La recherche-action - article ; n°2 ; vol.4, pg 179-193
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Description

Déviance et société - Année 1980 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 179-193
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

W. E Van Trier
La recherche-action
In: Déviance et société. 1980 - Vol. 4 - N°2. pp. 179-193.
Citer ce document / Cite this document :
Van Trier W. E. La recherche-action. In: Déviance et société. 1980 - Vol. 4 - N°2. pp. 179-193.
doi : 10.3406/ds.1980.1758
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1980_num_4_2_1758Déviance et Société, Genève, 1 980, vol. 4, No 2, p. 1 79-193
Actualités bibliographiques.
LA RECHERCHE-ACTION*
W.E. VAN TRIER **
La quasi-totalité des textes sur la recherche-action présentent
celle-ci comme une méthode, ayant une spécificité particulière. La
spécificité de la recherche-action serait due au fait qu'en entreprenant
une telle recherche le chercheur intervient d'une manière active l sur le
terrain étudié et qu'il vise, par cette intervention même, un objectif
double : premièrement, produire du changement social, afin d'atteindre
un but pratique, fixé d'avance; deuxièmement, produire de l'info
rmation nouvelle, en vue d'un élargissement des connaissances scientifi
ques du terrain concerné 2. Bien qu'au premier abord, cette définition
soit assez claire, elle ne fait pas de la recherche-action une chose très
différente des autres pratiques de recherche.
En effet, cette définition ne rend pas compte du fait que tout
processus de recherche — expérimentale ou sur le terrain — engendre un de communication 3 , ayant des effets pragmatiques aussi bien
sur les participants que sur le contexte social de la recherche 4 . Dès
qu'on analysera ces effets sociaux à partir du paradigme de la pragmat
ique de la communication, la force de distinction de la définition
donnée plus haut deviendra nulle. Et le concept de recherche-action
sera forcé de devenir un "mot-caoutchouc" d'une élasticité telle qu'il
sera pratiquement impossible d'exclure aucune expérience de recherche
du champ de la recherche-action.
Alors, la seule possibilité de limiter le champ de la recherche-
action consistera dans l'application des restrictions proposées par T.
Mathiesen 5 . C'est-à-dire : spécifier en plus que, dans chaque processus
* Ce texte a été rédigé à partir d'une recherche sur la "Méthodologie de la recherche-action**,
en collaboration avec V. Westra et sous la direction de J. Hilliet et A. Martens.
Ce projet fait partie d'un Programme National de Recherches en Sciences Sociales, financé
par le Ministère de la Politique Scientifique.
** Katholieke Universiteit Leuven.
179 de recherche, conceptualisé comme un système de feed-back entre
action sociale et systématisation d'information, l'accent devrait être mis
sur le côté "action", aussi bien en ce qui concerne la motivation initiale
de l'intervention qu'en ce qui concerne l'usage des connaissances pro
duites.
Néanmoins, et même après une opération de ce type, le champ de
la recherche-action restera très hétérogène. Il comprendra des courants
aussi divers que l'approche classique de Tavistock 6, le social analysis
de E. Jacques et R. Rowbottom 7 , l'analyse institutionnelle de R.
Lourau et G. Lapassade 8 , la sociopsychanalyse de G. Mendel 9 , la
conscientization method de P. Freire et appliquée par O. Negt * ° , le
community development approach des Anglais R. Lees et G. Smith 1 1 ,
la sociologie permanente d'A. Touraine * 2 , et peut-être même l'appro
che organisationnelle de M. Crozier et E. Friedberg l s .
Gela dit, il convient d'ajouter que cet aperçu bibliographique se
fixe des objectifs plus modestes que de vouloir traiter à fond les
questions théoriques soulevées ci-dessus, ou de vouloir donner un
aperçu de toute la panoplie offerte par le champ de la recherche-action.
La portée de ce texte est doublement limitée. En premier lieu, il
prend pour cible la littérature sur la recherche-action, publiée en
langue allemande après 1972 1 4. Ce choix se justifie par le fait que les
publications allemandes ont donné une impulsion importante à la
