Le rayonnement de l Encyclopédie en Suisse - article ; n°1 ; vol.1, pg 47-60
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1951 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 47-60
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charly Guyot
Le rayonnement de l'Encyclopédie en Suisse
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1951, N°1-2. pp. 47-60.
Citer ce document / Cite this document :
Guyot Charly. Le rayonnement de l'Encyclopédie en Suisse. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises,
1951, N°1-2. pp. 47-60.
doi : 10.3406/caief.1951.2000
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1951_num_1_1_2000RAYONNEMENT DE L'ENCYCLOPÉDIE LE
EN SUISSE
Communication de M. Charly GUYOT
à l'Association internationale des Etudes françaises, à Paris,
le 27 août 195 1.
Presque autant au'une grande manifestation de l'intelligence
française, l'Encyclopédie fut une affaire suisse. Présence de
Voltaire à Genève, puis à Ferney; présence de Rousseau, à
Genève aussi, de juin à octobre 1754 (je ne dis rien des trois
années de Môtiers-Travers) ; séjour de d'Alembert aux
Délices, en 1756 : à ces faits importants on comprendra que
je ne m'arrête pas, d'excellents travaux nous ayant apporté
toutes les précisions que nous pouvions souhaiter (1). Il serait
plus neuf d'étudier l'apport des collaborateurs suisses à l'Ency
clopédie (mis à part, encore une fois, J.-J. Rousseau) . M. Naves
a montré le rôle du pasteur lausannois Polier de Bottèns, dont
Voltaire parle comme ď « un prêtre hérétique de ses amis,
savant et philosophe », et dont le dictionnaire parisien publia,
anonymement, neuf articles (il en avait rédigé dix-sept) , qui
comptent parmi les plus audacieux. D'autres Suisses donnèrent
à l'Encyclopédie des articles avoués : Jean (III) Bernouilli, de
Bâle, pour l'astronomie; Ferdinand Berthoud, neuchâtelois,
pour l'horlogerie; Albrecht de Haller, de Berne, pour la phys
iologie; Louis Necker de Germagny, genevois, la
ique; Jean Romilly, « citoyen de Genève », l'ami de Rousseau,
pour l'horlogerie; Jean-Edme Romilly, son fils, pour la philo
sophie morale; Johann -Georg von Sulzer, zurichois, pour les
beaux-arts; Théodore Tronchin, le fameux praticien genevois,
pour la médecine. Notons aussi que, par exemple, l'article
Feuilles reproduit plusieurs pages de Charles Bonnet : « Seul,
(1) Voir, en particulier : P. Chaponnière, Voltaire chez les calvinistes
(1936); R. Naves, Voltaire et l'Encyclopédie (1938); L.-Ed. Roulet,
Voltaire et les Bernois (1970, thèse de Berne); R. Hubert, Rousseau et
VEncyclopéiie (1928); J.-S. Spink, /.-/. Rousseau et Genève (1934).
47 nous apprend Chaponnière, le nom de Dieu y est remplacé
par le mot Nature. » Enfin — et cette liste ne prétend pas
être exhaustive — c'est à un pasteur de l'Eglise française de
Bâle, le genevois Pierre Mouchon, qu'est due, nul ne l'ignore,
la Table analytique et raisonnée, en deux volumes, de l'Ency
clopédie. L'Avertissement, au tome I de cette Table, nous
apprend que Mouchon « a consacré huit années entières à ce
travail ».
Mais, devant me borner, je ne m'attarderai pas à cette coll
aboration d'auteurs suisses. L'essentiel de mon propos sera
l'étude de l'accueil reçu en Suisse (en Suisse française princi
palement) par l'Encyclopédie. Voltaire, dans le Dictionnaire
philosophique (article Pères, Mères, Enfants) , écrit : « On a
beaucoup crié, en France, contre l'Encyclopédie, parce qu'elle
avait été faite en et qu'elle lui faisait honneur; on n'a
point crié dans les autres pays; au contraire, on s'est empressé
de la contrefaire ou de la gâter, par la raison qu'il y avait à
gagner quelque argent. »
Dès novembre 1749, le Journal helvétique ou Mercure suisse,
publié à Neuchâtel (c'est, à cette date, le seul périodique
littéraire de Suisse française) , rappelant l'emprisonnement de
Diderot à Vincennes et sa toute récente libération, donne ce
renseignement : « Sa captivité a retardé et dérangé l'Encyclo
pédie des sciences qu'il se préparait à donner au public,
conjointement avec M. d'Alembert, et que l'on attendait avec
(1" impatience.» En août 1751, alors que vient de paraître
juillet) le premier tome du dictionnaire, le Journal helvé
tique en publie le « programme » et annonce qu'à Neuchâtel
on peut souscrire « chez le sieur Sinnet, marchand libraire »..
