Le positivisme et l Ecole républicaine - article ; n°21 ; vol.8, pg 137-147
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Description

Romantisme - Année 1978 - Volume 8 - Numéro 21 - Pages 137-147
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Françoise Mayeur
Le positivisme et l'Ecole républicaine
In: Romantisme, 1978, n°21-22. Les positivismes. pp. 137-147.
Citer ce document / Cite this document :
Mayeur Françoise. Le positivisme et l'Ecole républicaine. In: Romantisme, 1978, n°21-22. Les positivismes. pp. 137-147.
doi : 10.3406/roman.1978.5213
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1978_num_8_21_5213POLITIQUE, SOCIETE HISTOIRE,
« L'histoire établira une vraie filiation
rationnelle dans la série des événements
sociaux. »
A. Comte.
«La philosophie positive doit périr et
elle périra, le jour où. la science repren
dra la théologie pour guide. »
Dr Frédault (1864).
« Le positivisme est la philosophie la
plus élevée qu'ait produite la bourgeoisie :
misérable philosophie, misérable bourg
eoisie. »
Paul Lafargue.
Dr Frédault (1864). Françoise MAYEUR
Le positivisme et l'Ecole républicaine
Si l'on en croyait les critiques catholiques de l'œuvre pédagogique
des républicains, la série de réformes prises à l'initiative de Jules
Ferry dans les années 1880 serait l'œuvre d'une conspiration réelle
encore que disparate, qui aurait uni pour détruire l'école chrétienne
les francs-maçons, les juifs, les protestants. C'est dans l'héritage de la
Révolution française qu'ils puisaient leurs intentions et le « posit
ivisme », souvent cité sans autre précision, n'aurait fait que les conforter
dans cette œuvre d'iconoclastes. Mais une telle présentation est bien
excessive au regard d'une réalité où les républicains n'apparaissent
pas tous mus par les mêmes motivations, loin de là. D'autre part, il
convient de s'interroger sur ce que les contemporains entendent par
ce « positivisme » dont ils font un usage si constant. Tous veulent-ils
dire la même chose et, au fil du temps, n'est-il pas une usure de la
doctrine ? Passé 1890, le positivisme ne semble plus être, dans la bouche
de ceux qui en parlent, qu'une méthode et même un alibi commode
pour ceux qui n'ont jamais lu une ligne d'Auguste Comte. C'est pour
quoi, après un pèlerinage aux sources du comtisme, après l'essai de
retrouver dans l'œuvre scolaire de la Troisième République ce qui
pourrait plus particulièrement relever de l'influence comtienne, la
question doit se poser du sort de cette influence dans une génération
de Républicains qui est devenue celle des gestionnaires.
Est-il une pédagogie positiviste ? La réponse n'est pas si simple. Il est
en définitive peu d'ouvrages positivistes qui traitent d'éducation. Comte,
malgré son intention, n'a jamais écrit le livre qu'il méditait sur l'édu
cation, telle qu'il la voyait. C'est en ce sens que G. Compayré a raison
lorsqu'il écrit que la littérature positiviste en matière d'éducation est
« pauvre » 1, faite d'articles plus que de livres. Les deux grandes revues
qui se réclament du positivisme abordent peu la question, et les livres
ont été faits par des théoriciens obscurs. Il a fallu attendre l'époque
contemporaine pour trouver, sous la plume de M. Arbousse-Bastide 2,
une analyse de la théorie éducative d'Auguste Comte. Retard d'autant
plus étonnant qu'en définitive, la préoccupation pédagogique est per
manente chez celui-ci, avec des acceptions différentes selon les écrits
et les moments. Il ne s'agit pas, en effet, seulement de la pédagogie
à appliquer aux enfants ; elle englobe ce que nous appellerions main
tenant la formation continue, elle se préoccupe des prolongements
moraux ou religieux. L'éducation peut être, pour Auguste Comte, une 140 Françoise Mayeur
doctrine de perfectionnement fondée sur la nature humaine, ou même
une méditation sur la mort, c'est-à-dire ce passage qui permet de s'i
ncorporer au Grand Etre de l'humanité. A la fin de sa vie, et à la lumière
de Clotilde de Vaux, Comte avait fini par identifier morale et éducation.
