Le musée en trompe-l œil : représentation et authenticité - article ; n°1 ; vol.69, pg 105-132
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Le musée en trompe-l'œil : représentation et authenticité - article ; n°1 ; vol.69, pg 105-132

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Journal des africanistes - Année 1999 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 105-132
Cet article considère les mécanismes de construction de l'authenticité des cultures mises en scène dans les musées d'ethnologie. L'étude est centrée sur la nature de l'expérience visuelle proposée par les panoramas, les dioramas, et les bornes interactives ; ainsi que sur les effets de vérité qu'ils suscitent chez le visiteur. La comparaison de ces trois dispositifs est envisagée sous l'angle de la simulation. L'analyse s'intéresse également au rôle assumé par l'objet dans ces reconstitutions.
This article deals with the cultures genuineness construction mechanisms which are staged within the ethnology museums. The study is focused on the visual experience offered by the panoramas, the dioramas, and the interactive grounds as well as the truthfulness effects that they cause to the visitor. The comparison between these three mechanisms devices is considered through the simulation. The analysis also concerns the role played by the artifact in those reconstitutions.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Franck Beuvier
Le musée en trompe-l'œil : représentation et authenticité
In: Journal des africanistes. 1999, tome 69 fascicule 1. pp. 105-132.
Résumé
Cet article considère les mécanismes de construction de l'authenticité des cultures mises en scène dans les musées
d'ethnologie. L'étude est centrée sur la nature de l'expérience visuelle proposée par les panoramas, les dioramas, et les bornes
interactives ; ainsi que sur les effets de vérité qu'ils suscitent chez le visiteur. La comparaison de ces trois dispositifs est
envisagée sous l'angle de la simulation. L'analyse s'intéresse également au rôle assumé par l'objet dans ces reconstitutions.
Abstract
This article deals with the cultures genuineness construction mechanisms which are staged within the ethnology museums. The
study is focused on the visual experience offered by the panoramas, the dioramas, and the interactive grounds as well as the
truthfulness effects that they cause to the visitor. The comparison between these three mechanisms devices is considered
through the simulation. The analysis also concerns the role played by the artifact in those reconstitutions.
Citer ce document / Cite this document :
Beuvier Franck. Le musée en trompe-l'œil : représentation et authenticité. In: Journal des africanistes. 1999, tome 69 fascicule
1. pp. 105-132.
doi : 10.3406/jafr.1999.1189
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1999_num_69_1_1189BEUVIER*
Franck
Le musée en trompe-l'œil :
représentation et authenticité
Résumé
Cet article considère les mécanismes de construction de l'authenticité des cultures mises
en scène dans les musées d'ethnologie. L'étude est centrée sur la nature de l'expérience
visuelle proposée par les panoramas, les dioramas, et les bornes interactives ; ainsi que sur
les effets de vérité qu'ils suscitent chez le visiteur. La comparaison de ces trois dispositifs
est envisagée sous l'angle de la simulation. L'analyse s'intéresse également au rôle assumé
par l'objet dans ces reconstitutions.
Mots-clefs
Simulation, authenticité, musée, dispositif scénique, interactivité
Abstract
This article deals with the cultures genuineness construction mechanisms which are
staged within the ethnology museums. The study is focused on the visual experience offered
by the panoramas, the dioramas, and the interactive grounds as well as the truthfulness effects
that they cause to the visitor. The comparison between these three mechanisms devices is
considered through the simulation. The analysis also concerns the role played by the artifact
in those reconstitutions.
Keywords
Simulation, authenticity, museum, staging, interactivity
Étudiant doctorant, Université Paris X-Nanterre.
Journal des Africanistes 69 (1) 1999 : 105-132 106 Franck Beuvier
« Regardez le Port de la Rochelle
avec une lunette qui embrasse le
champ du tableau et qui exclut la
bordure ; et oubliant tout à coup que
vous examinez un morceau de peint
ure, vous vous écrierez, comme si
vous étiez placé en haut d'une mont
agne, spectateur de la nature même :
oh ! le beau point de vue. »
Denis Diderot, Salon de 1763
La première description du principe visant à introduire le spectateur à
l'intérieur de l'espace pictural apparaît dans le Salon de 1763 de Diderot.
