La fête au village - article ; n°1 ; vol.17, pg 73-84

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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1977 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 73-84
Das Fest auf dem Dorfe Die Beobachtung der lokalen Feste in der Mayenne erlaubt es, die Veränderungen Aufzuzeigen, die die Welt der Bauern durchmachte. Der Ubergang von einem Dorffest, an dem aile Bewohner teilnahmen, zu einem Gemeindefest mit seinen Schaustellern und seinen Zuschauern ergibt sich aus der Verbreitung der städtischen Sichtweise der Bauern unter den Bauern. Die Organisation von stilechten «alten Festen», in denen man die Bauern dazu bringt, sich selbst zu spielen, ist dabei sicher ein Grenzfall. Die Mischung aus Ernst und Burleske, die die Vorstellungen kennzeichnet, die die Bauern von sich selbst haben, beweist jedoch die Doppeldeutigkeit einer Situation, in der sie nicht recht wissen, ob sie sich selbst oder andere darstellen. Suchen die Bauern, die der Macht, ihre eigene Identität zu definieren, beraubt sind und die fast immer von anderen die Definition dessen, was sie sein sollten, erhalten, nicht in dieser Rückkehr zu ihrem Ursprung in den Festen eine eigene soziale Identität ?
The Village Fete By observing local fetes in Mayenne the author was able to ascertain the effects of the transformations which have taken place in the world of the peasants. The change from the village fete, in which ail the inhabitants participate, to the communal fete, which, with its distinction between actors and spectators, is more like a show, can be correlated with the spread within the peasant milieu of the townsman's image of the peasantry. The organization of «fetes a l'ancienne», in which the peasants are encouraged to play themselves, is doubtless an extreme case. All the same, the mixture of serious and burlesque in the sketches that the peasants present of their way of life reveals the ambiguity of a situation in which they do not always know if they are playing at being themselves or at being someone else. They have been deprived of a hold on the social definition of their identity, and it is almost always from others that they receive the definition of what they ought to be. Through these fetes, then, the peasants return, as it were, to their origins ; are they not seeking in this way to recover a social identity of their own ?
L'observation de fêtes locales en Mayenne permet de saisir les effets des transformations qui ont affecté le monde paysan. Le passage de la fête villageoise à laquelle tous les habitants participent à la fête communale qui se rapproche plus d'un spectacle avec ses acteurs et ses spectacteurs est corrélatif de la diffusion en milieu paysan de la représentation citadine de la paysannerie. L'organisation de «fêtes à l'ancienne» dans lesquelles les paysans sont amenés à se jouer eux-mêmes représente sans doute un cas limite. Cependant le mélange de sérieux et de burlesque qui caractérise les représentations que les paysans se font de leur mode de vie, témoigne de l'ambiguïté d'une situation dans laquelle ils ne savent pas toujours s'ils jouent à être eux-mêmes ou à être un autre. Privés de la maîtrise de la définition sociale de leur identité, les paysans qui reçoivent presque toujours des autres la définition de ce qu'ils doivent être, ne cherchent-ils pas, par ces fêtes, à retrouver, en revenant aux origines, une identité sociale qui leur soit propre ?
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
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Publié le

