Le hasard - article ; n°38 ; vol.10, pg 148-164
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Revue néo-scolastique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 38 - Pages 148-164
17 pages

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Publié le 01 janvier 1903
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Langue Français
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G. Lechalas
Le hasard
In: Revue néo-scolastique. 10° année, N°38, 1903. pp. 148-164.
Citer ce document / Cite this document :
Lechalas G. Le hasard. In: Revue néo-scolastique. 10° année, N°38, 1903. pp. 148-164.
doi : 10.3406/phlou.1903.1791
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1903_num_10_38_1791VIL
LE HASARD.
singularité contient a MM. La eue Revue Aristote Milhaud deux qu'ils de intéressants Métaphysique et traitent en Pieron. donnent tous articles et Ces deux de des articles Morale consacres de interprétations la de concepiion présentent novembre au hasard, diverqu'en cette 1902 dus
gentes. Ceci avertit suffisamment celui qui ne prétend
à aucune erudition qu'il convient, pour lui, de se montrer
très réserve en ce qui concerne le Stagirite et qu'il doit
chercher ailleurs la base de son étude. Or Laplace, Cournot
et Renouvier nous présentent trois théories bien distinctes
que nous résumerons d'abord brièvement.
A la vérité, on peut se demander si c'est avec raison
que M. Renouvier cite a propos du hasard un passage de
Y Essai philosophique sur les probabilités, ou Laplace, s'ap-
puyant sur les principes d'un universel déterminisme, dit
que la probabilité d'un événement n'est qu'une résultante
de notre ignorance et de nos connaissances partielles.
Mais il est certain qu'on peut en tirer une negation pure
et simple du hasard. C'est ce que fait, par exemple, le
rédacteur du Dictionnaire des sciences philosophiques de
Franck, lorsqu'il s'exprime ainsi : - II n'y a point, il ne
peut pas y avoir de hasard dans le monde. Le hasard,
comme on l'a remarqué depuis longtemps, n'est qu'un mot
sous lequel nous cachons notre ignorance relativement
a la nature des choses. Voila pourquoi le sens de ce mot
est purement négatif. Si nous connaissions exactement
les propriétés des choses avec lesquelles nous sommes en LE HASARD 149
relation, si nous pouvions nous rendre compte des motifs
qui agissent sur nos semblables et sur les êtres libres
en general, tous les événements que nous qualifions de
fortuits dans l'étal présent de notre intelligence, pourraient
être prévus ou du moins expliqués ; l'idée et le nom du
hasard disparaîtraient aussil ôt - .
M. Renouvier serait sans doute du même avis s'il
n'avait sa théorie des commencements absolus, lesquels
constituent des faits de hasard au sens le plus complet du
mot. Ce caractère est particulièrement pour lui la caracté
ristique de l'existence de Dieu. Quelques explications sont
nécessaires a ce sujet.
On sait que pour le maître du neo-criticisme, Dieu est
soumis a la forme temporelle comme tous les autres êtres ;
mais, d'autre part, le principe du nombre ne lui permet pas
d'avoir toujours existé, car alors il se serait écoule un
nombre infini d'unités de temps quelconques. Il faut donc
que Dieu ait eu un premier instant d'existence, et, courue
rien absolument ne l'a produit, on est en presence d'un
commencement essentiellement fortuit. C'est a l'image de
ce absolu que M. Renouvier conçoit ce
qu'on appelle et qu'il appelle des actes libres, et l'on
conçoit que rien ne puisse présenter un caractère analogue
dans un monde où régnerait le déterminisme, même s'il s'y
introduisait quelque peu de libre arbitre, de la façon que
l'admet le Dictionnaire de Franck.
A la vérité, la lecture du paragr iphe consacre par
M. Renouvier au principe du calcul des probabilités, dans
le tome II de sa Logique 1), ne fait pas ressortir aussi nette-
merit que nous l'a^ns marque sa théorie du hasard ; mais
nous croyons bien avoir été son Mêle interprète en nous
appuyant sur sa théorie des commencements absolus, a
laquelle il se réfère explicitement.
