La Via Augusta de Cordoue à Cadix (Documents du XVIII s. et photographies aériennes pour une étude de topographie historique) - article ; n°1 ; vol.12, pg 27-67
42 pages
Français

La Via Augusta de Cordoue à Cadix (Documents du XVIII s. et photographies aériennes pour une étude de topographie historique) - article ; n°1 ; vol.12, pg 27-67

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
42 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1976 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 27-67
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

M. Pierre Sillières
La Via Augusta de Cordoue à Cadix (Documents du XVIII s. et
photographies aériennes pour une étude de topographie
historique)
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 12, 1976. pp. 27-67.
Citer ce document / Cite this document :
Sillières Pierre. La Via Augusta de Cordoue à Cadix (Documents du XVIII s. et photographies aériennes pour une étude de
topographie historique). In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 12, 1976. pp. 27-67.
doi : 10.3406/casa.1976.2218
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1976_num_12_1_2218LA VIA AUGUSTA DE CORDOUE A CADIX
DOCUMENTS DU XVIIIe S.
ET PHOTOGRAPHIES AERIENNES POUR UNE ETUDE DE
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE
Par Pierre SILLIÈRES
Membre de la Section Scientifique
L'Andalousie pré-romaine possédait sans doute de nombreux chemins
puisque Scipion et ses lieutenants s'y déplacèrent assez facilement au
cours de la Seconde Guerre Punique 1. Mais, une fois les Carthaginois chass
és, les conquérants romains ne pouvaient se contenter de ces simples pistes
pour l'exploitation de leur nouvelle province. D'abord, il fallait penser aux
mouvements rapides des troupes, nécessaires tant que la riche vallée du
Guadalquivir continuerait à attirer la convoitise des tribus celtibères de
la Sierra Morena et de la Meseta, ensuite une meilleure infrastructure
routière faciliterait l'acheminement vers Rome des métaux de la plus riche
province d'Occident.
Aussi paraît-il évident qu'ils commencèrent à construire de vraies routes
dès le IIe s. av. J. C, comme dans l'Espagne Citérieure a. Malheureusement,
nous savons très peu de choses sur ces travaux qui commencèrent certa
inement par l'aménagement des pistes anciennes 8. Mais il fallut sans doute
attendre le Principat pour que le Sud de la péninsule ibérique reçût un
excellent réseau routier, et il semble bien que revienne à Auguste le lance
ment d'un grand programme de travaux 4, continué et mené à bien par ses
successeurs.
1 Tite-Live, XXXVIII, 13-16, 22-23, 30; Polybe, XI, 20.
2 Polybe, III, 39, 8. Il y a aussi l'exemple de la Gaule Transalpine où Domitius
Ahenobarbus fit tracer la Via Domitia dès le lendemain de la conquête (J. Cam-
pardou, «Un milliaire de Cneus Domitius Ahenobarbus imperator découvert à
Treilles», Gallia, VII, 1949, p. 195-205).
8 II n'existe pour la Bétique aucun milliaire antérieur à l'Empire. Cependant on
peut deviner l'existence de routes sous la République d'après les déplacements
des armées romaines au cours des guerres du IIe et du Ie s. (R. Thouvenot, Essai
sur la province romaine de Bétique, Paris, 1940, p. 478-479).
4 Strabon, III, 4, 9 et de nombreux milliaires attestent ces travaux (CIL II 4.701-
4.711). PIERRE SILLIÈRES 28
La route qui paraît avoir reçu tous ses soins fut la grande artère inter
provinciale reliant Rome à Cadix par la côte méditerranéenne et la vallée
du Guadalquivir. Elle passait par les plus importantes cités de l'Occident
romain, Narbonne, Tarragone, Cordoue, Cadix et reliait tous les centres
administratifs de la province de Bétique, Cordoue la capitale, Ecija, Seville,
Cadix, les chefs-lieux de conventus. Par elle venaient les fonctionnaires
impériaux et les courriers apportant ordres et nouvelles. C'était l'axe de
direction et de gestion de la Bétique.
Or le tracé de cette voie si importante est mal connu; certes les princi
pales étapes sont fixées, mais, dans le détail, bien des ombres subsistent. En
réalité, un seul tronçon est parfaitement déterminé, celui d'Ecija à Seville
grâce au plan levé en 1779 par l'ingénieur F. Fernandez Angulo 1. Par
S. MORENA CASTULO
ITALICA»
Fig. 1. — La Via Augusta de G AD ES à CORDUBA
Cf. infra, p. 40. LA VIA AUGUSTA DE CORDOUE A CADIX 29
contre, le reste du parcours est mal établi et la localisation de certaines
