La fraude forcée - article ; n°1 ; vol.118, pg 81-91
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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1997 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 81-91
No choice but to cheat The prevailing laissez-faire discourse which advocates relieving the marketplace of the legal constraints in the form of labor laws that presently weigh it down masks the way in which State intervention works in opposite directions on behalf of the same world view The flexibility of the workforce and the lower labor costs increasingly demanded by the capitalist visionaries due to the political configuration very much in their favor go hand in hand with an ever closer surveillance of
La fraude forcée Le discours libéral actuellement dominant selon lequel il faudrait libérer le marché des contraintes du droit qui encombrent en termes de droit du travail masque la manière dont tat inter vient dans deux directions différentes au service une même vision du monde En effet la flexibilité et la baisse du coût du tra vail réclamées de manière de plus en plus récurrente par les idéologues du capitalisme en raison de la configuration poli tique qui leur est très favorable vont de pair avec un contrôle de plus en plus étroit des catégories sociales ui ne participent pas
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Sandrine Garcia
La fraude forcée
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 118, juin 1997. pp. 81-91.
Citer ce document / Cite this document :
Garcia Sandrine. La fraude forcée. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 118, juin 1997. pp. 81-91.
doi : 10.3406/arss.1997.3224
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1997_num_118_1_3224Zusammenfassung
Das forcierte Mogeln.
Der gegenwärtig dominante liberale Diskurs, demzufolge nötig sei, den Markt von rechtlichen Zwängen
zu befreien, die ihn namentlich in Gestalt des Arbeitsrechts einengten, verschleiert das besondere
Vorgehen, in dem der Staat im Dienste ein und derselben Idee in zweifacher Richtung interveniert. In
der Tat geht dank einer günstigen politischen Konstellation die von den « Ideologen des Kapitalismus »
mit immer größerer Dringlichkeit geforderte Flexibilität, sowie die Senkung der Lohnkosten, mit einer
zunehmend strengeren Kontrolle derjenigen sozialen Kategorien einher, die nicht an diesem, als einzig
mögliche Realität dargestellten « ökonomischen Krieg » teilnehmen. So werden implizit die als « rigide
» beurteilten Regeln, soweit es sich um den Schutz des Wertes der Arbeit handelt, dem Allgemeinwohl
zugerechnet, um den Einzelnen den Zugang zu ihren Rechten, einschließlich demjenigen der Arbeit, zu
ermöglichen : Derart sind in vielen Situationen und sehr unterschiedlichen sozialen Kontexten, für die
wir hier nur einige Beispiele anführen konnten, die Bedingungen der Ausübung der Arbeit und der
Zugang zu den Rechten auf eine dermaßen restriktive Weise gehandhabt, daß die Einzelnen, um nur
einfach einen minimal dezenten Lebensstandard behaupten zu können, sich zwischen einer Unzahl von
Hindernissen, einzig allein dazu gedacht, die staatliche Verantwortung für sie von ihnen abzuziehen,
hindurchzulavieren haben. Fortwährend sind sie zur überschreitung des Grenzbereichs zwischen
Legalität und Illegalität genötigt. Ein derart forciertes Mogeln ist zur Vermeidung eines Abstiegs, durch
den die ara meisten Benachteiligten entgültig den sozialen Anschluß verlieren würden, notwendig, so
wie er den Zutritt zur, wiewohl prekären, Beschäftigung in privilegierten Bereichen, wie dem der
Universität, ermöglicht.
Abstract
No choice but to cheat.
The prevailing laissez-faire discourse which advocates relieving the marketplace of the legal
constraints, in the form of labor laws, that presently weigh it clown masks the way in which State
intervention works in opposite directions on behalf of the same world view. The flexibility of the
workforce and the lower labor costs increasingly demanded by the « capitalist visionaries », due to the
political configuration very much in their favor, go hand in hand with an ever closer surveillance of social
groups having no part in this «economie war », which is currently presented as the only possible reality.
As a consequence, regulations regarded as «rigid» when it cornes to protecting the value of labor, are
implicitly seen as being in the general interest in order to provide access to entitlements, including the
right to work : the result is that, in many situations, and in very different social contexts, of which we cite
only a few examples, the conditions set out for taking a job or for access to entitlements are so
restrictive that, in order simply to maintain a decent standard of living, individuals are often forced to
circumvent obstacles whose only purpose is to free the State from its commitments to them. They are
constantly obligee! to cross the boundary between legality and illegality. This « forced fraud » is
essential if the most disadvantaged are to avoid slipping into social disenfranchisement ; however it also
provides an access to jobs, however, precarious, in privileged situations such as the university.
approaching the problem in terms of economic, symbolic, physical, etc. capitals, in an attempt to
understand how the homeless are distributed in the network. The article ends with the modalities for
exiting the shelter network, and draws a connection between the difficulties encountered by the
homeless and the broa-der problem of housing for the popular classes.
