Le phénomène épidémique en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle  - article ; n°6 ; vol.24, pg 1562-1588
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Le phénomène épidémique en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle - article ; n°6 ; vol.24, pg 1562-1588

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 6 - Pages 1562-1588
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Goubert
Le phénomène épidémique en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 6, 1969. pp. 1562-1588.
Citer ce document / Cite this document :
Goubert Jean-Pierre. Le phénomène épidémique en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle . In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 24e année, N. 6, 1969. pp. 1562-1588.
doi : 10.3406/ahess.1969.422188
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_6_422188phénomène épidémique en Bretagne Le
à la fin du XVIII' siècle (1770-1787)
XVIIIe relativement Un siècle certain récents : face nombre à 2, aident une d'articles France à dégager de démographiquement valeur, un problème les uns démographique assez excédentaire, anciens \ de une les la autres générfin du
alité de Bretagne largement déficitaire; de 1770 à 1784, les baptêmes bretons
enregistrés sont inférieurs de 81 409 au nombre des sépultures, soit un déficit
naturel annuel moyen de 5 4273; au contraire, l'ensemble français (Bretagne
comprise) connaît, pour la même période, un excédent naturel annuel moyen,
supérieur à 110 000 (110 392, si l'enregistrement est bon). En d'autres termes,
la Bretagne aurait perdu en quinze ans 3,7 % de sa population 4, tandis que le
royaume progressait de près de 6 % 5, migrations exclues.
L'ampleur du déficit breton étant reconnue, l'établissement de quelques
graphiques simples permet d'apprécier la vigueur des « crises », des « mortalités »,
de 1770 à 1787. Ces seules opérations préliminaires suggèrent l'hypothèse
d'un anachronisme, d'un retard breton, face à la vitalité de la moyenne du
royaume, face aussi au dynamisme vigoureux d'autres généralités, comme
1. Antoine DUPUY, « La misère et les épidémies en Bretagne », Annales de Bretagne, t. I et
II. Henri SÉE, Études sur la vie économique en Bretagne, 1772-an III (1930).
2. E. ESMONIN, « Statistiques du mouvement de la population... », dans Études et chro
niques de démographie historique, 1964.
Y. BLAYO et L. HENRY, « Données démographiques sur la Bretagne et l'Anjou de 1740 à
1829 », Annales de Démographie historique, 1967.
3. Si l'on prend les 18 années qui vont de 1770 à 1787, le déficit global dépasse 103 000
(1 580 279 baptêmes et 1 683 625 sépultures décomptées officiellement) ; et le déficit annuel
moyen se hausserait alors à 5 741 .
4. Si on accepte l'évaluation globale de 2 200 000 habitants vers 1770 (à laquelle s'est
rallié Jean M EYER dans sa thèse sur la noblesse bretonne, p. 466 ; si l'on considérait les 1 8 années
1770-1787, le déficit global atteindrait 4,5 %.
5. Si l'on admet les évaluations habituelles (26 à 27 millions vers 1787).
1562 ÉPIDÉMIES EN BRETAGNE J.-P. GOUBERT
celles de Valenciennes, Strasbourg et Montauban, du moins si l'on accepte
les chiffres publiés 1.
Une masse d'archives, essentiellement rassemblées dans le fonds de l'Inte
ndance de Rennes2, déjà partiellement étudiées d'ailleurs, permit, avec d'autres
sources, de chercher l'une des solutions possibles du « problème breton » :
l'allure des courbes démographiques, l'insistance des contemporains, les
mémoires de quelques médecins aboutirent à mettre en relief le phénomène
épidémique à la fin du XVIIIe siècle.
A cette étude s'opposaient un certain nombre d'obstacles; on évoquera
d'abord ceux qui soulignent la précarité de nos connaissances et l'ampleur de
le tâche qui reste à accomplir; malgré cela, il a été possible de présenter quelques
conclusions, d'avancer quelques hypothèses, et même de suggérer de pos
sibles directions de recherche.
