Le français et le latin aux Xllle-XIVe siècles : pratique des langues et pensée linguistique - article ; n°4 ; vol.42, pg 955-967
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1987 - Volume 42 - Numéro 4 - Pages 955-967
French and Latin in the 13th and 14th Centuries : Language Practices and Linguistic Thought.
In this article, we try to isolate the type of grammatical consciousness 13th and 14th century intellectuals were able to develop concerning northern French (la langue d'oil). Though reflection in the Middle Ages upon the vernaculor never gave rise to a systematized body of knowledge, scholarly Latin literary texts manifest their authors' ability to grammatically comprehend French. Medieval conditions concerning the learning of Latin, a second language for everyone, suggest that academic training necessarily led to a serions changes in people's relation to their mother tongue. This hypothesis is confirmed by the few elementary primers used in the teaching of Latin which have corne down to us as well as by English treatises used for learning French. But the vernacular's performance in the Middles Ages remained tied practices, and its rules to operational knowledge. On an epistemological level, grammatical knowledge of French resembled that of a mechanical art or of the language's statute law, which in the end justified its remaining a spoken, not a written language.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Lusignan
Le français et le latin aux Xllle-XIVe siècles : pratique des
langues et pensée linguistique
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 42e année, N. 4, 1987. pp. 955-967.
Abstract
French and Latin in the 13th and 14th Centuries : Language Practices and Linguistic Thought.
In this article, we try to isolate the type of grammatical consciousness 13th and 14th century intellectuals were able to develop
concerning northern French (la langue d'oil). Though reflection in the Middle Ages upon the vernaculor never gave rise to a
systematized body of knowledge, scholarly Latin literary texts manifest their authors' ability to grammatically comprehend French.
Medieval conditions concerning the learning of Latin, a second language for everyone, suggest that academic training
necessarily led to a serions changes in people's relation to their mother tongue. This hypothesis is confirmed by the few
elementary primers used in the teaching of Latin which have corne down to us as well as by English treatises used for learning
French. But the vernacular's performance in the Middles Ages remained tied practices, and its rules to operational knowledge. On
an epistemological level, grammatical knowledge of French resembled that of a mechanical art or of the language's statute law,
which in the end justified its remaining a spoken, not a written language.
Citer ce document / Cite this document :
Lusignan Serge. Le français et le latin aux Xllle-XIVe siècles : pratique des langues et pensée linguistique. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 42e année, N. 4, 1987. pp. 955-967.
doi : 10.3406/ahess.1987.283427
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1987_num_42_4_283427CONTACTS CULTURELS
SERGE LUSIGNAN
LE FRAN AIS ET LE LATIN AUX XIIP-XIVe SI CLES
PRATIQUE DES LANGUES ET PENS LINGUISTIQUE
II est plus démontrer que le domaine linguistique fut dans tous les sens
du terme un de ceux où se manifesta magistralement la fécondité de la culture
médiévale on arrive cette période où les historiens choisissent habi
tuellement de clore le Moyen Age les langues vernaculaires occidentales ont
atteint un niveau avancé de développement Outre le fait elles occupent
presque tout le champ de la communication orale la plupart ont déjà accédé
écrit et ont fourni histoire leurs premiers grands monuments littéraires
Elles ont aussi envahi les champs scripturaires de administration publique et
parfois se sont essayées expession du savoir Des langues vernaculaires com
mencent étendre leur domination qui les fera occulter lentement certaines
autres En même temps ces langues servent dans quelques cas de ferment de
définition tats-nations en train de naître et de fa on générale de symbole
appartenance une collectivité plus large que la ville ou epagus Non moins
créatrice fut la performance du latin médiéval Langue de poésie certaines
époques privilégiées ce latin se forme comme un instrument remarquable de
expression savante et religieuse Bien longtemps encore il demeurera la langue
de cole et de glise Bref la fin du Moyen Age la civilisation occidentale
déjà acquis bon nombre de traits de sa physionomie linguistique1
La culture médiévale fut tout aussi féconde au plan de la pensée linguis
tique Les arts du trivium la grammaire la logique et la rhétorique consti
tuent au sein de cole médiévale la propédeutique tous les autres domaines
de la connaissance Ce savoir linguistique médiéval ne se développe pas seule
ment sur le mode de la glose de ses autorités tel Aristote Ciceron Priscien ou