01 janvier 1977

Nombre de lectures

77

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

Monsieur Patrick Champagne
La fête au village
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 17-18, novembre 1977. pp. 73-84.
Citer ce document / Cite this document :
Champagne Patrick. La fête au village. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 17-18, novembre 1977. pp. 73-84.
doi : 10.3406/arss.1977.2577
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1977_num_17_1_2577Résumé
L'observation de fêtes locales en Mayenne permet de saisir les effets des transformations qui ont
affecté le monde paysan. Le passage de la fête villageoise à laquelle tous les habitants participent à la
fête communale qui se rapproche plus d'un spectacle avec ses acteurs et ses spectacteurs est corrélatif
de la diffusion en milieu paysan de la représentation citadine de la paysannerie. L'organisation de
«fêtes à l'ancienne» dans lesquelles les paysans sont amenés à se jouer eux-mêmes représente sans
doute un cas limite. Cependant le mélange de sérieux et de burlesque qui caractérise les
représentations que les paysans se font de leur mode de vie, témoigne de l'ambiguïté d'une situation
dans laquelle ils ne savent pas toujours s'ils jouent à être eux-mêmes ou à être un autre. Privés de la
maîtrise de la définition sociale de leur identité, les paysans qui reçoivent presque toujours des autres la
définition de ce qu'ils doivent être, ne cherchent-ils pas, par ces fêtes, à retrouver, en revenant aux
origines, une identité sociale qui leur soit propre ?
Abstract
The Village Fete
By observing local fetes in Mayenne the author was able to ascertain the effects of the transformations
which have taken place in the world of the peasants. The change from the village fete, in which ail the
inhabitants participate, to the communal fete, which, with its distinction between actors and spectators,
is more like a show, can be correlated with the spread within the peasant milieu of the townsman's
image of the peasantry. The organization of «fetes a l'ancienne», in which the peasants are encouraged
to play themselves, is doubtless an extreme case. All the same, the mixture of serious and burlesque in
the sketches that the peasants present of their way of life reveals the ambiguity of a situation in which
they do not always know if they are playing at being themselves or at being someone else. They have
been deprived of a hold on the social definition of their identity, and it is almost always from others that
they receive the definition of what they ought to be. Through these fetes, then, the peasants return, as it
were, to their origins ; are they not seeking in this way to recover a social identity of their own ?
Zusammenfassung
Das Fest auf dem Dorfe
Die Beobachtung der lokalen Feste in der Mayenne erlaubt es, die Veränderungen Aufzuzeigen, die die
Welt der Bauern durchmachte. Der Ubergang von einem Dorffest, an dem aile Bewohner teilnahmen,
zu einem Gemeindefest mit seinen Schaustellern und seinen Zuschauern ergibt sich aus der
Verbreitung der städtischen Sichtweise der Bauern unter den Bauern. Die Organisation von stilechten
«alten Festen», in denen man die Bauern dazu bringt, sich selbst zu spielen, ist dabei sicher ein
Grenzfall. Die Mischung aus Ernst und Burleske, die die Vorstellungen kennzeichnet, die die Bauern
von sich selbst haben, beweist jedoch die Doppeldeutigkeit einer Situation, in der sie nicht recht wissen,
ob sie sich selbst oder andere darstellen. Suchen die Bauern, die der Macht, ihre eigene Identität zu
definieren, beraubt sind und die fast immer von anderen die Definition dessen, was sie sein sollten,
erhalten, nicht in dieser Rückkehr zu ihrem Ursprung in den Festen eine eigene soziale Identität ?Patrick champagne tafele
au village
Ce chassé-croisé entre les valeurs d'hier et
celles d'aujourd'hui, entre les pratiques «tradition
nelles» (ou perçues comme telles) du groupe villa
geois et les pratiques importées de «l'extérieur»
se laisse assez bien saisir dans l'évolution récente villageoise» extérieur» traits échapper, entrecroisements Les des de qui des ces analyses, ruraux paysans décrivent culturels concepts le ou au en à à plus à les bien et mode termes l'économie essentiellement la les souvent, particulièrement «société transformations des jeux de égards d'« vie ouverture» de englobante» du de citadin, «urbano-centriques» miroirs fait marché, métaphoriques, de de complexes etc.- qui au l'utilisation la -ouverture ouverture s'instau«société «monde laissent les de des diverses fêtes locales parce que c'est dans la
fête que le groupe villageois exprime son unité et
son intégration et que les changements qui l'affec
tent ne peuvent pas ne pas apparaître dans ce mo
ment fort de la vie du groupe ( 1 ) .
rent entre des systèmes de valeurs différents sinon
opposés. Jusqu'à ces dernières années, l'opposition
relativement simple entre le «moderne», et l'«ar-
chaïque», le «rentable» et le «routinier» était au
principe de la plupart des représentations de la
campagne et s'imposait souvent aux paysans eux- Village en fête ou fête au village ? mêmes qui dans les années cinquante cédaient leurs
L'«assemblée communale» était l'expression par vieux meubles de famille (vaisseliers, armoires, etc.)
laquelle la population désignait, avant la dernière à des antiquaires ou à des brocanteurs en échange
guerre, la fête de la commune, marquant ainsi clade meubles en «formica», symbole, à leurs yeux,
irement la nature profonde d'une fête qui regroude la modernité. Cette opposition est aujourd'hui
pait de façon presque exclusive les habitants de la brouillée sinon remplacée par une autre, inverse de
commune. Elle se tenait au mois de mai à une date la précédente, qui valorise le passé, la «nature» et
liée au calendrier religieux (le dimanche qui suivait l'agriculture traditionnelle (courant écologique et
la Fête-Dieu) qui, avec le calendrier agraire, rythagriculture biologique) et les «pays» au sens archaï
mait la plus grande partie de la vie collective du que du terme (revendications régionalistes) contre
village. Cette fête, essentiellement locale, laissait le «rendement» de la civilisation industrielle, l'«u-
peu de place au monde extérieur. Seuls venaient de nivers en béton» de la société urbaine et le centra
l'extérieur les forains (stand de tir à la carabine, lisme jacobin et unificateur de l'Etat français. Un
balançoires et manèges) et les artificiers qui tiraient tel revirement des valeurs dominantes ne peut pas
le feu d'artifice du dimanche soir ; encore s'agissait-il ne pas mettre dans l'embarras culturel nombre de
de forains résidant depuis toujours dans le départepaysans auxquels on demande d'adorer aujourd'hui
ment. La fête qui se déroulait pendant toute la ce qu'on leur conseillait, il y a quelques années en
journée et qui commençait par le «réveil» sonné core, de brûler. Garder une vieille cheminée, mais
par la fanfare de la commune comprenait surtout de façon purement décorative avec de fausses bû
des jeux, installés aux quatre coins du bourg, qui ches à l'intérieur, faire reproduire par un menuisier
étaient prétextes à défis, à compétitions ou à plaidu village des meubles de style rustique dont le mod
santeries entre les membres du groupe villageois. èle est emprunté à un catalogue de ventes par
correspondance, reléguer dans une cave, pour lais
ser la place à des meubles modernes de série, une 1— Les notes qui suivent sont tirées d'une enquête menée armoire ancienne à laquelle on confère encore depuis 1972 dans le département de la Mayenne et, en par
cependant une valeur affective (ce sont des meub ticulier, dans un village de 750 habitants environ, essentie
llement agricole (St Pierre-sur-Béhier) situé au nord du les de famille) et une valeur symbolique, parce
département. Il va de soi que les données qui suivent ne conque l'on sait le goût des citadins pour ces meubles, cernent que cette région dont on a recensé, dans un article telles sont quelques unes des pratiques où se lai précédent, les principales caractéristiques, cf. La restructussent voir comment les paysans essaient de concilier ration de l'espace villageois, Actes de la recherche en
l'inconciliable. sciences sociales , n°3 , mai 1975, pp. 43-67. :
Patrick Champagne 74
départementales de la commune et, vers 1955, on assiste à Outre le mât de cocagne, jeu

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