Cette intégration dans le champ de la toile est déclinée selon les modalités
suivantes : « illimitation du de la représentation, dénégation du tableau
comme découpe ou détail, comme cadre, position élevée et dominante,
perfection de l'illusion : l'usage de la lunette annonce une vue totale et
confondue avec la réalité » (Comment 1993 : 53). Dans l'ouvrage qu'il a
consacré aux panoramas en 1993, Bernard Comment considère ce recours à
un artifice technique utilisé par le récit de Diderot comme un prélude à
l'invention du dispositif panoramique qui connaîtra un grand succès populaire
tout au long du XIXe siècle. Le panorama inaugure l'idée d'une représentation
totale, d'un nouveau rapport au monde qui s'organise autour du spectateur,
d'une image déployée à son intention, « image [qui] ne cherche plus à
produire une nature idéale ou idéalisée, [mais qui] tient lieu de réalité»
(Comment 1993 : 9). Ce procédé illusionniste va connaître des variantes. Le
diorama, créé par Daguerre et Bouton en 1822, propose sur la toile fixe une
métamorphose par transformation progressive de la lumière. La technique
modifie ainsi le contenu de l'image donnée à voir et permet la simulation du
mouvement, de la durée. À présent, le terme diorama désigne plus volontiers
une reconstitution tridimensionnelle rigoureuse d'un espace, offerte au regard
et parfois à la déambulation du public, et suggérant l'impression d'un lieu
authentique vu « à travers la fenêtre ». Procédé « analogique »l d'une grande
efficacité, le diorama fut un média fréquemment utilisé dans les musées de
sciences et notamment dans les musées d'ethnologie. Il reste aujourd'hui un
élément essentiel de la muséographie.
Si les panoramas et les dioramas prétendent atteindre à une représen
tation visuelle la plus complète possible, ils voisinent aujourd'hui dans les
musées avec de nouveaux moyens d'implication du visiteur: les bornes
1 Montpetit 1996.
Journal des Africanistes 69 (1) 1999 : 105-132 Le musée en trompe-l'œil 1 07
interactives. Les nouvelles technologies prolongent l'effet d'illusion visuelle
inauguré par ces deux formes de figuration. La simulation devient totale,
permettant par exemple à un utilisateur de se déplacer sur un site
archéologique virtuellement reconstitué, de reproduire la démarche scienti
fique qui sous-tend une mise en exposition, ou encore de dialoguer avec la
machine dans le cas de la consultation d'une base de données.
Cet article traite de la mise en scène des cultures dans le cadre de la
muséographie ethnologique, de leur contextualisation à travers l'utilisation
d'outils illusionnistes. Importés au musée pour leurs vertus pédagogiques, ils
nous livrent une histoire d'un regard qui se veut total : les dispositifs
panoramiques, dioramiques et interactifs procèdent tous trois d'une modifi
cation des cadres perceptifs et abolissent la distance entre le réel et la
figuration d'une réalité. L'étude de leurs caractéristiques propres nous
éclairent sur les mécanismes de construction de l'authenticité par les effets
de vérité qu'ils produisent pour le visiteur. Leurs particularités nous
conduiront à considérer la place en leur sein de l'artefact. Dans la simulation,
celui-ci disparaît au profit de la reconstitution de processus scientifique,
écologique, ou culturel, et l'effet de réalité produit semble se passer de sa
matérialité, de sa présence objective, de son rôle de témoignage à l'origine
de la constitution et de l'exposition des collections ethnographiques.
POINTS D'HISTOIRE2
Le panorama
Le néologisme panorama, signifiant « tout voir », est employé pour la
première fois dans une annonce du Times de janvier 1792. Il désigne à la fois
la toile peinte et l'espace conçu pour la recevoir.
Il s'agit d'une représentation circulaire continue, installée sur les parois
d'une rotonde spécialement construite pour l'accueillir, et qui doit simuler une
réalité au point de se confondre avec elle. Après avoir parcouru un long
couloir et des escaliers assombris qui lui font oublier les repères extérieurs
de le ville, le visiteur pénètre par en dessous sur une plate-forme délimitée
par une balustrade qui empêche de s'approcher de la toile et permet « que
celle-ci développe son effet de tous les points d'où elle peut être vue ».
L'éclairage sera naturel et zénithal, mais la source en est dérobée par un toit
ou un voile qui interdit en même temps de regarder au-delà du bord supérieur
2 Les propos qui composent ce rappel historique sont empruntés aux ouvrages de
B. Comment, R. Montpetit, B. Goldstein et X. Perrot.
Journal des Africanistes 69 (1) 1999 : 105-132 108 Franck BEUVIER
de la toile, alors qu'une palissade ou des objets naturels devront masquer son
bord inférieur. Tout est

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