Résumé
La fraude forcée.
Le discours libéral, actuellement dominant, selon lequel il faudrait libérer le marché des contraintes du
droit qui l'encombrent en termes de droit du travail, masque la manière dont l'État intervient dans deux
directions différentes, au service d'une même vision du monde. En effet, la flexibilité et la baisse du coût
du travail, réclamées de manière de plus en plus récurrente par les « idéologues du capitalisme » en
raison de la configuration politique qui leur est très favorable, vont de pair avec un contrôle de plus en
plus étroit des catégories sociales qui ne participent pas à cette « guerre économique » aujourd'hui
présentée comme la seule réalité possible. Aussi les règles qui sont jugées « rigides » lorsqu'il s'agit de
protéger la valeur du travail, sont-elles mises implicitement au compte de l'intérêt général pourpermettre aux individus l'accès à leurs droits, y compris celui du travail : c'est ainsi que dans nombre de
situations et dans des univers sociaux très différents, dont nous n'avons pris que quelques exemples,
les conditions d'exercice du travail ou d'accès aux droits sont tellement restrictives que les individus
pour maintenir un niveau de vie seulement décent, doivent louvoyer entre des obstacles qui ont pour
seul but le désengagement de l'État à leur égard. Ils sont obligés sans cesse de franchir les limites qui
séparent la légalité de l'illégalité. Cette fraude forcée est essentielle pour éviter aux plus défavorisés un
déclin qui aurait pour effet leur désaffiliation sociale mais elle conditionne aussi l'accès à l'emploi, même
précaire, dans des lieux privilégiés comme l'université.:
,
Sandrine Garcia
LA FRAUDE FORCÉE
point une telle logique ne fait que renforcer la puisd'analyse e travail a sur pour des objet catégories d'apporter particulières des éléments d'indi sance des détenteurs de capital économique au prix
d'une paupérisation générale et d'un contrôle social de vidus, qui, par leur situation, sont souvent obli
ceux qui subissent le plus l'inégale répartition des gées de franchir les frontières parfois minces entre le
richesses. Nous voulons montrer, à partir de situations légal et l'illégal. Perçus généralement comme des frau
concrètes, comment l'État intervient sur la répartition deurs ou des gens qui «abusent du système», ces
des richesses sociales en faveur de ceux qui sont déjà acteurs ne transgressent en réalité les règles fixées par
privilégiés et comment les aides qu'il prodigue aux l'État que parce qu'ils se heurtent à des contraintes
autres ne font que pérenniser leur maintien en dehors imposées par les catégories édictées par l'État et qui
de véritables positions sociales, au prix d'une dépensont telles que la transgression devient la seule solution
dance vis-à-vis de l'État, qui les met en situation d'oblipossible. Son enjeu varie très fortement en fonction des
gés, situation peu propice à la mise en question d'un propriétés des individus et de la place qui leur est ass
ordre qui ne tolère les pauvres qu'à condition qu'ils se ignée dans l'espace social pour ceux qui sont situés à
contentent de la charité publique et n'exigent pas le la lisière de la paupérisation, ajouter à leur RMI des re
droit au travail inscrit dans la Constitution. ssources issues d'un travail clandestin leur permet
de n'être pas entièrement réduits au strict minimum.
Pour d'autres, il s'agit d'éviter la «clochardisation», qui
La définition guette plus particulièrement ceux qui, ayant moins de
de la pauvreté légitime 25 ans, n'ont pas le droit au RMI et qui sont « mis à la
porte » par des parents eux-mêmes livrés à des formes
Victimes à la fois d'une logique productiviste qui de précarisation multiples interdisant la solidarité
gagne à se passer de main-d'œuvre, et des catégories domestique la plus élémentaire. Mais dans des univers
construites par l'État dans le traitement social de la beaucoup plus privilégiés que celui des bénéficiaires
misère ou tout simplement des formes de soutien à du RMI, comme par exemple au sein de l'université,
« tricher » devient la seule mani

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