^Encyclopédie est désignée comme « l'ouvrage le plus vaste,
le mieux digéré, le plus utile et le plus important pour les
sciences, les arts et les métiers, qui ait jamais paru ». « Notre
siècle», lit-on encore, «illustré et éclairé par la brillante
lumière que cet excellent ouvrage va répandre, la portera dans
les siècles futurs; ceux-ci la perfectionneront et la rendront
toujours plus lumineuse, à mesure que l'esprit humain fera de
nouvelles découvertes, et la mémoire de l'illustre Société de
gens de lettres à qui on sera redevable de ces précieux avan
tages sera consacrée à l'Immortalité.» Fin décembre 175 1, le
mathématicien Gabriel Cramer, titulaire de la chaire de phi
losophie à l'Académie de Genève (ne pas le confondre avec
son cousin Gabriel Cramer, l'éditeur), reçoit une lettre Je
d'Alembert, qui lui parle de l'Encyclopédie et le remercie de
l'intérêt qu'il y prend : « Je suis charmé, écrit d'Alembert,
du bien que vous m'en dites; j'aurais bien voulu avoir vos
48 pour en profiter; mais je compte que cela n'est remarques
que différé. J'aurai soin de vous faire envoyer les six exemp
laires du second volume dès qu'ils paraîtront; ce sera vers
le 15 de janvier au plus tard. » Et d'Alembert ajoute : « Nous
essuyons bien des tracasseries de la part des dévots et des
pédants, mais il faut les laisser dire et aller son train. Je compte
que cet ouvrage ira toujours en augmentant de mérite; le
second volume vaut mieux que le premier, et le troisième vau
dra mieux que le second» (1). Dès le mois de mars 1752,
dans un « Extrait d'une lettre de Paris », le Journal helvétique
faisait écho au tumulte soulevé par la thèse de l'abbé de
Prades : « Depuis quelques années, il s'est formé parmi nous,
comme en Angleterre et en Prusse, une espèce de secte de
philosophes, qui semblent vouloir attaquer la religion et la
réduire au déisme... Comme l'abbé de Prades était un des
éditeurs du Dictionnaire encyclopédique, sa thèse a influé sur
cet ouvrage et a donné lieu à faire arrêter et défendre le débit
du second volume, dont l'impression était achevée. Il est
fâcheux que cet ouvrage utile pour les arts et les sciences ait
reçu un pareil échec; mais on trouvera apparemment les moyens
d'en donner la continuation au public, en dépouillant les arti
cles de tout ce qu'il pourrait y avoir contre la religion, э
De 1753 à 1757, paraissent les tomes III à VII. C'est en 1754
que « Messieurs les Directeurs » de la Bibliothèque de Genève
décident l'achat de V Encyclopédie. On lit, dans le Registre
des assemblées, sous la date du 28 septembre (Rousseau est
encore en séjour à Genève) : « Proposé d'acheter l'Encyclop
édie, le sieur J.-J. Rousseau offrant de veiller à ce que les
planches qu'on nous enverrait fussent des meilleures épreuves.
Ce qui a été agréé. » II est piquant de songer que l'Encyclo
pédie fit, à Genève, son entrée officielle sur la recommandation
du € Citoyen », alors que, quatre ans plus tard, l'article de
d'Alembert sur Genève allait consommer la rupture de Rous
seau et des Encyclopédistes. Notons aussi — pour nous en
amuser — que se trouvait, dans le tome IV (1754), l'article
Crétins, débutant par cette phrase : « On donne ce nom à une
espèce d'hommes qui naissent dans le Valais en assez grande
quantité, et surtout à Sion, leur capitale. » L'article était signé
d'Alembert. Celui-ci, dans Y Avertissement du tome VI,
s'excusa : « Les habitants du Valais, suivant ce qu'on nous
écrit, se plaignent de l'article Crétins... et assurent que cet
article est absolument faux... »
Cette légitime pr

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