Le chameau et l Afrique du Nord romaine - article ; n°2 ; vol.15, pg 209-247
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 2 - Pages 209-247
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Émilienne Demougeot
Le chameau et l'Afrique du Nord romaine
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 2, 1960. pp. 209-247.
Citer ce document / Cite this document :
Demougeot Émilienne. Le chameau et l'Afrique du Nord romaine. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année,
N. 2, 1960. pp. 209-247.
doi : 10.3406/ahess.1960.420632
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_2_420632ÉTUDES
Le Chameau
et l'Afrique du Nord romaine
1. — A l'époque protohistorique.
D'introduction très récente, historique l, le chameau est venu tard
en Afrique du Nord, au point que sa présence a suggéré la division de
l'art rupestre saharien en une période « précameline » néolithique et une
période « cameline » où débute la protohistoire avec les inscriptions libyco-
berbères. Chèvres et moutons apparurent bien avant lui, dès le néolithique.
L'éléphant s'y installa très tôt : à Velephas atlanticus de la fin du paléo
lithique succéda, au néolithique, Yelephas africanus qui se maintint là
jusqu'au 111e siècle de notre ère 2. Le cheval aussi arriva avant le chameau :
la race des chevaux barbes, à profil busqué, serait venue après l'établiss
ement des Hyksos en Egypte (XVIIIe dynastie), suivie, on ne sait quand,
par la race aryenne ou arabe, à profil rectiligne, et par la race orientale,
à profil concaviligne a.
En fait, le cheval figure sur des gravures rupestres sahariennes placées
entre 1500 et 1000 avant J.-C. 4. Il y est associé aux chars dits garaman-
1. Lionel Balout, Préhistoire de Г Afrique duNord, Paris 1955, p. 114. On ne saurait
établir l'existence d'un chameau néolithique d'après les restes osseux trouvés jusqu'auj
ourd'hui.
2. Ibid., p. 97 ; p. 101, n. 24 et n. 20 (il ne reste rien du gisement néolithique de la
grotte de Fort-de-1'Eau, où A. Pomel prétendait avoir retrouvé les restes d'un éléphant
et ceux d'un chameau). Sur cet éléphant africain, victime autant des hommes que des
changements climatiques, voir R. Mauny, « Préhistoire et zoologie : la grande faune
éthiopienne du Nord-Ouest africain, du paléolithique à nos jours », dans Bulletin de
V Institut français ď Afrique Noire, t. XVIII, sér. A, n° 1, Dakar, 195G, p. 246-270.
3. L. Balouï, op. cit., p. 113-114.
4. Henri Lhote, « Le Cheval et le Chameau dans les peintures et gravures rupestres
du Sahara », dans Bull, de V Institut français ď Afrique Noire, Dakar, XV, juillet 1953,
p. 1140, d'après les travaux de M. Reygasse et R. Vaufrey.
Rappelons que la datation des « rupestres » oscille entre, d'une part, une chronologie
longue (H. Breuil, H. Lhote), qui date de 9.000 avant J.-C. (néolith. anc.) les premières
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Anxales (15e année, mars-avril 1960, n° 2) 1 ANNALES
tiques qu'E. F. Gautier, en 1934, attribuait aux Garamantes d'Hérodote
et M. Reygasse, en 1935-1936, aux Peuples de la Mer, arrivés vers
1200-1000 avant J.-C. Si, au Tassili et au Hoggar, des représentations
de chars et de personnages à tunique dorienne peuvent évoquer la péné
tration des Peuples de la Mer envahissant l'Egypte en 1229 et 1195, d'autres
cependant semblent appartenir aux Garamantes dont la puissance débute
au vine siècle et s'accroît au moment où ils deviennent un grand peuple
cavalier, c'est-à-dire au temps d'Hérodote et de Carthage. En effet, dans
l'armée d'Hannibal, des chars garamantes servirent devant Sagonte, et,
plus importants sans doute, des cavaliers garamantes se distinguèrent à
la Trebbia. Au Fezzan, P. Graziosi, en 1942, a signalé des représentations
de chars souvent plus récentes que celles du Tassili. Il a même décelé
une véritable « route des chars », depuis Garama (Oued Zigza) jusqu'à
l'Adrar des Iforas par le Tassili n Ajjer et le Hoggar, voie de pénétration
Nord-Est-Sud-Ouest, des Syrtes au Niger, que suit encore aujourd'hui le
grand axe caravanier Tripoli-Gao. A Ghadamès, celle-ci conflue avec une
autre grande route venue du Sud-Est, du pays des Ethiopiens Troglodytes
d'Hérodote 1. Après la lente disparition des chars, les chevaux sont de
plus en plus représentés dans l'art rupestre : montés sans selle, ni étriers,
ni mors, conduits simplement à la baguette, comme l'observèrent Silius
Italicus et Polybe en décrivant les cavaliers libyens ; le collier-frein ne
semble pas avoir été employé antérieurement au IIe siècle avant J.-C. 8.