discussion sur la recherche-action dans les autres pays de l'Europe * 5 .
On peut même dire que, au moins dans le cas de l'Europe occidentale,
l'hégémonie culturelle dans le domaine de la recherche-action n'est plus
exercée par des auteurs anglo-saxons, mais par des auteurs all
emands 1 6. Significatif à cet égard est le fait que les textes d'un récent
colloque sur la situation de la recherche-action, tenu à Carthagène
(Colombie) sous les auspices de l'Association Internationale de Socio
logie ! 7 , sont édités en Europe par H. Moser et H. Ornauer 1 8 .
En second lieu, ce texte essaye de montrer que cette discussion,
engendrée par les auteurs allemands, ne doit surtout pas être comprise
comme un simple renouveau d'un problème vieux de trente ans déjà.
Dans la suite de ce texte, il sera affirmé que les enjeux du débat présent
signifient en quelque sorte un processus d'ajustement en train de se
faire entre une société programmée d'une part, et des sciences sociales
sollicitées d'y jouer un rôle important d'autre part.
Le point de départ : le modèle lewinien
Les origines de la recherche-action peuvent être trouvées dans les
expériences des recherches, menées par J.L. Moreno 19 et K. Le win 20
juste avant et pendant la seconde guerre mondiale. Que le nom du
premier ne soit plus guère mentionné dans les discussions actuelles,
180 exception faite pour la littérature française 2 1 , peut être expliqué par le
fait qu'il ne l'était pas non plus dans les discussions sur la recherche-
action qui se déroulaient immédiatement après la seconde guerre mond
iale. Etant donné que cette discussion eut lieu pour la plus grande
partie dans le Journal of Social Issues, fondé en 1945, dans Human
Relations, fondé la même année et à partir des expériences de recher
che menées dans le cadre du Tavistock Institute of Human Relations ou
du Center for Group Dynamics du M.I.T., les premières conceptualisat
ions et applications de la recherche-action se faisaient entièrement à
partir de l'oeuvre de Kurt Le win 2 2 .
Le concept de recherche-action, employé par Lewin lui-même,
était en fait très simple. Il exigeait la présence de trois caractéristiques :
1) la recherche devait être menée en collaboration avec les individus;
2) la ne devait plus être faite en laboratoire, mais en milieu
"naturel"; 3) avant et après chaque phase d'intervention, on devait
mesurer les attitudes et les comportements des individus.
Ces trois caractéristiques laissent aisément deviner les deux modèl
es exemplaires à partir desquels Lewin a développé son concept de
recherche-action, c'est-à-dire le modèle de la recherche expérimentale
en laboratoire d'un côté; la thérapie médicale, voire psychiatrique, de
l'autre côté. A partir de là doivent se comprendre les trois traits les plus
importants du concept lewinien par rapport aux discussions actuelles
sur la recherche-action.
En premier lieu, l'exigence de participation de la part des indivi
dus, dans le déroulement de la recherche, doit être vu sur fond d'une
stratégie de changement social du type normatif-rééducatif 2 S , axé sur
le comportement individuel.
En second lieu, le concept lewinien s'est développé à partir de
modèles qui sont en fait des ensembles de rôles préétablis. Ce qui
explique que la version originale de la recherche-action était quasi
"naturellement" praticable en milieu organisationel.
En troisième lieu, Lewin n'avait pas la moindre intention de
fournir un nouveau paradigme pour les recherches en sciences sociales.
Au contraire, cette pratique de recherche-action n'était qu'une stratégie
spécifique visant ou bien à récolter des informations autrement inaccess
ibles, ou bien à induire un changement comportemental autrement
impraticable. Au lieu d'être en position de rupture avec les pratiques
d'expérimentation en laboratoire, Lewin lui-même se pense en continuité
totale avec les méthodes utilisées en sciences naturelles.
H est d'ailleurs très remarquable que, pour Lewin et Moreno de
même que pour leurs contemporains, le modèle physicien était exemp
laire. Même dans le choix des concepts utilisés. Même dans la problé-
181 de la responsabilité du chercheur vis-à-vis

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