Le culte des crânes humains aux époques préhistoriques - article ; n°1 ; vol.8, pg 114-133
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1947 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 114-133
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Glory
R. Robert
Le culte des crânes humains aux époques préhistoriques
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, IX° Série, tome 8, 1947. pp. 114-133.
Citer ce document / Cite this document :
Glory A., Robert R. Le culte des crânes humains aux époques préhistoriques. In: Bulletins et Mémoires de la Société
d'anthropologie de Paris, IX° Série, tome 8, 1947. pp. 114-133.
doi : 10.3406/bmsap.1947.9445
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1947_num_8_1_9445CULTE DES CRANES HUMAINS LE
AUX ÉPOQUES PRÉHISTORIQUES
par MM. A. GLORY et Romain ROBERT
Le sol aveyronnais déjà célèbre par ses nombreux témoins
préhistoriques mis en \aleur par Emile Cartailhac (1) qui en
fouilla les dolmens dès 1889, nous a livré un document de pre
mière importance au sujet du culte des crânes aux époques
préhistoriques.
Au cours d'une exploration faite le 8 septembre 1945 dans la
commune de La Capelle-Balaguier. en compagnie de M. Cabrol,
ancien Président de la Société préhistorique française, nous
nous sommes glissés dans une fissure d'eiiondrement qui s'ou
vrait au ras du sol. Elle donnait accès à la grotte du Pradel (2)
qui figure sur la carte archéologique de l'Aveyron dressée
jadis par l'abbé Suquet, ancien curé de Saint-Clair-des-Mar-
ques (fig. 1).
L'entrée primitive a dû autrefois être comblée, car nous avons
découvert à l'Est du seuil un étroit passage qui doit conduire à
une salle aujourd'hui fermer (fîg. 1) (3).
Ln ébowlis récent haut de G m. environ en recouvre un second
plus ancien, qui occupe les deux tiers de l'unique salle, la grotte
actuelle. Dans la partie Ouest un petit diverticule long d'une
cinquantaine de met vca, se dirigeant sensiblement \ers le Nord-
Ouest, e>t en partie obstrue par de*, coulées stalagmitiques.
Ln grotte, haute d'une vingtaine de mètres, de plan à forme
o\ aie, m; termine ver* le Aord par une terrasse surélevée de quatre
mètres formant une sorte d'alcove, large de 5 m. 50. profonde
de dix mètres, et pourvue au fond d'un divertuule sans issue.
Cette plate-forme naturelle est surchargée d'un massif stalag-
(1) F Cartailuac La France préhistorique, Pans, 1889, p. 251 et s.
(">) Vms remen ions VI ( au*.*-j>iiel, de \ îlIetranche-de-Rouer^ue, de nous a\oir
conduits ;i cette grotte pour v visiter ses fouilles. L'est en l'explorant minutieuse
ment, ce qui avait ehv déjà fait avant nous par beaucoup de préhistorien* a\evron-
nais, que nou*. avons découvert te groupe sépulcral
^3, Les aboiements d'un chien résonnent assez longtemps. GLORY ET R. ROBERT. — LE CULTE DES CRANES HUMAINS 1 15 A.
Grotte funéraire d^
Fig. 1. — Plan général de et la plan Grotte de du la Pradel nécropole. à La Capelle-Balaguier (Aveyron)
Fig. 2. — Grotte du Pradel. Coupe crânienne scellée dans la vasque stalagnntique
contenant une dent humaine, ocre et charbon de bois. (Photo A. GloryJ. 116 société d'anthropologie de paris
mitique dont le sommet le plus élevé, haut de 0 m. 75, se ter
mine par une sorte de vasque sèche où s'égouttait autrefois de
l'eau tombant de stalactites aujourd'hui brisées (fig. 2).
Au fond de ce petit bassin nous eûmes la surprise de découvrir
enrobée dans des bavures de carbonate de chaux une calotte
crânienne retournée, la partie concave en l'air, appartenant à
un adulte ; ses bords à arêtes vives donnaient l'impression
qu'elle avait été sciée anciennement avec un outil métallique.
Sa position et sa présence dans une vasque suggérèrent aussitôt
la conjecture d'un petit récipient destiné à recueillir de l'eau.