étapes a donné lieu à de multiples et très diverses hypothèses, en particulier
celle d'Ugia, mansio à 36 milles au Sud de Seville et celle de Portus Gadi-
tanus à 26 milles au Nord de Gades.
Une connaissance plus précise de la Via Augusta est donc nécessaire;
de plus, elle permettra peut-être de mieux comprendre le développement
économique de la Bétique romaine et la répartition de l'habitat. Enfin il
est grand temps de se décider à ce travail, car, d'ici peu d'années, les traces
encore visibles de la route antique auront disparu, surtout pour cette voie
empruntant les plaines du Guadalquivir qui connaissent aujourd'hui une
transformation profonde et rapide.
I. LES NOMS DE LA VOIE
1) La Via Augusta.
Bien avant l'arrivée des Romains existait certainement un chemin
longeant le Guadalquivir, auquel succéda une voie romaine après la con
quête. Mais nous ne savons presque rien sur celle-ci x et, a fortiori, sur ce
lui-là. Par contre, à partir du Principat, les renseignements sur cette route
deviennent bien plus nombreux. Et d'abord, on peut assurer qu'elle porta
le nom de Via Augusta qu'indiquent un milliaire de Cordoue (CIL II 4.721)
et la haute stèle de marbre noir conservée au Musée Archéologique de
Seville (CIL II 4.697). Ces inscriptions mentionnant la Via Augusta datent
toutes deux des Flaviens, de 70 et 90 ap. J. C, alors que les milliaires anté
rieurs ne donnent pas cette précision. Faut-il en conclure que ce nom n'
apparut que sous les Flaviens? Il ne semble pas; au contraire, il paraît
probable que la grande route de Bétique fut appelée Via Augusta beaucoup
plus tôt, peut-être dès les grands travaux du règne d'Auguste et surtout
dès l'érection à l'entrée de la Bétique du Janus Augustus qui existait déjà
en 2 av. J. C. (CIL II 4.701, 4.703).
Ce monument, mentionné sur de nombreux milliaires, était un arc
dressé à la frontière de la Bétique 2, qui portait peut-être une dédicace à
Auguste ou même une représentation de l'empereur. Il se trouvait sans doute
Strabon évoque seulement cette première voie romaine de Castulo à Gades, III,
4, 9.
Ab arcu unde incipit Baetica, CIL II 4.721, ab Iano Augusto qui est ad Baetem
CIL II 4.714; d'après les formules de ces deux milliaires on voit bien que l'arc ou
le Ianus Augustus sont une seule et même chose puisqu'est employé de la même
façon arcu ou Iano Augusto. Le Ianus Augustus était donc simplement un arc et
il n'est pas possible de retenir la thèse de L. Adams Holland pour le Janus de Bé
tique (Janus and the Bridge, Rome, 1961). Ces arcs semblent avoir été assez fr
équents aux frontières des cités et des provinces (R. Nierhaus, «Baedro», Madrider
Mitteilungen, V, 1964, p. 205-212). 30 PIERRE SILLIÈRES
à l'entrée ou à la sortie d'un pont franchissant le Guadalquivir non loin
de Mengibar 1. Les bornes indiquent également que les distances étaient
comptées depuis le Janus et que la voie conduisait jusqu'à l'Océan Atlan
tique 2.
2) Al-rasif.
Avec l'installation des Arabes, la Via Augusta conserva une grande
importance comme liaison entre les opulentes cités de Seville et de Cordoue
et comme axe des possessions musulmanes à partir de la capitale d'Al-
Andalus vers le Levant et la Catalogne 3. Mais elle perdit son nom, les
Arabes l'appelant seulement al rasif, c'est-à-dire la chaussée construite
et surélevée 4. Ce nom est mentionné par le compilateur Al-Himyari qui
écrit à propos d'Ecija que «la ville est bâtie sur la grande chaussée (al-
rasif, dans le texte arabe) qui formait la voie de communication entre la
mer et la mer» 5.
Ce terme convenait d'ailleurs très bien à la Via Augusta qui était très
souvent construite en remblai lorsqu'elle traversait les plaines basses du
Guadalquivir et surtout les zones des Marismas 8.
3) El arrecife.
Après la Reconquête la route conserva son nom arabe, à peine transfor
mé en arrecife. Ce terme se trouve mentionné dans une multitude de docu
ments médiévaux et modernes: par exemple, dès le 13e s., dans les Reparti-
mientos d'Ecija 7 et de Jerez 8; c'est encore ainsi qu'est désignée au 18e s.
sur la plupart des cartes, la grande route d'Andalousie par Cordoue, Ecija,
1 Le toponyme Venta del Arco sur la rive droite du fleuve conserve peut-être le
souvenir de cet arc.
2 Ad Oceanum, usque ad Oceanum, CIL II 4.701, 4.711. R. Dion a rapproch

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents