La démographie et les dimensions des sciences de l homme - article ; n°3 ; vol.15, pg 493-523
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 3 - Pages 493-523
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Fernand Braudel
La démographie et les dimensions des sciences de l'homme
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 3, 1960. pp. 493-523.
Citer ce document / Cite this document :
Braudel Fernand. La démographie et les dimensions des sciences de l'homme. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
15e année, N. 3, 1960. pp. 493-523.
doi : 10.3406/ahess.1960.421623
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_3_421623CHRONIQUE DES SCIENCES SOCIALES
La démographie
et les dimensions
des sciences de l'homme
mettre T même, -^ Je 'histoire crois sur en aujourd'hui les utile cause différentes que de les le nous redire, données c'est sciences défendons, l'ensemble au et seuil orientations de l'homme; de dans cette ces cette sciences essentielles chronique et, plus revue, qui que qui des se nous l'histoire se études veut propose préoccupe. ouverte démogelle- de
raphiques, en les considérant, elles aussi, de ce point de vue d'ensemble,
et non du point de vue de la seule histoire.
Que l'on se rassure : je ne veux pas, par ce biais, entreprendre le
procès facile d'un certain démo graphisme, explication impérialiste,
unilatérale, souvent hâtive de la réalité sociale. Chaque science, surtout
si elle est jeune ou, ce qui revient au même, rajeunie, s'efforce de soulever
l'ensemble du social et de l'expliquer à elle seule. Il y a eu, il y a encore
un économisme, un géographisme, un sociologisme, un historicisme ; tous,
impérialismes assez naïfs, dont les prétentions sont cependant naturelles,
voire nécessaires : pendant un certain temps du moins, cette agressivité
a eu ses avantages. Mais peut-être, aujourd'hui, conviendrait-il d'y
mettre un terme ?
Sans doute, le mot de science auxiliaire est-il celui qui gêne, ou irrite
le plus les jeunes sciences sociales. Mais, dans mon esprit, toutes les
sciences de l'homme, sans exception, sont auxiliaires, tour à tour, les
unes des autres et, pour chacune d'elles, il est licite (du point de vue
personnel, mais non exclusif, qui est et doit être le sien) de domestiquer,
à son usage, les autres sciences sociales. Il n'est donc pas question de
hiérarchie, fixée une fois pour toutes, et si je n'hésite pas, pour ma part,
du point de vue égoïste qui est le mien, à ranger la démographie parmi
les sciences auxiliaires de l'histoire, je souhaite que la démographie
considère l'histoire comme une, entre quelques autres, de ses sciences
493 ANNALES
auxiliaires. L'essentiel est que toutes les explications d'ensemble s'ha
rmonisent, finissent par se rejoindre; qu'elles esquissent au moins un
rendez- vous.
C'est à cette hauteur que je souhaite placer le présent dialogue avec
nos collègues et voisins démographes, et non pas, je m'en excuse auprès
de Louis Henry et de René Baehrel, au niveau des discussions sur les
méthodes. Je ne nie pas un instant la valeur, en soi, des méthodes et
ne partage qu'à demi les colères de Lucien Febvre1 contre les inte
rminables querelles qu'elles suscitent d'ordinaire. Tout de même, « au
sommet », ce ne sont pas seulement les méthodes, ou les moyens, qui compt
ent, mais les résultats et, plus encore, l'interprétation, la mise en œuvre de
ces résultats, en un mot, ce par quoi on peut corriger au besoin plus
d'une erreur due à la méthode.
C'est donc de l'orientation générale des sciences de l'homme qu'il
sera question dans la présente chronique. Un tel propos m' oblige à choisir
mes interlocuteurs et, pratiquement, à sortir plus qu'à moitié de l'étroite
et insuffisante actualité bibliographique. Je crois que les retours en
arrière que ce point de vue m'impose ne seront pas inutiles. Il n'est
jamais trop tard pour parler des œuvres importantes.
Les « Seuils » d'Ernst Wagemann
Bien que ce ne soit ni tout à fait juste, ni très commode, (à ma connais
sance aucune revue critique ne l'a tenté chez nous) présentons, en premier
lieu, les travaux autoritaires, irritants aussi, d'Ernst Wagemann. A les
aborder, une première difficulté peut nous arrêter : il est malaisé de se
reconnaître avec exactitude dans ces premières éditions, rééditions,
traductions, ampliations, résumés sélectifs, articles repris dix fois de
suite pour des moutures différentes, transpositions ou répétitions inté
grales...2. Cependant au milieu de ces redites, un sondage doit suffire et,
1. « A chacun de faire sa méthode », m'écrivait-il dans une note que j'ai sous les
yeux. « On n'a pas besoin d'expert pour cela. Si l'on n'est pas fichu de s'en fabriquer
une de méthode, lascia la storia... »
2. Mme Use Deike, ancienne élève de l'Ecole des Hautes Etudes, me fait parvenir
la liste suivante des ouvrages d'Ernst Wagemann que je crois utile de reproduire.
