Le complexe industriel d'aluminium de Grèce - article ; n°4 ; vol.7, pg 295-311

Monique Chassaing

Description

Méditerranée - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 4 - Pages 295-311
17 pages

Informations

• Publié par: MEDITERRANEE0
• Publié le: 01 janvier 1966
• Nombre de lectures: 27
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monique Chassaing
Le complexe industriel d'aluminium de Grèce
In: Méditerranée, 7e année, N°4, 1966. pp. 295-311.
Citer ce document / Cite this document :
Chassaing Monique. Le complexe industriel d'aluminium de Grèce. In: Méditerranée, 7e année, N°4, 1966. pp. 295-311.
doi : 10.3406/medit.1966.1210
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1966_num_7_4_1210LE COMPLEXE INDUSTRIEL D'ALUMINIUM
DE GRÈCE
Sur la côte nord du Golfe de Corinthe s'élèvent, depuis quelques
mois, les bâtiments de l'usine de Saint Nicolas qui a démarré en
février 1966 ; vaste complexe industriel parmi les plus modernes
d'Europe, elle assure la fabrication d'alumine et d'aluminium (capac
ité actuelle : 200 000 t. d'alumine, 72 000 t. d'aluminium) , et place
ainsi la Grèce au sixième rang européen des producteurs d'alumi
nium.
Ce complexe est une création d'« Aluminium de Grèce », société
groupant des capitaux grecs et étrangers, souscrits à titre de fonda
teurs par Péchiney-Ugine (50 %), M. Niarchos (21 %), la Banque
Hellénique de développement industriel (12 %) et la Société améri
caine Reynolds (17 %) .
Ce projet, lancé en 1961, correspondait aux préoccupations ins
crites dans le plan quinquennal grec 1959-1963 qui envisageait d'im
planter en priorité des industries susceptibles d'utiliser les matières
premières nationales et de fournir des marchandises exportables ; de
plus un complexe d'aluminium constituait un débouché assuré aux
réalisations hydro-électriques alors en cours.
Ainsi, première implantation d'industrie lourde en Grèce, l'usine
de Saint Nicolas marque le départ de l'industrialisation d'un pays
qui, en contre-partie, offre à « Aluminium de Grèce » des facteurs
particulièrement favorables. 296 M. CHASSAING
L'IMPLANTATION EN GRECE: POSSIBILITES ET DIFFICULTES
I) L'approvisionnement en bauxite
La Grèce offre d'importantes possibilités d'approvisionnement
en bauxite ; l'implantation d' « Aluminium de Grèce » permet donc
de valoriser sur place un minerai qui, jusqu'ici, était en totalité
exporté.
L'exploitation des gisements de bauxite développée surtout de
puis 1950 fournit une production annuelle d'un million de tonnes
environ (1 281 000 t. en 1963 ; 1 044 000 t. en 1964) qui place la Grèce
au 10e rang mondial et au 4e rang européen.
Les plus importants gisements se situent dans les montagnes
calcaires du Parnasse et du Ghiona jusqu'à des altitudes supérieures
à 2 000 mètres (croquis n° 1), la bauxite se trouvant essentiellement
à trois niveaux statigraphiques distincts :
— le plus inférieur, entre jurassique moyen et jurassique supérieur
est très sporadique, très peu épais, sans aucun intérêt économique ;
— l'horizon moyen au sein du jurassique supérieur entre Kimmérid-
gien et Portlandien se présente en amas assez importants d'une
puissance pouvant dépasser quelquefois dix mètres, mais très
localisé ;
— enfin, l'horizon supérieur, le plus intéressant car offrant un grand
nombre de gisements à types de minéralisation assez différents se
situe dans le crétacé entre Cénomanien et Sénonien.
L'évaluation exacte des réserves totales se révèle assez délicate
du fait des caractères géologiques d'ensemble des régions intéressées
et des caractéristiques des gisements eux-mêmes, d'où les divergences
dans les chiffres proposés par l'Institut Grec de Géologie en 1956 et
la Mission de Péchiney en 1960. La Grèce est, en effet, un pays de
structure jeune, fortement plissé à l'époque tertiaire, les terrains sont
donc découpés de failles, affectés d'importants chevauchements et
de ce fait les gisements de bauxite sont souvent d'extension limitée
ou alors localisés à des profondeurs ou dans des situations pratique
