Le dialogue latin au Moyen Âge : l exemple d Evrard d Ypres - article ; n°4 ; vol.44, pg 993-1028
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Le dialogue latin au Moyen Âge : l'exemple d'Evrard d'Ypres - article ; n°4 ; vol.44, pg 993-1028

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1989 - Volume 44 - Numéro 4 - Pages 993-1028
Latin Dialogue in the Middle Ages: the Example of Evrard of Ypres.
A comprehensive survey and systematic analysis of the copious dialogue literature from the Middle Ages raises the educational and historical question: was oral conversation and written art discourse based on a methodology of its own with the specific rules and patterns found in handbooks appearing during the Renaissance? The vain search for some kind of genre of the ars dialogica in the Middle Ages is counterbalanced by the fact that many written dialogues (recorded or fictitious) since the Carolingian epoch (Erigena, Anselm of Canterbury, Petrus Alphonsi, Abelard, Aelred, etc.) show extremely subtle communicative structures of argumentation, presupposing a common educational disposition. Metalinguistic hints in such problem-oriented dialogues lead to the conclusion that, alongside well-known genre patterns, universally known rules of legal rhetoric, philosophical dialectics, and Augustine's pedagogical and pastoral theories were modified and joined into a specific though only orally taught and practised art of discourse; the triumph of school logic at all levels of instruction from the 12th C. on must have been so widespread that a handbook genre became superfluous.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 243
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Peter I. Moos
Le dialogue latin au Moyen Âge : l'exemple d'Evrard d'Ypres
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 44e année, N. 4, 1989. pp. 993-1028.
Abstract
Latin Dialogue in the Middle Ages: the Example of Evrard of Ypres.
A comprehensive survey and systematic analysis of the copious dialogue literature from the Middle Ages raises the educational
and historical question: was oral conversation and written art discourse based on a methodology of its own with the specific rules
and patterns found in handbooks appearing during the Renaissance? The vain search for some kind of "genre" of the ars
dialogica in the Middle Ages is counterbalanced by the fact that many written dialogues (recorded or fictitious) since the
Carolingian epoch (Erigena, Anselm of Canterbury, Petrus Alphonsi, Abelard, Aelred, etc.) show extremely subtle communicative
structures of argumentation, presupposing a common educational disposition. Metalinguistic hints in such problem-oriented
dialogues lead to the conclusion that, alongside well-known genre patterns, universally known rules of legal rhetoric,
philosophical dialectics, and Augustine's pedagogical and pastoral theories were modified and joined into a specific though only
orally taught and practised "art of discourse"; the triumph of school logic at all levels of instruction from the 12th C. on must have
been so widespread that a handbook genre became superfluous.
Citer ce document / Cite this document :
Moos Peter I. Le dialogue latin au Moyen Âge : l'exemple d'Evrard d'Ypres. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 44e
année, N. 4, 1989. pp. 993-1028.
doi : 10.3406/ahess.1989.283635
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1989_num_44_4_283635LE DIALOGUE LATIN AU MOYEN GE
EXEMPLE EVRARD YPRES
PETER VON MOOS
Les justes griefs des humanistes du xve siècle envers certains aspects de la
mentalité scolastique se sont figés par la suite on le sait en un dénigrement
global du Moyen Age et est pourquoi dès leur origine les études médiévales
ont été tout particulièrement appliquées la réfutation des poncifs posthuma
nistes Parmi ces stéréotypes figure en bonne place idée que la Renaissance
serait âge or du dialogue qui nous aurait délivrés de la rigidité médiévale
dans les rapports humains et surtout du hideux formalisme des disputes scolas-
tiques Lors un récent congrès sur la théorie du dialogue les participants sem
blaient approuver la vieille thèse de Mikhail Bakhtine revalorisée par éminent
romaniste Karlheinz Stierle1 selon laquelle au xve siècle les structures auto
ritaires du discours monologique la manie de commenter les dogmes et les
textes sacrés auraient cédé la place au libre échange des idées une communi
cation vivante et ouverte
est un vaste sujet que la comparaison des époques Je ne peux ici
contribuer par un petit point interrogation Comme bien montré Marc
Fumaroli2 la notion de littérature profondément changé après le xve siècle
avènement combiné de imprimerie et de la Réforme mena ait la dimension
orale une nouvelle technologie de la parole écrite et la religion du livre devenue
religion du livre seul dévalorisaient éloquence et renversaient la prépondé
rance de la voix sur écrit hui au terme de cette évolution il nous
semble tout naturel associer au concept de littérature le mot de texte mot
