La mesure du développement intellectuel chez les jeunes délinquantes - article ; n°1 ; vol.18, pg 341-361
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 341-361
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Sullivan
La mesure du développement intellectuel chez les jeunes
délinquantes
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 341-361.
Citer ce document / Cite this document :
Sullivan . La mesure du développement intellectuel chez les jeunes délinquantes. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp.
341-361.
doi : 10.3406/psy.1911.3861
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3861XIII
LA MESURE DU DÉVELOPPEMENT INTELLECTUEL
CHEZ LES JEUNES DÉLINQUANTES.
L'étude des facteurs biologiques de la criminalité a été très à
la mode depuis quelques années ; et, quoiqu'on ne puisse pas
dire que les recherches anthropologiques, si soigneusement
poursuivies sur la population des prisons, aient abouti à des
résultats en rapport avec le zèle et l'ingéniosité des inves
tigateurs, cette étude a du moins rendu le grand service
de faire comprendre toute l'importance de l'individualité
du criminel dans le problème bio-sociologique du crime. Ce
service ne semblera pas diminué du fait que nous ne concevons
plus ces facteurs biologiques de la même façon que lors des
premiers travaux de l'école italienne. Sans reprendre à
nouveau les débats, quelquefois assez chaleureux, qui ont
eu lieu sur ces questions, nous pouvons dès maintenant
admettre que l'étude des faits a donné pleinement raison aux
savants qui, comme M. Manouvrier, ont soutenu non
seulement qu'il n'existe pas un type anatomique du criminel,
mais aussi pas et ne peut pas exister une mentalité
de criminel, sauf naturellement dans le même sens qu'on peut
dire qu'il existe une mentalité de médecin ou une
d'avocat. Et en effet, l'objection la plus forte qu'on puisse
adresser à ceux qui cherchent à identifier la criminalité avec
l'aliénation ou qui veulent tout au moins établir une parenté
entre ces conditions comme représentant, toutes les deux,
des manifestations d'une incapacité d'adaptation sociale, c'est
justement que la criminalité dans sa forme la plus ordinaire,
c'est-à-dire le vol, dans le sens le plus large du mot, est un
moyen de gagner sa vie; la criminalité peut être, et dans la
plupart des cas elle se trouve être, l'expression d'une impulsion
saine et normale dont la direction spéciale n'a été déterminée
que par des causes sociales. Le fait même que nous parlons de 342 MÉMOIRES ORIGINAUX
criminels professionnels, suffit à montrer jusqu'à quel point
nous reconnaissons une dififérence essentielle de caractère entre
les deux phénomènes. Mais tout de même, s'il n'y a pas lieu de
croire à la réalité d'un type biologique de criminel, on peut
admettre que bien souvent les états d'anormalité psychique
doivent créer une prédisposition aux actes anti-sociaux, et que
par conséquent les anormaux doivent se trouver plus nom
breux parmi les criminels que dans la population générale. C'est
au reste ce qu'on reconnaît maintenant dans les administrations
pénitentiaires de tous les pays. Et il y a plus : avec la tendance
actuelle des civilisations modernes à améliorer les conditions
sociales et à diminuer les diverses causes, telles par exemple
que l'abandon moral de l'enfance, qui font dévier les individus
normaux dans la carrière du crime, avec en outre des moyens
plus efficaces pour l'identification des criminels, il paraît assez
probable que cet élément pathologique dans la criminalité aura
dans l'avenir une importance croissante, du moins en ce qui
regarde la criminalité ouverte et reconnue, autant dire la
criminalité des moins compétents, la criminalité qui échoue.