Or, dans cet art, le chameau apparaît vers la fin de la période du
cheval, peu à peu, sans coupure archéologique. L'impression de conti
nuité est telle que C. Kilián et Th. Monod ont pu placer cheval et cha
meau, ensemble, dans la même période, au moins pour les gravures du
Hoggar et de l'Ahnet où, par exemple, Th. Monod a dénombré 31 images
de chevaux contre 45 images de chameaux 3. Les figurations de chameaux,
très naturalistes, y semblent parfois si anciennes qu'on a supposé que des
camélidés vivaient, dès le néolithique, en Afrique du Nord, d'où ils auraient
émigré, peu à peu, vers le Sahara. Beaucoup plus tard, selon E. F. Gautier,
ils auraient été réintroduits en Libye par les Romains, au début du
me siècle après J.-C, et au Sahara par les Berbères Zenètes, plus tard
gravures naturalistes et de 5.000 ava^ t J.-C. les premières peintures, et, d'autre part,
une chronologie courte (R. Vaufrey, R. Matjny), qui propose 5.500-5.000 avant J.-C.
pour celles-là et 2.500 avant J.-C. pour celles-ci.
1. Paolo Graziosi, Varie rupestre délia Libia, t. I, Naples, 1942, et H. Lho te,
art. cité p. 1167-1171.
2. H. Lhote art. cité p. 1188-1190.
3. M. Dalloni « Mission au Tibesti » dans Mém. de VAc. des Sciences de V Institut
de France, 2e volume : Palethnologie, t. 62, 1935, p. 274. — H. Lhote, « Les gravures
rupestres d'Aouineght (Sahara occ). Nouvelle contribution à l'étude des chars rupestres
gravés du Sahara », dans Bull. Inst. fr. ďAfr. Noire, t. XIX, série A, juillet-octobre
1957, p. 617-658, a relevé sur les gravures à patine claire, plus récentes que celles à
patine foncée, 4 chevaux et 7 chameaux, dont 2 douteux, ainsi que 54 chars et dee
figurations humaines armées de javelots et de boucliers ronds.
210 LE CHAMEAU
encore l. Paradoxalement, l'hypothèse d'E. F. Gautier amena С Kilián
à distinguer, dans l'art rupestre saharien, une période ancienne ou « pré-
cameline » et une période récente ou « cameline » 2. Si la succession de ces
deux périodes paraît sûre, il est difficile d'établir quand apparaissent
les camélidés, c'est-à-dire quand finit la première période et quand com
mence la seconde. Examinons les divers arguments susceptibles de
conduire à une datation.
1. L'apparition du chameau est-elle liée à un changement de climat,
qui permettrait de la dater approximativement ? Quoique C. Kilián situe7
une aggravation du climat désertique à l'époque historique, il est actuell
ement admis que le de l'Afrique du Nord a peu changé depuis
2 500 ans avant J.-C. \ Rien ne s'oppose à ce que le chameau y ait vécu,
dès la protohistoire. On peut seulement alléguer qu'une aggravation
légère du climat désertique a suffi pour favoriser l'acclimatation et l'em
ploi généralisé des camélidés. Si les représentations des chameaux se
localisent partout autour des points d'eau, depuis la Maurétanie jusqu'au
Borkou en passant par le Hoggar, le Tassili, l'Aïr et le Tibesti, il arrive
cependant, dans le Sahara central au moins, qu'elles se trouvent dans des
régions aujourd'hui inaccessibles et inhabitées *. Il est vrai que le
chameau, en développant la vie nomade s, a aussi beaucoup contribué à la
désertification, même si son action, comparable à l'activité destructrice
des hommes, n'a été sensible que dans quelques zones.
1. Ibid., 316, et E. F. GAUTiEi?,rLes Siècles obscurs du Maghreb, 2e partie, ch. III-IV .
2. C. Kilián, « Une variation du climat dans la période historique : le dessèche
ment progressif du Sahara depuis l'époque précameline et les Garamantes, dans Comptes
rendus sommaires des séances de la Société géologi

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