Elle introduit un peu d'ordre dans les publications multiples de notre auteur :
Die Nahrungswirtschaft des Auslandes, Berlin, 1917; Allgemeine Geldlehre/Î, Berlin,
1923; Einfuhrung in die Konjunkturlehre, Leipzig, 1929; Struktur und Rhythmus der
Weltwirtschaft. Grundlagen einer weltwirtschaftlichen Konjunkturlehre, Berlin, 1931 ;
Geld und Kreditreform, Berlin, 1932; Was ist Geld ? Oldenburg, 1932; Narrenspiegel
der Statistik. Die Umrisse eines statistischen Weltbildes, lre édition, Hamburg, 1935;
494 LA DÉMOGRAPHIE
en tout cas, nous suffira. Il mettra surtout en cause deux ouvrages dont
j'ai pris connaissance, il y a longtemps, à Santiago-du-Chili où leur
apparition, en 1949 et 1952, avait fait un certain bruit, non sans raison.
Le premier, traduit de l'allemand en espagnol, s'intitule La population
dans le destin des peuples1; le second, L'économie mondiale1, semble,
en espagnol, une première édition, mais reprend des passages entiers
du précédent, ainsi que d'autres publications antérieures. J'aurai recours
également au petit volume paru en 1952, peu avant la mort de Wage-
mann (1956), dans la vaste collection de la librairie Francké, à Berne,
Die Zalil als Detektiv 3 et qui, lui aussi, est une réédition, mais, en même
temps, un chef-d'œuvre de clarté. Ce livre où Sherlock Holmes s'entre
tient, avec son bon ami le Dr Watson, de chiffres, de statistiques, d'ordres
de grandeur économique, comme s'il s'agissait d'autant de coupables
ou de suspects — ce livre témoigne, mieux qu'un autre, de la maîtrise
et de l'agilité, parfois désinvoltes, d'un guide qui pense avoir dégagé,
à travers les complications de la vie sociale, une piste d'où les choses,
vues de très haut, peuvent s'ordonner selon les seules déductions de
l'intelligence et du calcul.
Ajoutons, pour compléter notre présentation, qu'Ernst Wagemann,
comme le savent tous les économistes, a été, avant la seconde guerre
mondiale, le directeur du célèbre Konjunktur Institut de Berlin. Après
la débâcle, il prit le chemin du Chili dont, comme de nombreux Alle
mands, il était originaire. L'occasion lui fut donnée d'occuper, durant
quelques années, jusqu'en 1953, une chaire à l'Université de Santiago,
ce qui expliquerait, si nécessaire, les publications chiliennes que j'ai
signalées. Mais ce sont les œuvres, non l'homme, que nous voulons mettre
en cause.
Des œuvres, en vérité, hâtives, écrites à la diable, inachevées,
fiévreuses, amusées, amusantes, sinon toujours très raisonnables. Sur
le plan de l'histoire, assez banales, voire franchement médiocres, mais
ne suscitant jamais l'ennui. Dans le premier des ouvrages cités, La
population dans le destin des peuples, les cent cinquante premières
pages ont de la tenue et une certaine grandeur : cet économiste de fo
rmation s'y veut démographe, et démographe passionné, novateur.
2e édition, Hamburg, 1942; Wirtschaftspoliiische Strategie. Von den obersten Grund-
sutzen wirtschaftlicher Staatskunst, lre édition, 1937; 2e édition, Hamburg, 1943 ;
Die Žahl als Detektiv. Heitcre Plauderei uber geivichtige Dirige, lre édition. Hamburg,
1938; 2e édition, Hamburg, 1952; Der neue Balkan, 1939; Wo kommt das viele Geld
her? Geldschôpfung und Finanzlenkung in Krieg und Frieden, Diisseldorf, 1940; Mens-
chenzahl und Vôlkerschicksal. Eine Lehre von den optimalen Dimensionen gesellschaft-
licher Gebilde, Hamburg, 1948; Ben'ihmte Denkf elder der Nati

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