Quoi qu'il en soit du fond même de la question, nous
pouvons donc affirmer dès à présent que, parmi les criminels
qui se trouvent dans nos prisons, il est vraisemblable qu'il y
en a un nombre assez considérable qui sont très mal doués au
point de vue mental, soit du côté intellectuel, soit du côté
affectif; et pour des raisons administratives et pratiques d'une
valeur évidente et incontestable, il serait très désirable de
pouvoir séparer ces individus du reste de la population
pénitentiaire pour leur appliquer des moyens de traitement
mieux en rapport avec leur état psychique que ne le serait
la discipline pénale ordinaire. Ces raisons se font valoir
actuellement d'une façon spéciale chez nous en Angleterre,
par suite du changement que subit le régime pénitentiaire
en devenant de plus en plus réformateur plutôt que répressif
et vindicatif. Cette tendance, dont la création du système
Borstal pour le traitement correctif des adolescents criminels
est une expression si heureuse, demande naturellement une
connaissance préalable de l'état psychique des individus qu'on
pense soumettre au traitement puisqu'aussi bien elle exprime
l'intention d'éliminer les sujets qui, à cause de leur débilité
mentale, seraient incapables de profiter des influences réformat
rices. Pour remplir ce besoin, il faut évidemment des
méthodes d'examen pratiques qui puissent fournir les bases SULLIVAN. — NIVEAU INTELLECTUEL DE DÉLINQUANTES 343
objectives d'une appréciation de cette débilité dans la sphère
intellectuelle et dans la sphère affective. Eh ce qui concerne
l'affectivité, dont l'étude présente des difficultés si énormes,
nous ne possédons malheureusement pas encore de telles
méthodes, et c'est à peine si nous pouvons même prévoir la
possibilité d'en trouver, jusqu'à ce que nous ayons des
indications plus précises et plus nombreuses pour nous
orienter dans cette question obscure- C'est un fait regrettable,
car dans l'étude de la criminalité il faut supposer qu'il doit
s'agir plus souvent, dans les cas pathologiques, des anomalies
de la volonté et des émotions que des anomalies intellectuelles.
Mais nous devons laisser à l'avenir le soin de remplir cette
lacune. Relativement à l'intelligence, il en est autrement,
et, du point de vue pratique où nous nous plaçons ici, nous
possédons déjà, il me semble, dans la méthode de MM. Binet
et Simon un instrument admirablement adapté aux besoins de
ce que nous pourrions appeler la clinique pénitentiaire. C'est
pour montrer l'application de cette méthode à l'examen des
criminels que j'ose soumettre ce présent article aux lecteurs de
{Année psychologique. Ce faisant, je dois d'abord exprimer
mes sentiments de vive reconnaissance de la réponse si
généreuse que m'ont faite un maître regretté et M. Simon
quand je me suis adressé à eux pour me renseigner sur la
pratique de leur ingénieux système. La bienveillance que
M. Binet m'a témoignée et sa bonne volonté à me laisser
prendre sur son temps si précieux — encore plus précieux,
hélas, parce qu'il devait être si court — me laissera toujours
un souvenir, à la fois heureux et triste. Je dois aussi exprimer
aux collaborateurs de MM. Binet et Simon, à Mlle Giroud et à
M. Vaney, mes remerciements les plus cordiaux pour les cons
eils et les instructions qu'ils m'ont si gracieusement donnés.
Cette étude a été poursuivie dans mon service à la prison de
Holloway, maison qui reçoit toutes les prisonnières, soit
prévenues, soit condamnées, des cours de Londres, soit environ
une moyenne annuelle de 20000 femmes. Parmi ces détenues,
qui représentent assez bien toutes les formes de la criminalité
féminine, j'ai choisi une série de jeunes filles, âgées pour la
plupart de 16 à 25 ans, et je les ai examinées au point de vue
de l'intelligence par la méthode de MM. Binet et Simon. Les
tests ont été traduits soigneusement en anglais, en conservant
à chaque épreuve autant que possible le même degré de ygs
344 MEMOIRES ORIGINAUX
difficulté que dans l'échelle française, et l'examen a été fait en
suivant rigoureusement les conditions indiquées par les
auteurs. Puisqu'il s'agissait surtout de déterminer les diff
érences qui pourraient exister quant au niveau intellectuel
entre les délinquantes et les jeunes filles non criminelles du
même âge et de la même position sociale en Angleterre, il n'y
avait pas d'inc

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