Boèce mais donne naissance des corps de doctrine autonomes et originaux
Annales ESC juillet-août 1987 n0 pp 955-967
955 CONTACTS CULTURELS
comme la grammaire spéculative ou la logique terministe2 Pourtant peut-être
cause de son unilinguisme latin sans doute cause de ses exigences aristotéli
ciennes de scientificité qui lui font rechercher universel la pensée linguistique
médiévale semble peu préoccupée par la diversité et la mouvance des langues et
de la parole En effet lorsque nous voulons saisir la conception médiévale du
rapport entre le latin et les langues vernaculaires ou analyse des conditions de
développement des langues dites maternelles nous ne disposons que de très peu
de sources étrange contraste avec incroyable floraison de traités de gram
maire de logique voire de rhétorique que connaît le Moyen Age Dans les
pages qui vont suivre nous allons examiner cette question partir de expé
rience particulière un domaine linguistique vernaculaire celui de la langue
oil
exemple du fran ais est riche enseignement puisque entre le xi siècle et
la fin du xive siècle aire chronologique de notre enquête il élargit ses compé
tences de langue de la communication orale il est principalement abord
celles une langue qui exploite finalement la plupart des registres de écriture
La langue oïl joue aussi un rôle important dans le développement de identité
du royaume de France tout le moins dans sa moitié nord3 Et ce développe
ment du fran ais opère principalement autour de Paris aux portes de cette
Université principal foyer de la pensée linguistique qui écrit en latin
Dans la mesure où toute langue naturelle constitue un système symbolique
de communication entre ses locuteurs elle suppose un minimum ensemble de
règles implicites qui régissent son usage et que on peut appeler une grammaire
Il nous semble pourtant que le fran ais médiéval devait connaître un système
grammatical davantage articulé et réfléchi Nous croyons en effet que acces
sion une langue aux registres de écriture ne peut opérer sans un approfon
dissement de la conscience de ses règles la spatialisation et la visualisation de
la langue sur le parchemin ou le papier entraînent inévitablement ailleurs
les linguistes ont-ils pas mis en évidence effet unification dialectale et de
standardisation de la langue fran aise provoqué par le développement de écri
ture en vers et en prose au cours des xne et xnie siècles4 oublions pas non
plus que le fran ais approprie les différents registres de écriture en suivant
les modèles de la lettre latine langue que les médiévaux utilisent de fa on émi
nemment reflexive Cet impératif de la raison comme condition de la langue lit
téraire se lit ailleurs tout au long du De vulgari eloquentia de Dante5 Nous
énon ons donc hypothèse que état de langue du fran ais de la fin du
Moyen Age suppose existence un corpus de règles relativement bien explici
tées qui organise en un savoir linguistique articulé et que le Moyen Age aurait
pu appeler une grammatica Paradoxalement pourtant eût été cette volonté
anglaise entretenir le fran ais comme langue seconde de administration qui
suscité surtout au xive et au début du xve siècle la systématisation écrite
un savoir grammatical propos du fran ais le Moyen Age ne nous aurait
laissé aucune grammaire écrite de cette langue Malgré le mutisme relatif des
sources nous croyons néanmoins possible de cerner ce il en était de la cons
cience grammaticale du fran ais la fin du Moyen Age et du statut épistémolo-
gique de ce savoir
Lorsque on considère les traités de grammaire écrits entre les xne et
956 FRAN AIS ET LATIN AU MOYEN GE LUSIGNAN
xive siècles et la définition de cette discipline ils fournissent on peut recon
naître deux objets deux finalités et en fin de compte deux niveaux épistémolo-
giques au savoir linguistique Cependant dans un cas comme dans autre la
langue vernaculaire en trouve exclue
Aboutissement un mouvement amorcé au xne siècle on identifie une pre
mière forme du savoir linguistique dans la grammaire universitaire des xine et
xive siècles que paraphrasant des appellations latines les historiens désignent
comme la grammaire modiste ou spéculative6 epistemologie de cette gram
maire est profondément marquée par aristotélisme Il ne saurait avoir pour
elle de science véritable que de universel Cette exigence conduit les grammai
riens modistes repousser les langues particulières comme le latin le grec ou
les langues vernaculaires en dehors du champ de leur savoir Ainsi
Jean le Danois affirme-t-il dans sa Summa grammatica écrite en 1280 Les
constructibles les modes de signifier et de construire sont identiques chez les
Latins et les Grecs même selon espèce Aussi la grammaire est la même chez
tous les hommes de toutes les langues7 En termes modernes nous pourrions
dire que objet de la grammaire modiste est le langage par opposition aux
langues Celle-ci poursuit la recherche des

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