Le plus bel ensemble de sources globales dérive de l'envoi effectué par
La Michodière à l'intendant Caze de la Bove, le 31 décembre 1784, d'une copie
des statistiques générales de baptêmes, mariages et sépultures pour toute la
généralité de Bretagne, de 1770 à 1784 3; l'intérêt de telles statistiques, découl
ant de la méthode établie par Terray, a été à nouveau souligné par le dernier
article d'E. Esmonin 4.
Dans le cas de la Bretagne, seconde province de France par la superficie
selon Necker, première pour la population selon Moheau (raisonnant sur le
nombre des baptêmes), le travail imposé aux subdélégués et aux recteurs 6 fut
véritablement immense. S'il entraîne quelques retards et quelques négligences,
le refus complet de collaboration resta l'exception. Il convient de rendre hom
mage à ces centaines ď « hommes de bonne volonté », et à la vogue ancienne
des études de population.
Il se trouve, en outre, qu'on possède les dossiers par subdélégation des
baptêmes, mariages et sépultures, conservés dans les riches fonds administrat
ifs de l'intendance de Bretagne; pour 1774 et 1775, il ne manque que les
réponses des subdélégués de Brest et de Guéméné e
Une dernière enquête générale a échoué dans un fonds privé 7; elle récapit
ule, paroisse par paroisse, puis diocèse par diocèse, villes et campagnes sépar
ées, la totalité du matériel chiffré. Elle a permis de dresser, paroisse par paroisse,
une carte détaillée de la mortalité bretonne en 1772, année de « mortalité » au
sens ancien du mot et même de mortalité « épidémique ».
1. France : en gros 113 baptêmes pour 100 sépultures; 103 baptêmes pour 100 sépultures
pour les trois généralités citées, ce qui paraît vraiment beaucoup.
2. Série С des Archives départementales d'Ille-et-Vilaine (désormais citées A.D. l.-et-V,).
3. A.D. l.-et-V., С 1400.
4. Cité supra, note 2.
5. Environ 1 600 paroisses.
6. A.D. l.-et-V., С 1404 et suivants; années spécialement étudiées : 1774 et 1775.
7. Ibid.. 2 Ea 8, fonds de Coniac, 1770-1771-1772.
1563 MALADIES ET MORT
Après ces statistiques générales particulièrement fournies, l'intérêt s'est
porté naturellement vers les abondants « dossiers des épidémies » que recèle
encore la série С des archives d'llle-et- Vilaine \ Non seulement ils renseignent
sur le nombre des « pauvres malades » secourus, des malades et des décédés
par « maladie épidémique », mais ils aident aussi à éclairer la nature, la durée,
l'origine, la gravité de l'épidémie, les conditions de l'hygiène, de l'alimentation,
de l'habitation. Dans ces dossiers, les lettres des recteurs et des vicaires qui
demandent secours à l'Intendant pour « ces misérables qui n'ont pas un denier
de revenu » 2 se mêlent aux rapports des médecins et chirurgiens dits « des ép
idémies », envoyés par lui-même. Ces documents de première main,
remarquables par leur abondance au moins autant que par leur qualité, témoignent
amplement à leur façon de l'importance des phénomènes épidémiques à la fin
de l'Ancien Régime, et de l'intérêt qui leur était porté. Dans le cas le plus favo
rable, ces liasses offrent à la fois plusieurs lettres du recteur au subdélégué ou
à l'Intendant, leurs réponses, un rapport du subdélégué, un mémoire du médecin
chargé de l'épidémie, et un autre du chirurgien 3. Inversement, il arrive qu'on
ne dispose que des prix des remèdes et des soins ordonnés par l'Intendance,
ou du billet laconique d'un vicaire. Cependant, l'énormité de la documentation
a conduit à réaliser seulement quelques sondages 4, pour la période 1775-1789.
Directement en rapport avec l'étude des « maladies épidémiques », une petite
liasse venue d'un fonds de famille б fournit quelques renseignements intéres
sants, principalement pour les années 1779-1780 et 1785-1786. Ils concernent
les hôpitaux militaires de Brest, le Folgoët, Morlaix, Lorient, Port-Louis, Quim-
per, donnent quelques chiffres et contiennent plusieurs mémoires émanant
d'inspecteurs d'hôpita

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