ment inexploitables. Enfin, l'estimation est plus ou moins sûre, selon
le type de gisement envisagé : rigoureuse lorsqu'il s'agit de concent
ration en amas dont la puissance peut atteindre vingt mètres, elle est COMPLEXE INDUSTRIEL D ALUMINIUM DE GRECE 297 LE
Fig. 1. — Situation de l'usine d'« Aluminium de Grèce»
1. Routes principales.
2.secondaires.
3. Gisements de bauxite.
beaucoup plus incertaine lorsqu'elle a affaire à une minéralisation
lenticulaire, discontinue et généralement de faible puissance ou à un
gisement éluvionnaire où la bauxite, accompagnée d'argile rouge, se
présente en blocs plus ou moins groupés à la surface du sol.
Les réserves ont été cependant jugées suffisamment importantes
pour permettre une exploitation continue pendant de longues années
et assurer le fonctionnement d'un complexe alumine-aluminium im
planté à proximité des principaux gisements.
Ceux-ci sont essentiellement exploités par trois sociétés minières :
— « Eleusis Bauxite Mines Inc. » détenue par M. Scalistiri et dont
le champ d'action se trouve surtout en Attique dans la région
d'Eleusis-Mandra et le point d'embarquement à Pounda à 6 km
d'Eleusis sur la route de Corinthe, les autres gisements étant situés
dans les régions du Parnasse et dans l'île d'Eubée.
— : « Barlos Bauxite Hellas Mining C° » aux mains de la famille exploitant deux ensembles contigus : le Parnasse Sud 298 M. CHASSAING
(Desfina à l'Ouest , Distomon à l'Est) , et l'Hélikon, et chargeant la
totalité à Aspra Spitia, dans la baie d'Antikyra.
— « Bauxites Parnasse Mining C° », propriété de M. Eliopoulos, la
plus importante par ses réserves dans la région du Parnasse. Elle
groupe un ensemble de concessions s'étendant sur plus de 30 km
du Nord au Sud, et expédie sa production par Itea, au Sud du
Parnasse.
La bauxite de ces diverses exploitations était jusqu'ici exportée
en majorité vers l'U.R.S.S. et l'Allemagne Fédérale pour les usines
d'alumine et les cimenteries. En 1960, par exemple, l'Entreprise de M.
Scalistiri avait exporté 250 000 t. par Pounda et 80 000 t. par Itea,
alors que MM. Barlos écoulaient 250 000 t. par Aspra Spitia, et M.
Eliopoulos 500 000 t. par Itea. Les exportations continueront d'être
massives, mais 450 à 500 000 t. de bauxite seront livrées annuellement
à « Aluminium de Grèce » et seront acheminées soit par camions
depuis les concessions du Parnasse Sud et de l'Hélikon, proches de
l'usine, soit par le minéralier de la Société A D G, M.S. Parnassos,
d'une capacité de 1 200 t., assurant des rotations quotidiennes depuis
Itea. Cet accroissement des débouchés va donc entraîner une exploi
tation plus intense des gisements et l'on peut prévoir, à partir de 1966,
une production de l'ordre de 1 700 000 t.
Le prix de la bauxite fournie à l'usine est pour l'instant assez
favorable : 7 dollars la tonne en moyenne, mais il risque d'augmenter
dans l'avenir en liaison avec la hausse des salaires, accélérée depuis
1964, par l'émigration et par la mise en communication des marchés
grec et communautaire depuis l'entrée en vigueur du traité d'asso
ciation entre la Grèce et la C.E.E.
Les bauxites des diverses exploitations présentent des caractères
et des aspects très variés, mais dans l'ensemble, elles offrent l'incon
vénient d'être très dures physiquement d'où caractère très abrasif et
broyage difficile ; cette propriété est d'ailleurs commune à toutes les
bauxites d'Europe Centrale et Orientale (Yougoslavie, Hongrie) et se
retrouve jusqu'en Turquie. Leur teneur en alumine est intéressante,
elle se situe le plus souvent entre 55 et 60 %, mais cette alumine sous
forme de diaspores exige des procédés spéciaux d'attaque mis au
point en Grèce et associant très haute température et chaux. LE COMPLEXE INDUSTRIEL D'ALUMINIUM DE GRECE 299
II) L'approvisionnement en électricité.
Lorsque l'on sait que la production électrolytique de l'aluminium
exige des quantités importantes d'électricité : environ 15 000 Kwh
par tonne, ce qui représente le poste le plus important des frais de
transformation, on comprend la localis