Nous connaissons dans la grotte de Bedeilhac (Ariège) un
énorme mamelon stalagmitique dont le sommet en forme de cu
vette déverse son eau abondante à terre par une rigole artifi
cielle. De semblables canaux ont été incisés à l'âge énéolithique
dans le calcaire de l'aven de Somanit (Hérault). Nous avons
eu la surprise d'observer plusieurs cupules de 15, 20 et 40 cm. de
diamètre régulièrement creusées et pourvues de canal d'écou
lement. Plusieurs petits vases à fond rond, fortement carbonates,
placés sous des stalactites recevaient toujours l'eau filtrée s'é-
gouttant de la voûte (1).
Cependant pour accomplir cette fonction, il eût été plus ra
tionnel de déposer au Pradel un vase de plus forte capacité
comme l'un de ceux de l'aven de Somanit que l'on vidait
périodiquement lorsqu'ils étaient pleins.
Cette calotte devait avoir une autre destination : c'était une
coupe rituelle. Elle a dû servir aux libations à plusieurs reprises,
comme semblent l'indiquer deux indices ; sa paroi osseuse inté
rieure est exempte de toute concrétion, alors que la partie ex
terne est solidement stalagmitée au rocher ; les préhistoriques
l'avaient remplie de cendres et de terre noire, soit pour la cacher
aux profanes, soit pour la protéger des cristallisations1. En outre,
confme le montre la photographie (fig. 2), elle est assez inclinée
sur un des pariétaux, position qui ne s'accorde pas avec la fonc
tion d'un vase-réservoir.
Certains ethnologues peuvent y voir aussi une coupe à boire
toute autre boisson rituelle à la manière du soldat scythe qui,
d'après Hérodote, « s'abreuvait du sang du premier ennemi qu'il
terrassait ; il se servait des crânes ennemis comme coupes à
boire dans lesquelles les vainqueurs s'abreuvaient de vin » (2).
La matière charbonneuse qu'elle contenait est d'époque an
cienne, car elle est de même nature que celle qui enrobait exté
rieurement le crâne dans la vasque ; nous en avons extrait une
(1) A. Glory. Les Merveilles souterraines, La Croix, 7 février 1940.
(2) Hérodote, Histoire, L, IV, 64-65-66.
■"'-^ A. GLORY ET R. ROBERT. — LE CULTE DES CRANES HUMAINS 117
prémolaire du maxillaire supérieur d'un adolescent de 13 ans
environ.
Examinée au microscope avec un grossissement de 60, nous
avons observé parmi des particules grisâtres qui semblent être
de la cendre, des granulations de calcitè, d'oxyde de fer et une
plus grande quantité de parcelles noires calcinées.
Cette sorte d'autel était donc le siège de cérémonies funé
raires, où le feu, l'eau et de l'ocre rouge jouaient un rôle ri
tuel avec une coupe crânienne et quelques restes humains pré
levés longtemps après la décarnisation du mort. Ces curieuses
observations prennent d'autant plus de valeur, que nous
avons découvert, qu'autour et au pied de ce massif, on avait
inhumé une dizaine de cadavres couchés sur le côté, en position
I
Fig. 3. — Parure des squelettes discoïde : quatre en serpentine. perles discoïdes en bronze et unelperle
repliée. La relation de la coupe crânienne et de ces sépultures
est mise en évidence par le fait que les corps avaient été dis
posés en général selon le même ordre (tête touchant les pieds),
et en demi-cercle au pied du mamelon. Le diverticule adjacent
étroit et bas qui eût été un excellent emplacement naturel pour
des sépultures de choix, ainsi que le passage qui accédait au
crâne (partie Ouest), ne contenaient aucun ossement humain.
L'emplacement circulaire, au contraire, situé au Nord et à
l'Est était parsemé d'ossements ; ces derniers, peu ou non re- •
couverts de terre, perçaient çà et là le linceul stalagmitique qui
tapissait entièrement le sol. Ceux qui touchaient le pied du ma
melon étaient enrobés dans une couche cristalline de deux à
trois centimètres provenant de l'eau qui autrefois s'écoulait
lentement de la vasque.
Sans nous permettre d'opérer des fouilles systématiques,
mais simplement en soulevant les plaques de stalagmite, le squel
ette n° 2 nous a livré un nucléus en silex foncé, un éclat de silex
utilisé, une perle-disque en bronze d'un diamètre de 6 mm. à
trou excentrique et une perle-disque en pierre noble jaspée .de
bleu (serpentine) à grande perforation ovoïde (fig. 3).
Devant lui, une petite fosse naturelle contenait plusieurs 118 société d'anthropologie de paris
squelettes superposés et q

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