il voit déferler à neuf reprises les troupes françaises
sur une partie de son territoire et subit, à côté des épreuves apportées
par la guerre, « maints autres grands tourments ». Sous la pression
brutale des événements, sous l'influence aussi d'une évolution écono
mique bien antérieure au Xiv6 siècle, de profondes transformations s'a
ccomplissent dans le monde des possesseurs fonciers, qui, vivant essen
tiellement des droits sur la terre ou de la culture du sol, ont pour cadre
principal la seigneurie. Ces transformations se retrouvent alors, avec des
nuances multiples, dans toute la France. Leur étude forme le centre de
l'ouvrage analysé au cours de ces quelques pages. Car elles posent des
problèmes fondamentaux, dictés non par une vue de l'esprit, mais par
les faits : décadence économique et politique de la noblesse chevaleres
que et des vieilles communautés ecclésiastiques; ascension, par contraste,
de certains éléments de la bourgeoisie ; remous dans les couches rurales,
partiellement décimées puis renouvelées ; efforts de chacun pour échapper
au désastre, conserver sa place dans la hiérarchie sociale, ou môme tirer
parti des circonstances.
i. Sous ce titre, un travail, actuellement manuscrit, a été présenté en Sor
bonně, le ai décembre 1946, comme thèse principale de doctorat. Je remercie la
Direction des Annales, qui a bien voulu m'en demander une analyse que j'ai
conçue moins comme un résumé que comme un exposé des intentions et des
méthodes. La pratique est inhabituelle. Mais elle permet aux auteurs qui se
•voient contraints de différer la publication de leurs travaux d'en donner quelque
idée. SEIGNEURS ET PAYSANS DU BORDELAIS 337
La crise, pourtant, n'a point tout emporté. Lignes essentielles des
paysages, aménagements et pratiques agraires, traits juridiques de la
seigneurie, structure des groupes sociaux, usages coutumiers, institutions
politiques et directions principales du grand commerce n'ont subi aucune
modification fondamentale. D'où, pour apprécier les changements et en
mesurer l'ampleur, la nécessité de connaître d'abord les traits perman
ents, de replacer les hommes et les choses dans leur milieu géographi
que et historique1.
I. — LE MILIEU
La méthode régressive permet, en partant du présent, de pénétrei
davantage dans l'intelligence des aspects et des genres de vie ruraux du
xiv6 siècle. Alors comme aujourd'hui le Bordelais offre une vigoureuse
individualité, malgré l'indécision de ses contours et la diversité de ses
sols, de son relief et de ses ressources. Pays de confluents et d'estuaire,
lieu de croisement des routes, il est aussi et surtout le domaine d'un
grand vignoble qui a attiré de fortes densités humaines et donné nais
sance à d'importants courants commerciaux. Le dessin des terroirs, les
principaux types d'exploitation agricole, les techniques, les genres de
vie et la mentalité campagnarde portent sa marque, bien qu'il prenne
rarement la forme d'une monoculture et que des vergers, des céréales,
des prairies et des bois soient associés à ses paysages2. Dans les Graves,
puis en bordure des coteaux de la Garonne et de la Dordogne, le soi bor
delais représente, dès le xme siècle, un capital considérable. L'installation
du vignoble a exigé en effet des fonds énormes, fournis surtout par une
aristocratie de la richesse qui s'est renouvelée à maintes reprises et qui
л vu se substituer « aux fortunes épuisées des orgueils nouveaux m3. En
outre, il ne s'est maintenu qu'au prix de soins dispendieux. Remarque
à retenir si l'on veut apprécier l'ébranlement causé par les périodes de
■crise dans le milieu des possesseurs fonciers.
Une grande partie du sol bordelais est morcelée en cellules qui cons
tituent autant de seigneuries4. Le sujet mérite une attention particulière.
Gomment comprendre les vicissitudes du système seigneurial et celles des
i. L'étude qui fait l'objet de cet exposé repose principalement sur une docu
mentation manuscrite puisée dans les Archives départementales de la Gironde,
des Basses-Pyrénées et de la Haute-Garonne, ainsi qu'aux Archives Nationales,
au Public Record Office et au British Museum. Documentation considérable, qui
ne répond cependant pas à toutes les questions. On voudrait connaître avec
Íilus de précision les mesures de superficie et de capacité, les régimes agraires,
es mouvements de population, la vie privée.
a. Ces divers éléments sont examinés dans le premier chapitre du livre. Je
ne peux que les mentionner ici.
3. Jean Вахле, La vigne et la maison, p. 6a, Paris, 192a.
4. И s'en faut cependant que toutes les terres et tous les pouvoirs soient
j'ai pris consacré dans les ma mailles thèse des complémentaire, réseaux de dépendances. Une société provinciale Aux alleux en qui lutte subsistent, contre
le Publications 278 régime pages féodal. in-8°. de la L'alleu Faculté en des Bordelais Lettrée de et Strasbourg, en Bazadais fasc. du. xi6 100, au Rodez, xvin* siècle, 1947',
Annales (ae ann., juillet-septembre 1947, n° 3). 22 338 ANNALES
hommes qui l'animent et vivent de lui si l'on ignore son organisation
et v ses modes d'exploitation ?
Certes, la seigneurie rassemble, à partir du château ou du monastère
dont elle porte le nom, les pouvoirs et les terres, exploitées par des
« sujets », qui relèvent d'un même maître. Pourtant, rien n'est plus diffi
cile que de tracer ses contours sur une carte et de fixer ses limites1. Pro
blème de documentation, sans doute, mais aussi de structure. En effet,,
ne voyons pas dans la seigneurie, petite ou grande, une unité territoriale
nettement circonscrite. Loin de dessiner sur le sol une case d'un seul
tenant, elle est formée de biens dispersés à travers des villages ou des
hameaux parfois très éloignés les uns des autres. De l'importante se
igneurie de Sainte-Croix de Bordeaux par exemple relèvent des exploita
tions allant principalement de la région de Margaux à celle de Langoiran»
La petite seigneurie du Thil est disséminée sur six paroisses médoquines.
Quiconque parcourt les rues d'une agglomération, ou traverse ses champs,
franchit donc des terrains et rencontre des hommes relevant de domi
nations différentes. Autant de conséquences des inféodations, des trans
formations d'alleux en censives, des acquisitions, des héritages ou des
partages familiaux.
Mais quels que soient son aspect et ses dimensions, la seigneurie
bordelaise présente un caractère fondamental, d'ailleurs commun à la
plupart des seigneuries de l'Occident : sa division en deux fractions,
constituées l'une par le domaine, ou réserve, l'autre par les tenures.
Formée de bâtiments, de vergers et de champs, les uns groupés autour
du château ou de l'abbaye, les autres dispersés à travers le terroir, la
réserve est mise en valeur par les soins du maître et de ses principaux
agents. Un personnel domestique embauché à l'année, des manouvriers
rétribués à la journée et quelques corvéables recueillent une partie de*
fruits, tandis que l'autre partie est affermée temporairement. Cette
seconde méthode connaîtra une faveur marquée pendant la guerre de
Cent Ans, en raison de la rareté de la main-d'œuvre. La réserve est un
élément d'autant plus important dû train de vie familial des maîtres
qu'el

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