Nous écarterons de notre discussion le rôle des actes
1) Deuxième édition, pp. 42l-i=>« 150 G. LECH AL AS
libres au sens vulgaire du mot, et nous supposerons un
déterminisme complet, mécanique ou psychologique. Dans
un monde soumis a un tel déterminisme et pour une intell
igence omnisciente, l'idée de hasard aurait-elle encore un
sens ? Oui, repond Cournot, et, prenant le taureau par les
cornes, il pretend nous montrer le hasard au sein des
mathématiques elles-mêmes. L'examen môme des objections
que lui oppose M. Renouvier nous convaincra de la valeur
de sa conception.
Toute la théorie de Cournot se resume en cette simple
phrase : «• Les événements amenés par la combinaison ou
la rencontre d'autres événements qui appartiennent a des
séries indépendantes les unes des autres, sont ce qu'on
nomme dos événements fortuits, ou des résultais du
hasard » 1).
Empruntons, comme commentaire, un double exemple a
son Traité de V enchaînement des idées fondamentales dans
les sciences et dans T histoire.
Mon pied heurte une pierre quelconque et j'en détermine
le poids : si je trouve comme expression de ce poids un
nombre forme de sept fois le chiffre 3, le cas me paraîtra
fort singulier, car je ne devais m'atiendre a aucune régular
ité, mais je ne l'en réputerai pas moins fortuit, parce que
je ne conçois rien de commun entre le poids de cette pierre
brute et les raisons qui ont suggéré au législateur français
l'idée de prendre le kilogramme pour unite de poids.
Au contraire, s'il s'agit du poids d'un certain volume de
mercure contenu dans un vase, je remarquerai que les sept
chiffres trouvés forment le commencement du développe
ment de la fraction 1/3, et j'en conclurai qu'un physicien,
après avoir pesé un kilogramme de mercure, en a fait
probablement trois parts égales et que je suis tombé sur
une des parts mises en reserve. « J'aperçois ainsi une
liaison possible, probable entre l'unité légale des poids et
1) Essai sur les fondements de nos connaissances, t II, chap. Ill, § 30 LE HASARD 151
le poids que j'ai à déterminer, et je n'hésite pas à préférer
cette explication rationnelle, quoique non catégoriquement
démontrée, a l'explication par cas fortuit ou pur hasard » 1).
Transportant cette conception du hasard au sem des
mathématiques pures, Cournot prend le nombre tt, rapport
de la circonférence au diamètre, et affirme a priori que la
suite indéfinie de ses chiffres doit presenter tous les carac
tères qui tiennent a la nature du hasard ou de la succession
fortuite, bien que chaque chiffre de la série ait eu de tout
temps une valeur rigoureusement déterminée. Cette assu
rance repose sur ce qu'il n'y a nulle solidarité, nulle dépen
dance rationnelle entre l'échelle de la numeration décimale
et le rapport qu'il s'agit de mesurer.
M. Renouvier, pour qui le hasard a comme unique
origine les commencements absolus, ne saurait évidemment
admettre l'affirmation de Coumot, et il est curieux de voir
la faiblesse des arguments par lesquels il pretend réfuter la
verification esquissée par l'auteur de Y Enchaînement des
idées fondamentales. Plus haute est l'autorité philosophique
et scientifique du grand criticiste, plus instructif est le
spectacle de son embarras.
11 s'en prend d'abord au principe même de l'affirmation
de Cournot: * J'avoue, dit-il, ne pas comprendre ce qu'entend
ce philosophe en disant qu'il n'y a nulle dépendance
rationnelle entre l'échelle de l'arithmétique décimale et la
grandeur d'un rapport tel que celui de la circonférence au
diamètre. Sans doute, si cette grandcu ^ est envisagée sous
un mode d'expression autre que de numération, un mode
géométrique par exemple, il est clair que l' indépendance
dont parle M. Cournot est entière ; mais alors il ne faut pas
songer a cette grandeur comme donnée en une série de
chiffres. Si au contraire cette grandeur est supposée s'e
xprimer en une série de chiffres, il est clair que quand ils
seront décimaux, leur valeur dépendra du choix ainsi fait
1) Livre I, chap 7 152 G. LECH AL AS
de l'échelle décimale ; chacun d'eux exprimera le nombre de
fois, variable de 0 a 9, que la longueur de la circonférence
contient telle puissance désignée d'un dixième du diamètre.
Il serait généralement autre, et toujours determine, si l'on
avait fait choix de l'échelle

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