rude dont la pesanteur selon une conception prémoderne explique le mythe des
paroles gelées de Rabelais Ce processus de textualisation pas manqué
de susciter des réactions Fumaroli étudié éloquence des jésuites il appelle
les derniers défenseurs de la voix vive Avant eux autres avocats de la parole
vive des verbophiles ont plaidé contre la parole figée prônée par des scrip-
tophiles peut-être le culte que les humanistes vouaient au dialogue constitue-
t-il une des tentatives arracher la parole étouffement des textes dédiés
tels des urnes philologiques la conservation des cendres de grands auteurs
993
Annales ESC juillet-août 1989 n0 pp 993-1028 ORAL CRIT
Le dialogue littéraire est nécessairement paradoxal est un texte qui tend
faire oublier il est texte Dans cet état désespéré est écrit il cherche
reconstituer les conditions de la voix simulant une voix enregistrée est une
fiction oralité par compensation On peut en tirer des conclusions opposées
la floraison de dialogues écrits correspond ou bien la manifestation une
culture orale épanouie débordant tout spontanément sur écrit ou bien au
symptôme une conscience malheureuse indice une culture orale blessée qui
cherche son dernier souffle dans artifice de écrit dans un genre
impossible renvoyant comme une sorte de signe culturel au lointain
inaccessible un paradis perdu du dialogue philosophique grec3 en est-il
de la Renaissance Serait-elle âge du dialogue par analogie avec le
xvne siècle appelé âge de éloquence parce il abrité agonie de
idée éloquence On peut se le demander puisque dans histoire des
valeurs ce ne sont pas toujours celles dont on fait le plus de cas qui sont les
mieux établies autres au contraire peuvent être si naturelles comme air
ambiant on oublie en parler
De toute fa on il existe une curieuse coïncidence chronologique entre
invention de imprimerie et la redécouverte de la spontanéité du dialogue
Dans sa vaste perspective anthropologie historique Walter ng4 montré
que le xve siècle inaugure ce il appelle une civilisation typographique
qui parvient au plus haut degré de littérarisation un degré jamais connu
avant notre ère informatique qui en est accomplissement Mais en comparant
ce progrès la civilisation précédente il constate que le Moyen Age est
curieusement ambivalent quant aux rapports de écrit et de oral sans parler
de la culture populaire le monde même du latin médiéval avec son culte fer
vent du livre et de écriture cette culture savante était néanmoins profondé
ment enracinée dans une culture orale résiduelle dans une seconde
oralité continuellement nourrie par une éducation rhétorique et dialectique
qui remontant Antiquité gréco-romaine toujours accordé la Voix le pri
vilège sur la Lettre est une des raisons de immense diffusion oeuvres rédi
gées sous forme dialoguée au Moyen Age On peut supposer que cette abon
dance de dialogues signale le besoin de dépasser tout naturellement les fron
tières de la forme écrite et monologique Dès le Haut Moyen Age la plupart des
livres école les innombrables traités sur les sujets les plus divers et leur tête
les écrits de controverse et de polémique doctrinale étaient composés sous
forme de dialogue De la confession autobiographique éloge funèbre de la
légende hagiographique et de la poésie liturgique aux fables et exempla tous les
textes pouvaient être mis en dialogues La Bible elle-même dont nous connais
sons bien les transformations épiques la manière de Virgile composées depuis
le ve siècle donnait aussi matière des dialogues comme cet entretien poétique
de Fulcoie de Beauvais5 qui au xve siècle faisait entretenir homme et le
Saint-Esprit sur les événements de Ancien et du Nouveau Testament est
que le dialogue était plus au Moyen Age un genre littéraire redevable aux
modèles classiques mais un simple procédé stylistique une variation universel
lement applicable sans égard au contenu ou intention mais particulièrement
apte enseignement des arts et de la religion
994 VON MOOS LE DIALOGUE LATIN DI VAL
La forme dialoguée au Moyen Age
Selon la célèbre théorie grammatico-rhétorique de Diomède vulgarisée par
Isidore de Seville6 ensemble des écrits peut être divisé en trois catégories cha-
racteres-genera dicendi selon la fréquence du discours direct des personnages
introduits le genre narratif diegematicon enarrativum) où le poète parle
seul et ne rapporte en discours indirect les paroles autres personnes le
genre dramatique dramaticon activum) où les personnages agissent seuls sans
que le poète intervienne et le genre mixte micton mixtum) où le poète raconte
et les personnages parlent tour de rôle Il est évident que les deux derniers de ces
trois modes expression se distinguent par emploi du dialogue Cette division
se réfère une pratique scolaire bien réelle héritée de Antiquité tardive et tout
fait fondamentale pour la production littéraire du Moyen Age celle des exer
cices de transformation ou variation dans lesquelles un même texte ou s

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