Un élément aussi essentiel ne peut être laissé au hasard. La théorie
éducative de Comte est autoritaire, elle suppose un état de tutelle. Le
souci d'universalisme se marque de deux manières, qui montrent une
grande indépendance à l'égard de la pensée de l'époque. L'instruction
est destinée à tous, aux femmes comme aux hommes (encore faut-il
nuancer avec les plans d'éducation de la Revue occidentale, dus au
docteur Robinet, qui « oublient » absolument l'existence des filles).
D'autre part, l'économie générale du plan d'instruction respecte l'équi
libre entre les lettres et les sciences. L'héroïsme de Comte est de
n'avoir pas voulu choisir entre les deux branches du savoir, qu'il
déclare aussi nécessaires l'une que l'autre. Au lieu de séparer, il faut
unir; de là peut-être le rôle qu'il accorde aux langues étrangères,
instruments de solidarité actuelle entre les hommes. Un autre aspect
montre à quel point Comte est à la fois redevable au passé et annon
ciateur de l'avenir : l'instruction, selon lui, est subordonnée au déve
loppement biologique et aux étapes mentales. La dette ici est évidente
à l'égard de l'Emile, elle annonce les efforts de plus en plus précis
pour adapter l'enseignement à ce qu'on sait de l'âge des enfants.
Mais le prestige du positivisme ne repose pas sur tel aspect fécond
ou prophétique de l'éducation selon Auguste Comte. Il serait plus juste
de dire que le comtisme se trouve en harmonie, très souvent, avec les
principaux points de ralliement de toute la génération républicaine
sous l'Empire. Affadies ou défigurées, les idées positivistes, légitimes
héritières de Condorcet et de la pensée révolutionnaire, entrent dans
la Vulgate du républicain moyen. La théorie des trois états sert à
structurer la croyance dans le progrès : les états théologique et méta
physique sont dépassés, l'époque moderne est arrivée à l'état positif.
Instaurer le triomphe de cet âge positif c'est en cela que consiste le
progrès. En fait, tous ceux qui s'associent au pouvoir des républicains,
après l'Empire, se voient implicitement à la pointe d'une évolution
qui conduit toujours vers plus d'humanité, de justice et de bonheur.
Considérée à la fois comme naturelle et irrésistable, cette
s'affirme dans l'affranchissement de tout dogmatisme et dans les
bienfaits de l'instruction.
La croyance dans les pouvoirs de l'instruction est en effet au coeur
de la plupart des systèmes de pensée du xix* siècle. L'arbitrage entre
la famille et l'école témoigne tout au long du siècle, et même de façon
de plus en plus contraignante, du rôle tout-puissant attribué à l'école.
C'est l'école qui instruit, mais aussi civilise, qui libère les citoyens de
la superstition et du dogmatisme. Il faut qu'il en soit ainsi puisque
l'école est chargée de faire l'éducation des citoyens. L'exemple de la
Commune, du socialisme que l'on croit un moment en voie de triompher,
peut servir pour montrer que l'école extirpera ces « dangereuses doctri
nes » de l'esprit public. Mais surtout se trouve en cause la rivalité
entre l'école laïque et l'école religieuse. La loi Falloux qui croyait les
concilier toutes les deux en 1850 n'a en réalité satisfait personne. Au Le positivisme et l'Ecole républicaine 141
contraire, elle a exaspéré les rivalités en favorisant le développement
des congrégations enseignantes de filles. Le régime de contention qui
a résulté de son application a provoqué de secrets et d'innombrables
désirs de revanche chez les instituteurs devenus de dociles instruments
des curés. Les progrès de l'anticléricalisme s'augmentent des empiéte
ments du clergé. Ils expliquent l'âpreté du débat scolaire, tout comme
le sentiment que rien ne peut se faire pour l'affranchissement des
citoyens en dehors de l'école.
Si l'on se reporte au positivisme proprement dit, on s'aperçoit que
la doctrine présente une faille, comme la vie de Comte lui-même. Le

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